24 mars 2012

Ecœurement

Rappelons-nous qu’il s’agit d’un tueur d’enfants. Cet homme a attrapé une fillette de 6 ans par les cheveux pour lui poser un révolver sur la tempe et appuyer sur la détente. Imagine-t-on la terreur de cet enfant pendant cet acte abominable que les mots ne savent pas décrire. C’est pourquoi rien ne peut justifier la polémique qui s’instaure entre le responsable du GIGN et le responsable du RAID, polémique reprise à l’envi par les politiques, pour ergoter sur la meilleure façon de procéder en face d’un tel monstre. Décidément, la polémique est un sport national qui soulève le cœur. Il est facile et populiste de faire des hypothèses et de l’uchronie afin d’expliquer maintenant ce qu’il aurait fallu faire pour éviter un tel désastre. La réalité est toujours plus difficile et plus complexe que les analyses simplificatrices veulent nous faire croire. On a tellement reproché au gouvernement une politique du tout sécuritaire qu’il est risible d’entendre les bons esprits et les politiques discourir sur l’insuffisance de la sécurité. Décidément, les français ne sont pas à une contradiction et à un populisme nauséabond près. Il faut bien constater que les médias se vautrent dans un tel climat qui leur permet de faire fructifier leur audience. Rien ne vaut le sang et la polémique pour essayer d’attirer le chaland !! Décidément, la politique est le plus noble des métiers lorsqu’elle est animée par la nation, mais le plus triste lorsqu’elle est au service de l’ambition personnelle.

21 mars 2012

Course à l'échalote

L’horreur qui a enveloppé le pays à la suite des tueries successives de Toulouse et de Montauban donne un coup d’arrêt temporaire à la campagne électorale. Temps de respiration, temps de réflexion, prise de recul sur la campagne décevante que nous ont offert jusqu’ici les candidats. Le soudain silence fait ressortir la médiocrité, le populisme, le jeu de bonneteau qui nous ont été servis jusqu’à ce jour. Au-delà des invectives et des ironies assassines, de la mauvaise foi, nous avons assisté à une débauche de propositions sorties du chapeau électoral sur un rythme effréné qui laisse pantois. A chaque intervention d’un candidat, mous avons eu droit à une proposition nouvelle immédiatement suivie par une contre-proposition de ses challengers. C’est de cette manière que nous avons vu apparaître l’exonération fiscale d’une nouvelle catégorie de travailleurs, la suppression du mot « race » de la Constitution, la création d’une taxe nouvelle pour les expatriés, un impôt nouveau pour les plus riches, une modification de l’emploi du temps des enseignants, la réduction de la TVA sur les œuvres culturelles, la renégociation de l’accord budgétaire européen pour y ajouter on ne sait pas quoi (la croissance ?), la renégociation d’accords en vigueur depuis des années comme celui de Schengen, la suppression du défilé du 14 Juillet, la suppression de deux normes anciennes (pourquoi 2 ?) pour chaque nouvelle norme votée, etc, etc … Il y en tant que plus personne ne s’en souvient. La campagne sombre dans une nuée de propositions étriquées comme si la France était isolée du reste du monde. Les journalistes se complaisent également dans des questions de basse politique électorale (quels reports de voies au second tour, quels commentaires sur les sondages, combien de signatures, …). La marque de cette campagne est l’absence des grands problèmes mondiaux : la crise (quelle stratégie pour sortir de la crise ?), l’Europe (quelle vision ? quelle gouvernance de la zone Euro ?), le Monde (quelle politique étrangère : Moyen-Orient et Maghreb, Union pour la Méditerranée, Afrique, Chine, Russie, …). La polémique et la course à l’échalote des propositions ont cantonné la campagne électorale dans le dénigrement systématique et outrancier. Les propositions utiles de Sarkozy, car il y en a quelques unes, sont critiquées pour ne pas avoir été prises pendant le quinquennat qui s’achève, en oubliant que, pendant 4 ans, Sarkozy s’est occupé quasiment à temps plein de la crise financière européenne. Les propositions de Hollande sont systématiquement dites infaisables ou ridicules. Qui nous parle de notre avenir et de celui de nos enfants ?

10 mars 2012

Le monde du silence ou le virus 2.0

La numérisation de la société est en passe de devenir un mal chronique qui plonge nos enfants et petits-enfants dans un monde étrange dont ils ne ressortiront pas indemnes, hélas ! Les écrans ont envahis leur vie et leurs esprits. Cette fascination nous interroge sur sa cause. A peine sortis de leurs occupations obligatoires (école, devoirs, repas en famille, etc …), les enfants s’abandonnent à leur addiction aux écrans. Les yeux rivés sur la machine, les écouteurs vissés dans les oreilles, les voilà complétement isolés du monde qui les entoure. Aveugles, sourds et muets. Sont-ils à la recherche d’une impression de maîtrise du monde dans lequel ils plongent ? Sont-ils fascinés par un monde où ils ont l’impression de n’être soumis à aucune contrainte ? Ils ne s’aperçoivent pas que cette liberté est complètement factice. C’est la machine qui guide et fait tout le travail. L’impression de liberté est purement factice. L’utilisateur est à la merci d’une suite de 0 et de 1, eux-mêmes prisonniers dans le cœur de la machine. Chaque réaction possible de l’utilisateur est prévue d’avance. C’est le nombre important de choix possibles et leur combinatoire qui donne cette fausse impression de libre arbitre et d’initiative. Une conséquence de cette fascination est la difficulté de parler aux autres, comme si ces enfants n’avaient plus rien à dire. On peut craindre que cette coupure de communication entre les enfants et les adultes n’aggrave fortement l’énorme défaut de communication entre les hommes. La vie politique n’est pas immunisée contre ce virus, les hommes politiques confondant marketing et racolage avec une vraie communication, leur discours se focalisant sur l’accessoire et l’argument populiste. Peut-on en vouloir aux enfants lorsque l’on voit les adultes eux-mêmes rivés à l’écran de leur ordinateur ou de leur smartphone et passer un temps infini à naviguer au hasard sur Internet. La croyance aveugle en la véracité des informations trouvées sur Internet supprime tout esprit critique, comme si le fait d’être affichées sur un écran, donnait aux informations une véracité incontestable, alors que l’on sait que 80% de ce que l’on peut y lire n’a aucune valeur ni crédibilité. Le zapping sur le web a remplacé la recherche de la connaissance par la simple boulimique de lecture d’informations d’origine douteuse la plupart du temps. Ces adultes oublient que, pour acquérir une connaissance, il faut y consacrer beaucoup de temps, ce qui est contradictoire avec la doxa du moment qui veut tout, tout-de-suite. Nous voyons se développer une société qui regarde sans voir, qui est composée d’individus isolés les uns des autres, les yeux rivés à l’écran et devenu aveugle au monde. La société est rongée par le virus 2.0 !