31 octobre 2008

Une superpuissance

Voulez-vous savoir ce qu’est une superpuissance ? C’est extrêmement simple. Il suffit de comparer l’intérêt mondial et les espoirs planétaires que suscite l’élection du futur président américain avec la confidentialité de celle du Président Français ! Il n’y a pas un pays, sur la planète, qui ne scrute avec attention ces élections américaines. Qui, en dehors des français, s’est intéressé à l’élection de Nicolas Sarkozy ?

29 octobre 2008

Pourquoi cela va mal ?

Dans certains milieux, en général bien argentés, circule l’interrogation sur l’état d’esprit des Français pour s’étonner qu’il soit si mauvais. Certes, on comprend que la frénésie médiatique et frétillante concernant les montagnes russes des principales Bourses mondiales finissent par inquiéter le peuple mais, enfin !, tout ne va pas si mal, non ? Les entreprises fonctionnent, le marché de l’art se porte bien, les grosses voitures se vendent correctement, les prix de l’immobilier parisien continuent de monter, la baisse de la valeur des actions fournit de belles opportunités de rachat à bon compte, la circulation monétaire est maintenant hors de danger.
Non, il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter. Mis à part la spéculation, l’économie de casino, les produits financiers toxiques, la titrisation, les délocalisations, les stock-options, les parachutes dorés, les « golden hello », la valeur argent qui écrase toutes les autres, la restriction des salaires, les travailleurs pauvres, le chômage, l’inflation, le nombre croissant de demandeurs à la soupe populaire, … Non, il n’y a aucune raison de s’inquiéter !! Dormez tranquilles, braves gens, vous qui êtes à l’abri derrière les fortifications de votre argent car, comme le disait P. Valéry : « Les faits ne pénètrent pas dans le monde où habitent les croyances »
Et pendant que le circuit bancaire est en grand danger, les montagnes russes des bourses montrent à l'évidence que les boursicoteurs continuent, sans vergogne, à jouer dans leur casino préféré !

26 octobre 2008

La crise vient de loin

Lorsqu’on écoute les différents commentateurs de l’actualité, on a l’impression que la crise profonde que le monde commence à subir est née au mois de Septembre de cette année. Cette affirmation est le signe soit d’un énorme mensonge soit d’une incompétence impardonnable. Cette crise trouve ses premières prémices dès les années 1975 avec la première crise pétrolière lorsque les pays producteurs de pétrole ont augmenté de façon inconsidérée le prix de cette matière première. La crise économique qui s’est répandue essentiellement en Europe n’était que le premier pas vers la situation d’aujourd’hui. Les pays du Moyen-Orient et la Russie, elle aussi exportatrice de gaz et de pétrole, ont commencé à engranger une rente considérable. De son côté, la Chine, à partir des années 1990, assoit son développement économique sur les exportations, donnant la priorité aux investissements tournés vers les industries exportatrices. Ce faisant, elle « oublie » d’investir dans les domaines de la sécurité sociale ou dans les retraites. L’inquiétude des chinois les pousse vers l’épargne de précaution qui devient considérable, compte tenu de l’importance de la population. Tout cela conduit, vers les années 1990 à 2000 à une épargne mondiale excédentaire en provenance de la Russie, du Moyen-Orient et de la Chine. Cette épargne a, de façon naturelle, cherché à se placer. De façon naturelle, elle est allée vers le seul marché attractif existant, celui des États-Unis. C’est la première cause profonde de la crise d’aujourd’hui. La seconde est la libéralisation du marché des capitaux qui s’est produit de façon parallèle facilitant leur circulation vers les paradis fiscaux. Cette libéralisation du marché des capitaux a nourri la spéculation qui a continué à alimenter la rente des pays producteurs de pétrole. La troisième cause fondamentale est la titrisation. La titrisation, avec un système de contrôle bancaire insuffisant, a conduit à la dilution du risque et au développement d’un sentiment d’impunité et d’enrichissement sans risque. Le placement de l’épargne mondiale sur les marchés immobiliers et financiers américains ont provoqué l’apparition des prêts immobiliers « pourris » dits « subprimes » et de produits financiers à risque de plus en plus considérable, à la base d’une économie de casino. Dans le même temps, la spéculation pratiquée par les fonds de pension a provoqué une énorme pression sur les dirigeants d’entreprise pour obtenir des rendements d’actions au moins équivalents à ceux des produits financiers à risque. Ceci a conduit les entrepreneurs à détourner une partie de plus en plus grande des investissements productifs vers des placements boursiers. C’est ce mécanisme complexe, qui tourne depuis plus de trente ans, qui a abouti à la bulle financière et à la bulle immobilière de 2008. La conséquence immédiate de l’éclatement de ces bulles à laquelle nous assistons est la raréfaction drastique des prêts bancaires qui nous conduit tout droit à la récession. On remarquera, au passage, que les banques, acteurs essentiels de la crise d’aujourd’hui, sont maintenant les responsables de la récession en supprimant les prêts aux entreprises et aux particuliers. Après avoir pris des risques considérables et catastrophiques, aujourd’hui ces mêmes banques refusent toute aide aux acteurs économiques. Décidément la finance et la morale vivent dans deux mondes séparés.

