28 août 2011

Le virus sociétal est numérique

Les quadragénaires vous expliquent, avec une conviction qui frise la virulence, que le monde d’aujourd’hui est normé par le numérique. Que l’invasion d’Internet a transformé profondément les façons de faire et de penser. Et ils n’ont pas tort. Ils ont enfanté une génération d’enfants qui sont, de naissance, addicts des écrans de toutes natures, ordinateurs, Smartphones, Ipod, tablettes, télévision. Comment en serait-il autrement lorsque leurs parents passent la moitié de leur temps le nez sur l’écran de leur téléphone portable ou sur l’écran de leur ordinateur, pas nécessairement pour des raisons professionnelles ? Et l’on voit poindre une génération entièrement coupée du monde de leurs semblables, les yeux rivés à l’écran et les écouteurs enfoncés dans les oreilles, dont le seul Dieu est caché quelque part sur le réseau Internet. Sans s’apercevoir que ce monde numérique fourmille de stupidités, d’approximations, voire d’inexactitudes. On assiste, navrés, au spectacle d’enfants qui n’ont plus qu’un loisir, celui de jouer à des jeux objectivement sans intérêt, avec des partenaires qu’ils ne connaîtront jamais plutôt que d’avoir des échanges avec ceux qui sont dans leur environnement immédiat. Dark Vador plutôt que des amis … Ces enfants sont seuls et coupés du monde. Il est difficile de croire qu’ils sont heureux. Les réseaux dits sociaux ne le sont pas vraiment. Ils ne créent pas une communauté mais une collection d’individus isolés. Ce n’est pas la même chose.

12 août 2011

La Démocratie en danger ?

La crise financière actuelle met en lumière l’incapacité des hommes politiques à peser sur les évènements, même lorsqu’ils sont annonciateurs de catastrophes. Ce sont les acteurs financiers et le monde factice qu’ils ont créé qui imposent leurs décisions. L’impuissance du monde politique, nourrie des égoïsmes nationaux, est ressentie par tous ceux qui subissent (ou vont subir) les conséquences du jeu de massacre de ces acteurs financiers. Le peuple de l’économie réelle se sent menacé par quelque chose qui dépasse les possibilités des hommes qu’il a portés au pouvoir démocratiquement. HAL a pris le pouvoir ! Pour l’alimenter, les spéculateurs viennent d’employer l’arme fatale de la rumeur, provoquant des variations erratiques des cours de bourse. Or, comme plus les variations, à la hausse comme à la baisse, sont importantes et plus le spéculateur gagne, la rumeur devient un excellent moyen de semer la panique. L’inquiétude devient angoisse et grosse d’actes irréfléchis. Tous les débordements deviennent possibles. Tous les choix irraisonnés deviennent concevables. D’abord la révolte puis l’adoubement de celui qui, surgissant du chaos avec des promesses les plus démagogiques possibles, promettra n’importe quoi pourvu que cela ait l’apparence d’une sécurité retrouvée. Les extrémistes sont à l’affût dans de nombreux pays occidentaux. Ainsi, le comportement du Tea Party américain est symptomatique de la stratégie d’individus qui privilégient le chaos pour s’ouvrir le chemin du pouvoir. Ils ont pris le parti républicain en otage, ont systématiquement saboté les compromis avec le parti démocrate et ont mis en lumière l’impuissance du Président Obama à imposer ses solutions. Standard & Poor’s a justifié immédiatement le déclassement des USA par l’apparente incapacité des politiques à mettre en œuvre une politique d’assainissement des finances du pays. De même qu’au sein des « révolutions » arabes, les islamistes sont à l’affût, de même les extrémistes de droite le sont dans les pays occidentaux en crise profonde. N’oublions jamais que les responsables de cette crise mondiale, qui a débuté en 2007-2008, sont les financiers et les banques américains qui ont « inventé » les subprimes et leurs produits dérivés avec la bénédiction des agences de notation ! N’oublions pas non plus que les agences de notation sont restées (volontairement ?) aveugles sur les scandales Enron et WorldCom ainsi que sur la banque Lehman Brothers qui était notée AA+ par Standard & Poor’s la veille de sa faillite.

08 août 2011

Les prédateurs

Dix fois par jour, les médias parlent des « marchés ». Ceux-ci sont omniprésents dans les actualités économiques et politiques. Ce sont les marchés, selon l’inquiétude ou la confiance, qui décident des évolutions économiques des nations. Mais qui sont ces « marchés » ? Il s’agit, en fait, des marchés financiers et des matières premières, c’est-à-dire des spéculateurs qui se cachent dans les organismes financiers divers (fonds de pension, hedge founds, banques et officines de placements et leurs traders, …). On nous explique que « les marchés » sont inquiets et, donc, que la Bourse baisse. Or, ces spéculateurs, jouant à la baisse, gagnent beaucoup d’argent lorsque, effectivement, les actions boursières perdent de la valeur comme c’est le cas depuis quelques jours. Et ces profits sont rapidement mis à l’abri dans l’un des nombreux paradis fiscaux qui pullulent sur la planète. Le code du commerce interdit la vente à perte. Pourquoi n’interdit-on pas la spéculation à la baisse ? Certes, le premier point est national, le second est international. Mais un organisme tel l’OMC joue un rôle mondial sur les pratiques commerciales. Pourquoi n’y aurait-il pas un organisme mondial en charge de la surveillance de la spéculation et des pratiques financières ? À côté des spéculateurs, d’autres acteurs viennent troubler la vie des citoyens du monde. Ce sont les agences de notation Standard & Poor’s, Fitch Ratings et Moody’s. Voilà des individus qui portent des jugements sur les économies nationales et que le monde entier vénère comme des oracles. Or, que se passe-t-il ? Ces agences, jugeant que tel ou tel pays supporte une dette excessive, portent alors sur ce pays un jugement négatif qui pousse le pays incriminé à prendre des mesures restrictives et d’économie. Le jugement négatif porté par ces agences a un effet immédiat sur les taux d’intérêt que les banques, toujours prêtes à flairer la bonne affaire, imposent au pays emprunteur et à ses citoyens, rendant encore plus difficile le remboursement de la dette. D’où, mécaniquement, une réduction de la consommation et un ralentissement de l’économie nationale. Les mêmes agences émettent alors de nouvelles réserves sur le pays qui prend de telles mesures au prétexte que ces mesures vont réduire la croissance attendue ! On croit rêver, mais c’est, hélas, la réalité. Les dirigeants politiques, quant à eux, se montrent impuissants devant la prédation des spéculateurs et les comportements de pompier pyromane des agences de notation. Ils restent hésitants, voire pusillanimes, devant la crise dans laquelle est plongée l’Europe, enlisés qu’ils sont par leur préoccupations électorales de court terme et par le scepticisme et l’égoïsme croissants des peuples européens.