28 février 2009

Contraste

B. Obama est venu se présenter devant l’ensemble des élus du Congrès sans que cela ne provoque l’indignation de l’opposition. Le Président est venu prononcer un discours de grande tenue qui explicite la vision de l’avenir qu’il propose au peuple américain, explique les erreurs passées et les efforts indispensables à venir et obtient ainsi l’approbation unanime de la majorité et de l’opposition. B. Obama se conduit comme le Président d’une grande démocratie pour laquelle il a le plus grand respect.
N. Sarkozy, qui se conduit comme un chef de chantier, se trouve en butte à une opposition butée et sourde, engluée dans une problématique électoraliste dont elle n’arrive pas à sortir. D’où la posture systématique de cette opposition au Président, d’où l’indignation feinte de celle-ci lorsqu’il est envisagé la possibilité que le Président de la République puisse venir s’exprimer devant l’Assemblée. Ce dernier étant obligé de s’exprimer devant le peuple par l’intermédiaire de la télévision, celui-ci, enfermé dans ses difficultés et ses angoisses, reste sourd à toute tentative d’explication.
D’un côté, un véritable homme d’État et des élus sans à priori et pragmatiques, même si les convictions de certains ont conduit à la catastrophe économique actuelle. De l’autre, un homme politique opportuniste qui a revêtu un habit trop grand pour lui dans les circonstances actuelles et des élus englués dans leurs préoccupations de court terme, c’est-à-dire sans vision d’avenir. D’un côté, un Président qui a compris l’ampleur de la crise mondiale et qui met en œuvre un plan à la hauteur de celle-ci. De l’autre, un homme politique, certes freiné par le déficit colossal du pays (mais les USA ont le même problème !) et un conservatisme génétique, qui déverse une avalanche de petites mesures dont l’efficacité reste pour le moins douteuse.
Dans le même temps, l’Europe continue de se conduire comme une vierge effarouchée dont les responsables politiques restent hantés par la crainte de perdre de la moindre parcelle de leur indépendance, toujours pour des raisons électorales, au détriment de la mise en œuvre d’une action collective enfin à la hauteur du problème.

26 février 2009

Connecté mais isolé

L’expansion frénétique des échanges humains, commerciaux et financiers fait croire que la planète se rétrécit et l’expression « village mondial » fait florès. Les antipodes deviennent de simples faubourgs. Internet donne les moyens de communiquer avec le monde entier avec une facilité déconcertante, inimaginable il y a seulement vingt ans. La technologie téléphonique permet de joindre quiconque à tout moment, indépendamment du lieu. Dans la tragédie humaine, l’unité de lieu et l’unité de temps ont disparu. Le courrier électronique, les chats, les forums, les blogs, les mondes virtuels où, par avatar interposé, on transforme sa vie en jeu vidéo, les réseaux sociaux, le téléphone portable, les SMS, les guichets automatiques de banque, les distributeurs automatiques, autant de techniques qui, tout en clamant le rapprochement, suppriment tout contact réel et effectif entre les individus. Jamais, l’homme ne s’est senti aussi menacé. La pauvreté, le chômage, les difficultés de vivre, l’incertitude sur l’avenir, le développement d’une économie virtuelle dangereuse, autant d’éléments qui créent un sentiment d’inquiétude chez chacun, hormis ceux qui savent détourner le système à leur avantage. Ainsi, entouré par tant de menaces, l’homme du « village global » - village qui ressent les premières convulsions de sa première grave maladie - se sent pris d’une angoisse obsidionale dont le premier effet est d’exacerber les réflexes de défense et d’individualisme. C’est la contradiction essentielle du monde actuel qui se veut ouvert à tous vents et qui, en leur donnant les moyens techniques pour le faire, pousse les individus à s’isoler, à limiter ses préoccupations à son « habitus » et à perdre de vue toute notion d’intérêt général. Ainsi, se développe un réflexe corporatiste généralisé se transformant, dans des cas de plus en plus nombreux, en jusqu’au-boutisme faussement collectif et réellement suicidaire. Seul en face de ses machines et de ses prothèses techniques, l’homme d’aujourd’hui crie sa solitude. D’où le développement d’un exhibitionnisme qui fait le bonheur des médias. Les émissions de télé-réalité plus populistes les unes que les autres, voire à la limite de la pornographie voyeuriste, le déferlement de livres autobiographiques sans aucun intérêt, sont autant de conséquences visibles du cri des hommes enfermés dans leur isolement. Regardez bien tous ces citadins qui déambulent, le téléphone portable collé à l’oreille et qui soliloquent en marchant sans aucun regard pour un environnement qui a cessé d’avoir une existence réelle dans la conscience de l’homme connecté. Observez ces mêmes citadins dans les transports en commun, le nez collé sur l’écran de leur organiseur personnel, et qui perdent toute conscience de ceux qui les entourent. L’homme connecté est isolé.

