28 janvier 2008

L’oncle Sam

Sous le règne de W.Bush, la situation mondiale ne s’est pas améliorée, loin de là. La guerre au Moyen-Orient n’en finit pas de faire des victimes civiles, la démocratie promise en Irak reste une utopie massacrée par les attentats et le désordre, l’Afghanistan n’arrive pas à trouver une stabilité, les tensions iraniennes ne rassurent personne lorsque le pouvoir dans ce pays est aux mains d’un fou. On peut multiplier les exemples des conséquences mondiales de la politique américaine. Sous le règne de W. Bush et de son credo libéraliste à tous crins, le système financier et bancaire américain, libre de tout contrôle, est devenu totalement fou en construisant un système de prêts immobiliers aux postulants insolvables. Ce système invraisemblable a atteint une telle ampleur que le système financier du monde entier est en danger. Quelles en seront les victimes ? Les plus fragiles, c’est-à-dire les « petits » porteurs ayant investi leurs économies en bourse ou dans des assurances-vie et qui vont voir leur patrimoine s’évaporer. L’oncle d’Amérique déverse sur le monde son incurie. Non seulement, les USA exportent leur phénoménal déficit grâce à l’hégémonie subie du dollar, ils exportent leur frénésie financière coupable en contaminant l’ensemble des banques du monde entier. Ils se comportent comme si le monde était leur arrière-cour. C’est leur vision de la mondialisation !

