29 avril 2010

On croit rêver !!

Le feu est en train de prendre dans l’ensemble des économies européennes. La Grèce est au bord du dépôt de bilan, qui entraînera dans sa chute le Portugal, l’Espagne, l’Irlande, l’Italie puis la France. L’Euro, et donc l’Europe, est en danger d’éclatement. Pendant ce temps, le Président français est parti inaugurer une exposition en Chine avec quelques détours touristiques qui l’occupera pendant trois jours. Le Parti socialiste, de son côté, concocte son projet de gouvernement centré, nous dit-il, sur le bonheur (sic !). La crise qui s’annonce promet du sang et des larmes, mais Martine Aubry nous parle d’une société française du bonheur ! Elle voudrait nous dire : « Dormez, braves gens », elle ne s’y prendrait pas autrement. En Allemagne, les rodomontades de la Chancelière n’arrivent pas à cacher que ses seules préoccupations sont égoïstes, nationales et électorales. Cerise sur le gâteau, le Conseil de l’Europe s’occupe d’un sujet fondamental au milieu de la tourmente : faut-il oui ou non supprimer la fessée. Il n’y a pas de doute, nous pouvons être rassurés : les politiques qui nous gouvernent s’occupent décidément de choses sérieuses ! Bandes de clowns !!

27 avril 2010

N’ayez pas peur ?

« N’ayez pas peur … Ouvrez les frontières … » s’exclame Jean-Paul II le 22 Octobre 1978 lors de son premier discours pontifical, donnant ainsi aux Polonais de Solidarnosc le courage de résister au pouvoir communiste. Cette phrase a fait le tour du monde. Son acception courante est une exhortation à ne pas craindre ses adversaires ou ses ennemis. Et cela est une erreur. Nous vivons une époque et dans un monde où nous devons avoir peur car la compréhension du fonctionnement de ce dernier nous échappe de plus en plus. L’exhortation papale ne peut être acceptée qu’en la complétant par la condition indispensable « …si vous avez identifié et si vous connaissez votre adversaire ». Sans cette connaissance et cette compréhension indispensables, nous ne pouvons qu’avoir peur. Or, aujourd’hui, la compréhension du monde devient pratiquement impossible. Avant que l’homme ne vienne la perturber, la nature a toujours fonctionné grâce à des processus complexes mais déterministes. Le but unique de ces processus, moteur de l’évolution, est de doter les espèces vivantes des moyens de protection contre leur environnement pour permettre la reproduction. Avant l’apparition et le développement anarchique de l’espèce humaine, seuls ces processus déterministes organisaient le fonctionnement du monde. Par exemple, pour éviter la destruction de leurs œufs par les prédateurs, les mammifères ont « inventé » la gestation « in vivo ». De même, les plantes à fleurs ont multiplié les moyens d’attirer les insectes pollinisateurs par une profusion de couleurs, de formes et de parfums. Les dinosaures ont « inventé » la course aux armements, les herbivores devenant de plus en plus gigantesques pour intimider leurs prédateurs carnassiers, ces derniers répliquant en devenant eux aussi de plus en plus grands. Mais l’apparition des hommes a tout changé. Ces derniers, en sophistiquant de plus en plus leurs processus de fonctionnement et en perturbant ceux de la nature, ont introduit le chaos son sein. La complexité du monde est, non seulement, devenue plus grande mais elle repose maintenant sur des processus chaotiques. Et ceux-là sont caractérisés par le fait qu’il est presque impossible de prévoir le résultat d’une modification ou d’un dysfonctionnement de l’un d’entre eux. De plus, un petit dysfonctionnement peut provoquer un grand désordre. Cette première décennie du XXI ème siècle nous en a apporté plus d’une preuve. Ainsi, la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en 2008, que personne n’avait prévue, a failli provoquer l’effondrement du système bancaire de la planète tout entière. L’éruption du volcan islandais Eyjafjöll a entraîné l’arrêt du transport aérien sur la moitié de la planète, provoquant des pertes économiques encore aujourd’hui difficiles à estime, mais dépassant plusieurs milliards de dollars. Le laxisme et le mensonge du gouvernement Grec dans sa gestion économique provoquent de tels remous dans l’économie mondiale que l’Euro et l’Europe elle-même sont en danger d’éclatement. Qui, aujourd’hui, peut dire quelles seraient les conséquences d’une faillite de la Grèce et de sa sortie du système monétaire de l’Euro ? Personne. On voit bien qu’actuellement tout dysfonctionnement surprend par l’ampleur de ses conséquences et que, jamais, nous n’y sommes préparés. Le lent réchauffement atmosphérique produit des effets majeurs sur le continent Antarctique, notamment sur les plateformes de la péninsule qui sont en train de se disloquer sous nos yeux. Nous sommes bien au sein d’un système chaotique qui n’a plus rien de déterministe. Et c’est de cela dont nous devons avoir peur. Si nous voulons éviter de vivre dans la peur, il nous faudra être sérieusement à l’écoute de notre monde pour discerner et interpréter les signaux faibles (il y a longtemps que l’on aurait dû s’apercevoir que la Grèce jouait au poker menteur), annonciateurs avancés de dysfonctionnements, et d’en envisager le plus en amont possible les conséquences. N’ayez pas peur, si vous avez identifié et si vous connaissez votre adversaire. C’est l’unique façon de vivre dans une société qui présenterait une qualité extrêmement précieuse et qu’elle n’a pas aujourd’hui : la capacité d’une adaptation préventive et anticipée. Vous êtes inquiet, mais n’ayez pas peur … le pire est à venir.