23 février 2009

Mort au capitalisme !

Pour sortir de la crise, il faut supprimer le capitalisme ! C’est ce que l’on entend dire en maints endroits et maintes occasions par les thuriféraires du grand soir. C’est, en particulier, le discours de l’extrême gauche. Le slogan pose, par lui-même, quelques questions. Quant à ceux qui le profèrent, ils sont sujets à interrogation. Que veut dire « supprimer le capitalisme », en dehors de son utilisation démagogique ? Le capitalisme se définit, par définition, par la propriété privée des moyens de production. La première remarque qui s’impose immédiatement, c’est que le capitalisme intégral n’existe vraiment nulle part. Dans tous les pays et tous les régimes, l’État possède une partie des moyens de production. La seconde remarque est qu’il a déjà existé un régime qui avait totalement supprimé les moyens de production privés (mais certes pas la corruption), c’est le régime communiste soviétique. Ainsi donc, ceux qui réclament la disparition du capitalisme rêvent, objectivement, du retour d’un régime qui se voulait être « la dictature du prolétariat », ce qui était d’ailleurs un énorme mensonge, la dictature étant, de fait, celle d’un seul homme ayant imposé le culte de la personnalité, la torture, les prisonniers politiques, les camps de concentration. La troisième remarque est qu’en France, plus de 80% des entreprises sont des PME ou des TPE. Dans ces entreprises, les moyens de production appartiennent à un petit entrepreneur qui a pris tous les risques pour faire vivre quelques emplois. Ceux qui hurlent avec les loups veulent-ils les déposséder au nom de leur idéologie ? J’entends déjà la justification des tenants de cette absurdité : il ne s’agit pas de ces entrepreneurs-là, mais des grandes entreprises, celles du CAC 40, celles dont les « patrons s’en mettent plein les poches pendant que le peuple souffre ! ». Nous y voilà ! En fait, supprimer le capitalisme veut dire nationaliser toutes les grandes entreprises qui font 900 milliards d’Euros de chiffre d’affaires dont 50% à 80% à l’étranger, c’est-à-dire plus de la moitié du PIB français. Imagine-t-on que l’État ait la compétence pour gérer un tel volume d’activités ? Avec quels moyens financiers, lorsque la France est quasiment en faillite ? Est-il question de spolier les actionnaires de ces entreprises ? Certes, cela permettrait d’être tous fonctionnaires, le rêve caché de toute la gauche. A-t-on déjà oublié la faillite économique de l’URSS ? Est-ce l’avenir que l’on nous propose ? Veut-on supprimer, non seulement le capitalisme, mais aussi la démocratie ? Heureusement, le pire n’est jamais sûr.
Monsieur O. Besancenot, plus préoccupé de sa notoriété en allant se promener en Guadeloupe (alors qu’aucun Guadeloupéen n’a jamais vu ce monsieur au moment des désastres successifs dus aux cyclones qui ont ravagé l’île), n’a absolument aucune idée de ce qu’est la gouvernance d’un pays. L’extrême gauche clame le grand soir, mais ne veut en aucun cas du pouvoir. Ils camouflent leur indigence en évoquant l’autogestion, mot miraculeux qui permet de se soustraire à toute justification. Là encore, l’exemple de la défunte URSS démontre à l’évidence que la direction des moyens de production par des acteurs tous nommés par l’État et qui se transforment en fonctionnaires incompétents et corrompus mène irrémédiablement à la faillite généralisée.
La fin du capitalisme n’est qu’un slogan vide de sens. Ce dernier révèle la confusion intellectuelle de ceux qui le profèrent et qui amalgament capitalisme et libéralisme. Si le capitalisme est un mode de propriété, le libéralisme est un mode de gestion des choix de productions (quels produits et quels services ?) et des échanges. La confusion vient du fait que ces deux concepts sont étroitement liés à celui de liberté individuelle. Ils n’en sont pas moins distincts. La crise actuelle ne remet pas en cause le capitalisme mais pousse à s’interroger sur les règles de fonctionnement du libéralisme qui, à l’évidence, a besoin d’un aggiornamento. Cette confusion est entretenue par le discours même des politiques qui parlent aujourd’hui à l’envi de « moralisation du capitalisme » en lieu et place de « réglementation du libéralisme » et de « partage de la valeur ajoutée ». Lorsque les idées ne sont pas claires, il est à craindre que les décisions ne soient ni opportunes ni efficaces. Le pire n’est jamais sûr, ai-je dit ? Le monde occidental est gravement malade et sa sédation n’est pas certaine.