26 janvier 2008

Les grandes menaces

Les dangers qui menacent les hommes sont nombreux et variés. L’imagination des hommes et leur « hubris » débridé multiplient à l’envi les risques encourus. Mais parmi tous ceux-ci, il en est quatre principaux : la modification climatique, le terrorisme, le monde des nanotechnologies, l’endettement des pays riches et la financiarisation de l’économie.
Tout d’abord, le réchauffement dû à l’effet de serre. Il ne s’agit plus d’un hypothétique danger, les conséquences de l’élévation des températures se manifestant déjà. Les calottes glaciaires disparaissent, monde fragile s’il en est et tellement vital pour la diversité biologique de la planète. Au rythme actuel, les glaces polaires auront totalement disparu entre 2050 et 2080. La disparition de la glace de mer aura de terribles répercussions sur la faune, la fonte de la glace d’eau douce (les glaciers) alimentera la montée du niveau des océans et perturbera la circulation des grands courants marins. D’autres lieux seront affectés par ce réchauffement, en particulier tous les pergélisols, en Alaska et en Russie. Ce milieu contient du CO2 et du méthane dissous qui seront libérés avec le réchauffement du milieu. Le méthane est un gaz à effet de serre dix fois plus nocif que le dioxyde de carbone. Les fonds marins comportent d’immenses quantités d’hydrate de méthane qui deviendra instable avec l’élévation de la température des océans, libérant le méthane. Ces émissions ne feront qu’augmenter l’effet de serre et le réchauffement, ce qui accentuera celui des océans. Ce réchauffement important aura alors une double conséquence : l’élévation du niveau des eaux et la disparition des algues sous-glacières dans les zones polaires. Or, ces algues sont à la base de l’alimentation du plancton, nourriture du krill, lui-même nourriture des grands mammifères qui vont donc disparaître. La disparition des baleines, dont les cadavres servent de nourriture à toute la faune des abysses, entraînera la disparition de cette dernière. Quant à l’élévation du niveau des océans, elle va provoquer des migrations géantes depuis toutes les zones côtières menacées. Déjà Tuvalu et certaines îles du Pacifique sont sur le point de disparaître, chaque phénomène cyclonique inonde de plus en plus les terres du Bengladesh. À cette migration des peuples inondés s’ajoutera celle des populations soumises à une sécheresse de plus en plus grave. Au total, on peut envisager entre 100 et 200 millions de migrants climatiques. Un tel déplacement de population ne pourra avoir lieu sans avoir de terribles conséquences humaines.
Il y a ensuite le terrorisme. Le terrorisme idéologique se développe aujourd’hui sur un terreau confessionnel et civilisationnel. Le prosélytisme dont il fait preuve, basé sur la frustration et la haine, permet d’envisager, à juste titre, une expansion de son implantation et une radicalisation de son action. De nouveaux 11 Novembre sont à craindre. Le terrorisme mafieux, cherchant généralement une justification hypocrite dans le nationalisme, confond, avec moins d’envergure, ses actions avec celles du terrorisme politique. C’est ce que pratiquent les FARC en Colombie, certains indépendantistes corses, l’ETA en Espagne. Enfin, la raréfaction des matières premières non renouvelables va pousser certains pays propriétaires des gisements à exercer un chantage de plus en plus important sur le reste de la planète, chantage relevant du terrorisme d’Etat.
Il existe aune autre menace, celle que constitue la convergence des NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, techniques de l’information, sciences cognitives). Les nanotechnologies forment actuellement trois domaines principaux d’application : la nanobiologie, les nanomatériaux et
la nanoélectronique. Ces nanotechnologies vont permettre de fabriquer et de marquer des éléments de plus en plus petits, de la taille de la cellule, permettant à tout moment de communiquer et de traiter des informations sur l’individu. Déjà, un laboratoire américain privé vient d’annoncer la fabrication d’un génome complet d’une bactérie. Cette possibilité ouvre la voie à la création en laboratoire de virus et de bactéries dont il n’est absolument pas certain que l’on soit capable de maîtriser les effets. La fabrication de machines à traiter l’information, de plus en plus rapides et utilisant la physique quantique et ses lois étranges (intrication, non-localité, …) va permettre le traitement d’un volume de plus en plus grand d’informations facilitant le « suivi » d’une population entière et entraînant la disparition progressive de « l’aire privée ». Ces machines seront capables d’utiliser les derniers progrès des sciences cognitives et, de ce fait, de gérer le comportement des humains qui vont y perdre leur libre-arbitre…sans même s’en apercevoir !
Enfin, il reste l’endettement des pays riches. Ces pays accumulent une dette qui prend des proportions effrayantes. Les USA empruntent 800 milliards de dollars par an et leur dette publique atteint les 8000 milliards de dollars. La dette allemande est de 1500 milliards d’Euros, la dette française dépasse les 1200 milliards d’Euros, la dette italienne dépasse les 100% de son PIB , la dette belge atteint 95% du PIB et la dette française représente 66% du PIB. En Europe, la moyenne de l’endettement est de 75% du PIB européen. Comment les actifs futurs pourront-ils payer le service de la dette ? Beaucoup de pays dits développés ont appliqué une politique keynésienne, consistant à emprunter pour relancer la consommation, donc l’activité et la création de richesses. Mais ce processus ne fonctionne que si l’accroissement de richesses est plus grand que l’emprunt additionné des intérêts. Dans le cas contraire, la dette augmente. C’est ce qui s’est passé à cause du laxisme des pays dits développés. Les pays pauvres sont également, et par définition, endettés. Or, ils sont, pour beaucoup, incapables de payer les intérêts de leur dette.
Aggravant encore ce risque de faillite généralisée, l’activité financière est, aujourd’hui, beaucoup plus importante que l’activité industrielle, ce qui veut dire qu’une grande partie de la création de richesses est totalement artificielle. La financiarisation outrancière de l’activité se trouve à la merci d’une baisse du dollar, d’un crash immobilier, d’une baisse boursière (trois évènements qui sont en train de se produire). Voulant alimenter coûte que coûte (c’est bien le mot !) le marché financier et la spéculation, les organismes bancaires ont mis sur le marché des produits de plus en plus sophistiqués et risqués, sans que ne s’exerce le moindre contrôle ; ce qui a conduit à la crise actuelle des « subprimes » qui plonge l’ensemble des économies occidentales dans la tourmente et menace leur population de difficultés importantes. Les banques, dont les "traders" réalisent des opérations en principe illicites, sont monnaie courante - sans jeu de mot - (France, USA, japon, Irlande, Angleterre.Le monde occidental est plongé dans une frénésie de l’argent « à tout prix » qui le pousse à délaisser l’économie réelle pour un jeu qui ressemble de plus en plus à une économie casino. Et, dans un tel jeu, on sait bien que les joueurs sont toujours perdants.
Il est classique de dire que l’avenir est incertain. Il est aussi dangereux.

