18 décembre 2012

Le vide et le néant

Le vide et le néant semblent être deux concepts voisins, voire analogues. Ils sont pourtant antagonistes, malgré une fréquente utilisation indifférenciée. Le vide est une absence ce qui le différencie du néant qui est une non existence. Cette différence est grande. En effet, l’absence invoque une présence. L’une ne va pas sans l’autre. L’absence suppose une présence préalable ou, tout au moins, possible et qui a disparu ou qui ne sera jamais réalité, même si elle reste potentiellement possible. Incapables que nous sommes de le décrire sans faire appel aux notions d’espace et de temps, nous disons que le néant, quant à lui, réfère au non-être permanent (temps) et infini (espace). Le vide se ressent et s’imagine. Ne parle-t-on pas de la peur du vide ? Cette peur est, par exemple, ressentie lors de la disparition ou de l’effacement d’un être cher. Elle peut être ressentie à priori, avant que l’événement qui crée le sentiment de vide ne soit arrivé. Le vide n’est pas le néant, puisqu’il est une entité physique et qu’il peut posséder une énergie : la cosmologie étudie l’énergie du vide et fait l’hypothèse qu’elle est à l’origine de l’éloignement accéléré et relatif des galaxies. Le vide peut être imaginé. Il peut, d’ailleurs être soumis à l’expérience. Le Traité sur le vide de Pascal décrit une expérience qui tend à prouver l’existence objective du vide (l’expérience de la seringue - 1647). Ainsi, peut-on faire la vérification du vide, ce qui est utopique et vain avec le néant. Ce dernier reste impossible à imaginer car, pour cela, il faudrait « être dedans », ce qui est incompatible avec la notion même de non-existence. « Etre dedans » entraine aussitôt la disparition et la négation du néant. Certaines hypothèses portant sur « l’avant » de la naissance de l’Univers, supposent la présence d’un néant impossible à connaître et à décrire et qui donne naissance à la question restée sans réponse : « Pourquoi quelque chose plutôt que rien ?», ou plus encore : « Comment quelque chose peut naître de rien ? », question qui assimile le « rien » au néant et qui fait le bonheur des croyants. La destinée du vide est de disparaître (la nature a horreur du vide), celle du néant est de perdurer. Le vide et le néant font une sorte d’écho au Zéro et l’infini d’Arthur Koestler (1940) et à L’Etre et le Néant de J.P. Sartre (1943). Le vide est synonyme d’absence, de zéro, tandis que le néant invoque l’infinitude. Le temps est consubstantiel du vide, l’existence de ce dernier étant précaire c’est-à-dire soumis au passage du temps. Le néant, quant à lui, ne comporte ni espace ni temps. C’est pourquoi il nous est impossible à concevoir. Parfois, la vie semble vide par manque de perspective, souvent la compétence politique frise le néant !

03 décembre 2012

Florange ou l’impasse

Le ministre du Redressement productif et les syndicats se débattent furieusement pour « sauver » les hauts fourneaux de Florange. Si l’attitude des syndicats se comprend et se justifie par la défense de l’emploi, l’attitude du représentant de l’Etat est incompréhensible tant sur le plan économique que sur le plan de la méthode. En effet, depuis plus de deux ans, les deux hauts fourneaux de Florange ne fonctionnent plus sans que, pour autant, la demande d’acier n’en ait souffert. Il s’agit donc bien là d’une surcapacité. Il n’y a là rien d’étonnant, compte tenu de la récession de l’industrie automobile européenne (de l’ordre de 20% en 5 ans), mise à part l’industrie allemande centrée sur les voitures de luxe. De plus, ces hauts fourneaux ont été implantés dans la proximité historique du charbon et du minerai de fer lorrains lorsque ces derniers étaient une source énergétique et de matières premières importantes. Or, aujourd’hui, l’exploitation du charbon et du minerai de fer en France n’existe plus, ces derniers étant importés et transitant par les ports. L’emplacement de ces hauts fourneaux, loin de tout port, est devenu inadéquat. Les derniers hauts fourneaux français sont situés à Fos-sur-Mer et à Dunkerque. Ainsi, l’Etat menace de nationaliser une usine qui ne sert plus à rien. C’est vraisemblablement la véritable raison qui a fait reculer le gouvernement, quitte à créer une palinodie supplémentaire en son sein. Le ministre du Redressement productif, après quelques discours populistes auprès des syndicats et injurieux envers un des plus gros sidérurgistes employant 20.000 personnes en France (dont Dunkerque et Fos-sur Mer), a été obligé d’avaler la couleuvre du renoncement. On peut se demander pourquoi le Premier Ministre a laissé son Ministre du Redressement productif s’enliser dans une situation dont il connaissait l’impasse et se lancer dans des annonces tonitruantes et sans réel fondement, exactement la méthode employée par N. Sarkozy (Gandrange). Que n’aurait-on dit si un gouvernement étranger s’était permis de déclarer : « On ne veut plus de Renault dans notre pays » ! Il n’était d’ailleurs pas dit que Bruxelles eut accepté ce rachat qui risquait d’apparaitre comme une subvention à la sidérurgie française. Faire de la nationalisation une arme de dissuasion est un contresens inadmissible de la part d’un ministre du gouvernement. Une nationalisation relève d’une stratégie économique ou politique, mais n’est jamais une intervention ponctuelle menaçante faite pour régler un problème purement local. L’éventuelle nationalisation de Florange était une opération politicienne ne relevant d’aucune stratégie nationale, à l’inverse des nationalisations réalisées par de Gaulle (stratégie de redressement économique), par Mitterrand (stratégie de politique nationale aux relents dogmatiques), par Sarkozy (stratégie de développement du rail en France), ou encore par Obama (stratégie de soutien à une industrie vitale pour les USA en phase d’effondrement). La lutte actuelle et désespérée des syndicats locaux rappelle étrangement celle des mêmes syndicats lors de la fermeture des charbonnages, qui n’a pu empêcher l’inévitable. Les hauts fourneaux de Florange ne redémarreront jamais et le projet Uclos (captation du CO2), qui est encore dans les limbes, ne saura éviter cet aboutissement logique.

27 novembre 2012

On patauge dans le potage

Décidément, l’époque actuelle tourne à la farce, dramatique à cause de la crise dans laquelle l’Europe s’enfonce inexorablement et des peuples qui en souffrent pendant que les acteurs financiers se gobergent. Où que l’on porte le regard, les politiques montrent leur incompétence, leur incapacité à se comporter en véritables hommes d’Etat, leur propension irréfragable à être obnubilés par leur réélection, ce qui les rend incapables d’une vision à long terme. La France, en la matière, est exemplaire. Nous assistons, médusés, à la farce ridicule jouée au sein de la droite, au frais du contribuable, entre deux prétendants aux futures élections présidentielles. S’étale au grand jour un vaste déballage mettant en lumière les pratiques douteuses des partis politiques. Nous entendons, consternés, avancer des arguments frisant les sommets du populisme brandissant les petits pains au chocolat et racolant dans le champ de l’extrême droite faute d’avoir de véritables idées. Nous voyons un grand parti politique exploser à cause de l’hubris exacerbé de deux de ses leaders qui sabotent l’intérêt général au nom de leur ambition personnelle. A gauche, la situation est à peine meilleure. Nous voyons une majorité gouvernementale dont une partie vote contre le gouvernement, main dans la main avec l’opposition. Les écologistes, enfermés dans des positions dogmatiques et d’un autre siècle, s’opposent à un gouvernement dont ils font partie. Ils sont accompagnés dans leur démagogie par les extrêmes, de droite et de gauche, qui versent dans un populisme effréné. Le gouvernement, figé dans des attitudes dogmatiques, augmentent les impôts des entreprises en supprimant la détaxation des heures supplémentaires au nom d’un anti-Sakozisme viscéral, puis crée un crédit d’impôt pour redonner d’une main ce qu’il a pris de l’autre, quitte à créer une usine à gaz dont on peut prévoir à l’avance de multiples disfonctionnements. Sidérés, nous voyons un ministre jouer les matamores dans les médias en insultant le leader mondial de l’industrie sidérurgique au lieu d’effectuer un travail sérieux, donc discret, avec les protagonistes de la filière sidérurgique au moment même où la désindustrialisation française prend une tournure dramatique. Dans le même temps, le Président de la République, oublieux qu’il n’est plus un chef de parti, se mélange les pinceaux dans ses déclarations sur le mariage homosexuel, la semaine scolaire, l’augmentation de la TVA, l’aéroport de Nantes … Prisonnier de ses imprudentes promesses électorales, il ment sciemment en mettant en exergue une réorientation de la politique économique de l’Europe au nom d’un pacte de croissance qui n’a aucune réalité. Par ailleurs, il est remarquable que les deux derniers Présidents de la Ve République aient maille à partir avec la justice ! Pendant ces temps de rigueur, les collectivités locales se lancent dans des dépenses princières en bureaux somptueux et en salaires d’un nombre grandissant de collaborateurs. Les responsables de ces collectivités étant députés par ailleurs, ils s’insurgent contre le non-cumul des mandats afin de préserver leurs prébendes. Le fumet délétère et nauséabond des IIIe et IVe Républiques se fait à nouveau sentir. Au niveau européen, la situation n’est pas meilleure. Les dirigeants politiques, qui se rencontrent régulièrement au sein d’un G20 où rien n’est décidé, restent empêtrés dans leurs égoïsmes nationaux (ma ristourne, mes subventions agricoles, mes fonds structurels !). Les voilà incapables de voter un budget pour l’Europe, en ayant pour seule perspective leur réélection. Les membres de l’Europe sont trop nombreux à cause d’un élargissement de l’Europe mené à la va-vite sans aucune réflexion sur l’avenir. C’est pourquoi l’aboulie mortifère règne au sein des instances dites décisionnelles (!) communes. Au niveau mondial, le diagnostic n’est pas plus réjouissant pour des raisons analogues. L’ONU est incapable d’arrêter les conflits dans un monde où ils se multiplient : RDC, Syrie, Palestine, Soudan, Mali, Tibet, Ouïgours du Xinjiang, Somalie. Les sommets mondiaux concernant le réchauffement climatique n’aboutissent jamais, sabotés d’avance par les égoïsmes nationaux. Devant une telle incompétence, un tel manque de capacité à réfléchir au-delà des petits intérêts personnels, comment s’étonner de voir se développer des nationalismes locaux séparatistes et irrationnels ! Le virus de la médiocrité se répand dans le monde politique comme le HIV s’est répandu sur la planète.