19 février 2009

Le sens des mots

Le 17 Février 2009, un homme a été abattu par balle à Pointe-à-Pitre, lors des émeutes qui ont enflammé la ville durant toute la nuit du Mardi au Mercredi. Au journal de France Inter de midi, le lendemain, le (la, en l’occurrence) journaliste a présenté cet assassinat comme étant la conséquence de la « colère » des jeunes. Je suis resté un moment interdit en entendant ce commentaire. Certes, le français est une langue en perte de vitesse dans son propre pays. L’utilisation abusive du sabir SMS et d’un volapuk de plus en plus incompréhensible ont fait perdre à un nombre de plus en plus grand de Français la connaissance de leur langue, vieille de plus de deux millénaires. Or la langue est le ciment d’un peuple. Perdre sa langue, c’est oublier son histoire, c’est rompre une communauté. Il n’est que de constater l’invraisemblable ignorance d’un nombre de plus en plus important de jeunes élèves concernant l’orthographe et la grammaire. La langue française périclite de façon dramatique. On aurait pu espérer que les médias, tellement présentes dans tous les instants de la vie, pourraient participer au sauvetage de celle-ci. Hélas, les fautes de langage font flores et il ne se passe pas un jour sans que l’on entende une faute de français, un néologisme, un barbarisme, une floraison de liaisons inadéquates, de contresens et de faux-sens, telle l’utilisation du mot « colère » dans le journal de France Inter évoqué ci-dessus. La colère est un sentiment de révolte qui fait suite à une injustice, une blessure, une injure, un refus et qui se manifeste envers celui qui en est la cause. L’homme qui a perdu la vie ce soir-là, sur une route de la Guadeloupe avait comme seul tord de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Le sniper qui l’a abattu n’avait aucun grief envers cet homme. Il ne s’agit donc, en aucun cas, d’un geste de colère mais d’une insondable bêtise. Évoquer la colère suggère qu’il existe une raison à celle-ci et qu’elle est donc compréhensible. Il ne peut y avoir de compréhension envers un meurtre sans raison.