21 janvier 2008

Rien ne change jamais

La commission Attali vient de proposer de supprimer le département. Immédiatement, la quasi-totalité des élus départementaux – essentiellement ceux des conseils généraux – montent « aux créneaux » pour condamner l’idée d’une telle réforme. Pourtant, lorsque l’on fait le compte des différents échelons administratifs, on est un peu effaré : la commune, l’intercommunalité, le canton, le département, la communauté urbaine, la région, l’Etat. Lorsqu’on recherche une amélioration de l’efficacité et de l’efficience de l’administration, il semble justifié de poser la question de l’utilité d’un tel foisonnement des structures. Le canton a déjà disparu de fait. On ne peut guère songer à faire disparaître la ville. La région est le seul échelon à la taille européenne. Il ne reste donc que le département ! Ce débat se rattache d’ailleurs à la résistance de ceux – nombreux – qui refusent que les plaques minéralogiques des automobiles ne portent plus le numéro du département. Vous souvenez-vous des cris d’orfraie de tous ceux qui ont protesté véhémentement lorsque la numérotation téléphonique a fait disparaître des abrégés évocateurs des différents quartiers de Paris au prétexte que le numéro de téléphone permettait de localiser facilement son propriétaire grâce aux abrégés de Maillot, Gobelins, etc… Comment aurait-on fait avec les téléphones portables ? Les Français se distingueront toujours par leur refus systématique du changement. C’est bien la seule chose qui ne change pas ! Le temps des diligences n’est pas si loin où la population clamait que les voyages en chemins de fer étaient mortels parce qu’il serait impossible de supporter des vitesses de trente kilomètres à l’heure.

16 janvier 2008

Le mauvais chemin

Créer du progrès social est (ou devrait être) l’objectif prioritaire des gouvernants, quelle que soit leur couleur politique. Mais pour créer du progrès social, il fait D’ABORD créer des richesses afin de pouvoir les redistribuer. Un pays sans richesse ne peut gagner la guerre contre la pauvreté. En France, la plus grande partie du PIB est l’œuvre des PME, voire des TPE. L’indicateur majeur de la création de richesses du pays est sa balance commerciale. Or, celle-ci n’a jamais été aussi déficitaire qu’aujourd’hui (presque 40 milliards d’Euros). Jamais la France n’a eu aussi peu de clients dans le monde. Jamais l’offre de l’industrie française n’a été aussi peu attractive. Cette double constatation conduit tout droit au constat suivant : les PME ne sont pas assez compétitives. L’offre de ces industries devient obsolète. La force de l’Allemagne est d’avoir un tissus de PME performantes qui sont la cheville ouvrière du succès à l’exportation. Certes, le modèle allemand n’est pas nécessairement idyllique car la demande intérieure n’a jamais été aussi atone. La santé d’un pays se mesure au dynamisme des trois facteurs suivants : la demande, les exportations, l’investissement. En France, sur ces trois indicateurs, deux sont dans le rouge : les exportations et l’investissement, et plus précisément, l’investissement dans les PME. Un moteur à trois cylindres dont deux ne fonctionnent pas ne peut pas avancer. Or, la politique gouvernementale (aiguillonnée en cela par l’opposition et les syndicats) est focalisée de manière obsessionnelle et exclusive sur l’amélioration du pouvoir d’achat, c’est-à-dire sur la relance de la demande. C’est une erreur fondamentale. L’avenir est obscur et inquiétant car le pays est engagé par l’ensemble du monde politique et syndical dans le mauvais chemin et il n’est pas certain que le monde industriel ait la volonté suffisante pour en changer.

