31 juillet 2011

Comparaison n’est-elle pas raison ?

Voilà deux affaires qui ont fait le tour du monde : l’affaire DSK et la folie meurtrière de Behring Breivik. Et pourtant, quelles différences de traitement médiatique ! L’arrestation de DSK, mise ne scène et passée en boucle sur toutes les télévisions du monde et dans toutes les pages Internet de la planète, a été suivie d’un traitement médiatique effréné qui a mobilisé, et mobilise encore, toutes les associations corporatistes et féministes françaises et américaines. Chaque semaine, chaque jour, des articles fleurissent dans les hebdomadaires. Quelle est la raison profonde d’une telle médiatisation : le viol ou la personnalité internationale de DSK ? Il est légitime de se poser cette question lorsque l’on compare avec ce qui s’est passé lors du carnage, car c’est bien le mot, de la fusillade d’Utoeya à Oslo. L’individu (on ne peut pas parler d’être humain) Behring Breivik a rassemblé des jeunes gens autour de lui puis les a froidement abattus au fusil-mitrailleur, regrettant de n’avoir fait QUE 77 morts. Quelle place a-t-on donné à cette effroyable tuerie effectuée par un adepte des thèses de l’extrême droite européenne ? Traitée comme un simple fait divers par les médias, notamment français et américains, l’information a rapidement disparu et n’a suscité que peu de commentaires. La mort de 77 jeunes est-elle moins médiatique que la mise en accusation d’un « gros poisson » politique ? Utoeya donne 2 millions d’occurrences dans Google, DSK en donne 20 fois plus ! La montée inquiétante de l’extrémisme de droite en Europe, notamment du Nord, n’est-elle pas un sujet suffisamment mobilisateur pour les médias ? Cela donne l’impression que la morale sert de paillasson au marketing.

20 juillet 2011

L’Allemagne quitte l’Euro ?

L’Europe est un patchwork d’égoïsmes nationaux que les atermoiements des gouvernements européens au sujet de la dette grecque mettent magistralement en lumière, paticulièrement l’attitude de la Chancelière allemande, toujours en retrait devant toute avancée vers une meilleure coordination des économies européennes. La dette grecque, qui semble un problème insurmontable, n’en serait pas un si l’Europe était fédérale. Dans un tel système, en effet, l’Europe fédérale apparaîtrait alors comme ayant l’état financier le plus sain du monde. Malheureusement, cela restera une utopie pour très longtemps encore. Et ceci, pour une raison majeure. En effet, deux modèles économiques très différents coexistent en Europe. L’un basé sur croissance tirée par les exportations, l’autre par la consommation intérieure. Le premier modèle regroupe, entre autres, l’Allemagne, l’Autriche et le Benelux. L’autre regroupe, principalement, la France, l’Espagne et l’Italie. Deux remarques s’imposent immédiatement. La première est que la spéculation internationale s’attaque à ce dernier groupe dont le modèle économique lui semble logiquement le plus fragile. La seconde est qu’une croissance basée principalement sur la consommation permet aux politiques et aux syndicats de tenir un discours électoraliste, basé sur l’augmentation des salaires et des revenus afin de soutenir cette consommation, au risque de relancer l’inflation. Mais la consommation pousse à la hausse les importations (les produits des pays émergents sont les moins chers) et donc au déficit de la balance des paiements et donc, à terme, à l’augmentation de la dette. Pour résorber leur dette, ces pays n’ont que deux moyens : réduire les dépenses (c’est-à-dire mettre en place des plans d’austérité qui obèrent l’avenir et exacerbent les mécontentements) et/ou relancer leurs exportations insuffisantes pour rééquilibrer leur balance des paiements. Un Euro trop fort (par rapport au dollar) est alors un handicap alors que ce n’en est pas un pour l’Allemagne qui exporte principalement en Europe et dont la qualité reconnue des produits supporte ce handicap. La voie est donc étroite si les responsables politiques ont vraiment la volonté de trouver une solution qui mette fin à la spéculation prédatrice internationale. Et cette voie passe nécessairement par un minimum de solidarité européenne, c’est-à-dire finalement par le « rachat » de la dette des pays excessivement endettés par les autres et, au premier rang, par l’Allemagne. L’Europe court alors le risque de voir les contribuables allemands refuser de payer pour ceux qu’ils considèrent comme des irresponsables et, en fin de compte sortir de la zone Euro, entraînant avec elle l’Autriche et le Benelux. On verrait alors se créer deux zones économiques avec deux euros différents et, au bout du compte, la fin de l’Europe. La situation est difficile, mais, rassurez-vous, le pire est à venir !

16 juillet 2011

Primaires, piège à c… ?