16 février 2009

Le masque démocratique

Les médias, si prompts à pointer du doigt la moindre mesure du gouvernement, restent de marbre devant le plébiscite organisé par H.Chavez qui vient d’être nommé Président à vie du Venezuela. Quelle différence y a-t-il entre un « président à vie » et un dictateur ? Certes, objectera-t-on, H.Chavez sera obligé de passer par le processus électoral à chaque nouvelle mandature et, donc, la démocratie est sauve. Cela ressemble à un argument irréfragable. Pourtant, il n’est que de se rappeler le précédent référendum, qui n’est pas si vieux, sur le même sujet, où le peuple vénézuelien a voté négativement, en refusant que H.Chavez puisse se représenter une nouvelle fois. Il est alors légitime de se demander quels ont été les moyens utilisés pour renverser une majorité récente dans une proportion aussi importante. Aucun événement majeur n’est survenu qui puisse justifier un tel revirement. Et lorsque des moyens de pression sont utilisés pour biaiser les résultats d’un vote, il est tout aussi légitime de se demander où est passée la démocratie ! Un « Président à vie » qui prend le pouvoir en foulant aux pieds les principes démocratiques n’est rien d’autre qu’un dictateur. Qu’il soit de gauche, à ce qu’il dit, n’y change rien. Staline n’était pas « de droite », semble-t-il !! Kim Jong-il non plus. Sous le masque de la démocratie, se cache la dictature.

L’argent de l’indécence

La société Total vient de publier son bénéfice pour l’exercice 2008, qui s’élève à 14 milliards d’Euros, un record pour l’ensemble de l’économie française. Dans l’état de crise où se trouve la nation, il est légitime de se poser la question de l’utilisation de cette somme colossale. Il est bon de savoir que l’entreprise prévoit de n’en reverser que 2% aux salariés, les 98% restants se partageant à peu près moitié-moitié entre l’investissement et le versement de dividendes aux actionnaires. Soit à peu près 6 milliards d’Euros aux actionnaires et à peine 300 millions d’Euros aux salariés. Vive la spéculation sur le prix du baril ! La règle du tiers, énoncée par le Président de la République, est à l’évidence encore un rêve lointain, voire une utopie. Sachant que 40% du pétrole est consommé par le transport, pourquoi Total ne participerait-il pas au soutien de l’industrie automobile en lieu et place du contribuable qui paie déjà pour le sauvetage des banques (qui ne jouent manifestement toujours pas le jeu) dont Total a besoin ? Ou pourquoi ne participerait-il pas au financement des grands travaux prévus par le gouvernement ? Cela crédibiliserait les mesures de relance envisagées dont on peut légitimement se demander pourquoi l’État, qui ne pouvait les financer avant la crise, se déclare soudain capable de le faire ? La réflexion peut même avancer un pas de plus, ce que font un certain nombre d’économistes. En effet, l’énergie peut être considérée comme un bien commun, donc public. De plus, Total est un monopole de fait. Ceci pousse certains à se poser la question de la nationalisation du pétrolier. Mais la nationalisation n’est sûrement pas une solution-miracle. Il y a toutes les chances pour que l’État soit un plus mauvais manager que le secteur privé. Riche de 6 milliards d’investissements, ne vaudrait-il pas mieux, par contre, que Total investisse dans les nouvelles énergies plutôt que dans l’extraction du pétrole bitumineux canadien qui met gravement en péril l’environnement ? Sauvegarder sa rente est, semble-t-il, plus important pour Total que d’investir pour un avenir inéluctable, c’est-à-dire un monde sans pétrole. Total n’aurait-il pas dû être le moteur d’une recherche dans le secteur automobile (c’est le cas de le dire !) pour investir dans le véhicule du futur (proche) ? L’industrie automobile française a pris un retard important dans la recherche et le développement de véhicules propres à énergie alternative. Il faudra des investissements extrêmement importants pour rattraper son retard dans ce domaine. Et surtout, il faudra du temps. Or le futur proche est menaçant et incertain.

14 février 2009

L’évaluation, un épouvantail ?