10 janvier 2008

La violence du monde qui nous attend

La violence physique est inhérente à l’homme, elle est consubstantielle de son être même. A travers toute son histoire, l’Europe a grandi dans la violence. Le vingtième siècle n’a pas été avare de démonstrations de violence dépassant l’imagination. Les millions de morts de la guerre de 1914-1918, les millions de morts de la Shoa et de la guerre 1939-1945 ont été les produits monstrueux de cette violence. Elle a été le produit d’une volonté hégémonique politique, organisée par des hommes qui ont cherché à installer sur une partie de la planète un terrorisme d’Etat. Les invasions et les croisades ne sont pas autre chose. À la fin de la dernière guerre, les Etats Européens ont tenté de s’organiser pour éviter le renouvellement de telles violences guerrières. Et il faut bien constater que l’Europe connaît la paix depuis plus de cinquante ans. Aujourd’hui, l’horizon s’obscurcit d’une menace d’un nouveau type de violence venant s’ajouter à celle due au terrorisme, succédané de la violence guerrière : la violence économique dans laquelle les armes guerrières sont remplacées par les matières premières. Les deux exemples suivants en sont la démonstration. La Russie est une puissance énergétique plus importante que l’Arabie Saoudite grâce aux réserves de gaz et de pétrole, entre autres, qu’elle possède. Cette puissance « énergétique » est utilisée par la Russie pour mettre en œuvre une politique « de chantage » vis-à-vis des Etats qui étaient sous sa domination au temps de l’URSS, voire vis-à-vis de l’Europe, afin de servir une volonté de puissance. « L’arme énergétique » devient plus dissuasive et plus opératoire que l’arme nucléaire. Les pressions politiques que la Russie exercera sur ses interlocuteurs iront croissant avec la course aux approvisionnements dans laquelle les états développés et en voie de développement vont se trouver plongés avec la raréfaction progressive des ressources. Cette course va pousser les pays comme la Chine, et bientôt comme l’Inde, à utiliser n’importe quels moyens pour accéder à ces ressources. L’éthique, la morale, l’application des règles utilisées jusqu’à aujourd’hui par les pays dits civilisés, vont voler en éclats dans un monde où rien ne sera interdit pour sécuriser les approvisionnements en énergie. Le chantage va, dans ce cas également, devenir une arme d’Etat. La Chine a déjà commencé à utiliser une telle politique sur le continent africain où elle alimente la corruption pour arriver à ses fins.Les USA,premier pollueur de la planète et poussés par un égoïsme national élevé, rejettent le protocole de Kyoto et refusent tout effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre sans vouloir tenir compte des effets catastrophiques déjà perceptibles dans les pays du Sud, ce qui est une violence exercée envers ces populations.

09 janvier 2008

Attali ou Stiglitz ?