22 novembre 2012

Le plus beau tableau du monde

C’est le petit matin. La pluie, lourde et froide, vient juste de s’arrêter. L’air est transparent, nettoyé des poussières de la ville, soulevées par les chevaux du chemin de halage. Traversant les gros nuages, vestiges de l’averse, un rayon de soleil vient frapper la tour de la nouvelle église et les maisons voisines ainsi que le petit pan de mur jaune qui a tant frappé Marcel Proust, laissant dans l’ombre celles qui s’alignent le long du quai de Lange Geer. Le vent est tombé et l’eau du canal a retrouvé son calme, précisant les reflets bleutés de la ville et de ses remparts. La transparence de l’air donne au dessin des toits et des pignons crénelés une netteté surprenante. Rien n’arrête le regard qui traverse sans obstacle le vide du clocher de la nouvelle église. Les villageois, un moment calfeutrés pendant l’averse, sortent à nouveau et viennent, au gré des rencontres, discuter sur les bords du canal. Le chant des oiseaux matinaux, un moment interrompu, a repris et souligne le calme et la lenteur de l’instant. Le grincement des accastillages des lourds bateaux en partance pour Rotterdam et accostés sur l’autre rive du canal rebondit sur le miroir de l’eau. La journée commence… C’est le plus beau tableau du monde.

06 novembre 2012

La politique pour les nuls

Voilà déjà longtemps que nous avions diagnostiqué que la véritable nature de la crise que traverse la France est, avant tout, une crise de compétence des politiques. Le spectacle que nous offrent le gouvernement et les partis politiques nous montre que ce diagnostic est, hélas, une réalité ! François Hollande se conduit comme un politicien préoccupé par les élections, comme ce qu’il était lorsqu’il était secrétaire du parti socialiste, obnubilé par la synthèse et tergiversant sur tout ce qui pourrait compromettre les futures élections municipales. Lorsqu’il clamait « le changement c’est maintenant », obnubilé par l’anti-sarkozysme, il voulait dire uniquement « le changement de président, c’est maintenant ». Ecartant les problèmes fondamentaux français, comme la compétitivité des entreprises, la rénovation du système fiscal ou la rénovation des structures de l’Etat, il se comporte comme Monsieur Bricolage et se complait dans des réformes périphériques à la crise et dans la recherche frénétique de nouveaux impôts. C’est ainsi que la gauche ne parle que de faits sociétaux (mariage gay, vote des étrangers, suppression des peines plancher, non cumul des mandats, …) et de taxes exotiques supplémentaires (sur la bière, sur les sodas, sur le tabac …) alors que le pays sombre dans des problèmes économiques tels qu’une crise d’une extrême gravité s’annonce à court terme. C’est ainsi que le ministre de l’économie est inaudible et invisible alors qu’il devrait être sur tous les fronts et être la source de propositions novatrices pour favoriser l’innovation dans les PME et sécuriser les relations entre celles-ci et les grandes entreprises dont elles sont souvent les sous-traitantes. Par ailleurs, le ministre « du redressement productif» ne s’occupe que des plans sociaux et passe son temps à injurier les chefs d’entreprises à l’image de la gauche de la gauche qui traite les patrons des grandes entreprises de « bons à rien » ! L’Allemagne représente 32% des exportations de la zone euro alors que la France n’en représente plus que 13% après avoir perdu 4 points depuis l’an 2000. Si Monsieur L. Gallois est considéré comme un spécialiste des problèmes de compétitivité, que n’a-t-il été nommé à la place de Mr. Montebourg qui n’a aucune compétence dans le domaine industriel ! Dans ce jeu de dupes, la droite n’est pas en reste. Elle aussi ne parle que de faits sociétaux (racisme dit anti-blanc, nourriture halal, mariage homosexuel …) et ne fait aucune proposition sur les mesures à prendre pour empêcher la désindustrialisation galopante de la France. Les français n’ont aucune idée de vers quoi on les emmène. Ni la droite ni la gauche n’ont été capables de construire une vision de l’avenir du pays et un chemin pour y parvenir, unique moyen pour obtenir la confiance du peuple et des acteurs économiques. La compétitivité relève de peu de critères fondamentaux. Le premier est le coût du travail qui impacte le prix des produits qui perdent leur attractivité à l’exportation, n’en déplaise à B. Hamon et aux syndicalistes dogmatiques, chantres de la doxa socialiste obnubilée par une économie pilotée par la seule demande. A cause de sa désindustrialisation, la France devient un pays de services dont les entreprises sont des entreprises de main d’œuvre qui, grâce aux moyens modernes de communication, n’échappent pas à la délocalisation (les centres d’appel, le développement informatique) pour cause de coûts trop élevés. Le second est l’innovation, industrielle essentiellement. C’est une différenciation qui peut améliorer les parts de marché à l’international, mais qui demande du temps, des investissements, de la formation et la valorisation de la formation professionnelle qui conduit à la diversification des élites. Le troisième critère est l’organisation du marché du travail qui, par ses rigidités excessives, empêche les entreprises de s’adapter rapidement aux fluctuations du marché. Voilà un certain nombre de problèmes extrêmement importants dont on ne comprend pas que le gouvernement ne s’en soit pas préoccupé depuis plusieurs mois maintenant. La France se noie pendant que les politiques tergiversent dans l’anecdotique. La classe politique française, droite et gauche confondues, est « la plus bête et la plus dogmatique du monde » ! Doutons que F. Hollande prendra les mesures impopulaires nécessaires mais qui compromettront sa réélection.

03 novembre 2012

Les Transhumanistes

Nous assistons, depuis quelques années, au développement accéléré de certaines sciences et technologies, en particulier les nanotechnologies, la biologie, l’informatique et les communications, la convergence de toutes ces sciences étant regroupées sous le sigle NBIC. Sous l’influence de ces technologies, la réalité dans laquelle se meut l’homme est de plus en plus numérisée et virtualisée. Les hommes, à qui ont demandent de plus en plus d’autonomie, sont paradoxalement entourés de machines toujours plus nombreuses et de plus en plus complexes qui les contrôlent et les guident. Ces systèmes en viennent à utiliser les hommes comme des instruments. Au Japon et en Australie, dans les maisons de retraite et les centres de soins, les personnes âgées sont de plus en plus prises en charge par des robots et des machines complexes et spécialisées, connectés entre eux en véritables réseaux. Le développement de ces machines s’appuie sur les progrès de l’Intelligence Artificielle qui tente de reproduire le fonctionnement du cerveau humain. La biologie, utilisant l’imagerie médicale, tente de comprendre le fonctionnement des neurones, les nanotechnologies cherchent à produire des éléments informatiques de plus en plus minuscules pour pouvoir envisager de les implanter dans le corps humain. Un groupe de futurologues, à partir de ces constatations, inventent un futur hypothétique, et se dénomment les Transhumanistes. Le transhumanisme, utilisant le sigle H+, est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l'usage des sciences et des techniques évoquées ci-dessus afin d'améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables et tente de les supprimer. Les penseurs transhumanistes, se laissant aller au délire sectaire, prédisent que les hommes pourraient être capables de se transformer en êtres dotés de capacités telles qu'ils mériteraient l'étiquette de « posthumains », ce qui laisse supposer que les hommes, tels des super-héros, ne seraient plus tout-à-fait des êtres humains. Ce mouvement a ses gourous tel Raymond Kurzweil. Celui-ci a proposé des théories étendant la loi de Moore à des formes de calcul autres qu’informatiques, qui suggèrent que les phases de croissance exponentielle du progrès technologique feraient partie de l’histoire humaine, et ceci dès l’apparition de la vie sur Terre à cause de sa complexification biologique. Toujours d’après R. Kurzweil, cette loi conduira au cours du XXIe siècle à un progrès technologique inimaginable et transformera l’Homme en posthumain, nouveau genre d’home « sapiens sapiens sapiens ». Utilisant abusivement la notion de singularité de la Relativité Générale, cette évolution exponentielle conduirait à une singularité technologique. La singularité technologique (ou simplement la Singularité) est un concept selon lequel, à partir d'un point hypothétique de son évolution, la civilisation humaine connaîtra une croissance technologique d'un ordre supérieur. Au-delà de ce point, le progrès ne serait plus l’œuvre que d’intelligences artificielles elles-mêmes en constante progression. Il induit des changements sur la société des hommes tels que l’individu humain d’avant la singularité ne peut ni les appréhender ni les prédire de manière fiable. R. Kurzweil, se conduisant comme un gourou de secte a créé, avec l’aide de Google et de la NASA, un établissement d’endoctrinement qu’il a appelé l’Université de la Singularité où il attire des décideurs et des chefs d’entreprises, pour la plupart issus du milieu des ultra-libéraux (les libertariens) de droite de la société américaine. A cet effet, l’université propose un cursus qui mêle nanotechnologies, robotique, intelligence artificielle et études spaciales... Et ce n’est pas un hasard si cet établissement est implanté juste en face de l’impressionnant campus de Google, dans la Silicon Valley. En effet, Larry Page, co-fondateur de Google, a investi 250.000 dollars dans un projet sur lequel des ingénieurs travaillent chaque jour à la création d’un cerveau artificiel géant dont l’objectif est de surpasser un jour celui du cerveau humain. Google pense que d’ici 2020, nous aurons un implant qui nous connectera au web en permanence nous donnant ainsi un accès direct et permanent aux bases de données mondiales. L'homme et les réseaux technologiques s'interpénétreront et se renforceront réciproquement d'une façon qui fera reculer sans limites prévisibles les frontières de la vie intelligente. Heureusement, ces hypothèses sont régulièrement et vivement critiquées pour leur manque de solidité scientifique. Rappelons qu'une courbe exponentielle (y= exp(x)) ne débouche sur aucune singularité, mais tend vers l'infini pour x positif et vers zéro pour x négatif. Il n’y a aucune singularité du type de celle de la Relativité qui conduit à un Univers de volume nul pour une densité infinie. N’oublions pas, non plus, qu’un cerveau humain comporte 100 milliards de neurones, chacun d’entre eux ayant environ 10.000 connexions neuronales ! Construire un cerveau artificiel ayant les mêmes capacités est, tout simplement, une utopie. Mais, surtout, l’essentiel de la vie humaine se caractérise par ce qui ne peut pas se décompter ni se numériser (la tendresse, l’émotion, la culture, le désir, …). Il faut enlever aux experts le soin de gérer la vie humaine !