La cybernétique, la systémique, la médecine, la robotique, etc … sont autant de sciences et de techniques qui utilisent abondamment le principe du « feed-back ». Mesurer un résultat pour corriger une action est un principe essentiel du bon fonctionnement de tout organe ou organisme. La mesure du résultat est donc un principe essentiel de l’efficacité de tout système. La société, dans son ensemble, n’échappe pas à cette règle, les mesures de son fonctionnement étant présentes dans tous ses aspects. Le recensement, le calcul du PIB national, la balance commerciale, les indicateurs démographiques, la fameuse mesure du « moral des industriels », le volume de la consommation, etc…, etc… sont des exemples d’informations recueillies sur la société permettant d’identifier un éventuel dysfonctionnement. La crise actuelle montre, à l’évidence, la nécessité de tels indicateurs. Tout acteur de l’économie privée connait parfaitement l’utilisation de ces indicateurs mesurant son efficacité. La mesure de ces indicateurs est une chose, ce que l’on en fait en est une autre. La seule certitude est qu’en l’absence de tels indicateurs, le management devient impossible. Au nom de quoi l’enseignement en général et les Universités en particulier pourraient échapper à cette nécessité ? Le décret en préparation sur l’autonomie des universités possède un volet portant sur l’activité des enseignants-chercheurs. Ce décret introduit la nécessité d’une évaluation du travail de ces chercheurs. Vent debout contre ce décret, ces derniers le rejettent en bloc sans oser dire (sauf quelques Présidents d’Universités lucides) que la seule véritable raison est la mise en place d’un système d’évaluation de leur travail. Faisant montre d’un sentiment outragé devant ce qu’ils présentent comme une mise en cause de leur liberté individuelle, ils sont, en fait, tétanisés par l’éventualité d’une évaluation de leur travail. On peut légitimement se demander pourquoi. Ne serait-ce pas parce que cette évaluation mettrait en lumière le fait que certains d’entre eux font tout autre chose que de la recherche ? Les présidents d’université craindraient-ils que l’on s’aperçoive qu’ils utilisent des chercheurs à temps plein à des tâches purement administratives ? La promotion de ces enseignants-chercheurs est directement liée au fait qu’ils réalisent effectivement des travaux de recherche. Craindraient-ils qu’en mettant en lumière le fait que certains d’entre eux n’en font quasiment pas, ces derniers craignent de compromettre un avancement devenu un avantage acquis ? L’argument consistant à dire qu’un mécanisme d’évaluation serait contraire à la liberté du choix du sujet de recherche est complètement fallacieux. Cette liberté est, évidemment, une absolue nécessité. Sans elle, tout un pan de la recherche fondamentale risque de disparaitre. Mais il n’est nullement question de porter atteinte à cette liberté de choix. Il est seulement question de pouvoir assurer au contribuable que l’effort financier qui lui est demandé est justifié. Pour cela, il n’est pas d’autre moyen que d’évaluer, non pas le contenu d’une recherche, mais sa réalité effective. C’est ce contrôle dont ne veulent à aucun prix les chercheurs. Doit-on penser que ce refus est motivé par la crainte de découvrir une réalité bien différente de ce que l’on croit ? C’est, hélas, à craindre. Décidément l’Enseignement est profondément malade. On ne compte plus les essais de réforme ébauchés par les gouvernements successifs (de droite comme de gauche) depuis cinquante ans qui se sont heurtés à un refus infrangible des enseignants, entraînés par les syndicats les plus réactionnaires de la planète !

12 février 2009

Vive le changement !

Les médecins des hôpitaux ne veulent pas de réforme
Les médecins généralistes ne veulent pas de réforme
Les élèves ne veulent pas de réforme
Les étudiants ne veulent pas de réforme
Les professeurs de lycées et collèges ne veulent pas de réforme
Les professeurs d’université ne veulent pas de réforme
Les présidents d’université ne veulent pas de réforme
Les chercheurs ne veulent pas de réforme
Les ma gistrats ne veulent pas de réforme
Les avocats ne veulent pas de réforme
Les présidents de Régions ne veulent pas de réforme
Les buralistes ne veulent pas de réforme
Les moniteurs d’auto-école ne veulent pas de réforme
Les postiers ne veulent pas de réforme
Les cheminots ne veulent pas de réforme
Les taxis ne veulent pas de réforme
Les salariés de l’ANPE ne veulent pas de réforme
Les fonctionnaires de Bercy ne veulent pas de réforme
Les syndicats ne veulent pas de réforme
L’opposition ne veut aucune réforme

Vive le changement !!