24 avril 2010

Care : un tour d’illusionniste

On sait que le marketing politique est devenu incontournable. En ce domaine et à l’approche des prochaines élections présidentielles, l’imagination devient débordante. Après « l’ordre juste », voici le « Care » ! Qu’est-ce ? C’est un nouveau concept proposé à Martine Aubry par des esprits malins et qui l’a aussitôt adopté en le déclinant dans son programme présidentiel en gestation. Pour donner à une vielle idée une apparence de nouveauté, il n’est rien de mieux que d’utiliser un néologisme à l’allure savante. « Care » est un mot anglais, utilisé par les anglo-saxons pour définir leur politique de solidarité et de santé (Health care). Dès lors que l’on donne la traduction du terme, viennent à l’esprit deux réflexions. La première est de se demander pourquoi on ne garde pas le mot français de solidarité (le souci des autres) ? La publicité est riche de concepts fumeux à l’aspect faussement scientifique dont on ne sait s’il s’agit de calembredaines ou de carabistouilles. La pauvreté de la nouveauté se cache derrière un vocabulaire pompeux cherchant à faire illusion. L’invention du mot n’est pas nouvelle. Certains gourous du conseil aux entreprises ont fait fortune avec un mot. Le plus bel exemple est « Le prix de l’Excellence », inventé par T. Peters, pour évoquer ce que doit faire une entreprise pour être plus performante que ses concurrentes. De même, le « reengineering » de Michael Hammer. Il en est manifestement de même en politique, ce qui ne surprendra personne. La seconde réflexion est de se désoler de la pauvreté de l’imagination en politique. Sous le mot, se cache en fait tout un cortège d’évidences.
« Care » veut dire, d’après ses inventeurs (?), le souci de fournir à chacun un salaire minimum, un accès aux soins correct, la possibilité de se loger convenablement, bref tout ce que peut espérer un citoyen pour mener une vie acceptable. On ne saurait être plus général et, donc, moins original. C’est justement le rôle du mot que de cacher ce manque d’originalité. La pêche aux rêveurs est à nouveau ouverte. La réalité est, cependant, tout autre. Rien ne sera possible sans une réindustrialisation de la France avec un développement urgent des exportations, sans une réduction drastique de la dette qui imposera de très gros sacrifices à tous les citoyens. Mais quel candidat aux futures élections présidentielles aura le courage de tenir un tel discours ? Il devient pourtant urgent que les politiques abandonnent la publicité partisane pour faire, enfin, de la stratégie politique, c’est-à-dire qu’ils abandonnent leurs petites vues à court terme pour des analyses et des choix engageant le long terme. Quand en auront-ils enfin le courage ?

