27 février 2015

Le propre de l’homme

Souvent la question se pose de savoir ce qu’est le propre de l’homme. Obnubilé par le besoin de se différentier de l’animal, l’homme cherche à identifier sa spécificité, son ipséité. Depuis François Rabelais, il est d’usage de dire que le rire est le propre de l’homme. Mais, depuis 1574, la connaissance des animaux s’est approfondie et il est apparu que le rire est aussi une caractéristique que possèdent les grands singes, les delphinés et d’autres encore. Vexé d’être dépossédé de cette différence, l’homme a alors avancé qu’il était le seul à avoir conscience de lui-même. Hélas, là encore il lui a fallu en rabattre. En effet, des expériences ont montré que certains animaux possèdent cette faculté, comme les éléphants, les singes, les delphinés, et d’autres. Que reste-t-il alors ? A bien y réfléchir, on serait tenté de penser que, seul, l’homme a conscience de sa mort et de sa finitude. A son détriment d’ailleurs : « Penser à la mort, c’est mourir deux fois » (Cioran). Mais, alors, que penser des animaux qui, sur la fin de leur vie, s’isolent pour mourir ? Qu’est-ce qui les poussent à cette démarche, si ce n’est le sentiment prémonitoire de leur mort ? Cela ne s’appelle-t-il pas la conscience de la mort ? Les croyants catholiques peuvent identifier le propre de l’homme dans le choix qu’il a fait à l’origine de choisir un destin plutôt que l’éternité. Mais ce choix originel fondamental n’est qu’une utopie, l’homme descendant des premières bactéries marines qui n’ont jamais fait aucun choix.

13 février 2015

Réseaux miroirs

La nature ne cesse de nous étonner. Les particules élémentaires de la physique quantique possèdent une étrange propriété qui se nomme l’intrication. Lorsque deux particules sont émises en même temps par un même dispositif, ces deux particules se comportent comme un objet unique. Toute modification sur l’une d’elle entraine une modification sur l’autre, quelle que soit la distance entre les deux particules. Cette modification étant instantanée, elle exclut la circulation d’une information qui se devrait se déplacer à une vitesse infinie et qui violerait alors la loi de la Relativité Restreinte. Les deux particules, au lieu d’avoir chacune une fonction d’onde spécifique, possèdent une fonction d’onde commune. La conséquence en est une sorte d’étrange téléportation. Rien d’équivalent ne s’observe dans notre monde macroscopique. On ne sait pas très bien, aujourd’hui, expliquer comment les lois de la physique subatomique se transforment en celles de la physique ordinaire, celle que nous vivons, et pourquoi l’intrication n’existe plus. Or, voilà que l’on a découvert en 1996 une étrange propriété du cerveau : l’existence de ce que l’on appelle « les réseaux miroirs ». Lorsque quelqu’un exécute une action devant un observateur, il active des neurones situés dans une région précise de son cerveau. Les mêmes neurones s’activent dans le cerveau de l’observateur sans qu’il exécute pour autant les mêmes gestes. Ces réseaux permettent à l’observateur de saisir l’intention de l’observé AVANT l’exécution du geste avec un décalage de 3 à 6 secondes. Ces neurones particuliers permettent de projeter une représentation de l’action, que celle-ci ait lieu ou non, de saisir l’intention avant l’exécution. Cela ressemble à une interaction entre les deux cerveaux, une sorte d’intrication temporaire. On ne peut qu’être frappé par la similitude avec l’intrication des particules élémentaires. Le fonctionnement des réseaux miroirs est différent des neurones impliqués, par exemple, dans la compréhension orale qui s’activent chez l’auditeur 3 à 4 secondes APRES la production du son par le conteur. Ces réseaux miroirs, permettant de saisir l’intention avant l’action sont à la base de l’empathie. L’impression de comprendre son interlocuteur avant même qu’il ne se soit exprimé. Le sentiment de comprendre ce qui se passe dans l’esprit de son interlocuteur. Décidément, la nature est pleine de profonds mystères.

03 février 2015

Le scandale français

La future loi dite « loi Macron » a pour objet de faire sauter un certain nombre d’archaïsmes qui freinent le fonctionnement de l’activité économique. Le ministre ne présente pas sa loi comme la loi miraculeuse qui va relancer la croissance et faire disparaître le chômage mais veut simplement faire sauter un certain nombre de verrous qui créent plus d’inconvénients que d’avantages. Mais rien n’est simple en France. Rappelons-nous que, Vingt-cinq ans après la Révolution de 1789, les français ont rétabli la royauté. Aujourd’hui, un certain nombre de parlementaires s’oppose à la loi Macron au prétexte qu’elle « ne va pas assez loin » pour la droite ou parce qu’elle va trop loin pour la gauche !! Quant aux syndicats, ils s’opposent comme toujours au changement ! Martine Aubry, qui s’oppose elle-aussi à la loi Macron, confond l’économie et la lutte pour l’emploi avec la morale en vitupérant contre « une société qui risque de devenir encore plus consumériste ». Depuis que la France est en difficulté, les différents gouvernements ont lutté, avec le succès que l’on sait, contre le chômage de masse au lieu de tout faire pour favoriser l’emploi, ce qui n’est pas la même chose. Dans le premier cas , on créé des emplois dits aidés et non pérennes, dans l’autre on aide les entreprises à créer de vrais emplois marchands. Voilà quarante ans que le chômage de masse sévit en France. C’est donc bien qu’il y a quelque chose de pourri dans le fonctionnement du pays. La conjoncture a rarement était aussi favorable : dépréciation de l’Euro favorable aux exportations, baisse des taux d’intérêt favorable aux investissements et à la consommation, baisse du prix du pétrole favorable aux importations, activité en croissance aux USA favorable au monde entier. Malgré cela, le chômage augmente en France (3,5 millions de chômeurs fin 2014 en métropole, 5,5 millions avec l’outremer et les travailleurs ayant peu travaillé) et les emplois continuent à se détruire. C’est bien la preuve qu’il est structurel, c’est-à-dire que c’est bien l’organisation de la société qui est la cause du chômage de masse. Donc, tant que des réformes profondes sur le fonctionnement de l’Etat et de l’économie n’auront pas été prises, le chômage augmentera. Un prix Nobel d’économie, le français Jean Tirol, préconise des mesures structurelles pour réduire le chômage mais personne ne l’écoute ! Le gouvernement n’est pas le seul responsable. Les chefs d’entreprises également ont une grande responsabilité dans l’augmentation du chômage structurel. Ils transforment l’alternance et l’apprentissage en embauche de simples stagiaires affectés à la machine à café et à la photocopieuse. Partout ailleurs, en Europe, l’alternance est prise très au sérieux par les entreprises et a donné la preuve de son efficacité. Les syndicats également portent une lourde part de responsabilité par leur obstination à s’opposer à tout changement. Le marché de l’emploi est beaucoup trop rigide (en comparaison avec le reste de l’Europe) et la formation beaucoup moins performante, ce qui contribue à créer un chômage structurel important. Le chômage de masse devient un véritable scandale national.