Les inscriptions aux primaires socialistes sont closes. Nous connaissons, en principe, les candidats. Nous les connaissions d’ailleurs depuis longtemps, au moins pour cinq d’entre eux et ces inscriptions sont donc sans aucune surprise. Le seul réel événement est la mise hors jeu de DSK. À l’issue d’une campagne interne qui débute donc, en théorie, aujourd’hui, nous connaîtrons le candidat officiel du Parti Socialiste à la Présidence de la République. Que peut-on attendre de cette future campagne ? Le Parti Socialiste a choisi d’élaborer un programme préliminaire qui est sensé s’imposer à tous les candidats. Sur quoi va donc porter la campagne ? Quelles seront les différences programmatiques des candidats ? Bien sûr, chacun va tenter de construire sa différence, mais il est à craindre que les écarts ne soient minces, car aucun n’osera se démarquer clairement du sacro-saint programme du Parti. De plus, si des différences existent malgré tout, chacun va s’efforcer de les taire afin de ne pas donner à la majorité le temps de fourbir ses contre-attaques pour la véritable campagne électorale de 2012. Sur quoi allons-nous donc choisir le candidat socialiste ? Nous avons à choisir le candidat à la Présidentielle, c’est-à-dire celui ou celle qui peut, dans un avenir proche, endosser la responsabilité suprême. On souhaiterait donc pouvoir choisir sur de grandes idées, de grands choix. Il est à craindre que le principe de ces primaires n’empêche un tel choix. Si ce n’est sur les idées, il ne reste alors que les personnalités. Et porter la bataille sur les personnes c’est ouvrir la porte aux rumeurs et aux calomnies qui commencent d’ailleurs à poindre. Donner le champ libre aux rumeurs, c’est aussi le donner à la désinformation. La contre-attaque de Martine Aubry sur le début de rumeurs qui coure sur son compte n’en est-elle pas ? Les Français adorant la théorie du complot, il ne faut pas s’étonner que les rumeurs se propagent aussi vite. Les primaires socialistes risquent soit de s’enliser dans la banalité et l’ennui, soit dans la vulgarité. Et comme l’esprit moutonnier caractérise la classe politique française, la contagion est à craindre et le risque est grand que la campagne présidentielle proprement dite ne sombre dans les petites phrases et les attaques personnelles, laissant aux oubliettes les défis extraordinairement dangereux auxquels la France est confrontée.

15 juillet 2011

Marseille à la dérive

C’était le fleuron des ports français. C’est maintenant une zone de non-droit. Les règlements de comptes dans le milieu du grand banditisme sont devenus tellement fréquents qu’ils sont devenus banals. On mitraille dans les cafés, on assassine dans la rue. La banlieue marseillaise sombre dans la délinquance généralisée et dans le commerce de la drogue. Les vols à main armée et aux distributeurs bancaires, le braquage des commerçants sont devenus une banalité quotidienne (en moyenne, 26 agressions par jour). Les trains sont attaqués et vandalisés comme au Far-West. Les syndicats se sont livrés à la piraterie maritime. La corruption, le clanisme et le clientélisme sont devenus les règles de gestion de la ville. Les pots-de-vin rythment la passation des marchés. Le trafic règle la vie des prisons grâce à la corruption des surveillants. L’insécurité règne dans les établissements scolaires. L’activité du port décline irrémédiablement à cause des grèves incessantes et injustifiées. Les bateaux se détournent vers Hambourg ou Anvers car le surcoût du déplacement est beaucoup moins élevé que celui d’une attente sans fin de leur déchargement. Le fonctionnement du Conseil Général est pour le moins douteux, pratiquant l’intimidation et un usage obscur de l’argent public, tandis que la mairie reste impuissante devant une délinquance galopante. Le chômage devient endémique. Le communautarisme grandit. Comment un gouvernement national et ses représentants locaux peuvent-ils admettre de telles dérives ? Comment peut-on admettre qu’il existe une grande ville qui devienne peu à peu le Chicago français ? Qui s’en indigne ? Que fait-on ? Pourquoi cette passivité ?

07 juillet 2011

Panique !

