18 novembre 2009

Le temps du tragique et du dérisoire

Nous vivons une époque formidable. Le pays traverse une crise sans précédent et les socialistes passent leur temps dans la détestation les uns des autres. L’opposition, en panne d’idée de gouvernement, passe son temps à se quereller sur des questions de préséance en s’invectivant à qui mieux mieux. Ségolène Royale se comporte comme une garce populiste, une harpie démagogique, une institutrice acariâtre morigénant des élèves dissipés et plonge le parti socialiste dans une scène de ménage ridicule. Le pays manque de politiques à la stature d’homme d’État et voilà que Patrick Sébastien veut créer son parti ! Les clowns veulent prendre le pouvoir. Le petit bonhomme en mousse est sûrement le programme le plus adapté au pays en ce moment… Les Français plébiscitent comme futur Président de la République un homme, DSK, dont on ne connaît absolument rien de sa vision politique et de son éventuel programme. En Argentine, 45.000 personnes meurent de faim chaque année parce que les terrains agricoles sont envahis par les cultures de soja destinées aux biocarburants. Les hommes sont sacrifiés pour faire rouler les
bagnoles ! La prédation des terrains agricoles se généralise (20 millions d’hectares), privant les populations locales de leurs ressources alimentaires en supprimant les cultures vivrières. Un milliards d’hommes souffrent de la faim pendant que l’obésité devient une véritable pandémie occidentale. Les terrains de football sont pourris par l’argent, envahis par la violence et le racisme, mais la foule reste fascinée par ce milieu en déliquescence. Pendant que s’entassent dans les tribunes des individus sans avenir et sans repères, sur la pelouse évoluent d’autres personnages dont la Ferrari dort sur le parking du stade. Dans ces jeux du cirque modernes, les condamnés sont dans les tribunes. Les Grands de ce monde tiennent de beaux discours sur la protection de la planète et, d’une année sur l’autre, le taux de CO2 dans l’atmosphère continue d’augmenter. On nous annonce, avec force détail, la fin des paradis fiscaux et de la spéculation bancaire et tout continue comme avant. On nous promet, après le scandale d’Outreau, une réforme de la Justice et tout continue comme avant. On nous promet d’empêcher les délocalisations et tout continue comme avant. Dormez, braves gens !

16 novembre 2009

L’Identité Nationale

Le débat actuel sur l’identité nationale mobilise le microcosme politique et les médias et donne ainsi l’occasion d’entendre n’importe quoi, des opinions qui relèvent davantage du bavardage ou de la polémique. Tout ce tohu-bohu ne viendrait-il pas du fait que le mot est en lui-même un oxymore ? En effet, le mot identité, dans l’acception qu’il prend par exemple dans l’expression « carte d’identité », recouvre ce qui est spécifique à chacun, ce qui est propre et appartient à chaque individu, qu’il ne partage pas. Mais identité a la même racine que le mot « identique » (racine latine idem), qui évoque ce qui est commun, ce qui n’est pas discernable d’un individu à l’autre, ce qui se partage. Le même mot est donc utilisé pour deux significations pratiquement opposées. Il n’est guère étonnant que la confusion s’installe alors dans le débat sur « l’identité nationale ». Le problème est d’identifier, si tant est que cela soit possible, ce qui est commun à tous les individus vivant à l’intérieur d’un pays délimité par des frontières et acceptant les règles de vie commune établies par le pouvoir politique légitime, à un moment donné, à l’intérieur de ces mêmes frontières. Or, les frontières géographiques d’un pays, variables dans le temps, ainsi que le pouvoir politique associé, sont le résultat de toute une Histoire ( « l’Histoire c’est ce qui fout le bordel dans la Géographie » !). Cela entraîne le fait que l’Identité Nationale est variable dans le temps, car elle dépend des faits historiques eux-mêmes. La Gaule a peu de chose en commun avec la France d’aujourd’hui, ni les frontières ni la langue. Et pourtant, nous demandons aux écoliers d’ânonner, sans réfléchir, que nos ancêtres étaient gaulois, même pour ceux dont les parents viennent d’ailleurs. Ce qui est légitime de demander à tout citoyen se réclamant de la nationalité Française (et donc d’exiger de ceux qui la demandent) est d’accepter sans réticence l’Histoire du pays, ses pages glorieuses comme ses moments noirs. Il est impossible de « faire le tri » dans l’Histoire pour se revendiquer des faits historiques consacrés et teintés de grandeur comme la Révolution de 1789 et la Déclaration des Droits de l’Homme et rejeter, dans le même temps des évènements moins glorieux comme la colonisation. Il faut remplacer l’expression « Identité Nationale », trop confuse, par celle « d’Appartenance Nationale » qui fait référence au sentiment de faire partie d’une même communauté, vivant à l’intérieur des frontières du moment et acceptant les mêmes règles de vie commune.