27 juillet 2010

À quoi sert la Bourse ?

Une entreprise a toujours besoins de capitaux. Une entreprise publique trouve ceux-ci auprès de l’État, c’est-à-dire du contribuable. Une entreprise privée fait appel à des investisseurs. Ces derniers prêtent leur argent à l’entreprise qui reconnaît avoir une dette envers eux. Cette reconnaissance de dette s’appelle une (ou plusieurs) action(s). Une action est donc un avoir sur les capitaux de l’entreprise. Bien entendu, personne ne prête son argent sans demander un intérêt. Pour le prêteur, devenu actionnaire, cet intérêt est représenté par la valeur de l’action le jour où cet actionnaire décidera de la revendre. Ce titre financier qu’est l’action est donc une promesse de revenus futurs. Avec le temps, la valeur de l’action varie en fonction de ce que la majorité des acteurs peut prévoir de l’avenir de l’entreprise. Celle-ci a, en principe, un objectif unique : croître et prospérer. Cet avenir supposé donne une vision positive de l’avenir qui se concrétise généralement par une augmentation de la valeur des actions. Mais pour qu’effectivement l’avenir de l’entreprise se présente positivement, celle-ci doit, bien entendu, investir dans de nombreux domaines pour résister à la concurrence. Pour investir, elle a besoin de capitaux. C’est pourquoi elle fait appel à des investisseurs en leur proposant d’acheter ses actions. Pour qu’un investissement produise un effet visible sur l’activité de l’entreprise, il faut évidemment un certain temps. Par exemple, l’achat d’un nouveau matériel de production demande quelques mois avant que son efficacité améliorée ait un effet sur le chiffre d’affaires de l’entreprise. L’innovation demande généralement beaucoup de temps avant qu’elle ne produise un effet. C’est-à-dire que l’actionnaire investit dans le moyen terme, voire dans le long terme. C’est un contrat qu’il passe avec l’entreprise. Le lieu où s’achètent et se vendent les actions d’entreprises s’appelle La Bourse. Le rôle essentiel de La Bourse est donc de permettre aux entreprises de trouver les capitaux dont elles ont besoin pour investir dans le moyen terme. Puisqu’en Bourse s’achète et se vend un « produit » appelé action, il s’agit bien d’un marché. Cette levée de capitaux destinés à l’investissement s’appelle le marché primaire de La Bourse. Mais la cupidité des hommes étant sans limites, un certain nombre d’acteurs ont vu dans ce marché des actions un moyen de générer des profits rapidement en achetant et revendant les actions dans l’unique objectif de réaliser un profit maximal à court terme. C’est ainsi que s’est créé un marché secondaire que l’on peut appeler la spéculation. Les acteurs qui sévissent sur ce marché secondaire n’agissent pas pour permettre aux entreprises de se moderniser mais uniquement pour s’enrichir le plus rapidement possible. Si le marché primaire est directement relié à l’activité réelle du pays par la création de nouvelles richesses matérielles, le marché secondaire en est totalement déconnecté. Sur ce marché, l’argent n’est plus un moyen, mais est devenu un produit comme un autre dont on attend une rentabilité maximale. Les organismes spécialisés dans la spéculation recherchent un profit de plus en plus important de plus en plus rapidement. Pour cela, ils exercent une pression considérable sur les entreprises pour que celles-ci prennent toutes les mesures possibles pour augmenter la valeur de leurs actions et l’importance des dividendes versés aux actionnaires. D’où la compression acharnée des coûts de production (licenciements, délocalisations). Comme ce qui est rare est cher, certaines entreprises diminuent le nombre de leurs actions sur ce marché secondaire en rachetant leurs propres actions, ce qui se fait nécessairement au détriment de leurs investissements. Enfin, pour enrichir l’offre de ce marché secondaire, certains organismes financiers (dont les banques) ont inventé de nouveaux produits financiers pour élargir la spéculation à autre chose que les seules actions d’entreprise, ce qui a plongé le monde dans la crise que nous connaissons aujourd’hui et dont nous ne sommes pas certains de sortir. Pendant l’expansion économique des « trente glorieuses », la rentabilité des actions était de quelques pourcents. Aujourd’hui, les fonds spéculatifs exigent des rentabilités de l’ordre de 15% et les économies sont en récession. On peut légitimement se poser la question de savoir quelle est la cause et quel est l’effet. La Bourse qui devait être un outil de développement est devenu un véritable danger. Elle est devenue le bras armé de ce que le Capitalisme a de plus néfaste.