22 octobre 2008

À la recherche des racines

Après la guerre de cent ans, donc après 1450, de nombreux soldats écossais sont restés en France. Parmi eux, une colonie se fixa dans la Marche (actuellement la Creuse), à une trentaine de kilomètres au nord de Guéret, dans la région de Genouillac, Bétète, Moutier-Malcard, Cheniers, Mortrou. Une autre colonie se fixa près de Saint-Martin d’Auxigny, dans le Cher.
Née en 1542, Marie I Stuart fut reine d’Ecosse de 1542 (elle était âgée alors de quelques mois) à 1567. Elle fut élevée en France par ses oncles, les Guises. Revenue en Ecosse en 1561, elle épouse en 1565 le chef du parti catholique, lord Darnley. Celui-ci est assassiné par l’opposition protestante en 1567. C’est alors que Marie Stuart épouse Bothwell, duc d’Orkney, accusé d’avoir assassiné le Comte de Darnley. Indignés par ce mariage, les protestants écossais se soulèvent. Elle essuya une défaite et due se réfugier en Angleterre où elle fut mise en captivité après avoir participé à un complot contre la reine Elizabeth. De 1568 à 1587, des amis fidèles tentèrent de la libérer. Mais, en 1587, la reine Elisabeth d’Angleterre la fit condamner à mort et exécuter.
Ses amis, catholiques ardents comme Marie Stuart, ne pouvaient songer à rester en Angleterre, sous le règne de la reine Elizabeth, grande protectrice de la Réforme. Le XVIème siècle est celui des guerres de religions et la Saint-Barthélémy de 1572, que la Paix de Saint-Germain en 1570 n’a pas empêchée, est encore dans les mémoires. Ne pouvant se réfugier ni en Angleterre ni en Ecosse, ces Ecossais se réfugièrent en France où règne le très catholique Charles IX. Ils cherchèrent naturellement à se rapprocher de leurs compatriotes, installés en France depuis la fin de la guerre de cent ans. Un certain nombre d’entre eux choisit alors de retrouver la colonie écossaise de la Marche, préférant vraisemblablement ce lieu plus sûr que les grandes plaines du Cher où se trouvaient d’autres colonies écossaises. Ainsi, dans la région, s’est perpétué de génération en génération le fait que « ce lieu a été le refuge de compagnons d’infortune de Marie Stuart », souvenir qui n’a subi aucune altération au cours des siècles jusqu’à aujourd’hui.
Près de Bétète, des moines s’étaient installés depuis 1140 dans la forêt de Cosset et avaient construit le village des Cosses. C’est dans les maisons construites par ces moines et abandonnées que s’installèrent les Écossais cherchant refuge dans la région. La population environnante prit alors l’habitude de substituer le vocable « village d’Ecosse » à celui de « village des Cosses », appellation qui devint finalement le patronyme officiel du village.
Entre 1664 et 1668, Jacques Gérouilhe construisit sur le site du village alors disparu, un château qui prit naturellement le nom du lieu, à savoir le « Château d’Ecosse »

Vers 1600, naît dans la région le premier Mingasson (Mac-a-son) identifié, fils d’un immigrant écossais. Il a trois fils qui naissent tous les trois entre 1625 et 1630. Ceux-ci restent dans la région : l’un s’installe près du lieu-dit Le Montaniseau, le second près du village du Montet, le troisième près de Moutiers-Malcard, localités situées à une cinquantaine de kilomètres de Guéret. À partir de là, l’arbre généalogique distingue alors les 3 branches familiales correspondantes : la branche du Montaniseau, la branche du Montet, la branche de Moutiers (la mienne). L’arbre généalogique familial a été établi en 1957, il y a donc 50 ans. Il est donc incomplet. Si vous lisez cette page et que vous portez un des noms suivants :
Mingasson, Labry, Badin de Montjoy, Poissonnier, d’Hulst, Capton, Dassonville, Bridiers de Béthenet, Houelleu, Bernet (merci à Georges Bernet qui a fait le travail !), Vignoli, Curis, Bellanger, Pages, …
… et que vous avez des ancêtres Mingasson, pouvez-vous me contacter : soit par l’intermédiaire d’un commentaire à cet article, soit à l’adresse
michel.mingasson@gmail.com