21 avril 2010

Coupables et irresponsables

La grève de certains conducteurs et contrôleurs de la SNCF perdure maintenant depuis dix jours. Les citoyens, privés des moyens de transport aériens pour cause d’éruption volcanique, sont également privés, pour certains d’entre eux, de trains et se retrouvent ainsi dans des conditions de plus en plus difficiles à gérer. Car, si la cause de la grève à la SNCF est le projet de réorganisation de l’activité Fret, c’est bien l’activité Voyageurs qui est la plus perturbée par ce mouvement. Cela démontre clairement la volonté de nuire des syndicats qui portent leur action non pas sur l’activité concernée mais sur celle où le maximum de dommages sera obtenu. Le Fret est une activité en perte constante depuis plus de quinze ans. Chaque fois que le management de l’entreprise a voulu réformer l’organisation de cette activité, les syndicats s’y sont violemment opposés, supprimant ainsi toute chance au Fret d’être une activité viable face à la concurrence du transport routier. L’activité « wagons isolés » du Fret ne pourra jamais être concurrentiel en face des camions, plus souples, plus rapides, plus fiables, moins chers. Le transport routier fait du porte-à-porte en flux tendus, alors que les wagons dit isolés errent de façon erratique de gare de triage en gare de triage où ils dorment pendant un temps indéterminé pendant que leur destinataire se perd en conjecture sur leur date d’arrivée. C’est donc une évidence que cette activité doit disparaître et que le Fret doit recentrer son métier sur les transports de masse par trains entiers dans des couloirs ferroviaires dédiés, développer le transport des poids lourds et des containeurs. Aujourd’hui, une seule autoroute ferroviaire existe en France, reliant le Luxembourg à Perpignan. C’est donc à une transformation complète de son activité Fret que la SNCF est confrontée. Et c’est à cette transformation incontournable que s’opposent les syndicats, entraînés de plus dans une rivalité interne jusqu’au-boutiste et complètement absurde motivée par l’approche des prochaines élections syndicales. Ils portent ainsi la responsabilité du déficit chronique du Fret qui pèse lourdement sur la SNCF tout entière et font preuve d’une irresponsabilité majeure dans leur acharnement à poursuivre une grève complètement injustifiable. Aucune révolte de Canuts n’a jamais pu empêcher le développement du métier à tisser…

20 avril 2010

Nous sommes tous dangereux

Il y a quelque temps, j’évoquais certaines idées et réflexions sur les notions de pénibilité et de dangerosité du travail, montrant combien ces concepts étaient difficilement opératoires (titre de l’article : Un impossible concept – 31/03/2008). Or, aujourd’hui, la notion de dangerosité fait son apparition dans le monde de la justice à qui l’on demande de la prendre en compte avant de décider de la libération, anticipée ou non, d’un détenu. Apporter la preuve que quelqu’un est coupable est, en principe, totalement objectif puisque s’appuyant sur la possibilité de la preuve. Mais comment prouver qu’un individu est dangereux ? L’avis d’un expert psychiatrique peut-il être considéré comme une preuve ? Un juge ne peut que très difficilement réfuter une preuve objective, mais il lui est tout-à-fait possible de refuser l’avis d’un expert dont l’infaillibilité est utopique. Possible, mais sur quels critères ? Les jugements sur lesquels s’appuie un expert pour formuler son avis ne peuvent évidemment faire partie d’une liste exhaustive incorporée à la loi. Ce qui veut dire que la
« science » (?) qui s’appelle la criminologie se substitue à la loi et que le juge devra s’en remettre à elle. Est-ce raisonnable ? Ne sommes-nous pas tous suspectés d’être dangereux ? L’extension de la vidéosurveillance dans tout l’espace public ne montre-t-elle pas que tout individu mérite d’être contrôlé parce qu’intrinsèquement dangereux ? Significatif est, d’ailleurs, le glissement sémantique du vocabulaire puisque la vidéosurveillance est devenue la vidéo protection. Il ne s’agit pas de surveiller mais de protéger contre le danger que représente tout individu. Déjà, la possible et actuelle localisation de tout propriétaire de téléphone portable permet de suivre ce dernier presque pas à pas. Bientôt, chacun sera suivi en permanence, rendant ainsi possible la
« traçabilité » du citoyen comme n’importe quelle marchandise. Dans ce mécanisme, il est visible que le Ministère de l’Intérieur prend le pas sur celui de la Justice, que le policier devient plus important que le juge, que le droit cède le pas au soupçon. Dans une enquête, le juge d’instruction honnête (est-ce un pléonasme ?) se doit de mener son enquête à charge et à décharge en toute objectivité. Le projet de suppression du juge d’instruction prévoit de donner l’enquête à charge au Procureur de la République, laissant à l’avocat de la Défense le soin de mener l’enquête à décharge. On voit immédiatement le danger. Tous les prévenus n’auront pas les moyens de recourir aux services d’un avocat autre que commis d’office, instituant ainsi une « justice à deux vitesse ». D’autre part, puisque le Parquet dépend hiérarchiquement du Ministre de la Justice, donc du Gouvernement, l’impartialité du procureur n’est pas garantie lors d’affaires impliquant des personnalités gouvernementales ou proches de celles-ci. Ce risque s’accompagne d’ailleurs de la tendance à la dépénalisation des affaires avec l’introduction de la déclaration de culpabilité qui supprimerait le passage devant le Tribunal pénal. La suppression du juge d’instruction, si elle a lieu, doit nécessairement s’accompagner de l’indépendance du Parquet vis-à-vis du Gouvernement. La nomination du Procureur ne doit pas être le fait du Ministère de la Justice, mais doit relever de la responsabilité du peuple c’est-à-dire de ses représentants au Parlement.