25 juillet 2010

Paradoxes

Jusque vers les années 1900, les théories scientifiques ont évolué guidées par un même principe : la généralisation de théories antérieures. Ainsi, la mécanique des milieux continus généralise la Résistance des Matériaux, la Relativité Générale est une extension de la mécanique newtonienne. Ce principe préserve la continuité des constatations dans le champ de l’expérience en supprimant les contradictions ou les paradoxes. Une rupture est survenue lorsque, en 1900, Planck a donné naissance à la théorie des quanta qui portait en elle-même les sources d’une discontinuité. Dès Démocrite, la continuité de la matière avait déjà vécu avec la théorie atomiste. Beaucoup plus tard, la continuité de l’énergie a volé en éclats avec la théorie des quanta. Il s’est alors produit un phénomène plus préoccupant. En effet, la continuité dans le comportement de la matière entre les mondes microscopique et macroscopique a succombé sous les coups de la mécanique quantique. Le comportement étrange du monde microscopique ne se constate pas dans le monde macroscopique qui nous entoure. Et cette rupture est à la base de la plus grande énigme de la science actuelle. En effet, cette étrange mécanique quantique, dont les succès prédictifs et explicatifs sont indéniables, dont les applications industrielles sont nombreuses, est incompatible avec la Relativité Générale, dont la validité n’a plus à être prouvée – du moins en apparence. En effet, ces deux théories divergent quant à l’utilisation qu’elles font des notions de base que sont l’espace et le temps. La Relativité Générale repose sur le principe de la localisation de la matière, c’est-à-dire qu’une particule – quelle qu’elle soit – est située localement et précisément dans l’espace. Par contre, le temps est une notion qui perd la généralité qu’elle avait en mécanique classique, puisque chaque objet a son temps propre qui n’est pas celui d’un autre objet en déplacement relatif. Par contre, en mécanique quantique, le temps est absolu, comme en théorie newtonienne. Toutes les particules partagent le même temps. Mais la notion de localisation perd son sens. Il est impossible de localiser de façon unique une particule dans l’espace, non pas parce qu’il est impossible de l’observer, mais parce que la particule se trouve potentiellement partout en même temps. Ainsi, les deux grandes théories physiques du moment ont une vision du monde radicalement différente. Pour l’une la localisation est un principe de base et le temps relatif, pour l’autre le temps est absolu et la localisation probabiliste. Depuis le début du siècle dernier, les physiciens s’acharnent à résoudre ce paradoxe, de moult façons plus ou moins heureuses : gravité quantique, supersymétrie, théories des cordes, théories des supercordes, théorie des twisters, géométrie non commutative, etc … Actuellement, aucune de ces théories n’est satisfaisante et leur contradiction reste, à ce jour, infrangible. Elles vivent, chacune de leur côté, parce qu’à l’échelle du quotidien observable, la force de gravitation reste négligeable devant les forces du monde microscopique (électromagnétique, nucléaires faible et forte). Il n’en est plus de même à l’instant de la création de l’Univers où le confinement extrême des particules initiales est tel que la gravité a la même importance que les autres forces. La science ne sait donc pas expliquer ce qui s’est passé. À cette discordance entre deux des plus grandes théories scientifiques modernes, s’ajoute un paradoxe complémentaire qui se concrétise dans une contradiction avec le second principe de la Thermodynamique. En effet, ce dernier décrit le fonctionnement des processus irréversibles grâce à la fonction Entropie qui signifie, entre autres choses, que le temps ne peut s’écouler que du passé vers l’avenir. Or tant la Relativité Générale que la Mécanique Quantique sont basées sur des équations dans lesquelles le temps est réversible, c’est-à-dire qu’un phénomène s’écoulant du présent vers l’avenir peut tout aussi bien se produire du présent vers le passé. D’ailleurs, certains tenants de la mécanique quantique suggèrent que l’anti-matière n’est autre que de la matière subissant des processus remontant vers le passé (un anti-proton se déplaçant dans le temps n’est autre qu’un proton remontant le temps). Le Graal de la « Théorie du Tout » reste donc encore inaccessible. Cela a au moins un mérite : on n’entendra plus jamais dire que la science est aboutie.