21 octobre 2008

Le temps qui passe

Un des concepts le plus mystérieux de ce monde est le temps. Nous vivons avec lui, comme avec un être familier, sans nous poser de questions sur sa nature. Pourtant, le fait même que nous vivons avec lui devrait nous pousser à nous interroger sur son existence en dehors de nous, je veux dire en dehors de toute conscience humaine. Il existe des théories scientifiques qui soutiennent, en interprétant les équations de la physique quantique, que le monde n’existe que parce qu’on le regarde. Le temps a-t-il une existence intrinsèque ? L'image que nous en avons, de façon intuitive et donc subjective, est celui d'un écoulement, d'un flux permanent et orienté, comme un fleuve allant vers la mer. Jamais un fleuve ne remonte vers sa source. Nous sommes sur un pont et nous regardons le fleuve s'écouler de manière irréversible. Nous ne le dirons jamais mieux que le poète :

Passent les jours, passent les semaines,
Ni le temps passé, ni les amours reviennent.
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.
Vienne la nuit, sonne l'heure,
Les jours s'en vont, je demeure.


Apollinaire

Bien sûr, la science examine le temps. Étroitement imbriqué avec les dimensions d’espace dans l’espace-temps qui est le nôtre, sa particularité de n’avoir qu’une direction le rend étrange, voire abstrus. La science a besoin de lui pour construire les lois de la Nature. Le temps lui est nécessaire pour expliquer le monde. Mais voilà que son explication comporte sa propre contradiction. Toutes les explications de cette physique utilisent un temps qui est réversible. Autrement dit, selon les équations de cette physique du monde, tout pourrait se dérouler à l'envers. C'est d'ailleurs cette expérience de pensée « à l'envers » qui permet à la physique quantique et à la Cosmologie de remonter à l'origine du monde pour tenter d'en décrire un scénario. Malheureusement, en remontant très loin dans le passé, c'est-à-dire en revenant aux premiers instants de l'Univers il y a un peu plus de treize milliard d'années, dans les premiers milliardièmes de milliardièmes de milliardièmes de seconde, les lois de la physique ne s'appliquent plus. Il n'y a plus d'espace ni de temps. Il n'y a plus qu'un "océan" d'énergie quantique dont une "région explose" pour donner naissance à un Univers qui permet le développement d'êtres pensants capables de se poser des questions sur l'origine de l'Univers. Pourquoi le temps apparaît-il "à un moment donné" ? N'est-il pas simplement un paramètre commode pour les observateurs que nous sommes, nous permettant de raconter une histoire, celle des évènements du monde ?
C'est bien le seul point qui soit sûr : l'événement existe, puisque nous le vivons. Nous le vivons dans l'instant où il se produit, c'est-à-dire dans l'instant présent. Mais qu'est-ce donc que ce présent captieux, coincé entre un passé qui n'existe plus et un futur qui n'existe pas encore ? Qu'est-ce donc que cet instant figé entre deux néants, entre deux inexistences ? Il a toutes les apparences d'une éternité, sans passé ni futur, elle aussi. Le présent est une éternité, nous ne sommes pas sur le pont mais sur un bateau qui nous emmène.

Le temps s'en va, le temps s'en va, Madame,
Las, le temps non, mais nous nous en allons.


Ronsard

Notre époque est en manque de temps. Le temps est devenu une denrée rare. Il ne faut pas perdre de temps, il faut en gagner, comme on gagne de l'argent. L'urgence est partout, elle est devenue le suprême symbole de l'activité humaine. L'importance se mesure au fait que l'on manque de temps. Moins on a de temps, plus on est important. Dans le même temps (!), on ne parle que de la maîtrise du temps. Illusion et présomptueuse ambition !