Ils ont d’abord fait de la fraude fiscale et de la corruption un véritable sport national, privant l’État des moyens financiers nécessaires pour faire fonctionner le pays. Ils ont ensuite fait de l’économie noire un paradigme. La Grèce s’est ensuite enfoncée dans une inflation non maîtrisée de ses dépenses et du nombre de fonctionnaires qui cumulent leur emploi avec le travail au noir. Sans finances suffisantes, l’État a finalement truqué ses comptes et trompée l’Europe pour pouvoir continuer à en être membre et bénéficier ainsi des fonds structurels accordés par l’Union Européenne. Aujourd’hui, les mêmes citoyens pris de panique retirent leur argent des banques pour l’exiler soit dans leur propre coffre-fort, soit à l’étranger, privant ainsi le secteur bancaire des moyens financiers pour faire fonctionner l’économie. Ils sont devenus complètement fous. La Grèce va inéluctablement à la faillite et Dieu seul sait (mais existe-il ?) quelles en seront les conséquences sur l’Euro et, donc, sur l’Europe. Il y a, dans ce comportement, une irresponsabilité tellement grave que certains s’interrogent sur l’exclusion de la Grèce de l’Europe avant qu’elle ne l’entraîne vers une faillite collective. La Grèce est en train de porter un coup qui sera peut-être fatal à la zone euro, au moment même où l’Allemagne retrouve ses vieux démons nationalistes et regarde la France davantage comme un handicap que comme le partenaire d’un grand projet commun, considère l’Espagne et la Grèce comme des menaces. La restructuration de la dette grecque (c’est-à-dire la faillite du pays) devient de plus en plus vraisemblable, sans que personne ne sache quelles en seront les conséquences sur l’ensemble de l’Europe. Il ne suffit pas de prêter de l’argent, encore faudrait-il que la Grèce produise quelque chose pour réveiller une croissance réelle aujourd’hui morte. Mais que fabrique donc la Grèce ? La seule industrie importante est la marine marchande dont les armateurs ont délocalisé l’activité en Crête pour ne pas payer d’impôts ! Le peuple grec va souffrir durement à cause de l’incurie de ses dirigeants et de ses élites. Et, malgré ces souffrances, il n’est pas certain que la Grèce échappe à la récession et, finalement, ne se « tiers-mondialise ». Les Européens mettent en place un nouveau plan de sauvetage de la Grèce qui consiste à emprunter à 3,5% et à prêter à la Grèce à 5,5%. Il y a là quelque chose de curieux qui consiste à faire de l’argent sur le dos de celui qui fait faillite ! Mais c’est le juste prix du risque encouru par le contribuable européen en cas de restructuration de la dette grecque. Il est envisagé que les banques privées participent à ce prêt en rachetant une partie de la dette. Ainsi, si la Grèce fait néanmoins faillite, les répercussions sur le système bancaire européen seront immédiates et désastreuses. Le défaut de paiement des Grecs expose les finances, les banques publiques et privées, les fonds d’investissements – c’est-à-dire notre épargne et nos retraites. Il en serait exactement de même si la Grèce sortait finalement de l’Europe et abandonnait l’Euro pour retourner à la drachme qui serait immédiatement et fortement dévaluée, dévaluant du même coup tous les engagements européens dans le système financier grec. La situation est donc extrêmement grave et rien ne permet aujourd’hui de penser que nous échapperons à la catastrophe. Et, pendant ce temps-là, l’endettement des autres pays européens ne cesse de croître.

03 juillet 2011

Réplique Magnitude 9.1 (suite)

Le rebondissement de « l’affaire » DSK est plein d’enseignements. En effet, la première constatation est que le cirque médiatique de l’arrestation de DSK auquel le monde entier a assisté montre à l’évidence la collusion entre la justice, la police et les medias américains, ce qui met à mal l’idée d’une justice sereine, objective et indépendante. Plus soucieux de sa prochaine élection, le procureur new-yorkais a négligé la prudence élémentaire d’une enquête préalable minimale. La recherche du succès personnel lui a fait oublier le désastre immense provoqué par cette mise en scène médiatique dans la vie d’un homme, d’une famille et jusque dans la vie politique d’un pays étranger. En France également, l’affaire d’Outreau a montré le danger de prendre un témoignage sans aucun recul. La deuxième constatation est la recherche à tout prix du « scoop » qui a aveuglé les médias américains et français. Il est très instructif de rapprocher les gros titres de certains journaux lorsque l’affaire a éclaté et ceux d’aujourd’hui. Aucun recul, aucune analyse, aucune interrogation, uniquement la recherche du sensationnel. Comment peut-on comprendre que l’on arrête un homme dans les conditions spectaculaires que nous avons vues, le jeter sans ménagement dans la pire des prisons avant même de s’interroger sur la crédibilité de l’accusation ? Avec le recul des faits, on peut s’interroger sur la manipulation de cette foule de femmes de ménages hurlant « honte à vous » sur le passage de DSK. Mais personne ne s’est posé ces questions de bon sens. Il est à craindre aujourd’hui que le même emballement s’empare des médias pour condamner sans réflexion aucune la plaignante et, après l’avoir présentée comme une femme simple et honnête, travailleuse, victime innocente de la férocité masculine, qu’elles se repaissent dans la condamnation sans nuance.
L’emportement des associations féministes, aux premiers jours de la condamnation de DSK, est également le symptôme de préjugés simplificateurs et de comportements qui, au bout du compte, ne servent pas la juste cause que ces associations veulent défendre. L’indignation qu’elles ont montrée à la suite des déclarations, dont certaines étaient peut-être maladroites, de certains hommes politiques ou journalistes est davantage une preuve de sectarisme que d’engagement. Si DSK est libéré, on peut s’attendre à ce qu’il règle des comptes … et il aura raison !