17 juillet 2010

Utopie ?

Sous l’impulsion courageuse de leur Président, les États-Unis viennent d’établir un corpus de règles destinées à encadrer les pratiques des organismes financiers afin d’éviter que leurs comportements irresponsables et immoraux entraînent à nouveau le pays, et le Monde, dans une crise extrêmement grave. La plus grande banque mondiale, Goldman Sachs, vient d’être lourdement sanctionnée pour avoir trompé ses clients. Pendant ce temps, les pays européens, derrière des rodomontades ridicules, continuent de tergiverser, soumis qu’ils sont à leurs égoïsmes nationaux et aux lobbys financiers. Tous les G2, G7, G20 n’ont encore abouti à rien de concret et les pratiques spéculatives ont repris de plus belle. L’économie américaine recouvre peu à peu la santé, les économies européennes continuent de stagner, voire de se dégrader. Et, pendant ce temps-là, la Chine s’amuse et continue de vampiriser le monde. L’Europe est décidément malade de sa gouvernance inefficace et empêtrée dans le court terme. Les compromis, qui sont davantage des demi-mesures, ne permettent aux responsables politiques que de préserver les demandes populistes de leur électorat et leur réélection. Pendant que les Américains prennent des mesures courageuses, les Français continuent de ratiociner sur l’usage du mot « rigueur ». Peut-être faut-il se rendre à l’évidence et admettre que l’Europe puissance est une utopie. La raison principale en est peut-être que les peuples européens, fatigués par plus de deux milles ans d’histoire faits de guerres, de révolutions, de massacres, sont sur la voie de l’assoupissement et, à terme, de la disparition ?

15 juillet 2010

Le plus beau tableau du monde

C’est le petit matin. La pluie, lourde et froide, vient juste de s’arrêter. L’air est transparent, nettoyé des poussières de la ville, soulevées par les chevaux du chemin de halage. Traversant les gros nuages, vestiges de l’averse, un rayon de soleil vient frapper la tour de la nouvelle église et les maisons voisines ainsi que le petit pan de mur jaune qui a tant frappé Marcel Proust, laissant dans l’ombre celles qui s’alignent le long du quai de Lange Geer. Le vent est tombé et l’eau du canal a retrouvé son calme, précisant les reflets bleutés de la ville et de ses remparts. La transparence de l’air donne au dessin des toits et des pignons crénelés une netteté surprenante. Rien n’arrête le regard qui traverse sans obstacle le vide du clocher de la nouvelle église. Les villageois, un moment calfeutrés pendant l’averse, sortent à nouveau et viennent, au gré des rencontres, discuter sur les bords du canal. Le chant des oiseaux matinaux, un moment interrompu, a repris et souligne le calme et la lenteur de l’instant. Le grincement des accastillages des lourds bateaux en partance pour Rotterdam et accostés sur l’autre rive du canal rebondit sur le miroir de l’eau. La journée commence…
C’est le plus beau tableau du monde.