La durée est une privation d'éternité


Bergson

19 octobre 2008

Le mauvais esprit

La doxa véhicule à l’envi deux fausses informations avec une insistance qui fleure bon la mauvaise foi. On entend dire, en effet, que l’État nationalise les banques et qu’il a dégagé 360 milliards d’Euros en faveur des banques françaises. Ces deux énoncés sont faux. Tout d’abord, nous n’assistons aucunement à la nationalisation des banques. La simple vérité objective est que l’État s’est engagé à aider les banques, uniquement celles qui se trouveraient en difficulté de trésorerie, en réalisant une augmentation de capital, ce qui le fait devenir actionnaire de ces banques. En espérant que cette manœuvre permette à la banque de sortir des difficultés, alors l’État restera libre de revendre ses actions. Actuellement, aucune banque n’a demandé ce genre de participation, en dehors de Dexia. Deuxièmement, l’argent mis par l’État dans la sauvegarde du circuit monétaire n’est pas de l’argent frais. Il n’est aucunement prélevé sur le budget de l’État. Il s’agit uniquement d’une garantie, payante de surcroît. Il est donc absurde de s’insurger sur le fait que l’État a des difficultés pour financer le RSA tout en dégageant de telles sommes pour les banques. Ces critiques sont donc partiales, partisanes, et démontrent soit l’incompétence soit la mauvaise foi de ceux qui s’en font les propagateurs. Par contre, soutenir avec force que la dérégulation du système financier est excessive et qu’elle est devenue absurde reste profondément vrai. Il reste vrai, également, que si les politiques avaient anticipé cette réflexion, cette situation n’aurait vraisemblablement pas existé.

18 octobre 2008

Ils ne mourraient pas tous

Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés. Sentence de Jean de la Fontaine (les animaux malades de la peste) qui prend aujourd’hui une résonance toute particulière. La crise économique, fille aînée de la crise financière, se répand rapidement dans le monde des entreprises. Les responsables de cette peste courent toujours, comme vient de le démontrer l’affaire de la Caisse d’Épargne. Le directeur financier et ses traders ont continué de jouer en Bourse avec des produits dérivés dangereux en plein cœur de crise financière. Dans le même temps, on apprend que les bonus versés aux traders de la City pour 2007 ont atteint 20 milliards d’Euros ! Au-delà des sanctions, il est grand temps que la loi interdise formellement aux banques de dépôt de spéculer en Bourse. Ces gens-là, rois de l’économie fictive, sont à l’origine des difficultés ô combien réelles des acteurs de la véritable économie. Ils se comportent véritablement comme des voyous qui ont perdu tout sens moral et il faut les traiter comme tel. Il faut espérer que la justice va passer, en France comme ailleurs, ou, dans le cas contraire, il y a de quoi s’inscrire au parti d’Olivier Besancenot !!

17 octobre 2008

Le verbiage des médias

Bouleversement, cataclysme, crise, krach, catastrophe, désastre, tsunami, plongeon, naufrage, maelström, ravage, séisme, troubles, marasme, tourmente, sans oublier l’incontournable yo-yo, je suis impressionné par la richesse de vocabulaire des médias parlant de la crise financière actuelle. On entend pourtant à longueur d’émissions tous ces « so-called experts », qui foisonnent tellement qu’on a l’impression d’une génération spontanée, nous expliquer que le mécanisme fondamental de l’économie est la confiance.. J’ai la vague impression qu’il est difficile d’instaurer ou de restaurer la moindre confiance lorsque l’on entend ce vocabulaire alarmiste à chaque heure de chaque jour, quand ce n’est pas pendant la nuit ! Mais il est tellement plus spectaculaire de parler de tsunami que de simples difficultés et les médias ne savent pas résister au besoin du spectaculaire. Ils sont lancés dans une surenchère verbale qui navigue entre la prosopopée amphigourique et la brève de comptoir et dont il est évident qu’ils se délectent. C’est comme pour les partis politiques : on a les médias qu’on mérite !