Nicolas Sarkozy fait appel aux prix Nobel pour donner une consistance au concept de politique de civilisation. Il faut bien deux prix Nobel pour essayer d’assimiler ce concept développé par E. Morin tout au long d’un bon millier de pages sans qu’il soit certain que quiconque ait bien compris ce que ce concept signifiait. Travail sans doute difficile si l’on constate qu’aucun intellectuel français ne s’est approprié cette idée. Les BHL et consort n’ont pas avancé une seule idée sur le sujet. Peut-on penser que Joseph E. Stiglitz sera à la hauteur ? Que peut-on attendre de l’auteur de « La grande désillusion » ou de « Quand le capitalisme perd la tête » ? Il serait prétentieux de prévoir à l’avance les résultats de ses réflexions, mais il est absolument certain que ses éventuelles préconisations ne seront pas teintées de libéralisme échevelé, loin de là. Il n’est que de lire ses ouvrages pour en être convaincu. On peut, certes, apprécier le fait que le Président de la République fasse appel à des intellectuels de tous bords pour éclairer ses décisions et ses choix politiques. Ce n’est que le prolongement de « l’ouverture », mise en œuvre depuis le début de sa magistrature et qui a plongé la gauche en état de coma avancé. Mais il y a un gros « Mais ». En effet, si l’on peut approuver l’idée que des hommes de talents existent dans tous les partis politiques et qu’il est bon pour le pays de faire appel à leurs compétences, il faut quand même qu’existe une certaine cohérence ou, autrement dit, que les contradictions ne soient pas aveuglantes. C’est ce qui risque d’arriver avec la commission « Attali » d’une part et le travail de J.E. Stiglitz d’autre part. Autant Attali est l’homme du libéralisme et de la mondialisation, autant le prix Nobel est un adversaire résolu de la mondialisation et du consensus de Washington. La suppression de l’indépendance des banques centrales, la suppression des bourses des matières premières agricoles, l’interdiction des brevets sur les OGM, l’introduction d’une taxe généralisée du type « Tobin » font partie des préconisations du prix Nobel de l’économie. Il est à parier que les contradictions avec les préconisations de la commission « Attali » seront fortes.

07 janvier 2008

Le profit et la morale

En France, et contrairement à d’autres pays, le mot « profit » crée immédiatement des réactions de suspicion voire d’agressivité démesurée. Il porte en lui les relents d’une lutte de classes surannée. C’est pourquoi les syndicats français, qui n’ont pas encore fait leur révolution culturelle, et l’extrême gauche s’emparent régulièrement du sujet pour y puiser à profusion des causes de revendications populistes en considérant le profit comme immoral. Objectivement, le profit est une rémunération variable, incertaine mais espérée, du risque pris par le détenteur d'un capital investi. L’existence du profit permet de rémunérer le risque pris par le détenteur du capital. Plus précisément, lorsque le propriétaire du capital investit dans une entreprise, le profit doit, non seulement rémunérer le risque pris par l’investisseur, mais également financer l’évolution de l’entreprise tant dans la modernisation de son outil de production que dans la recherche et développement. Lorsque le capitaliste investit uniquement sur les marchés financiers, le profit attendu rémunère uniquement le risque pris par l’investisseur. On voit donc que, dans les deux cas, la notion de profit est attachée à celle de risque. Il en est toujours ainsi, dans toutes les activités humaines. On fera la différence entre profit et plus-value : la plus-value, en terminologie financière, est un gain en capital (différence entre la mise initiale et le prix obtenu en cas de revente des parts dans l'entreprise). Le travail exige une contrepartie en terme de salaire, le risque exige une contrepartie en terme de profit. C’est une simple règle économique d’échange où la morale n’a pas sa place. Le profit dégagé par une entreprise est un résultat collectif, la morale est un sentiment individuel. L’analyse marxiste, qui regarde le profit comme illégitime car soustrait à la rémunération du travail, ignore volontairement la notion de risque économique. Or, la marche du monde montre à l’évidence que le risque est partout et que la survie d’une entreprise n’est pas garantie. C’est d’avoir ignorer cette notion que le marxisme est mort et que reste incompréhensibles ceux qui continuent à y faire référence.
D’où vient le profit réalisé par une entreprise ? De la seule différence entre son chiffre d’affaires (représentatif de ses ventes totales) et ses coûts globaux de production (comprenant une part de rémunérations salariales, une part de coût de fonctionnement, une part de participation à la vie sociale : impôts et prélèvements). Où va le profit ? À l’investissement, à l’augmentation des salaires, à la rémunération des actionnaires, c’est-à-dire à chacun des trois acteurs : l’entreprise, le salarié, l’actionnaire. La répartition dépend du pouvoir de négociation de chacun de ces acteurs. Le pouvoir de négociation de l’actionnaire repose sur sa capacité à reprendre son capital (en vendant ses actions, menace que savent parfaitement utiliser les fonds de pension), le pouvoir de négociation du salarié dépend de celui de ses représentants (en général les syndicats), le pouvoir de l’entreprise s’exerce à travers son conseil d’administration et les décisions des administrateurs. La morale, là non plus, n’a pas sa place. Il s’agit de politique d’entreprise. Certes, des dérives peuvent apparaître au moment de cette répartition du profit. L’exigence des actionnaires peut être prohibitive, la pression syndicale peut être excessive, l’investissement peut être dévoyé vers des voies uniquement financières. Il ne faut pas compter sur la morale pour éviter ces dérives. Seule, la politique peut les encadrer. C’est l’expression de cette politique qui peut départager la gauche et la droite. C’est l’efficacité de cette politique, qui se mesure par l’existence d’un profit pour l’entreprise, qui mesure la compétence de la classe politique. Substituer la morale à la politique n’aboutit qu’à des coquecigrues ou des raisonnements captieux.
Karl Max a oublié, disais-je, la notion de risque économique et il a considéré que la rémunération du capital était un détournement de la richesse au détriment du travail. Ce qui pouvait paraître discutable au XXème siècle peut s’avérer vrai au XXIème avec l’envolée de la spéculation financière! En effet, quand on rapproche le fait que les dix plus gros banquiers londoniens se sont partagé 10 milliards d’Euros de bénéfices en 2007 avec le fait qu’une grande partie de la population du monde essaye de vivre avec moins de 2 dollars par jour, on est en présence d’une monstrueuse injustice. Ce fait est significatif du fait que les riches le sont de plus en plus, les pauvres le sont également de plus en plus. L’écart devient insupportable et générera, si aucune réglementation ne vient freiner les gains spéculatifs immoraux, des mouvements de révolte qui peuvent être dévastateurs et d’une extrême violence.