13 juillet 2010

Mouvement perpétuel

Le libéralisme économique a un credo : tout peut faire l’objet d’un marché. L’argent peut donc faire aussi l’objet d’un marché. Sur un marché, un produit est acheté à un certain prix, il est transformé et revendu à un autre prix. C’est la même chose avec l’argent (ou avec le stockage des matières premières), à ceci près qu’il n’y a aucune transformation : c’est la marque de la spéculation. Les banques ont développé la spéculation financière avec les fonds spéculatifs anglo-saxons et se sont enrichies. Pour augmenter leurs gains, elles ont inventé des produits financiers « pourris » mais à fort rendement (par exemple, la spéculation à la baisse) que les agences de notation ont approuvé sans réserve pour avoir participé à leur création. Elles ont aussi inventé la titrisation qui leur a masqué à elles-mêmes le risque qu’elles encouraient. Finalement, les banques ont fini par être rattrapées par les résultats d’une spéculation frénétique et ont frôler la faillite.
Les banques ayant aussi un rôle majeur dans les transactions commerciales et économiques normales (ce pour quoi elles ont été créées), les États ont été dans l’obligation d’empêcher leur faillite. Les contribuables les ont donc renflouées au détriment de la dette nationale et, donc, du niveau de vie de leurs enfants. Comme des pompiers pyromanes, les agences de notation ont alors montré du doigt les états endettés (la Grèce pour commencer, puis le Portugal et l’Espagne).
Ayant été renflouées, les banques ont aussitôt recommencé à spéculer mais, cette fois, contre les États en difficulté financière et, toujours, avec la complicité des agences de notation moutonnières qui condamnent sans vergogne et avec précipitation. C’est-à-dire que les banques spéculent contre ceux-là même qui les ont sauvées. Les agences de notation dégradent la Grèce, le Portugal, l’Espagne, qui, obligés d’emprunter auprès des banques, voient immédiatement les taux d’intérêt demandés par celles-ci s’envoler, ce qui met les pays endettés dans l’impossibilité d’emprunter et donc de rembourser. Les pays de la zone euro n’ayant pas encore été dégradés par les agences de notation, ils empruntent auprès des banques pour pouvoir prêter eux-mêmes aux pays en difficulté.
Les banques gagnent encore. Les organismes financiers ont inventé le mouvement perpétuel !

12 juillet 2010

A-t-on besoin de Mediapart ?

En 1972, deux journalistes du Washington Post, Carl Bernstein et Bob Woodward, débutent une enquête journalistique qui devait aboutir, deux ans plus tard, à la démission du Président des États-Unis. Depuis, de façon récurrente, des journalistes rêvent d’obtenir une notoriété équivalente de la même façon. C’est ainsi que l’objectif de la chute d’un homme politique ou connu est devenu une sorte de TOC journalistique. Malheureusement, cette pratique crée des dégâts collatéraux insoutenables. Que l’on se rappelle les « affaires » P. Bérégovoy, DSK, J. Dray, D. Baudis, les « accusés » d’Outreau, et d’autres. Toutes affaires dans lesquelles la réputation, l’avenir, la vie d’un homme ont été mis en danger sans aucun scrupule. Et, lorsque des critiques s’élèvent sur de telles pratiques, immédiatement la corporation journalistique, unanime, s’indigne que l’on ose telles critiques au nom de la liberté d’expression de la presse et des médias et déploie le drapeau de l’atteinte à la démocratie. La presse se présente comme un contre-pouvoir au pouvoir politique, mais qui ne supporte aucun contre-pouvoir à son propre pouvoir. Ce faisant, elle se substitue à la Justice, seul contre-pouvoir légitime au pouvoir politique. Il y a plus grave. En effet, un certain nombre de médias, présents sur Internet, se servent des informations qui remontent de leurs lecteurs de terrain. Certes, nous disent-ils, toutes précautions sont prises pour ne pas construire une information sur des rumeurs. Mais, lorsque l’on examine les commentaires qui accompagnent les articles en lignes de ces médias, on ne peut qu’être consterné par l’absolue médiocrité, vulgarité, violence, qui suinte de ces écrits où le « tous pourris » est l’ingrédient de base. Et l’on est, à juste titre, très inquiets devant le risque que les « informations de terrain » dont se servent ces médias soient de la même eau. Lorsque le discours journalistique utilise des expressions telles que « tout le monde sait » ou « tout le monde connaît », on est déjà dans le domaine de la rumeur. Lorsque l’on est animé d’une aversion quasi-physique pour un homme politique, il est à craindre que l’on se laisse aller à accepter et à diffuser des approximations hâtives. Cela ne s’appelle plus du journalisme. Une démocratie a besoin d’une presse libre avec de véritables journalistes d’investigation. Malheureusement, cette race de journalistes est en voie d’extinction. La remplacer par les ragots qui remontent par Internet permet peut-être de trouver une solution rapide de remplacement, mais cette façon de faire est contraire à toute déontologie. Une démocratie a besoin d’une presse libre. C’est pourquoi on ne peut pas se passer de Médiapart, mais on peut se passer de Mr. Edwy Plenel.