15 octobre 2008

Non-sens et contresens

Durant ma lointaine adolescence, mon cauchemar se cristallisait sur les versions et les thèmes latins. Je dois bien avouer que je n’étais pas particulièrement brillant dans cette discipline … jusqu’au jour où une chance invraisemblable m’a permis de découvrir, derrière le tablier d’une vieille cheminée dans une petite chambre sous les combles de la maison de mes parents, la totalité des traductions des textes latins !! Ma joie n’avait d’égal que l’étonnement de mon professeur de latin devant mes soudains progrès. Malheureusement, il restait à affronter ce qui s’appelait à l’époque des compositions, c’est-à-dire des examens en cours d’année scolaire. Lors de la remise des corrections, je voyais dans la marge, soulignés d’un trait rageur à l’encre rouge, les signes mystérieux ns ou cs. J’ai fini par comprendre que ns signifiait non-sens et cs contresens. Mais, longtemps je me suis demandé quelle était la différence entre un non-sens et un contresens. Eh bien, aujourd’hui, je crois que j’ai enfin trouvé l’explication lumineuse qui permet à tous ceux qui sont traversés par un doute de comprendre enfin la différence. Lors du vote des députés sur le texte gouvernemental portant sur les mesures financières visant à rétablir la circulation monétaire entre organismes financiers et avec les emprunteurs, les communistes ont voté contre, les socialistes se sont abstenus. Voilà l’explication attendue. Le vote négatif des communistes exprime une opinion, erronée certes, mais assumée qui s’appuie sur une interprétation erronée des évènements et des mesures envisagées. Il s’agit là d’un contresens manifeste. Par contre, l’abstention des socialistes ne se justifie en aucun cas, même si ces derniers s’embourbent dans des explications confuses énoncées par des bonneteurs et qui cachent, en fait, des choix de postures en vue de leur prochain congrès et du choix de leur futur Premier Secrétaire. Se tromper d’objectif et privilégier des tactiques qui s’engluent dans les lises des ambitions personnelles sur l’intérêt général du pays est un véritable non-sens. Décidément, le Parti Socialiste a perdu, avec la disparition de F. Mitterrand, le seul homme d’État existant dans leurs rangs.

14 octobre 2008

La criiiiiiiiise !

L’École de Chicago vient de subir la plus grave crise de son existence. Cette école, devenue le parangon de la pensée économique et qui ne compte pas moins de vingt-cinq prix Nobel, s’est toujours fait le chantre du libéralisme pur et dur : la main invisible d’Adam Smith est une main magique qui, toujours, offre la meilleure solution possible. Jusqu’au-boutistes, les tenants de cette doctrine prônent le laisser-faire et la liberté inconditionnelle d’entreprendre. La crise que nous venons de traverser montre avec éclat les limites de cette doctrine qui, poussée à l’extrême, devient dangereuse pour tout le monde. Car l’homme est avide et, au nom de cette avidité, il est capable du pire si rien ne l’arrête. Déjà, le simple fait de laisser se développer considérablement des activités consistant à créer de l’argent à partir de l’argent est une aberration qui heurte le sens commun. Le fait d’avoir laissé se développer cette économie fictive restera le paradigme absolu de l’erreur politique et économique. On pourrait même dire la preuve de la bêtise humaine. Tout a commencé avec la recherche frénétique de rendements insensés des actions. Les petits génies mathématiciens de la bourse ont alors inventé des produits financiers de plus en plus incompréhensibles, en dehors des lauréats de la médaille Fields et des traders fous, produisant des plus-values inconsidérées mais de plus en plus risquées et aléatoires. Ces petits génies de la finance ont inventé des produits tellement sophistiqués que les acteurs du contrôle et de la régulation n’y comprenaient plus rien et étaient bien incapables d’alerter qui que se soit. Les fonds de pension se sont rués sur ces produits financiers, perdant de vue le risque qu’ils faisaient courir à leurs souscripteurs. On peut d’ailleurs se demander si d’autres organismes, telles les collectivités locales, n’ont pas cédé au mirage de ces rendements extravagants ! Les entreprises, à leur tour, se sont alors vu contraintes, sous la pression des fonds de pension actionnaires, de leur assurer des revenus d’actions comparables, ce qui les a conduites, elles aussi, à des actes condamnables, voire illégaux (rappelez-vous Enron !). Lorsque ce fragile équilibre s’est rompu, tout le monde s’est mis à se méfier de tout le monde. Or, la circulation de la monnaie est à l’économie ce que le sang est à la vie : indispensable. Si elle ne circule plus, l’économie s’arrête. Ce sont les versements et les prêts entre banques qui représentent le plus gros de cette circulation. Lorsque les banques, inquiètes, cessent de faire circuler la monnaie, tout s’arrête. La crise actuelle s’est développée sur la méfiance des banques les unes envers les autres à cause du phénomène de titrisation qui répand le risque de façon tellement diluée mais sans l’atténuer qu’il devient indétectable. Or une banque, pour pouvoir prêter, a besoin elle-même d’emprunter et elle le fait classiquement auprès des autres banques. Lorsque la méfiance s’installe, les banques ne se prêtent plus et les prêts aux entreprises se tarissent, d’où une répercussion sur l’économie réelle. C’est là le risque majeur de la crise financière que nous venons de connaître. Et rien ne dit que nous en sommes sortis, malgré les dispositions prises par les gouvernements. Bien entendu, il y a des responsables. Bien entendu, chacun souhaite qu’il y ait des sanctions. Punir les responsables est une saine réaction mais qui demande à être examinée : ou bien on découvrira des malversations et la loi prévoit dans ce cas des sanctions pénales, ou bien il ne s’agit que d’une prise de risque trop grande et l’on voit mal comment punir les responsables autrement qu’en les renvoyant à leurs chères études … avec leurs parachutes dorés ! Le coup de frein donné à l’économie va perdurer longtemps et nous allons bientôt en sentir les conséquences.

