21 juin 2014

L’Energie

La transition énergétique est devenue l’antienne de tous les politiques. Tout le monde en parle mais rien ne se passe. On assiste même à des prises de décisions qui vont à l’encontre de l’objectif principal de cette transition, à savoir la réduction des émissions de gaz à effet de serre et, accessoirement, l’économie de la consommation d’énergie. Ce qui semble apparaître est que le problème n’a pas été étudié correctement par les acteurs concernés. Les énergies envisagées pour mettre en œuvre cette transition sont des énergies dites renouvelables qui sont surtout erratiques, c’est-à-dire soumises à une discontinuité de fonctionnement qui n’est pas maitrisable. Pour pallier à la discontinuité de fourniture de courant des systèmes renouvelables, comme l’éolien ou le solaire, hormis le méthane dégagé par la décomposition des végétaux (mais qui ne sera jamais à la hauteur des besoins), il faut mettre en place un système parallèle et complémentaire pour entrer en service lorsque les systèmes renouvelables ne fonctionnent pas ou fournissent trop de courant par rapport à la demande. Il faut donc pouvoir « allumer » ou « éteindre » le système complémentaire, faute de pouvoir stocker l’énergie produite. Or, les seules centrales pouvant être instantanément allumées ou éteintes sont les centrales à gaz. Cela veut dire que les centrales à charbon fonctionnent en permanence et augmentent donc l’émission des gaz à effet de serre. Actuellement, les énergies renouvelables ne sont pas rentables et souffrent de l’impossibilité de stocker l’énergie produite en cas de surplus. Il faut donc un effort de recherche considérable dans ces deux domaines et, seule, l’échelle européenne est à la hauteur de l’enjeu. Pour fluidifier la production et la consommation d’énergie, il faut également étudier la mise en réseau des productions européennes pour faire fonctionner ensemble l’énergie solaire provenant des pays comme l’Espagne, l’énergie éolienne provenant des pays nordiques, l’énergie nucléaire provenant de la France, par exemple. Les efforts de recherche doivent aussi porter sur les moyens d’économiser l’énergie dans le domaine des transports, de la construction en génie civile, de la production et de la fabrication dans le domaine industriel. L’Europe, dans son ensemble, est tributaire des fournisseurs d’énergies fossiles (le gaz pour la Russie, le pétrole pour le Moyen-Orient, le charbon pour les Etats-Unis qui se trouvent en surplus du fait de l’exploitation des gaz de schiste). Il apparait donc comme une évidence que le projet de J. Delors est, plus que jamais, à l’ordre du jour : créer une communauté européenne de l’énergie pour avoir, non seulement une politique commune, mais également un poids de négociation plus important en face des producteurs. Malheureusement, les dernières élections européennes ont montré une tendance très forte au repli national qui va à l’encontre d’une telle politique. De plus, les réserves de charbon sont considérables (230 ans de réserve) et fournissent l’énergie la moins chère, ce qui contribue à l’expansion de son utilisation (Allemagne, Chine), à l’augmentation de l’émission de CO2, et n’incitent pas à la recherche d’économie ou d’énergie de substitution. Le dérèglement climatique n’est pas prêt de s’arrêter.

16 juin 2014

Démocratie en danger

Assistons-nous à une disparition progressive de la démocratie ? La question se pose lorsque l’on regarde la modification dangereuse du comportement des citoyens et des syndicats. La démocratie représentative, celle qui résulte de la pratique du vote républicain, est attaquée de toutes parts. Les partis populistes, qui prospèrent aujourd’hui sur le terreau des angoisses populaires, sont plus ou moins ouvertement antiparlementaire. Le FN ne clame-t-il pas que, s’il cherche à avoir des représentants au Parlement Européen, ce n’est que pour pouvoir empêcher ce dernier de fonctionner ? Souvenons-nous que c’était l’attitude des partis nazis et fascistes qui ont finalement pris le pouvoir en Allemagne et en Italie. Certains politiques en place vont même jusqu’à préconiser la démocratie d’opinion, dans laquelle les réseaux sociaux deviendront l’outil d’expression quasiment unique avec tous les dangers que cela comporte. Le conflit actuel sévissant au sein de la SNCF est également symptomatique d’un refus de la démocratie au nom d’un corporatisme exacerbé. La réforme de cette entreprise a, en effet, été votée démocratiquement par une majorité de syndicats dits représentatifs. La CGT et Sud-Rail refusent ce vote et rejettent la réforme envisagée quitte à s’engager dans des actions de surenchère et jusqu’au-boutistes, guidées uniquement par des préoccupations électoralistes et corporatistes. Ce rejet de la démocratie représentative majoritaire comporte en lui-même le risque du recours à l’autorité, avec le risque d’aboutir à l’établissement d’un Etat « Poutinesque », c’est-à-dire à une dictature.