27 octobre 2012

L’Europe est malade

Le moins que l’on puisse dire est que l’enthousiasme européen est une denrée de plus en plus rare. Le désamour, voire le rejet, de l’Europe de la part des citoyens provient du fait, d’après J. Habermas, que le niveau d’expression du citoyen européen a été kidnappé par des instances européennes non élues démocratiquement et que les décisions prises à ce niveau le sont sans aucune consultation des peuples eux-mêmes. La longue Histoire des peuples européens a imprégné ceux-ci de la nécessité absolue d’un fonctionnement démocratique, c’est-à-dire du pouvoir de décision de la majorité des citoyens. La Commission européenne ou les instances intergouvernementales prennent leurs décisions sans aucune consultation des peuples et présentent leurs décisions comme étant incontestables et les seules possibles. Le refus de l’Allemagne concernant le rapprochement franco-germano-anglais des industries aéronautiques et de défense est l’exemple même d’une décision unilatérale imposée à tous. Les peuples européens qui ont l’habitude de s’exprimer au niveau national ne supportent pas de ne pas l’être au niveau européen. La solution serait donc de soumettre toute décision des instances européennes à l’approbation des peuples européens. Telle est la proposition de J. Habermas. Louable projet, mais dont on peut se demander quelle en est la faisabilité. L’Europe comprend aujourd’hui 27 pays, c’est-à-dire 27 peuples différents avec leur propre histoire et leurs propres contradictions. Peut-on envisager qu’un peuple se conforme à une décision européenne qu’il rejette au prétexte que la majorité des autres pays européens a accepté ? On peut sérieusement en douter, du moins on peut prévoir qu’un tel fonctionnement ne soit refusé par les peuples soucieux de leurs prérogatives. Le rejet de la Constitution européenne par la France et les Pays-Bas a été imposé aux autres pays européens qui étaient favorables à cette avancée. Il est à noter que l’approbation de la Constitution exigeait l’unanimité ce qui, d’une part a été la cause de l’échec, d’autre part relève d’un fonctionnement non démocratique. Cela démontre l’inanité des modes de fonctionnement des mécanismes européens. Trouver une autre façon de fonctionner qui place en son centre la démocratie et les peuples européens est une tâche difficile. D’autant plus qu’il faudra trouver une majorité pour un tel changement. Or cette majorité sera beaucoup plus difficile à construire à 27 qu’à 15 ou 7. L’élargissement s’est fait dans la précipitation, avant d’avoir fixé les règles d’un fonctionnement démocratique dans tous les domaines et qui aurait pu alors être imposé aux candidats à l’Europe. Un tel fonctionnement aurait évité que les organes européens apparaissent comme illégitimes aux yeux des peuples et que les décisions prises soient ressenties comme imposées par des individus non élus. L’Europe ne sera jamais une fédération d’Etats comme celle des Etats-Unis ou de Landers comme celle de l’Allemagne. En effet, dans ces deux cas, le système fédéral s’applique à un peuple unique partageant une même Histoire, ce qui n’est pas le cas pour l’ensemble de l’Europe. Il faut inventer quelque chose de différent. Mais, quelle que soit la solution, il y faut un préalable : donner aux citoyens une envie d’Europe. Pour cela, il faut que les politiques qui nous gouvernent aient une véritable ambition européenne qui ne soit pas réduite aux seules tactiques électorales ! Il faut donc que les politiques eux-mêmes soient les chantres d’une démocratie à l’échelle européenne, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Mais encore une fois, cela aurait été plus facile à 7 qu’à 27 …

18 octobre 2012

L’Europe et le Nobel

Surprenant le monde entier, le comité Nobel a attribué le prix Nobel de la Paix à l’Europe. Aussitôt, des voies se sont élevées de toutes parts pour faire des commentaires plus ou moins fondés. Les bien-pensants persifleurs, les euro-septiques et les souverainistes ont ironisé ou condamné cette nomination en faisant appel aux plus démagogiques des arguments, en particulier en rendant l’Europe responsable de la crise économique qu’elle traverse. Les hommes chérissent les causes des évènements dont ils déplorent les conséquences ! C’est oublier un peu vite que cette crise a ses racines aux USA et qu’elle se répand sur toute la planète, n’épargnant pas même la Chine qui s’inquiète de voir son taux d’expansion diminuer de façon inquiétante. C’est oublier que les raisons fondamentales de la création de l’Europe par ses géniteurs ont été de la mettre à l’abri des guerres monstrueuses qu’elle avait subies en 1914 et 1940 avec leurs 70 millions de morts. C’est oublier qu’en effet, depuis plus de 60 ans, l’Europe est un espace de paix et de coopération comme Robert Schumann l’avait rêvé en 1950 en créant une communauté économique franco-allemande. Même si l’intégration politique se heurte aux égoïsmes nationaux, l’intégration progressive économique a permis que l’Europe devienne la première puissance économique mondiale, un espace de liberté, de paix et de protection sociale. C’est oublier que, même si les dérives du monde financier ont fait preuve de nuisance insupportable, la pauvreté a globalement reculé en Europe. Condamner l’Europe parce que des peuples souffrent d’une crise sans précédent, due à l’incurie des politiques qui ont enfoncé leur pays dans une dette devenue insupportable, c’est se tromper de combat. On peut juste regretter que ce prix Nobel de la Paix intervienne trop tard pour ne pas avoir été attribué à R. Schumann, De Gaulle ou Adenauer, comme il a été attribué trop tôt à Barak Obama.

10 octobre 2012

La croissance, espèce en voie de disparition

Le développement économique s’appuie classiquement sur trois acteurs principaux : l’Etat, le consommateur, l’entreprise. L’Etat intervient sur le développement économique par le biais des investissements publics, des grands travaux, des aides fiscales. Le consommateur intervient par son pouvoir d’achat et sa consommation qui stimule la production. Enfin l’entreprise influence l’économie par ses investissements productifs et la création d’emplois. Bien entendu, les interactions entre ces acteurs sont plus complexes et leurs jeux plus interdépendants, mais l’essentiel est là. Or, actuellement, en France aucun de ces trois acteurs n’est en mesure de participer à la relance de l’économie. L’Etat est en faillite et ses caisses sont vides. Il n’a plus les moyens d’une relance keynésienne d’envergure. Le ralentissement économique tarit la source fiscale de ses recettes l’incitant à rechercher de nouvelles sources d’impôts. Dans la recherche de réduction du déficit, l’Etat avait le choix entre la diminution des dépenses et l’augmentation des recettes. C’est ce dernier choix qui a été le sien, le conduisant à augmenter la pression fiscale sur tous les acteurs de l’économie. Le consommateur voit son pouvoir d’achat diminuer par une pression fiscale en croissance importante qui provoque une diminution de la consommation, mettant à mal la doxa socialiste d’une politique de la demande. Antienne de toute campagne électorale, le gouvernement actuel a clamé avec aplomb et sur tous les tons que 90% des contribuables ne subiraient pas d’augmentation d’impôts. Sauf le gel des tranches d’imposition, la taxe spéciale sur les retraites pour financer la branche dépendance de la Sécurité Sociale, les taxes sur divers produits alimentaires, l’explosion des impôts locaux, la réduction de la demie part pour enfants majeurs, toutes mesures qui touchent finalement la totalité des Français ! Enfin, les entreprises sont soumises non seulement à une récession du marché occidental, voire mondial, mais également à la pression fiscale croissante qui les plonge dans la méfiance et supprime leurs projets d’investissement (sans compter les exigences insupportables des acteurs financiers et des actionnaires). Et sans investissement, il ne peut y avoir de croissance de l’économie réelle. Elles sont, de plus, poussées à la méfiance par le discours pour le moins hostile de l’Etat et de certains de ses ministres envers elles, fortement soutenus dans ce domaine par quelques représentants syndicaux irresponsables et partis politiques dont le discours anti-patronal a pris un ton d’une violence jamais vue. Le résultats de tout cela est une croissance nulle depuis plusieurs trimestres qui annonce une augmentation inéluctable du chômage dans l’année qui vient. En-dessous d’un taux de croissance de 2%, l’économie détruit des emplois. Or, le FMI prévoit pour la France un taux de croissance de 0,4% pour 2013 soit cinq fois moins que le nécessaire vital ! L’Etat ne pourra pas longtemps se défausser sur l’héritage du gouvernement précédent pour justifier la récession du pays qui s’annonce longue et dure. La Grèce, l’Espagne et le Portugal sont là pour nous montrer ce qui nous attend. Un Etat dont la ligne directrice du projet de gouvernement est difficilement discernable, des entreprises qui font faillite ou cherchent à se délocaliser pour échapper à la pression fiscale, des citoyens consommateurs au pouvoir d’achat réduit et toujours plus sensibles à la démagogie (la mesure gouvernementale la plus populaire est la baisse du salaire du Président et des ministres – sondage OpinionWay !), décidément les acteurs sont mal en point ! La confiance n’existe plus nulle part. Or, c’est le carburant essentiel d’une reprise économique. Le moteur est à l’arrêt …