12 octobre 2008

Un comble

Depuis quelque temps, on voit sur les écrans de télévision, Mr. Jean Peyrelevade venir doctement donner des leçons de bonne conduite au gouvernement sur la crise financière actuelle. Je comprends difficilement que ce monsieur vienne nous expliquer que les régulations manquent et que le gouvernement ne fait pas son travail alors qu’il est condamné à 500.000 dollars d’amende par la justice américaine et qu’il est interdit de séjour aux USA pendant une période de 3 ans dans le cadre de l’affaire du Crédit Lyonnais et de Exécutive Life.

10 octobre 2008

La morale est morte

Quinze millions d’Euros annuels ! Décidément, la rémunération des patrons des grandes entreprises est immorale…sauf qu’il ne s’agit pas de cela mais de la rémunération de la vedette des footballeurs français ! Un patron a la charge morale et la responsabilité économique de faire vivre une entreprise et les hommes qui la composent. Un joueur de ballon n’a que la charge de frapper dedans et de courir sur le gazon ! Il est normal de moraliser les pratiques financières de rémunérations des patrons (encore que les responsables des PME doivent rigoler amèrement) qui reçoivent, non seulement des salaires extravagants, mais surtout qui se voient accorder de monstrueuses primes à l’échec. Mais que penser de ces scandaleux profiteurs d’un engouement populaire et irréfléchi que sont ces sportifs (football, tennis, …) et ces individus devenus des sortes d’icônes populaires et qui s’empressent de partir en Suisse pour éviter tout prélèvement fiscal ? La folie de l’argent qui s’est emparée du monde débouche sur une situation devenue incontrôlable. La morale est morte et elle entraîne la planète dans son décès. Des voix indignées s’élèvent de toutes parts pour condamner ces agissements. Mais que ne les a-t-on entendu plus tôt ? L’aveuglement des politiques ressemble étrangement à une complicité. L’administration américaine n’est pas la seule responsable. Et, comme toujours, les plus exposés sont les plus fragiles, hommes et pays pauvres. Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas la conséquence du libéralisme … mais d’une monstrueuse bêtise. Rien ne servirait de souhaiter la mort du libéralisme car la bêtise humaine est immortelle ! La preuve ? Les débats byzantins et incompréhensibles des économistes pour expliquer les raisons de la crise actuelle, l’impuissance des politiques, le comportement voyou des fonds d’investissement. La connerie a encore de beaux jours devant elle !

07 octobre 2008

Crise ou opportunité ?