11 février 2009

La systémique de crise


La crise est devant nous. Elle est financière, elle devient économique, elle sera bientôt sociale et peut-être politique. L’avenir est sombre et il est difficile de voir de quoi il est fait. On aurait pu croire que la gravité de la situation pousserait les politiques et les partenaires sociaux à l’unité de réflexion et (pourquoi pas) d’action, conscients qu’ils devraient être de la gravité de la situation et de l’intérêt national. Hélas, il n’en est rien comme toujours. L’avenir du pays pèse de peu de poids devant les pulsions électoralistes, que ce soient celles des politiques ou des syndicats. Il n’est pas besoin d’être un expert pour savoir que l’économie est le domaine-roi de la systémique. C’est-à-dire que « tout dépend de tout » et que les cycles créent une interaction infiniment complexe entre les différents paramètres économiques. C’est cette complexité même qui donne au système tout entier des propriétés que ne possède aucun de ses éléments constitutifs. Un contresens absolu est donc d’extraire de ce schéma global les seuls éléments qui servent une démonstration manichéenne au service exclusif d’une idéologie ou d’une corporation. Évoquer l’augmentation des salaires sans parler des conséquences sur les coûts salariaux, le taux d’épargne, le niveau des importations, l’évolution de la demande, de l’offre et des prix, les taux d’intérêt, etc…, n’a absolument aucun sens. L’économie étant systémique, la crise l’est nécessairement. Cela veut dire que se préoccuper de quelques éléments de l’ensemble peut être dangereux, les effets obtenus étant tout-à-fait différents de ceux escomptés. Par exemple, recapitaliser les banques pour leur redonner les moyens de prêter aux investisseurs n’aura aucun impact si la demande de prêts n’existe pas, l’épargne de précaution étant préférée à l’investissement à cause de l’incertitude et du manque généralisé de confiance et de la mauvaise volonté des banques elles-mêmes (qui refusent par exemple d’accorder des prêts à l’industrie automobile dont elles ont, elles-mêmes créée les difficultés !).
Mais, il y a plus difficile. L’analyse du système doit être dynamique, c’est-à-dire doit prendre en compte l’effet du temps. Favoriser l’investissement est un pari sur l’avenir. Rien ne dit que la récession ne deviendra pas une dépression avant que cette politique ne fasse sentir ses effets. Et, si la dépression crée une crise sociale et politique, l’investissement n’aura aucun effet car il n’existera plus. Ainsi, les questions qui se posent au politique sont les suivantes :
• faut-il privilégier l’investissement sur la consommation ?
• combien de temps faudra-t-il pour que le soutien à l’investissement produise son effet?
• quelles mesures d’accompagnement faut-il prendre pendant ce temps?
• ces mesures d’accompagnement auront-elles l’effet souhaité?
• comment restaurer la confiance ?
En ce qui concerne ce dernier point, une condition essentielle au rétablissement d’un certain degré de confiance est de voir le politique prendre les mesures nécessaires pour punir les responsables de cette crise (les financiers « initiés ») et éradiquer les mécanismes ayant provoqué cette débâcle. Voulez-vous parier qu’il n’en sera rien ? Même si la crise se calme un peu dans les mois qui viennent, tant que le système financier organisera un excès d’offre de produits compensés par l’endettement excessif des non-initiés (c’est-à-dire de ceux qui n’ont aucun moyen d’apprécier le risque encouru), le risque d’une crise encore plus profonde et violente existera.
En outre, il y a une hypocrisie fondamentale dans le fonctionnement de l’Europe. La Commission s’évertue à stigmatiser les comportements anti-libéraux des États Européens. Or, cette même commission a accepté que, pour des opérations qualifiées de temporaires, une entreprise applique à ses salariés des conventions collectives différentes selon que ces travailleurs sont nationaux ou pas. C’est un boulevard ouvert à la concurrence fiscale déloyale et, par suite logique, au protectionnisme déguisé. C’est ce que pratiquent nombre de pays européens. Le « chacun pour soi » hypocrite et déguisé est la règle de fonctionnement des pays européens. En l’absence d’un gouvernement économique fédéral européen, en l’absence d’une harmonisation des politiques fiscales et sociales, les initiatives que vont prendre les États seront immanquablement qualifiées de protectionnistes par ceux qui sèment le désordre. Les grandes déclarations de principe ou hypocritement indignées n’empêcheront pas que les égoïsmes nationaux vont prévaloir devant la crise qui s’étend … et que le pire est à craindre .