01 juin 2014

La déliquescence des partis politiques

La France est de plus en plus malade. Dette en augmentation, désindustrialisation constante (PSA devient chinois, Alsthom va devenir américain, Lafarge a largué les amarres vers la Suisse, Arcélor est devenu indien, etc…), chômage croissant, taux d’abstention inédit, décomposition des partis politiques avec une croissance inquiétante de l’extrême droite. La démocratie ne fonctionne plus correctement. Les partis politiques ne remplissent plus leur rôle. L’UMP a été créée comme une machine à porter à la Présidence un homme « providentiel ». En supprimant ainsi l’obligation de la réflexion sur ses propres valeurs, cela lui a interdit de se construire une ligne et une philosophie politiques. Lorsque l’homme providentiel n’existe plus, le parti est en déshérence et ne sait pas proposer une vraie vision politique. De plus, puisqu’il n’y a plus de chef à la hauteur, la division interne et la cacophonie s’installent, les ambitions personnelles s’exacerbent. Le Parti socialiste n’est pas en meilleure position. Après Mitterrand, les primaires socialistes ont permis à n’importe qui de se porter candidat à la Présidence. Le choix revient donc aux militants, voire davantage. Or, depuis Chirac, le choix du peuple s’est montré de plus en plus catastrophique car attiré plus par la « normalité » de l’homme que par la compétence du candidat. Mitterrand disait « je serai le dernier grand président ». La suite lui a donné raison. La Ve République a été « taillée » pour un homme d’exception et ne fonctionne donc pas correctement avec quelqu’un qui n’a pas l’envergure du poste. Les primaires sont également le ferment de la division interne par la création de courants autour de chaque candidat. De leur côté, les partis extrémistes se confinent dans le populisme et prospèrent auprès d’un bon quart du peuple qui ne s’interroge pas sur la faisabilité de leurs promesses, ni sur leurs conséquences, car la culture économique de la majorité du peuple est quasiment nulle. De plus, et ce n’est pas la moindre des choses, il faut bien convenir que le FN est le seul parti qui propose un programme cohérent et complet, ce que ne savent plus faire les partis traditionnels. C’est là-dessus que se construit le succès de ce parti. Il prospère sur la déliquescence des partis dits républicains. Remarquons que les grands Présidents de la Ve sont tous issus de la guerre et de ses conséquences. Pour De Gaulle c’est une évidence. C’est l’Histoire qui l’a porté au pouvoir. Pour Pompidou et Giscard, ce sont deux hommes mis en scène par de Gaulle au cours de ses mandats. Mitterrand a forgé sa carrière et sa réputation dans sa confrontation et son opposition permanente à De Gaulle. Tous ces hommes sont directement ou indirectement liés à De Gaulle. Malgré la filiation revendiquée par les uns ou les autres, cette dernière s’est interrompue et la compétence présidentielle s’est amoindrie de façon catastrophique jusqu’à aujourd’hui. Plus significatif que le « tous pourris », les français se détournent de la politique par la faute de ceux qui l’incarnent. Comment réconcilier le peuple avec la politique et ceux qui sont censés l’incarner lorsque, en dehors des séances médiatisées par la télévision, les hémicycles sont quasiment vides avec seulement quelques politiciens cacochymes qui tapotent sur leurs tablettes ou leurs smartphones ? Comment s’étonner que près de 70% des jeunes entre 18 et 25 ans se soient abstenus aux dernières élections ? L’incompétence est générale. Il ne suffit plus que les politiques tentent de dissimuler cette incompétence derrière une mise en accusation hypocrite et permanente de l’Europe, faisant semblant d’oublier que l’Europe ne fonctionne que sur les décisions des chefs de gouvernement. Leur discours a perdu toute crédibilité. Seuls les bateleurs néfastes et populistes des partis extrémistes sont alors écoutés et entendus. Si les Français renient leur choix à peine quelques mois après avoir élu le Président de la République, c’est bien que l’incompétence de celui-ci devient rapidement une évidence aux yeux de tous. L’avenir est sombre : qui a l’envergure nécessaire pour 2017 ? Personne ! Si rien ne change, le scénario Chirac-Le Pen du 21 Avril 2002 se reproduira.