La multi-crise que nous traversons est angoissante parce qu’elle est multi-dimensionnelle : financière et bancaire au premier chef créant un tarissement du crédit, économique avec la récession qui s’annonce, énergétique avec le renchérissement des matières premières, environnementale avec les dangers pressentis des modifications climatiques, sociale avec le chômage qui va fortement augmenter. C’est-à-dire que nous allons ressentir les effets de cette crise dans tous les aspects de notre vie, pendant que les médias se masturbent le cerveau pour savoir si l’on est ou non en récession (voir l’article « les Dafiorus de l’économie »). Le capitalisme s’est développé depuis les années trente en augmentant de façon considérable la richesse du monde. Mais le succès a emballé la machine économique dont les acteurs se sont mis à faire n’importe quoi : comment peut-on croire un instant qu’une économie basée sur la seule spéculation financière, c’est-à-dire qui ne produit aucune richesse réelle mais qui enrichit considérablement une toute petite partie de la population au détriment du plus grand nombre et des plus pauvres , peut perdurer sans dommage ? Les marchés se sont décloisonnés et mondialisés sans régulation. Ces marchés ont fleuri en même temps que les paradis fiscaux et les places off-shore, avec l’objectif de capturer l’épargne du plus grand nombre. C’est-à-dire que l’on a bien affaire à du grand banditisme. Les soubresauts des bourses ne sont que le révélateur du comportement voyou des organismes financiers avec leurs salles de marchés et des entreprises multinationales avec leurs traders attitrés qui continuent, malgré les difficultés économiques, à boursicoter à grande échelle pour engranger d’énormes profits. La vente massive de leurs actions pour réaliser ces profits et les « mettre à l’abri » est la cause de la chute des bourses. Pendant ce temps, on demande aux petits épargnants de rester calmes et de se conduire en citoyens.
Mais de ce marasme peuvent naître trois opportunités qui peuvent changer la donne. Tout d’abord, la prise de conscience des responsables politiques européens de la nécessité d’une action commune peut permettre de faire un pas de plus vers l’Europe politique. À condition que les égoïsmes nationaux ne prennent pas le dessus dans un réflexe opportuniste, comme l’Irlande (passager clandestin de l’Europe) a commencé de le faire en entraînant dans son sillage quelques autres pays européens dont l’Allemagne. Si ce genre de comportement se généralise, l’Europe est morte. La volonté d’assainir l’anomie du monde financier et ses pratiques de casino peut permettre de saisir l’occasion d’interdire aux banques de l’OCDE toutes relations avec les places off-shore et les paradis fiscaux, ce qui conduira ceux-ci à disparaître, toutes les autres banques mondiales hésitant à traiter avec ces organismes mis effectivement à l’index par 30 pays développés. Cette crise peut être aussi une opportunité pour assainir les pratiques boursières et interdire les produits dérivés « titrisés » qui, non seulement relèvent du pur jeu de casino, mais dissolvent les responsabilités. À l’inverse, si rien n’est fait dans ce sens, alors, immanquablement, tout recommencera et une nouvelle crise, encore plus grave, se produira nécessairement. Enfin, la prise de conscience que les seuls investissements éthiques sont ceux qui bénéficient à la création de plus-values réelles orientera ces investissements vers l’innovation et les placements productifs (ce qui est bénéfique pour les plus jeunes, car favorisant le développement et l’emploi) au détriment des produits d’épargne et des fonds de pension (ce qui pénalisera les plus âgés).

04 octobre 2008

La titrisation est-elle anti-économique ?

Le libéralisme s’appuie sur le dogme de l’infaillibilité des marchés : ceux-ci fonctionnent selon un certain nombre de lois et la meilleure politique économique consiste à laisser les marchés fonctionner selon ces lois qui conduiront nécessairement à la meilleure solution, c’est-à-dire à la satisfaction de tous. Parmi ces lois, il en est deux qui constituent la fondation de la doctrine : la loi de l’offre et de la demande et la loi de la concurrence pure et parfaite. Cette dernière loi définit les conditions d’une concurrence dite pure et parfaite. L’une de ces conditions est la transparence, c’est-à-dire l’information parfaite des acteurs du marché. De quoi est faite cette information ? Bien entendu, le prix du produit/service est à la base de cette information des acteurs : chacun le connaissant, refusera d’acheter plus cher ou de vendre moins cher. On aboutit ainsi nécessairement au meilleur prix du marché. Certes, les économistes ne sont pas des idéalistes et savent bien que l’information n’est jamais parfaite. L’acheteur ne connaît pas l’ensemble des prix proposé par tous les vendeurs et peut donc faire le mauvais choix. Les théories économiques ont pris en compte la dissymétrie de l’information entre l’acheteur et le vendeur. Mais il existe un critère que ces théories ne prennent pas en compte sérieusement : le risque. Le risque encouru par l’acheteur fait évidemment partie de l’information dont il a besoin. Or, le phénomène de titrisation, inventé par le monde financier et s’appuyant sur des outils mathématiques sophistiqués (spécialité française, soi dit en passant), conduit à une dilution du risque et donc à une désinformation. En effet, lorsqu’une banque consent un prêt à quelqu’un qui sera nécessairement dans l’impossibilité de rembourser ses traites du fait du mécanisme des taux progressifs et que cette même banque revend ce prêt sous forme de titres et de produits dérivés à d’autres organismes financiers, qui revendent eux-mêmes à d’autres organismes, le risque originel pris par l’émetteur initial de l’emprunt est tellement dilué qu’il devient impossible de l’évaluer. L’information n’est plus complète et elle est bien loin d’être transparente. La titrisation n’est donc qu’un mécanisme de dilution du risque au détriment d’une information complète ce qui déroge gravement aux lois de fonctionnement des marchés. Comment être étonné, dans ce cas, du krach financier auquel nous assistons à la suite des subprimes américains, revendus dans tout le réseau bancaire mondial par le mécanisme de titrisation ? Et si la question semble si évidente, pourquoi les responsables politiques ne sont-ils pas intervenus plus tôt pour interdire de telles pratiques, contraires aux lois des marchés ? Cela aurait peut-être évité que le monde occidental et libéral sombre dans le pessimisme et dans la crainte de l’avenir. Dans une de mes précédentes chroniques, je traitais de voyous les traders boursiers. Je n’ai pas changé d’avis. Mais, à ces voyous, il faut ajouter ceux qui président dans de luxueux bureaux de banque, qui jouent en bourse l’argent de leurs déposants sur des produits immoraux, qui empruntent pour pouvoir prêter, qui se lancent dans la spéculation hasardeuse en mettant en péril leur propre banque et tout le système bancaire. Un monde se termine, sans que les responsables politiques n’aient rien prévu. Or gouverner c’est prévoir !