08 février 2009

Les relents de l’Histoire

Décidément, l’anti-sémitisme a la peau dure au sein des intégristes catholiques. Il est vrai que cette attitude est historique au sein de l’Église romaine, les persécutions des chrétiens envers les juifs trouvant sa source dans le refus primordial de ces derniers de reconnaître l’essence divine de Jésus. Cet « aveuglement » a servi de prétexte à toutes les exactions que le peuple juif a dû subir tout au long de son histoire. Le summum de l’horreur atteint par le régime nazi des années quarante n’a pas été suffisant apparemment pour que disparaissent les intégristes catholiques imbibés jusqu’à la moelle d’un l’anti-sémitisme hystérique. Dans la droite lignée des Robert Faurisson, « monsieur » Richard Williamson vient d’en donner la preuve et la levée de son excommunication par Benoît XVI devient, non seulement une énorme erreur, mais un vrai scandale. Cette erreur fait tristement écho au silence papal de Pie XII durant la seconde guerre mondiale. Ce silence, condamné par l’Histoire, était certes sous-tendu par la crainte d’un éventuel éclatement séparatiste du catholicisme allemand. Mais devait-on chercher à tout prix à conserver au sein de l’Église un catholicisme qui s’accommodait si facilement de telles horreurs ? Cet anti-sémitisme viscéral est aujourd’hui l’apanage des intégrismes de tout poil, qu’ils soient chrétien ou musulman. Qui, hormis apparemment le pape actuel, ne sait pas qu’intégrisme et négationnisme sont les deux faces d’une même médaille? La levée de l’excommunication de ces évêques intégristes est absolument incompréhensible : l’unité de l’Église catholique ne peut se faire au prix de n’importe quel renoncement.Peut-être Benoit XVI va-t-il réaliser ce que Pie XII voulait éviter, la scission des catholiques allemands !

07 février 2009

Le cri de la mouette


La mouette crie. C’est ainsi que l’on nomme ses vocalises si tant est que l’on puisse ainsi nommer son cri. Nous manquons d’imagination pour qualifier ce cri. Il n’y a certes rien de musical dans le piaillement de cet oiseau. Et pourtant, ce cri porte un air vif de liberté et de grands espaces. L’oiseau, en fait, ne crie pas simplement. Il faut savoir entendre sa joie d’être libre et de se jouer de l’espace en s’appuyant sur les souffles du vent. Regardez-le se laisser porter par les courants de l’air en inclinant simplement et savamment ses ailes qui s’orientent pour trouver la meilleure portance et, ainsi, la promesse d’un long voyage. Le cri de la mouette parle d’infini, d’horizons sans limites, de liberté sans entraves. Les pieds cloués au sol dans la misère du monde, nous regardons passer ce voyageur au long cours, ivre d’indépendance, libre de toutes contraintes.

04 février 2009

Deux livres poubelles

Deux livres viennent de paraitre dont le sujet est, dans les deux cas, un personnage du gouvernement ayant une notoriété certaine dans le public français. Il s’agit de la ministre de la Justice et du ministre des Affaires Etrangères. Il y aura toujours, dans le monde journalistique, des « fouille-merde » qui cherchent à construire leur propre petite renommée en se hissant sur les épaules de personnages qui les dépassent de plusieurs coudées, en fouillant dans les poubelles de la médisance. Ces personnages sont la honte du journalisme et je m’étonne que peu de journalistes ne s’élèvent devant de telles pratiques. Je m’abstiendrai de citer le nom de ces personnages car je ne voudrais en aucun cas participer à une quelconque publicité de ces derniers. Il est facile de voir que ces personnages sont à la recherche de leur propre notoriété et, en conséquence, de leurs moyens de vivre, en déversant une haine boueuse sur des personnages en vue. Plus ces derniers sont en vue et plus l’argent va tomber dans leur escarcelle, car en jouant sur la médiocrité des foules, ils sont certains de gagner à tous les coups. Fouiller dans les poubelles, travestir et déformer en interprétant les faits les plus minuscules et les plus insignifiants pour les transformer en monstruosités, telles sont les armes de ces individus malhonnêtes. J’exhorte ceux qui peuvent lire ces quelques lignes d’ignorer ces deux livres qui ne sont rien d’autre que deux pamphlets nauséeux.

