La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
01 février 2009
À quoi sert le Forum Economique Mondial ?
Les grands patrons de tous les secteurs d’activité sont réunis une fois de plus dans le pays symbole de l’argent-roi, la Suisse. Mais cette année, la crise mondiale est aussi au rendez-vous et se rappelle à tous chaque jour par des nouvelles plus graves les une que les autres et qui laissent accroire que cette crise n’en est qu’à ses débuts. L’angoisse envahit les peuples et le chômage commence à faire des ravages. Pendant ce temps, que se passe-t-il à Davos ? Les grands patrons se réunissent comme les membres d’une caste qui regarde le monde des « petits et des sans-grade » avec une arrogance méprisante. Le séjour d'un cadre dirigeant dans la prestigieuse station de ski suisse revient à plus de 50.000 dollars (38.500 euros). Les partenaires majeurs du Forum versent 435.000 dollars (335.000 euros) et peuvent envoyer cinq représentants. Malgré les difficultés que connaissent certains de ses membres, le Forum Économique Mondial ne semble pas souffrir de la crise et attend même 21 participants de plus que l'an dernier. Les plus grands esprits du monde libéral viennent discuter dans l’opulence, mais de quoi ? D'emblée, les échanges ont glissé vers la polémique relative aux bonus que l'UBS (Union des Banques Suisses) va distribuer à ses collaborateurs, malgré l'argent public injecté l'automne dernier dans le secteur bancaire. Jean-Pierre Roth, patron de la BNS (Banque Nationale Suisse) a défendu la décision en notant que le travail des collaborateurs méritait une récompense ! Dans le même temps, le Président américain s’indigne publiquement du comportement des patrons des plus grandes banques américaines cotées en bourse (Wall Street) qui, après avoir reçu l’aide massive du contribuable américain (850 milliards de dollars !), prennent immédiatement la décision de s’octroyer les plus gros bonus de leur histoire (15 milliards de dollars) ! Ainsi, le contribuable paie pour empêcher les banques de faire faillite et celles-ci confisquent cette manne sans vergogne. C’est ce qu’on appelle un détournement de fonds. En principe, ce délit est puni par la loi. À quoi servent les grands discours sur « la moralisation du capitalisme » lorsque la morale est totalement absente dans l’esprit des dirigeants d’entreprises ? Dépenser autant d’argent pour déverser des banalités faussement sincères est un outrage fait à tous ceux qui subissent directement les effets de l’inconséquence de ces dirigeants qui resteront impunis. Que voit le contribuable ? Il constate qu’il contribue à la reconstitution des fonds propres des banques qui, loin de jouer le jeu et de revitaliser les circuits économiques, se contentent de se servir et de faire de l’épargne de précaution, étant dans l’impossibilité d’évaluer la réalité de leurs actifs. Ces derniers sont, en effet, constitués de prêts dont il est impossible de savoir s’ils sont recouvrables. En effet, une récession transforme inévitablement un débiteur crédible en débiteur insolvable. De plus les fonds propres comprennent des produits financiers dits toxiques (on devrait dire aberrants) dont il est impossible de prévoir la valeur réelle à court terme et dont la pratique de la titrisation a renforcé considérablement l’opacité. Cette situation, si elle perdure, risque de provoquer chez le contribuable, c’est-à-dire le citoyen, une révolte justifiée qui peut prendre des formes extrêmement violentes. Les manifestations de Janvier en sont un premier symptôme que les syndicats ont été prompts à récupérer et qu’ils auraient tort d’attiser. Encore faudrait-il qu’ils privilégient enfin l’intérêt général sur le corporatisme.
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