23 septembre 2012

Caricatures et violences

Le mot « insulter » vient du sens latin « braver, attaquer » qui a perduré jusqu’au XIXe siècle. Le sens a ensuite dérivé pour signifier « traiter avec violence » avant de prendre le sens qu’il a aujourd’hui, celui d’injurier. Le principe de réalité est (école Freudienne) la capacité d’ajourner une satisfaction pulsionnelle. Autrement dit, c’est un renoncement au plaisir immédiat et une adaptation à l’environnement extérieur justifiant cette renonciation. Dans la République laïque française, le blasphème n’existe pas (depuis Voltaire et la révolution française, définitif depuis la séparation de l’église et de l’Etat en 1905). Mais sont encore nombreux les pays européens qui reconnaissent et punissent le blasphème : l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne, l’Irlande, les Pays-Bas, la Pologne, la Grèce, la Suisse. Même en France, il existe des exceptions : l’Alsace et la Guyane. La vraie laïcité est encore une denrée rare ! La justice n’étant pas une vengeance, celui qui se sent insulté a le droit de saisir les tribunaux au nom de l’incitation à la haine ou du trouble à l’ordre public. Pouvons-nous alors porter un jugement sur l’affaire du film islamophobe et imbécile américain et sur les caricatures de Charlie Hebdo ? Comme ils en ont l’habitude, les islamistes les plus virulents qui se disent insultés, c’est-à-dire injuriés, ne recherchent pas la justice mais la vengeance. En cela, leurs violences restent sans excuses possibles. Il ne fait pas beaucoup de doute qu’elles sont le résultat d’une manipulation des extrémistes islamistes, tant il est facile d’entrainer les foules, comme l’Histoire l’a montré de nombreuses fois. Cette affaire pose la question des limites de la liberté d’expression. Celle-ci est une liberté fondamentale de la République Française depuis la Révolution de 1789. Elle est citée à l’article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948. Mais, comme toutes les autres libertés d’une République, celle-ci a des limites qui sont l’atteinte aux libertés d’autrui ainsi que certains principes définis par la loi comme l’incitation à la haine ou le trouble à l’ordre public. Ceci pousse à poser la question suivante : la liberté d’expression doit-elle tenir compte de ses effets et conséquences ? Doit-elle tenir compte du principe de réalité, c’est-à-dire de la réalité du contexte et des effets potentiels induits ? L’auteur des caricatures devait-il se laisser guider uniquement par ses convictions ou son désir de notoriété ? La réalité était que la parution de ces caricatures, dans le contexte créé par le film imbécile d’un américain débile et copte fanatique, devait nécessairement entraîner des violences. Les morts que ces violences ont provoquées, ainsi que les menaces exercées sur la vie des otages français détenus par al-Qaïda, sont là pour l’attester. Quel était l’objectif du caricaturiste : provoquer le rire ou l’humiliation ? Pourquoi ne s’est-il pas poser la question de savoir combien en riront et combien se sentiront humiliés ? Le caricaturiste avait forcément conscience de mettre en danger les français vivant dans les pays musulmans, ou alors il est totalement inconscient et donc dangereux. Malgré cette mise en danger, il n’a pas su résister à l’appel douteux de la publicité personnelle. Il n’a pas su mettre en pratique le principe de réalité. On peut aussi se poser des questions sur les motivations douteuses des acquéreurs du journal qui se sont rués sur le numéro. Toute provocation étant de même nature, en quoi la provocation du caricaturiste de Charlie-Hebdo est-elle différente de celles de Marine Le Pen ? Se poser ces questions relève de la critique et non de la censure, n’en déplaise à Libération et à Mr. Nicolas Demorand.

18 septembre 2012

l’eau dans le gaz !

Imaginez une épaisse pâte feuilletée avec un délicieux coulis de framboise entre ses feuillets. Comment faire pour récupérer ce coulis ? C’est à peu près le problème du gaz de schiste. Un schiste est une roche qui a pour particularité d'avoir un aspect feuilleté. Il s'agit d'une roche sédimentaire argileuse, ou bien d'une roche métamorphique. Seules les roches sédimentaires argileuses sont susceptibles de contenir du gaz. Le gaz de schiste est un gaz d’origine naturelle engendré par la décomposition de l’argile riche en matière organique. A l’inverse du gaz naturel que l’on trouve en nappe, il est piégé dans les roches poreuses où il se forme, entre 1500 mètres et 3000 mètres de profondeur. Il est donc nécessaire de fracturer ces roches pour pouvoir en extraire le gaz prisonnier des pores de la roche. La fracturation hydraulique est une technique, maîtrisée par les Américains, qui consiste à casser la roche à l’aide d’un mélange d’eau sous pression, de sable et de produits chimiques, provoquant une multitude de micro-fractures dans la roche. Un premier forage vertical est complété par un forage horizontal au niveau du gaz, permettant de faire remonter le mélange en surface par le puits vertical. Mais l’exploitation industrielle des gaz de schiste pose la question de son impact environnemental et sanitaire. Il semble que la fracturation hydraulique accroit les risques sismiques avec des magnitudes de l’ordre de 1,5 à 2,5 dans les régions concernées et des problèmes de contamination de la nappe phréatique par les produits chimiques employés comme additifs (biocides contre la prolifération bactérienne dans le puits et le fluide, lubrifiants pour favoriser la pénétration de sable dans les micro-fractures, détergents pour augmenter la productivité du puits). Les roches souterraines fracturées libéreraient également, outre le gaz de schiste, des métaux lourds ou de la radioactivité naturelle. Malgré ces risques, les Etats-Unis ont jugé stratégique l’utilisation de cette ressource pour réduire leur dépendance énergétique, créer un grand nombre d’emplois (600.000 aujourd’hui avec un horizon d’environ 1 million) et relancer ainsi la croissance économique. En France, les retombées négatives, via les pollutions engendrées identifiées dans le secteur des eaux de source et eaux potables, ont donné lieu à une forte opposition au sein du gouvernement, chez les écologistes et dans les secteurs du tourisme et de l’agriculture. Les décisions récentes du Président de la République et du gouvernement annulant l’autorisation des forages de recherche porte un coup d’arrêt à cette technique. Or, si tout le monde s’accorde, même les compagnies pétrolières intéressées par cette technique, pour dire que la fracturation telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, notamment aux USA, présente des dangers importants, rien n’interdit de penser que les recherches dans ce domaine permettront de trouver des procédés moins dangereux et sans impact sur l’environnement (par air comprimé ?). Evidemment, si la recherche s’interrompt, il n’y aura jamais d’extraction de gaz de schiste en France, ce qui ne satisfait pleinement que les écologistes. Ainsi, après avoir détruit la filière des OGM (tous les chercheurs français dans ce domaine sont partis à l’étranger), raté la filière des panneaux photovoltaïques abandonnée à la Chine (la France a perdu 10.000 emplois), commencé la destruction de la filière nucléaire, voilà que la France se ferme la porte de la filière des gaz de schistes. La situation française actuelle n’est guère meilleure en ce qui concerne l’énergie éolienne. Les pays pionniers en ce domaine sont les Etats-Unis (47000 MW), l’Allemagne (29000 MW), les Pays-Bas (23400 MW), l’Espagne (15000 MW). La France, loin derrière, ne produit que 5600 MW. Il semble que la France soit douée pour rater les technologies nouvelles actuelles. La compétitivité du pays est déjà mauvaise, descendue au 21ème rang des pays mondiaux, et cette utilisation abusive du principe de précaution sur les sources énergétiques n’arrangera rien. La France n’est, décidément, plus le pays de l’innovation ! Plutôt que de tout interdire, il aurait mieux valu investir de façon importante dans la recherche de procédés non polluants pour permettre au pays d’avoir accès à l’énergie endogène des gaz de schiste. Ceci nécessite, évidemment, de mesurer d’abord l’importance des gisements pour savoir si l’investissement a une chance d’être rentable à terme. C’est du simple bon sens. Il est à craindre que la décision prématurée d’interdiction ne soit que purement idéologique, politicienne et clientéliste et qu’elle ait été prise sous la pression d’un parti écologiste dogmatique qui ne représente pas la majorité du pays mais prive cette dernière d’une source de progrès comme elle l’a été aux USA.

15 septembre 2012

Karl et la dette

« L'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire des luttes de classes » écrit Karl Marx dans le Manifeste Communiste, rédigé peu avant les révolutions de 1848. K.Marx distingue deux classes fondamentales. D’une part, les capitalistes ou bourgeois, classe dominante qui possède le capital et dispose ainsi des moyens de faire travailler autrui à son profit. D’autre part, le prolétariat, regroupant les personnes qui n'ont pas de capital et vendent leur force de travail pour subsister. Il s'agit de la classe salariée. La vie sociétale se réduit à la lutte frontale entre ces deux classes. Le Parti Communiste, fondé en 1920, s’est emparé aussitôt de ce concept et en a fait son cheval de bataille jusqu’à aujourd’hui. Les syndicats, existant en France depuis 1884, ont emboités le pas au Parti communiste avec enthousiasme, trouvant dans ce concept la base d’une dialectique dogmatique qui perdure encore de nos jours au sein de la plupart d’entre eux. Rapidement, cette notion de lutte des classes s’est transformée en lutte anti-patronale, cette vision partisane créant dans le pays un sentiment général de méfiance envers les entreprises, faisant oublier que, sans elles, il n’y a pas d’emplois créateurs de réelles richesses nationales. De plus, les dirigeants des grandes entreprises sont rarement propriétaires du capital. Cette méfiance anti-entreprise a eu comme conséquence de créer chez les salariés une aversion au travail et une inflation des emplois protégés, c’est-à-dire de fonctionnaires ou assimilés. Il y a 5,3 millions de fonctionnaires en France en 2011. Au total, entre 1998 et 2009, l'emploi public a augmenté de 15 % alors que l'emploi total augmentait de 9,5%. C’est en 2011, et pour la première fois, que le nombre de fonctionnaires diminuait de 20 000, soit 0,4 % ! La France compte encore 90 fonctionnaires pour 1000 habitants alors que l’Allemagne en compte 50, soit presque deux fois moins. Dans le même temps, la détestation du travail chez les salariés a poussé les syndicats dans une revendication permanente de la réduction du temps de travail, journalier, hebdomadaire, annuel et sur la durée de la vie professionnelle. La quantité de travail produite par le pays a donc diminué de façon drastique à la suite de ces réductions : réduction du temps de travail journalier, loi actuelle des 35 heures hebdomadaires (qui coute actuellement plusieurs dizaine de milliards au pays), extension de la durée des congés payés, diminution de l’âge de la retraite, création des régimes spéciaux. La réduction de la quantité de travail produite ne pouvait avoir qu’une conséquence, la diminution de la production globale du pays et, à productivité pratiquement constante, l’augmentation du coût du travail avec son impact immédiat sur la compétitivité des entreprises. La moindre performance française à l’exportation, endémique depuis plusieurs dizaines d’années, s’est accompagnée d’une accélération marquée des importations, notamment de produits industriels. Le solde déficitaire des échanges extérieurs s’est ainsi fortement creusé. En 2010, dans le seul domaine industriel, le montant des exportations françaises de produits industriels ne représente plus que 93% du montant des importations de ce même type de produits. La part des exportations françaises de marchandises dans les exportations mondiales est ainsi passée d’un peu moins de 6% en 1970 à 3,5% en 2010. La France se trouve ainsi devant la Finlande, l’Irlande et la Grèce mais loin derrière les pays européens les plus performants avec un taux de croissance de ses exportations trois fois plus faible que celui de l’Allemagne ou des Pays-Bas. Bien entendu, ce déficit chronique de la balance commerciale a pour conséquence que le pays dépense plus qu’il ne gagne, d’où le creusement permanent de la dette. A cet effet s’ajoute les conséquences du « toujours plus de moyens », leitmotiv de tous les syndicats et une des origines des dépenses croissantes du système social, créé en 1944 par le Conseil National de la Résistance. Les besoins en financement de la Sécurité Sociale ont grandi à tel point qu’aujourd’hui ce système est, en grande partie, financé par l’emprunt. Ce mode de financement met le budget du pays systématiquement en déficit, le remboursement des intérêts de la dette étant devenu le second poste budgétaire juste derrière celui de l’Education Nationale, ce qui s’ajoute au creusement de la dette. Le déficit public de la France s'est définitivement établi en 2011 à 5,2% du produit intérieur brut (PIB). La dette publique a continué d'exploser, atteignant 85,8% du PIB en 2011 contre 82,3% en 2010, selon l'Insee. Voilà pourquoi on peut dire que Karl Marx est le père de la dette publique !