02 avril 2010

Grèves illicites

Les syndicats ont déclenché une grève à la SNCF dont le motif est le refus des projets de réorganisation de l’entreprise. Ils ont également déclenché une grève à la SNCM dont le motif est le refus de la concurrence italienne sur les lignes maritimes vers la Corse. Deux exemples qui démontrent une dérive du comportement syndical français qui, au nom de la défense des intérêts des salariés, s’oppose de manière illégitime au rôle fondamental du management dans le premier cas, à la liberté d’entreprendre en Europe dans le second cas. Ce que l’on attend du management d’une entreprise est d’analyser, pratiquement chaque jour, l’évolution de son environnement concurrentiel pour adapter son fonctionnement afin d’être plus efficace que ses concurrents et pour, au bout du compte, préserver ses emplois. C’est ce que fait le management de la SNCF depuis toujours. C’est, en effet, en examinant le marché aérien métropolitain qu’elle a lancé un vaste programme d’études et de mise en œuvre de trains à grande vitesse avec le succès que l’on connaît. Le Fret est, peu à peu, devenu incapable de répondre aux besoins des clients industriels de la SNCF parce que manquant de fiabilité, de rapidité, de souplesse. Les syndicats se sont toujours farouchement opposés aux réorganisations nécessaires du Fret, ce qui a pour conséquence de faire perdre, depuis des années, des parts de marché à ce dernier, aujourd’hui au profit des transporteurs routiers, bientôt au profit de concurrents directs européens. Aujourd’hui, les syndicats s’opposent, une fois de plus, aux projets organisationnels de la SNCF et déclenche une grève parfaitement illégitime. La grève de la SNCM est encore plus révoltante car elle veut s’opposer au droit fondamental d’entreprise. L’Europe des affaires et des entreprises est une réalité. Tout entrepreneur a le droit d’exercer ses activités n’importe où, dans l’espace européen. Il est donc naturel, légitime et légal qu’un entrepreneur maritime italien cherche à exercer son activité en méditerranée en général et entre la France et la Corse en particulier. Refuser cette concurrence est parfaitement contradictoire avec la liberté d’entreprendre et s’appelle du protectionnisme. La grève de la SNCM, dont l’objet est de protester contre la concurrence italienne, est donc une stupidité parfaitement réactionnaire. Il est vrai que la CGT-Marseille n’en est pas à son premier forfait, s’étant opposé à la concurrence de Corsica Ferries en utilisant la piraterie maritime en 2005. Décidément, il serait temps que les syndicats français fassent leur révolution culturelle. Bien entendu, ces deux grèves n’ont rien à voir avec celles des salariés qui protestent à juste titre contre des délocalisations sauvages qui sacrifient sans vergogne leur emploi et leur vie comme s’ils étaient de vulgaires marchandises.