02 janvier 2008

C’est pas cher …

Depuis plusieurs années, la croissance est tirée par la consommation. Le gouvernement le sait bien, qui mène une campagne médiatique sur le pouvoir d’achat. Mais les Français ont le sentiment justifié que leur pouvoir d’achat diminue du fait d’une augmentation des prix sensible, conséquence d’une flambée des prix de certaines matières premières. Il y a là une contradiction que peu d’économistes relèvent : le pouvoir d’achat diminue et la consommation augmente. Quelle est la raison de cette sorte d’oxymore économique ? La raison est purement psychologique. Le passage à l’Euro a fait perdre leurs repères aux consommateurs. Lorsque la monnaie était le Franc, un prix de 100 était une barrière qui séparait ce qui semblait cher de ce qui ne l’était pas. Un article à 90 francs avait un prix raisonnable, le même article à 110 francs paraissait cher. L’Euro a agi comme une grande lessiveuse en brouillant les repères des consommateurs qui ont gardé les mêmes ordres de grandeur en tête sans faire le changement de monnaie : en dessous de 100 Euros, le prix est raisonnable, donc il est possible, voire intéressant, d’acquérir l’article. Rares sont les consommateurs qui convertissent immédiatement 100 Euros en 655 francs ! Le résultat est que la consommation reste soutenue, mais lorsqu’un ménage fait ses comptes, il finit bien par s’apercevoir que son budget est limité et que ses possibilités globales d’achat diminuent. Voilà pourquoi votre fille est muette !! Les vendeurs des grandes surfaces spécialisées d’ailleurs ont bien compris le phénomène, qui restent vagues, voire mensongers, lorsqu’ils sont questionnés sur la valeur d’un article en francs car ils savent bien que ce renseignement risque d’empêcher l’acte d’achat. Mesdames, dites-vous que ce que vous achetez est plus de six fois plus cher que ce que vous croyez !!