07 septembre 2012

La morale laïque

A peine le ministre de l’Education Nationale a-t-il évoqué l’introduction de cours de morale dans l’enseignement que le monde des intellectuels de tous bords et le monde des enseignants s’agitent « de façon brouillonne dans le filet des concepts admis ». Les uns ratiocinent sur le sens des mots, les autres se braquent – comme ils en ont l’habitude – contre tout changement de l’enseignement. A ce concert de critiques s’ajoute celui des syndicats de parents d’élèves qui s’insurgent que le ministre ne leur ait pas demandé leur autorisation préalable avant de faire cette annonce. Certes, les parents ont un rôle majeur dans l’enseignement de la morale qui passe, en priorité, par leur propre comportement. Il n’appartient pas au ministre de l’Education Nationale de dicter aux parents le rôle qu’ils doivent avoir auprès de leurs enfants dans ce domaine. Les critiques mélangent sans précaution les concepts de morale, d’éthique, de civisme, de discipline et tentent de nous faire croire que nous assistons à une révolution. On oublie que, déjà dans les années 50, existait en classes terminales un cours de philosophie qui comportait deux grandes parties : la logique et la morale dont le caractère laïque ne faisait aucun doute. Il existe déjà, disent certains, des cours d’instruction civique, confondant l’enseignement du fonctionnement des institutions et l’enseignement des comportements en société. La violence à l’école (et ailleurs) est, pourtant, le signe évident qu’il devient urgent de faire comprendre aux enfants qu’il existe des comportements inadmissibles lorsqu’on appartient à une communauté. Et si cette violence existe, c’est aussi le signe qu’il y a défection des parents dans ce domaine. Et l’on touche du doigt un problème que les cours de morale ne sauront résoudre : celui de la continuité entre la morale à l’école et dans la famille. Dès que l’on évoque les enfants violents ou délinquants, on entend dire qu’il ne s’agit que d’une très grande minorité qui ne justifie pas que l’on traite tous les enfants de la même façon. C’est oublier qu’il suffit de quelques uns pour détériorer la vie de la majorité. Mille voyous suffisent à rendre insupportable la vie des vingt mille habitants des quartiers sensibles de Marseille ou d’Amiens. L’école est une micro-société où les enfants se socialisent. Il est donc naturel que l’école apprenne à ces enfants les règles du comportement en société. Laïque cette morale ? Mille fois oui. Il ne s’agit pas, en effet, d’inculquer aux enfants une morale qui explique la conduite à suivre pour gagner un quelconque et hypothétique paradis, peuplé ou non de vierges, en respectant des préceptes inscrits dans le Livre, mais de leur expliquer les règles d’un comportement civil en société. Il s’agit d’un complément logique à l’instruction civique. Cette dernière décrit les droits du citoyen dans le cadre d’institutions, la morale laïque doit expliquer les devoirs du même citoyen dans le cadre d’une vie en société. Mais aujourd’hui l’école fait trop de choses. Les cours sur le code de la route ou de cuisine par exemple n’ont rien à faire dans cette école. Faisons de la place pour l’apprentissage de la morale, autrement important. Et formons les enseignants pour assurer le succès d’une transmission effective de la morale laïque entre l’enseignant et l’élève.

22 août 2012

Le Liborgate

Décidément, le monde de la finance est pourri jusqu’à la moelle ! Nous déjà avons subi les subprimes qui ont plongé la planète dans la récession, les produits financiers toxiques qui ont révélé l’absence de morale des spéculateurs, l’affaire Kerviel qui a mis en lumière le laxisme banquier, le rôle plus que douteux joué par Goldman Sachs dans la crise grecque et, tout récemment, l'argent sale de tous les trafics blanchi par HSBC. Voilà que, maintenant, le "liborgate" met en pleine lumière que nous avons affaire au grand banditisme sans foi ni loi. Les banques sont à nouveau sous les feux des projecteurs pour avoir manipulé le Libor (London Interbank Offered Rate) et l'Euribor entre 2005 et 2009. Le Libor, à la formation duquel contribuent jusqu’à 18 banques, est calculé sur la base des estimations des intérêts dus par de grandes banques internationales sur les prêts qu'elles s'accordent les unes aux autres. Ce taux de référence du marché interbancaire est essentiel car il permet de déterminer le prix de 350.000 milliards de dollars de produits financiers. Cette manipulation ne concerne pas seulement quelques brebis bancaires égarées, mais de presque tout le troupeau ! Le 27 juin dernier, le scandale éclate : la banque britannique Barclays révèle qu'elle a négocié le paiement d'une amende de 290 millions de livres avec les régulateurs britannique et américain pour avoir manipulé de façon frauduleuse la fixation du Libor et éteindre ainsi les poursuites. A l’heure actuelle, ont été prises la main dans le sac UBS, Barclays, le Crédit Suisse, Bank of Tokyo Mitsubishi UFJ , Royal Bank of Scotland, peut-être la Société Générale, Deutsche Bank, Lloyds Banking Group, Citigroup, HSBC, peut-être le Crédit Agricole. D’autres sont vraisemblablement à venir. Quand donc les politiques auront le courage de prendre les décisions qui permettront enfin de réguler et de contrôler vraiment les activités d’un monde sans morale qui fixe lui-même ses règles de fonctionnement pour son plus grand profit ? La spéculation est un venin mortel qui plonge des Etats dans la récession, entrainant dans la souffrance des peuples entiers qui n’en demandaient pas tant !

15 juillet 2012

Le chainon manquant

Si l’on fait le compte de ce qui caractérise l’action des islamistes extrémistes qui sévissent sur la planète, la liste non exhaustive que l’on peut dresser fait froid dans le dos : • la destruction des tours jumelles du 11 Septembre 2001 ; • la destruction des bouddhas de banian ; • la destruction du patrimoine culturel de Tombouctou (mausolées et mosquées) ; • l’assassinat des femmes à la kalachnikov sous les applaudissement de la tribu; • la flagellation de la femme en public ; • l’obligation faite aux femmes du port de la burka et du voile intégral ; • l’interdiction de l’éducation des filles ; • les attentats suicides et les automobiles piégées au milieu de la foule ; • le banditisme et la prise d’otages ; • le culte du jihad et de la charia ; • l’appel au meurtre. Ce qui laisse le monde civilisé perplexe est que ces exactions, à part la destruction des tours jumelles et les prises d’otages qui ont été des actions aveugles, s’exercent contre des musulmans qui sont considérés comme « infidèles » au prétexte mensonger qu’ils ne respectent pas la lettre du Coran. Ces forfaitures manifestent ainsi l’inculture et l’obscurantisme total de leurs auteurs. Leur haine est une haine identitaire et non une haine de culture, parce qu’ils n’ont aucune culture islamique, aucune culture arabe, tout simplement aucune culture. Ces islamistes ne sont rien d’autre que des terroristes incultes et barbares. Il est impossible de les considérer comme des êtres humains à part entière. Violence, haine, aculturation, amoralité les caractérisent, comme cela caractérise de nombreux animaux sauvages. Les islamistes extrémistes, salafistes, wahabites et autres talibans ou jihadistes, sont le chainon manquant entre les animaux et l’homme, rejoignant ainsi les assassins génocidaires de l’Histoire assis sur une branche pourrie de l’arbre de l’évolution.