01 février 2009

À quoi sert le Forum Economique Mondial ?

Les grands patrons de tous les secteurs d’activité sont réunis une fois de plus dans le pays symbole de l’argent-roi, la Suisse. Mais cette année, la crise mondiale est aussi au rendez-vous et se rappelle à tous chaque jour par des nouvelles plus graves les une que les autres et qui laissent accroire que cette crise n’en est qu’à ses débuts. L’angoisse envahit les peuples et le chômage commence à faire des ravages. Pendant ce temps, que se passe-t-il à Davos ? Les grands patrons se réunissent comme les membres d’une caste qui regarde le monde des « petits et des sans-grade » avec une arrogance méprisante. Le séjour d'un cadre dirigeant dans la prestigieuse station de ski suisse revient à plus de 50.000 dollars (38.500 euros). Les partenaires majeurs du Forum versent 435.000 dollars (335.000 euros) et peuvent envoyer cinq représentants. Malgré les difficultés que connaissent certains de ses membres, le Forum Économique Mondial ne semble pas souffrir de la crise et attend même 21 participants de plus que l'an dernier. Les plus grands esprits du monde libéral viennent discuter dans l’opulence, mais de quoi ? D'emblée, les échanges ont glissé vers la polémique relative aux bonus que l'UBS (Union des Banques Suisses) va distribuer à ses collaborateurs, malgré l'argent public injecté l'automne dernier dans le secteur bancaire. Jean-Pierre Roth, patron de la BNS (Banque Nationale Suisse) a défendu la décision en notant que le travail des collaborateurs méritait une récompense ! Dans le même temps, le Président américain s’indigne publiquement du comportement des patrons des plus grandes banques américaines cotées en bourse (Wall Street) qui, après avoir reçu l’aide massive du contribuable américain (850 milliards de dollars !), prennent immédiatement la décision de s’octroyer les plus gros bonus de leur histoire (15 milliards de dollars) ! Ainsi, le contribuable paie pour empêcher les banques de faire faillite et celles-ci confisquent cette manne sans vergogne. C’est ce qu’on appelle un détournement de fonds. En principe, ce délit est puni par la loi. À quoi servent les grands discours sur « la moralisation du capitalisme » lorsque la morale est totalement absente dans l’esprit des dirigeants d’entreprises ? Dépenser autant d’argent pour déverser des banalités faussement sincères est un outrage fait à tous ceux qui subissent directement les effets de l’inconséquence de ces dirigeants qui resteront impunis. Que voit le contribuable ? Il constate qu’il contribue à la reconstitution des fonds propres des banques qui, loin de jouer le jeu et de revitaliser les circuits économiques, se contentent de se servir et de faire de l’épargne de précaution, étant dans l’impossibilité d’évaluer la réalité de leurs actifs. Ces derniers sont, en effet, constitués de prêts dont il est impossible de savoir s’ils sont recouvrables. En effet, une récession transforme inévitablement un débiteur crédible en débiteur insolvable. De plus les fonds propres comprennent des produits financiers dits toxiques (on devrait dire aberrants) dont il est impossible de prévoir la valeur réelle à court terme et dont la pratique de la titrisation a renforcé considérablement l’opacité. Cette situation, si elle perdure, risque de provoquer chez le contribuable, c’est-à-dire le citoyen, une révolte justifiée qui peut prendre des formes extrêmement violentes. Les manifestations de Janvier en sont un premier symptôme que les syndicats ont été prompts à récupérer et qu’ils auraient tort d’attiser. Encore faudrait-il qu’ils privilégient enfin l’intérêt général sur le corporatisme.