09 juillet 2010

MMS

« J’admettrais volontiers que les femmes nous sont supérieures si elles ne voulaient être nos égales en tout » disait Sacha Guitry. Qu’il se rassure, l’égalité homme-femme restera à jamais une utopie. Tout du moins dans un domaine qui tient une place majeure dans la vie humaine, le domaine des relations sexuelles. L’homme doit supporter une énorme injustice, celle de savoir que ses possibilités en la matière, malgré le soutien de l’industrie pharmaceutique, sont inexorablement appelées à disparaître. En complément de l’énigme du Sphinx d’Œdipe, on pourrait ajouter la parabole du MMS (qui ne veut pas dire Multimedia Messaging Service). À l’aube de la vie, MMS signifie Matin, Midi et Soir. Vers 17 heures, Mardi, Mercredi, Samedi. À 20 heures : Mars, Mai, Septembre. Enfin, à 22 heures : Mon Meilleur Souvenir ! Heureusement, je n’ai pas de montre et je ne sais pas l’heure qu’il est…

06 juillet 2010

Tous pourris !

La nature a horreur du vide et les hommes ne supportent pas l’incertitude. Devant une crise qui s’aggrave et dont les signes de mauvaise augure se multiplient, l’angoisse de l’avenir grandit chez les citoyens. L’avenir devient incertain et chacun a peur pour lui-même et pour ses enfants. Les explications entendues, ou attendues, ne satisfont personnes car elles sont contradictoires ou construites dans une langue de bois qui ne trompe personne. Les difficultés à venir s’amoncellent et l’inquiétude grandit. Or l’homme est ainsi fait qu’il lui faut toujours trouver un responsable à ses propres difficultés, même si cette recherche est irréfléchie et purement instinctive. De toutes les sortes d’échecs, chacun cherche celui qui compromet le moins son orgueil. D’où le si facile « tous pourris » concernant les élus et, plus largement, les responsables et dirigeants. « Si les difficultés existent, cela provient non seulement du fait que ceux qui nous gouvernent sont des incapables mais, de plus, des exploiteurs qui profitent de leur situation pour se mettre eux-mêmes à l’abri du péril ». Voilà grand ouvert le portail du populisme qui offre une voie royale au Front National et à l’extrême droite. Le discours de l’opposition qui reste exclusivement centré sur la critique systématique, parfois violente, du gouvernement participe fortement à la croissance dangereuse de ce populisme. Et la place inconsidérée que certains médias donnent à la « chasse aux affaires » concourre à ce danger. Lorsque l’on en est à reprocher à François Fillon de faire le trajet Le Mans – Paris en avion plutôt qu’en train, c’est bien le signe que la vie politique française est tombée bien bas. La médiocrité a, partout, pris le pouvoir. Alors que le bateau France menace de couler, l’équipage et les passagers tirent sur le capitaine !

04 juillet 2010

Faillite ?

