Pour sortir de la crise, il faut supprimer le capitalisme ! C’est ce que l’on entend dire en maints endroits et maintes occasions par les thuriféraires du grand soir. C’est, en particulier, le discours de l’extrême gauche. Le slogan pose, par lui-même, quelques questions. Quant à ceux qui le profèrent, ils sont sujets à interrogation. Que veut dire « supprimer le capitalisme », en dehors de son utilisation démagogique ? Le capitalisme se définit, par définition, par la propriété privée des moyens de production. La première remarque qui s’impose immédiatement, c’est que le capitalisme intégral n’existe vraiment nulle part. Dans tous les pays et tous les régimes, l’État possède une partie des moyens de production. La seconde remarque est qu’il a déjà existé un régime qui avait totalement supprimé les moyens de production privés (mais certes pas la corruption), c’est le régime communiste soviétique. Ainsi donc, ceux qui réclament la disparition du capitalisme rêvent, objectivement, du retour d’un régime qui se voulait être « la dictature du prolétariat », ce qui était d’ailleurs un énorme mensonge, la dictature étant, de fait, celle d’un seul homme ayant imposé le culte de la personnalité, la torture, les prisonniers politiques, les camps de concentration. La troisième remarque est qu’en France, plus de 80% des entreprises sont des PME ou des TPE. Dans ces entreprises, les moyens de production appartiennent à un petit entrepreneur qui a pris tous les risques pour faire vivre quelques emplois. Ceux qui hurlent avec les loups veulent-ils les déposséder au nom de leur idéologie ? J’entends déjà la justification des tenants de cette absurdité : il ne s’agit pas de ces entrepreneurs-là, mais des grandes entreprises, celles du CAC 40, celles dont les « patrons s’en mettent plein les poches pendant que le peuple souffre ! ». Nous y voilà ! En fait, supprimer le capitalisme veut dire nationaliser toutes les grandes entreprises qui font 900 milliards d’Euros de chiffre d’affaires dont 50% à 80% à l’étranger, c’est-à-dire plus de la moitié du PIB français. Imagine-t-on que l’État ait la compétence pour gérer un tel volume d’activités ? Avec quels moyens financiers, lorsque la France est quasiment en faillite ? Est-il question de spolier les actionnaires de ces entreprises ? Certes, cela permettrait d’être tous fonctionnaires, le rêve caché de toute la gauche. A-t-on déjà oublié la faillite économique de l’URSS ? Est-ce l’avenir que l’on nous propose ? Veut-on supprimer, non seulement le capitalisme, mais aussi la démocratie ? Heureusement, le pire n’est jamais sûr.
Monsieur O. Besancenot, plus préoccupé de sa notoriété en allant se promener en Guadeloupe (alors qu’aucun Guadeloupéen n’a jamais vu ce monsieur au moment des désastres successifs dus aux cyclones qui ont ravagé l’île), n’a absolument aucune idée de ce qu’est la gouvernance d’un pays. L’extrême gauche clame le grand soir, mais ne veut en aucun cas du pouvoir. Ils camouflent leur indigence en évoquant l’autogestion, mot miraculeux qui permet de se soustraire à toute justification. Là encore, l’exemple de la défunte URSS démontre à l’évidence que la direction des moyens de production par des acteurs tous nommés par l’État et qui se transforment en fonctionnaires incompétents et corrompus mène irrémédiablement à la faillite généralisée.
La fin du capitalisme n’est qu’un slogan vide de sens. Ce dernier révèle la confusion intellectuelle de ceux qui le profèrent et qui amalgament capitalisme et libéralisme. Si le capitalisme est un mode de propriété, le libéralisme est un mode de gestion des choix de productions (quels produits et quels services ?) et des échanges. La confusion vient du fait que ces deux concepts sont étroitement liés à celui de liberté individuelle. Ils n’en sont pas moins distincts. La crise actuelle ne remet pas en cause le capitalisme mais pousse à s’interroger sur les règles de fonctionnement du libéralisme qui, à l’évidence, a besoin d’un aggiornamento. Cette confusion est entretenue par le discours même des politiques qui parlent aujourd’hui à l’envi de « moralisation du capitalisme » en lieu et place de « réglementation du libéralisme » et de « partage de la valeur ajoutée ». Lorsque les idées ne sont pas claires, il est à craindre que les décisions ne soient ni opportunes ni efficaces. Le pire n’est jamais sûr, ai-je dit ? Le monde occidental est gravement malade et sa sédation n’est pas certaine.
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