02 juillet 2012

Dilemme et contradiction

Les résultats en trompe-l’œil du dernier G20 laissent une impression de tour de passe-passe qui veut nous faire croire que les tourmentes de la zone euro sont derrière nous. La meilleure preuve en est le projet (ce n’est donc pas une certitude !) de 120 milliards d’investissement pour la relance de la croissance. La zone euro compte 17 pays, ce qui représente 7 milliards pour chacun. Rappelons-nous que le « grand emprunt » souscrit par le dernier gouvernement Fillon a été de 37 milliards d’euros pour la seule France ! De plus, ces 120 milliards comprennent des fonds structurels existants et des « project bonds » destinés à financer de grands chantiers (vieille idée de J.Delors qui prônait l’Europe des grands projets), non précisés jusqu’à présent. Cela relativise fortement l’impression de victoire suscitée par ces 120 milliards ! Par contre, la certitude existe que les divergences entre l’Allemagne et la France persistent et contribuent à distendre les relations entre ces deux pays. Deux conceptions s’affrontent sans que l’on puisse dire aujourd’hui si un compromis véritablement opératoire est à l’horizon. Sous la pression des « nonistes », F. Hollande met l’accent prioritaire sur la reprise de la croissance et sur la solidarité européenne au détriment de l’intégration européenne qui nécessite la perte d’une partie de la souveraineté nationale. N’oublions pas, en effet, que le PS comporte, en son sein, des « nonistes » dont le plus éminent est l’actuel ministre des Affaires Etrangères, et qui sont, pour partie, souverainistes. Encore faut-il s’entendre sur ce terme. En effet, il existe deux souverainismes bien différents : celui qui se traduit par la souveraineté du peuple et celui qui veut dire la souveraineté de la Nation. Le premier se nomme démocratie, le second se nomme nationalisme. Les « nonistes » socialistes sont les défenseurs de la souveraineté de la Nation quitte à jouer avec le feu et provoquer (souhaiter ?) l’éclatement de la zone euro. En ce sens, ils se comportent en alliés objectifs des marchés spéculatifs qui font le même pari. L’Allemagne, principal contributeur de la zone euro et attachée à une monnaie forte et à une inflation faible, donne pour ces raisons la priorité à une intégration européenne plus forte, c’est-à-dire à un contrôle budgétaire des pays « dépensiers » (dont la France fait partie) avant de consentir à toute dépense dite d’investissement supplémentaire. Cette intransigeance allemande tient au fédéralisme et au fait que la Chancelière est obligée d’obtenir l’accord du Bundestag sur toute décision qu’elle pourrait prendre. Or, les eurosceptiques sont de plus en plus nombreux en Allemagne. Bref, malgré l’autosatisfaction française et l’apparente euphorie de la Bourse (nécessairement éphémère), la situation n’a, en réalité, guère évolué et l’Europe n’est pas sortie de ses difficultés. N’est-il pas étrange que plus personne ne parle de la Grèce alors que sa situation est toujours aussi catastrophique ? De même que le capitaine Haddock perd le sommeil pour ne savoir décider s’il doit dormir avec la barbe sur ou sous les draps, les responsables politiques européens se demandent s’il faut en priorité plus d’intégration ou plus de croissance. Le seul constat qui s’impose est que l’Europe n’a pas de grand leader.

14 juin 2012

Rétroaction et démocratie

En cybernétique, la rétroaction est utilisée afin que les effets d’un système agissent sur les causes pour atteindre un optimum de fonctionnement. Mais il arrive que la rétroaction des effets sur les causes amplifie le déséquilibre. On parle alors de rétroaction positive. Par exemple, le réchauffement des eaux de l’océan Arctique fait fondre la glace polaire dont la surface diminue. Or, par effet albédo, la glace renvoie une partie des rayons solaires vers l’atmosphère. Si la surface de la glace diminue, l’effet albédo diminue également, l’absorption des rayons solaires par l’océan augmente et le réchauffement des eaux également. Ainsi, le réchauffement climatique crée un cercle vicieux accélérant la fonte des glaces. En physique, ces rétroactions positives sont nombreuses et connues. Mais elles existent aussi dans le monde politique. Les hommes politiques sont addicts du pouvoir et les citoyens, qui ne sont que des humains, sont essentiellement individualistes et égoïstes. Ces deux caractéristiques des hommes créent une rétroaction positive qui dénature profondément le fonctionnement de la démocratie. En effet, les dirigeants politiques, du fait de leur addiction, cherchent à conserver le pouvoir par tous les moyens disponibles dont le plus simple est de satisfaire coute que coute l’égoïsme de ceux qui doivent les élire. Comme ceux-ci ne sont préoccupés que par ce qui sert leur intérêt personnel et immédiat, les hommes politiques de tous bords sont immanquablement poussé au populisme de plus en plus prononcé pour conserver leurs électeurs. Il s’agit d’une sorte de contrat synallagmatique non écrit : « Dis-moi ce que je veux entendre et je voterai pour toi ». La poussée du populisme est visible dans tous les pays européens. Cette rétroaction positive empêche les dirigeants d’avoir une vision à long terme qui demanderait des investissements (donc des impôts) dont la rentabilité ne peut se mesurer que dans le long temps et de s’engager dans des actions privilégiant l’intérêt collectif sur les intérêts corporatistes. C’est pourquoi l’écologie et la lutte contre le réchauffement de la planète ou le gaspillage des ressources n’ont aucune chance. La preuve en est cette floraison de projets d’extraction pétrolière au Pôle Nord ou dans les réserves terrestres et maritimes, et tant pis pour les peuples du Nord canadien et pour les Amérindiens. A l’Assemblée plénière du IVe sommet de la Terre en 2002 à Johannesburg, Jacques Chirac s’est exclamé : « La maison brule et nous regardons ailleurs ». Les hommes ne regardent pas ailleurs, ils contemplent leur nombril. Churchill avait raison en disant que la démocratie est le pire des systèmes à défaut de tous les autres. Pour échapper à cette rétroaction positive et mortifère, il faut des hommes d’Etat exceptionnels comme l’ont été Louis XIV, Napoléon, Clémenceau, Churchill, De Gaulle et quelques autres qui étaient tout sauf « normal » ! Hélas, ces hommes sont rares.

06 juin 2012

Le machisme d’Etat

Le Conseil Constitutionnel est sensé être le siège de la sagesse éclairant le monde politique pour le guider dans son travail législatif et lui éviter de sortir des principes de la Constitution Française. Ils sont neufs sages qui regardent d’un œil scrupuleux les travaux de l’Assemblée pour donner ou refuser leur imprimatur. Le Code Pénal contenait un article punissant le harcèlement sexuel. La loi de 1992, modifiée en 2002, précisait que le fait de harceler autrui dans le but d’obtenir des « faveurs » (sic !) de nature sexuelle est puni d’un an de prison et de 15000 euros d’amende. Le Conseil Constitutionnel a abrogé cet article du Code pénal au prétexte qu’il a jugé la formulation trop floue, avec effet immédiat. Et l’effet a été immédiat. Toutes les plaintes en cours, tous les procès en cours concernant un harcèlement sexuel ou moral ont été annulés. La situation est donc qu’aujourd’hui il est devenu impossible de porter plainte pour ce motif. Les harceleurs peuvent donner libre cours à leurs vices… et les femmes n’ont plus que le droit de se morfondre et de supporter. On imagine sans peine la détresse de celles qui sont soumises à leurs bourreaux malveillants, qu’ils exercent leur sale boulot au sein du monde du travail ou du monde conjugal. Neufs hommes et deux femmes siègent au Conseil constitutionnel. On imagine facilement, du moins on l’espère, l’indignation de ces dernières lorsque les machistes cacochymes ont effacé d’un trait de plume le seul moyen donné aux femmes harcelées de se défendre tant bien que mal. Certes, l’Assemblée va voter un nouveau texte sur la violence faite aux femmes. Mais le temps passe et laisse les harceleurs dans l’impunité totale. Les allées et venues entre l’Assemblée et le Sénat vont laisser le temps pour que quelques femmes soient poussées à la démission, voire pire. Comment ces hommes d’un autre temps n’ont-ils pas imaginé de laisser la loi en cours se poursuivre et de demander aux politique d’en améliorer le texte avant toute abrogation, pour éviter ce vide juridique insupportable, même s’il est provisoire. Il est plus que temps que la constitution du Conseil constitutionnel soit revue en profondeur !

21 mai 2012

Un état des lieux

François Hollande nous dit, avec aplomb, avoir déjà honoré son mandat au prétexte que les membres du dernier G8 ont évoqué le mot de croissance durant leurs discussion. On savait déjà depuis longtemps que le G8 n’aboutissait jamais à des décisions et se contentait toujours d’une langue de bois de bon aloi. Très disert sur le pourquoi mais silencieux sur le comment, le dernier G8 n’a pas échappé à cette règle et il n’y a guère que le Président Français pour s’en réjouir. Certes, ils ont parlé de croissance mais en se contentant d’une lapalissade en affirmant que le monde se porterait mieux si la croissance était là. Point final ! Mais quelle croissance et comment l’obtenir ? Que devient la rigueur budgétaire ? Tout le monde doit-il se comporter de la même façon ? Touts ces questions n’ont pas été abordées … de peur de mettre à jour les profonds désaccords entre les membres du G8. Doit-on rechercher la croissance par des réformes structurelles, comme l’assouplissement du marché du travail, améliorant la compétitivité comme le préconise l’Allemagne ? Ou doit-on adopter une démarche keynésienne, comme le voudrait la France, pour augmenter la demande ? Les USA peuvent se permettre une telle démarche, qui creuse les déficits à court terme, car la FED peut compenser le déficit en faisant fonctionner la planche à billet de leur monnaie de réserve, ce qui est interdit à la BCE. Il faudrait que F. Hollande arrive à convaincre l’Allemagne, traumatisée par une éventuelle augmentation de l’inflation et qui refuse obstinément de modifier les règles de fonctionnement de la BCE. Y parviendra-t-il ? Rien n’est moins sûr. La France et l’Allemagne ont deux politiques économiques très différentes. Le moteur économique français est la demande, soutenue par les transferts sociaux. Or, ceux-ci sont, depuis des décennies, alimentés par l’emprunt et, donc, par l’augmentation de la dette. De plus, l’efficacité de ce choix est douteux, car l’augmentation de la demande entraine une augmentation de la consommation de produits étrangers, donc des importations qui ont un impact négatif sur la balance des paiements. L’Allemagne a fait un tout autre choix. Elle a adopté une politique de l’offre par l’augmentation de la qualité de ses produits et la maîtrise des coûts de production, ce qui favorise ses exportations. Cette politique impose des réformes structurelles que l’Allemagne a mises en œuvre grâce à un consensus social incluant les syndicats. Cette acceptation syndicale est absolument impossible en France. L’Europe du Nord et l’Europe du Sud se partagent sur cette dichotomie économique. Or, l’Euro est une monnaie forte très adaptée à l’économie des pays du nord mais qui handicape sérieusement les pays du sud. Ceux-ci auraient besoin de dévaluer leur monnaie pour retrouver un peu de compétitivité. Mais cela est impossible dans le cadre d’une monnaie unique. La seule solution est une augmentation des salaires dans les pays nordiques, en Allemagne particulièrement, entraînant une certaine perte de compétitivité, donc une amélioration parallèle de celle des pays du sud (Espagne, Portugal, Italie). L’Europe est donc confrontée au choix entre deux scénarios. Le premier consiste à mettre en place des plans de rigueur qui doivent théoriquement permettre de retrouver l’équilibre budgétaire le plus rapidement possible. C’est ce que préconise l’Allemagne. Le second consiste à obtenir une relance économique avant toute mise en œuvre d’un plan de rigueur. C’est le choix des USA. Mais il existe peut-être une troisième voie consistant à rechercher une relance économique tout en mettant en œuvre une recherche progressive et étalée dans le temps de l’équilibre budgétaire. Le drame grec montre l’impasse du premier scénario et plaide en faveur de cette troisième voie. Encore que, pour les grecs, le véritable problème n’est pas l’équilibre budgétaire mais par la reconstruction d’un Etat, inexistant depuis des décennies. C’est un pays qui ne produit plus rien. C’est pourquoi les diminutions drastiques des salaires et des pensions ne produisent aucun effet positif sur le PIB donc sur la richesse du pays. C’est un pays entré par effraction en Europe où la fraude est le sport favori des gouvernants et des élites. Il est à craindre que les futures élections grecques ne résolvent rien. Faut-il coloniser la Grèce ?