Commençons par un état des lieux. L’entreprise France a une production annuelle dont la valeur est de l’ordre de 2100 milliards d’Euros. Pour fonctionner, cette entreprise dépense annuellement 1100 milliards d’Euros et « gagne » (impôts et contribution sociales) environ 910 milliards d’Euros. Cette entreprise perd donc, chaque année, près de 200 milliards d’Euros, soit près de 10% de son chiffre d’affaires ! Et ceci depuis près de cinquante ans. Le résultat en est que les déficits cumulés ont été compensés par des emprunts qui représentent aujourd’hui une dette de 1700 milliards d’Euros, soit environ 83% du PIB. Bien évidemment, l’entreprise France se doit de rembourser ses emprunts, ce qu’elle fait (capital + intérêts) pour un montant de près de 45 milliards d’Euros annuels, soit 5% de ses recettes totales. Voilà une situation qui alarmerait n’importe quel dirigeant d’entreprise. D’autant plus qu’il s’agit d’une situation qui s’aggrave chaque année. L’avenir le plus probable d’une telle entreprise, si elle ne prend pas immédiatement des mesures drastiques pour redresser la situation, est la faillite. C’est la situation de la France. Elle est donc en grand danger. C’est-à-dire que l’horizon probable, si rien de sérieux n’est fait, est l’effondrement de son système social (cessation des redistributions sociales, cessation de paiement des retraites), précarisation extrême des salariés, chômage en hausse rapide. Il faut donc impérativement et rapidement prendre des mesures difficiles, voire douloureuses, qui réduisent fortement les dépenses (réduction des prestations sociales, réduction drastique du budget de fonctionnement) et qui augmentent les recettes (augmentation des impôts, soutien aux exportations). Et que constatons-nous ? Que tous les responsables, en particuliers les syndicalistes et les élus locaux, continuent imperturbablement, de réclamer des augmentations de moyens dans tous les domaines alors que la France n’en a pas les moyens. Que ceux qui nous gouvernent, plutôt que de rechercher un consensus urgent sur des mesures nécessairement impopulaires à prendre, restent les yeux fixés sur l’horizon des prochaines élections présidentielles et se complaisent dans des petits combats dérisoires. Les médias s’en font le reflet, avec ses incessantes « révélations » sur « l’affaire Bettencourt ». Les parlementaires ne parlent plus que de cela, pas un journal télévisé ou radiodiffusé qui n’évoque cette affaire. Cela donne l’impression angoissante que le bateau, non seulement n’a plus de capitaine, mais qu’il n’a pas d’équipage non plus. Nous sommes embarqués sur le Titanic avec un sentiment grandissant de déréliction.

02 juillet 2010

Pouvoir et contre-pouvoir

A-t-on le droit de confondre impunément irrévérence et grossièreté, humour et injures ? Surtout lorsque l’on s’exprime sur un média de masse ? Le « statut » d’humoriste permettrait-il de dire n’importe quoi au nom de la liberté d’expression ? Le pouvoir de s’exprimer ne comporterait-il aucun contre-pouvoir ? Peut-on admettre qu’il n’existe aucune limite à la liberté d’expression pour ceux qui s’attribuent le titre d’humoriste ? Qui a la légitimité de décider s’il existe des limites et ce qu’elles sont ? Dans toute entreprise, un salarié qui se permet d’injurier un actionnaire ou son manager est immédiatement sanctionné. Pourquoi les soi-disant humoristes seraient-ils à l’abri d’une telle sanction au prétexte que leurs propos sont humoristiques ? Qui a la légitimité pour dire qu’un discours est humoriste ou injurieux ? Le statut auto-proclamé de l’auteur est-il suffisant ? Comment se fait-il qu’il existe des humoristes que l’on ne peut suspecter de connivences avec les pouvoirs et qui ont su exercer leur talent reconnu unanimement sans jamais verser dans l’injure et tout en exprimant leurs convictions ? Voilà un certain nombre de questions qu’il aurait été bon de se poser avant d’aller manifester devant la maison de Radio France en réclamant la démission de ses managers. On regrette la disparition de Pierre Desproges !