02 octobre 2008

Les Diafoirus de l’économie

La débâcle financière que l’administration Bush et le capitalisme de casino ont provoquée sur l’ensemble de la planète provoque un torrent de commentaires de la part d’un nombre toujours plus grand de soi-disant experts, commentaires qui varient avec les évènements. Nous les avons entendus, il y a à peine un mois, expliquer que la France était à l’abri de tout désordre financier du fait de la solidité du système bancaire national. Et puis voilà que la banque DEXIA s’est retrouvée au bord du dépôt de bilan à cause de sa filiale spécialisée dans les prêts immobiliers. Cette banque étant le principal organisme de prêts auprès des collectivités locales, l’État Français s’est trouvé dans l’obligation de réaliser une augmentation de capital, de conserve avec le gouvernement belge. Les mêmes soi-disant experts ont mis à peine vingt-quatre heures pour changer radicalement leur discours et, de rassurants, devenir alarmistes en insistant sur le fait que la France n’était pas à l’abri de graves conséquences faisant suite au désastre américain. Décidément, l’économie n’est pas une science, mais un simple métier dont les acteurs cherchent uniquement à préserver leur clientèle et leur renommée usurpée.
Les médias ne peuvent prétendre à plus de professionnalisme et de sérieux. Les émissions de télévisions se multiplient, où l’on entend un salmigondis d’idées mal exprimées, approximatives, confuses qui démontrent la méconnaissance totale du sujet abordé par les journalistes uniquement préoccupés par le sensationnel. Ces idées démagogiques se diffusent dans le public par l’intermédiaire de l’arme absolue de la télévision et de la radio, ce qui est le mal absolu.
Le sectarisme et l’aveuglement idéologiques des syndicats et de l’opposition se manifestent avec éclat dans leur refus indigné d’envisager l’utilisation des excédents du livret A pour pallier aux difficultés éventuelles du secteur bancaire, au simple prétexte qu’il s’agit du secteur privé. Ils sont prêts à refuser, au nom de leur idéologie intégriste, le sauvetage d’un secteur de l’économie absolument indispensable à son fonctionnement. Sans banque et sans épargne, pas de crédit. Sans crédit pas d’investissement. Sans investissement, pas de croissance. Sans croissance, explosion du chômage. C’est avec le même aveuglement sectaire que les élus du fin fond du Wisconsin ont refusé dans un premier temps le plan Paulson américain, refus qui plonge la planète entière dans l’anxiété et la déprime économique.
Au-delà de cette agitation médiatico-politique, il n’en reste pas moins vrai que les responsables des Etats occidentaux ont laissé se développer une économie fictive et irresponsable, donc exagérément risquée, sans prendre la moindre mesure de contrôle au nom d’une idée du libéralisme tout aussi doctrinale. Les mécanismes de base de cette économie de casino ne peut que fabriquer des bulles financières dont le destin est de se dégonfler en faisant nécessairement des dégâts qui frappent toujours plus durement les plus faibles. Il s’agit là d’un aveuglement tout aussi coupable que les agissements des responsables du monde de la finance. Le moins que l’on puisse espérer et attendre est que ces mêmes responsables politiques saisissent l’occasion qui se présente pour moraliser un monde qui a perdu tout repère, sauf celui du profit maximal à court terme. Et cela commence par une lutte sans merci contre les paradis fiscaux quels qu’ils soient et par l’interdiction des produits financiers qui relèvent du pari et non pas de l’investissement dans l’économie réelle.