15 mai 2012

Le chaos grec

Le spectacle de la Grèce laisse pantois. Il est rare de voir une équipe gouvernementale aussi incompétente et inconsciente, aveuglée par un solipsisme mortifère et des préoccupations bassement électorales devenues prioritaires par rapport au sort du pays ! Les mines réjouies des chefs de partis réunis par le Président de la République grecque sont consternantes, alors que l’Europe avance à grands pas vers le chaos. Les Grecs sont des escrocs et leurs hommes politiques également. La Grèce est entrée par effraction en Europe, a trompé les européens en truquant ses comptes pour faire croire qu’elle respectait les critères d’entrée dans la zone euro au détriment du contribuable européen. C’est un pays qui ne produit plus rien et dont la seule activité industrielle exercée par les armateurs est délocalisée dans les paradis fiscaux. C’est un pays dont le système fiscal est déliquescent avec la complicité des responsables politiques et où la fraude fiscale est, depuis des années, un sport national. L’Europe n’est pas sans responsabilité. Jamais elle n’aurait dû accepter l’entrée de la Grèce sans que celle-ci ne rénove de fond en comble son système fiscal. Le laxisme européen en la matière est une faute grave. Dans la situation actuelle, il n’eixte que trois solutions. La première est la sortie de la Grèce de la zone euro. Mais il n’existe pas de mécanismes prévus pour qu’un pays puisse en sortir. Par contre, ces mécanismes ont été prévus pour une sortie de l’Europe. Ce qui veut dire que si la Grèce sort de l’Euro, elle doit sortir de l’Union européenne. Ceci conduit à exclure de l’Europe les inventeurs de la démocratie. La crédibilité de l’Europe dans le monde est morte. Au nom de quoi, les européenne pourraient-ils demander l’application des droits de l’homme quand ils excluent de leur rang les inventeurs de la démocratie ? De plus, cette sortie de la Grèce entrainerait aussitôt la spéculation contre les autres pays européens en difficulté comme le Portugal et l’Espagne, donnant naissance à un jeu de dominos mortel. La seconde solution est l’engagement des pays de la zone euro de payer à fonds perdus les errements de la Grèce. Mais, dans ce cas, comment vont réagir des peules comme les allemands qui ont déjà accepté une politique de rigueur pendant plusieurs années et à qui on demanderait de payer à fond perdu pour des escrocs ? La troisième solution est que la Grèce se dote enfin d’un gouvernement crédible et qu’on laisse à ce dernier le temps d’une sédation et de reconstruire une véritable économie, tout en assainissant sa situation fiscale et financière. Cela veut dire que l’on abandonne le dictat d’un retour à l’équilibre budgétaire en deux ou trois ans, thérapeutique qui conduit immanquablement à tuer une Grèce enfin guérie. Il faudra, en effet, plus de dix ans à la Grèce pour arriver au bout de ce chemin. Donnons-lui, et donnons-nous, cette chance.

12 mai 2012

Insignifiance

Au début étaient les croyances. L’homme s’est toujours angoissé devant l’incompréhensible. Pour conjurer ses peurs, il a inventé ses Dieux. Depuis toujours, l’homme ne supporte pas l’incompris et se tourne invariablement vers le sacré pour trouver les explications qui lui manquent. Avec le temps, ses explications surnaturelles se sont sophistiquées et elles ont fourni le terreau des religions depuis la préhistoire et l’Antiquité. Se protégeant de toutes parts et contre tous les hasards, les hommes se sont entourés d’une multitude de créatures divines construisant une véritable généalogie foisonnante et une histoire divine. L’idée d’un Dieu unique n’est apparue localement que lentement pour aboutir au monothéisme juif, berceau des autres religions du Livre. Pour ces religions, Dieu avait un projet, celui de placer l’homme au centre de sa création, donc du monde. Cette croyance a structuré la physique et la philosophie pendant des siècles. Dès l’Antiquité (Thales de Milet -625, Anaximandre -610, Anaximène -528, Aristote -384, Hipparque -190, Ptolémée +90) le monde était géocentrique, c’est-à-dire que la Terre, berceau de l’Homme, était au centre d’un monde qui tournait autour d’elle donc autour de lui. Puis la science a accumulé des connaissances et mis à jour de nouvelles vérités qui ont, peu à peu, rejeté l’homme hors du centre de la création jusqu’à en faire un accident cosmologique et évolutionniste. Bien entendu, cela ne pouvait se faire sans que la religion, se sentant menacée, proteste et résiste vigoureusement, parfois sauvagement. Ainsi, en 1600, Giordano Bruno est brûlé vif pour avoir émis l’hypothèse que le centre du monde était non pas la Terre mais le Soleil, hypothèse reprise par Galileo Galilei en 1633 qui fut obligé de renier ses convictions pour sauver sa vie. Mais le mouvement était engagé de façon irréversible. Le géocentrisme était mort pour que vive l’héliocentrisme. Ensuite vinrent Copernic (1473) et Thyco Brahé (1546). Ce dernier observe longuement le ciel et note précisément ses observations qui vont devenir un matériau précieux pour les astronomes à venir et qui vont permettre de nouvelles descriptions de l’Univers, en particulier celles de Kepler (1571) et de Newton (1643). Il devint évident que le Soleil n’était pas unique mais n’était qu’une étoile similaire à toutes celles que l’on pouvait observer. Puis l’observation du monde devint de plus en plus précise et profonde. Le Soleil devint alors une étoile perdue au sein d’une galaxie de 100 milliards d’étoiles, accompagnées par une centaine de milliards de planètes et portant un coup fatal à l’image de l’Homme au centre du monde. La place de l’homme devenait périphérique au monde, sur une petite planète dérisoire. La situation empira lorsque Hubble (1889) observa que l’Univers comptait environ 100 milliards de galaxies. A ce stade, si l’on considère la probabilité pour qu’autour de certaines de ces innombrables étoiles gravitent des planètes similaires à la notre, celle-ci n’est pas nulle entraînant comme conséquence immédiate que la vie existe ailleurs, mais tellement loin de nous que nous ne pourront jamais en être certains. L’homme n’est peut-être pas seul mais il est isolé sur un grain de poussière perdu dans le Cosmos. L’Homme devient insignifiant. Et voilà que la science persiste dans la désacralisation de l’homme. Hubble, Einstein (1879) et Lemaître (1894) démontrent que l’Univers tel qu’on le voit n’est pas éternel mais qu’il a une histoire et qu’il n’a pas été créé en 7 jours mais qu’il a fallu 13,7 milliards d’années pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. La recherche actuelle et centrale en physique, aujourd’hui, est la quête d’une théorie « du tout », conciliant la physique quantique et la relativité générale. Une des démarches actuelles se nomme « gravitation quantique à boucles ». Elle fait émerger une idée nouvelle d’un espace discontinu, composé d’atomes fondamentaux et expliquant l’origine de notre Univers comme un rebond d’un Univers précédent qui se serait effondré en amont du notre. Ceci n’est qu’une conjecture mais est aussi une conséquence d’un modèle physique de gravitation relativiste qui peut être mis à l’épreuve de l’expérience. Ainsi, après le geocentrisme, l’héliocentrisme, le galactocentrisme, c’est au tour du cosmocentrisme d’être pulvérisé. La conséquence est que l’homme et son monde ne sont au centre de rien ! Mais la croyance dans un rôle particulier de l’homme a subi un autre choc. L’ouvrage « L’Origine des espèces » de Charles Darwin paraît en 1859 et explique l’évolution par la sélection naturelle. Cette théorie a évoluée jusqu’à aujourd’hui mais son postulat de base reste toujours inchangé. Ainsi, l’homme n’est pas une création ex-abrupto mais le résultat d’une lente évolution dans laquelle le hasard a toute sa place. Nous avons notre origine première dans l’apparition des cellules eucaryotes dont un descendant est le picabia, modeste poisson ayant échappé de justesse à la disparition. L’homme n’est qu’une petite branche d’un arbre de l’évolution extrêmement touffu et devient un accident de cette évolution, résultat des changements de l’environnement. Aujourd’hui, les biologistes soupçonnent que le hasard est partie prenante dans le fonctionnement de la cellule elle-même et devient donc un facteur de l’évolution. L’Eglise, qui voit son emprise sur les esprits des hommes, est, bien entendu, farouchement opposée à cette vision et, après avoir condamné Darwin, elle condamne aussi Pierre Teilhard de Chardin en 1924 qui dénie au mythe du péché originel toute réalité. L’esprit religieux ne supporte pas que l’homme soit devenu un pur produit accidentel de l’évolution au sein d’une histoire cosmologique qui considère notre monde et notre présence dans ce monde comme une péripétie. Aujourd’hui, les églises sont relativement silencieuses mais elles ont trouvé un relai menaçant dans les adeptes du « dessein intelligent » et du « créationnisme ». Les tenants du dessein intelligent soutiennent que les conditions physiques nécessaires à l’apparition de la vie sur notre planète sont tellement précises qu’elles ne peuvent être le fruit du hasard mais sont dues à la volonté d’une intelligence supérieure. Puisque l’homme n’est pas une création divine mais naturelle, c’est une volonté « divine » qui est la cause des conditions initiales nécessaires qui devaient conduire à l’homme (S. Meyer en 1988). Seule une intelligence supérieure peut avoir donné naissance à la complexité du monde et du vivant. Aujourd’hui, des physiciens de renom sont des apôtres de cette croyance, tel Trinh Xuan Thuan. Le créationnisme est encore plus réactionnaire en combattant vigoureusement la théorie de l’évolution et en considérant le Darwinisme comme une hérésie. C’est une doctrine religieuse fondée sur la croyance selon laquelle la vie, la Terre, et par extension l’Univers, ont été créés par Dieu, selon des modalités conformes à une lecture littérale de la Bible. C’est une croyance qui oublie l’existence de Tumaï, ancêtre de l’homme actuel et âgé de 7 millions d’années et qu’il est donc incompréhensible que Dieu ne se soit préoccupé du sort de l’Homme qu’il y a deux mille ans, considérant de grandes civilisations antérieures comme négligeables ! Le danger de cette croyance est qu’elle existe dans le monde entier, particulièrement aux Etats-Unis et dans le monde musulman. L’histoire des religions montre que celles-ci se sont toujours opposées aux découvertes scientifiques et il est angoissant de constater que l’obscurantisme s’étend à nouveau sur le monde. Enfin, devant l’insignifiance de l’homme qui ressort de notre compréhension de plus en plus précise des lois de la Nature, la question qui se pose est bien celle du sens de la vie humaine. A quoi peut bien servir, d’ailleurs, de se poser cette question lorsque l’on prend conscience que l’on est le résultat d’une évolution hasardeuse, perdu sur un minuscule grain cosmique tournant autour d’une petite étoile au sein d’une galaxie de 100 milliards d’autres, galaxie accompagnée elle-même d’une centaine de milliards de compagnes formant un Univers parmi un nombre inconnu d’autres mondes parallèles à jamais inaccessibles ? Pourquoi y aurait-il un Dieu se préoccupant d’une telle insignifiance ?

06 mai 2012

Monsieur le Président – 2

Le 7 Mai 2007 j’écrivais dans ce journal une lettre ouverte au nouveau Président de la République. Les mots que j’écrivais alors pourraient être exactement les mêmes aujourd’hui, au moment où vous accèdez à la magistrature suprême : Votre responsabilité est de tenir vos promesses, elle est donc grande car, finalement, il s’agit de la vie ou de la mort de la démocratie républicaine. Et le risque est grand, car, malgré votre prudence coutumière, vous avez beaucoup promis. En effet, au-delà des grands principes que vous avez agités comme un drapeau (Moi, Président …), la réalité va vous tirer par les pieds dès ce soir. La crise n’est pas derrière nous, bien au contraire. Nous sommes à l’aube de bouleversements considérables dans une France qui est aujourd’hui parfaitement coupée en deux, dont chaque moitié risque d’entrer en confrontation avec l’autre. Les extrêmes progressent partout en Europe, voire dans le monde. Les pays dits développés ont maintenant à payer la dette qu’ils doivent aux pays émergents, au détriment desquels ils ont construits égoïstement pendant deux siècles leur confort et leur croissance économique. L’Union européenne est fragile et attaquée par toutes les puissances financières du monde. Votre fardeau est lourd, mais vous l’avez souhaité. Il vous faut donc montrer le courage nécessaire pour affronter les vents menaçants venant du reste du monde. L’heure n’est plus aux synthèses de compromis mais aux choix difficiles. Le monde va vous poser des questions auxquelles il vous faudra répondre.

03 mai 2012

Sombre péril

Il y a longtemps que l’avenir n’avait été aussi sombre. 1929, 1939, aujourd’hui. La pauvreté de la campagne présidentielle a débouché sur le pire (l’inéluctable ?), à savoir la montée spectaculaire de l’extrême droite. Certes, la présidence ne sera pas d’extrême droite, quel que soit l’élu. Après des échanges de bonneteurs suivis de lancers de boules puantes, la vulgarité populiste de l’un, la prudence hypocrite de l’autre, ont ouvert un large boulevard à la représentante de cet extrême qui a su trouver les mots et les facilités démagogiques pour attirer, comme la lumière attire, pour finalement les brûler, les papillons de nuit, tous ceux qui sont rongés par l’angoisse de l’avenir. Et ceux-ci se trouvent dans pratiquement toutes les catégories de la population : les jeunes, les ouvriers, les agriculteurs, les fonctionnaires. La stratégie de l’extrême droite devient lumineuse. Après l’échec prévisible du candidat président sortant, la droite républicaine va exploser violemment en ses diverses composantes (humaniste, populaire, gaulliste de gauche) et l’on va assister à la recomposition du paysage politique. En effet, le Front National est susceptible de se retrouver au second tour des législatives dans plus de trois cents circonscriptions, c’est-à-dire de provoquer un nombre considérable de triangulaires. La droite dite populaire, les souverainistes, l’extrême droite vont alors être tentés d’rganiser un front commun débouchant sur la naissance d’une nouvelle opposition aux socialistes qui auront accaparé tous les pouvoirs : la Présidence de la République, la majorité à l’Assemblée Nationale et au Sénat, la présidence des conseils régionaux. Les difficultés qui vont se présenter à la Gauche au pouvoir sont tellement importantes que cette nouvelle opposition risque d’arriver au pouvoir aux législatives suivantes. La France sera alors dans les mains des tenants d’une politique de protectionnisme, de dévaluation par sortie de l’Euro, d’isolationnisme par reconstitution des frontières. La France risque de se retrouver hors du jeu des nations . Dans un pays où un leader syndical se sert de l’espace public pour scène d’une haine personnelle, l’avenir est alors un inéluctable et terrible déclin. Et l’avenir dure longtemps !

28 avril 2012

Bonnet d’âne

On croit rêver, mais on n’est jamais surpris. Voilà qu’une nouvelle doxa s’éparpille au sein du monde politique européen. Voilà que les responsables politiques nous expliquent doctement qu’on ne peut pas plonger l’Europe dans la récession sans courir au-devant de véritables révoltes populaires. Les drames espagnols et grecs, les difficultés française, belge, néerlandaise, portugaise, irlandaise, hongroise, italienne, ont enfin ouvert les yeux des dogmatiques qui manipulent l’Europe depuis plusieurs années. Ils ont voulu nous faire croire que la recherche de la croissance était incompatible avec la rigueur budgétaire et la recherche d’une diminution des dépenses. Tous ces politiques auraient dû faire un stage de formation en entreprise pour apprendre que la recherche de la compétitivité était le corolaire indispensable d’une volonté d’éliminer les gaspillages et de rechercher des économies de fonctionnement. Ils auraient appris que la rigueur budgétaire n’était pas autre chose que d’éviter de dépenser plus que l’on ne gagne. Et que cette rigueur n’était pas contradictoire avec une politique d’investissements orientée vers la compétitivité. Mais méfions-nous une fois de plus du discours politique. Il n’est pas certain que sous le mot « croissance » ne se cache pas les démons de la démagogie et de la facilité. En effet, la seule croissance réelle d’un pays est celle qui est le résultat d’une balance commerciale positive, résultat d’exportations plus importantes que les importations. Cela aussi, les entrepreneurs le savent depuis toujours. Des investissements dans des activités non productives ne feraient qu’accroitre les difficultés et augmenter la dette. Prévoir la création de 60.000 postes supplémentaires de fonctionnaires, essentiellement dans l’Education Nationale, est absolument insuffisant et peut-être même dangereux. L’inefficacité globale de cette dernière ne s’explique pas uniquement par le manque de professeurs. Les entreprises savent bien que l’augmentation des moyens existants est, le plus souvent, très insuffisante. Si les investissements ne sont pas orientés de manière massive dans la compétitivité industrielle et de service, la situation ne fera que s’aggraver. L’innovation, qui n’a rien à voir avec la simple augmentation des moyens, est à la racine de cette compétitivité à retrouver. Les discours sur l’immigration, sur la présomption de légitime défense, noient le véritable problème du pays. Ainsi, même si le discours politique change, son imprécision et son flou font craindre que le pire n’est pas exclu.

24 avril 2012

Le vide politique

Nous sommes en sidération devant le choix qui nous ait demandé de faire, au soir du premier tour des élections présidentielles. Pour diriger la cinquième puissance mondiale (pour combien de temps ?), la France n’a pas trouvé mieux qu’un candidat rongé par ses pulsions populistes et sa fascination pour l’argent et un autre qui n’a aucune expérience gouvernementale et internationale. Les français ont désigné deux candidats qui n’ont rien dit sur leur vision du pays et de son avenir, qui n’ont rien dit la guerre à mener contre la finance spéculative responsable de la plus grande crise que le monde ait connu depuis 1929, qui n’ont rien dit sur la réindustrialisation de la France et sur le retour à l’équilibre de sa balance commerciale, qui n’ont rien dit sur la pauvreté grandissante du pays, qui n’ont rien dit sur la politique internationale de la nation, mais qui nous ont abreuvé de mesurettes dans une véritable course à l’échalote. Les avances appuyées et sans vergogne que les deux candidats font au Front National est le signe qu’ils ne font aucune différence entre l’action politicienne aux petits pieds et la véritable action politique qui exige d’avoir de vraies convictions. Il faut que le petit monde politique soit bien pauvre pour qu’il ait été impossible de trouver des hommes d’envergures pour prétendre conduire le pays. Il semble aujourd’hui que le sort en soit jeté et que le futur Président soit déjà connu. Nous avons devant nous le vrai cauchemar de voire réapparaître dans la vie gouvernementale tous les vieux caciques du Parti socialiste, accrochés au pouvoir comme le sparadrap au doigt du Capitaine Haddock. Le vide politique est un puits sans fond.