17 juillet 2007

Terrorisme d’Etat

L’affaire des six otages en Libye est un véritable scandale international. Le monde entier sait, avec certitude, que la contamination des enfants libyens est due aux conditions d’hygiène plus que précaires des hôpitaux de ce pays. Les infirmières et le médecin sont parfaitement innocents du crime dont on les accuse. Qui les accuse ? L’Etat libyen lui-même. La motivation première de cette accusation est la volonté de cacher au monde la responsabilité de l’Etat dans la contamination de quatre cents enfants due aux conditions sanitaires déplorables du pays. La crédibilité de cette accusation repose sur la sévérité de la condamnation à mort des accusés. Une telle condamnation est en effet inconcevable si elle ne repose pas sur une vérité incontestable ! C’est là le raisonnement de l’Etat Libyen. Puis est venu la part la plus sordide de cette affaire : le marchandage de la vie des otages. Car, à partir du moment où l’Etat Libyen propose d’échanger la vie des accusés pour une somme considérable, ces mêmes accusés deviennent alors des otages. Otages de l’Etat lui-même. La prise d’otages est l’arme favorite des terroristes. Ainsi, l’Etat Libyen, preneur d’otages, a-t-il versé dans la pratique terroriste. La Libye pratique le terrorisme d’Etat. Le plus abominable est que, en dehors des aspects humanitaires de cette sordide affaire, le chef de l’Etat Libyen espère retrouver une crédibilité internationale que les pays occidentaux, succombant au chantage, sont prêts à lui accorder !! Qu’attend-on de la Libye, pour quelle partie de poker menteur, pour quelle raison d’Etat l’occident fait-il litière de la morale ?

14 juillet 2007

Les échéances inéluctables

Les hommes vivent avec un sentiment de pérennité. Cela les rassure et leur permet de vivre en supportant les difficultés du quotidien. Pourtant, un certain nombre d’évènements vont se produire, quoi que les hommes fassent. Je distingue trois échéances que l’humanité devra affronter.
La première est la fin des énergies fossiles. L’homme aura consommé en deux siècles ce que la nature a produit en plusieurs millions d’années. C’est-à-dire que l’homme consomme dix mille fois plus vite que la nature ne crée. Il est donc inéluctable d’avoir à affronter l’épuisement des sources d’énergie fossile (pétrole, gaz, charbon, uranium). Les échéances ne sont pas les mêmes pour toutes les énergies, mais elles sont toutes inéluctables. Les conséquences en sont encore imprécises. Pourtant, un certain nombre de faits tombent sous le sens. Tout d’abord, la fin du pétrole va créer un énorme problème pour tous les types de transport. Si l’on peut envisager des modes alternatifs pour les transports routiers, ferroviaires, voire maritimes, il n’en est pas de même pour le transport aérien. De toutes les énergies connues, le pétrole (en l’occurrence, le kérosène) est le carburant dont le rapport énergie potentielle sur poids (ou volume) est le plus performant. L’hydrogène est dix fois moins performant. Il faut donc un volume dix fois plus important d’hydrogène pour qu’un moteur utilisant ce système énergétique parcourt la même distance avec le même fret qu’un moteur actuel utilisant du kérosène. Cela exclut pratiquement l’utilisation de l’hydrogène pour le transport routier et pose un énorme problème de taille pour les avions qui transportent leur carburant dans la voilure. De plus, l’hydrogène n’existe pas à l’état libre dans la nature, il faut le produire. Faute de pétrole, il ne reste que le charbon pour un temps, puis l’énergie nucléaire tant que l’uranium sera disponible. Lorsque ces combustibles se raréfieront, il ne restera plus que l’énergie nucléaire de fusion, technique qui n’est pas maîtrisée à l’heure actuelle et pour laquelle la recherche a pris énormément de retard. On sait, aujourd’hui, construire une bombe nucléaire à fusion, mais on ne sait pas fournir de l’énergie de manière maîtrisée à partir de cette technique. ITER n’en est qu’à ses premiers balbutiements. Le charbon perdurera plus longtemps que le pétrole, mais il est inenvisageable de l’utiliser pour le transport routier en particulier. Il servira à fabriquer de l’électricité qui fera fonctionner des moteurs à batteries électriques et/ou hybrides. Mais cette production ne fera qu’aggraver les émissions de gaz à effets de serre. Les bio-carburants font beaucoup parler d’eux en ce moment. Certains pays y voient un nouvel avenir pour l’agriculture. Mais les besoins énergétiques de la planète sont tels qu’il est parfaitement illusoire de penser que les bio-carburants pourront remplacer le pétrole. La totalité des terres agricoles n’y suffirait pas. De plus, le prix des matières premières agricoles n’a jamais été aussi élevé et la tendance ne s’inversera pas du fait de la demande croissante des pays les plus peuplés. L’avenir, dans ce domaine, est donc un monde où l’énergie sera rare et très chère.
La seconde échéance, qui n’est pas sans rapport avec la précédente, est la détérioration de l’environnement climatique. L’inertie des phénomènes climatiques est telle que le mouvement qui s’est amorcé au cours des dix dernières années ne pourra s’inverser que dans plusieurs centaines d’années, compte tenu de la lenteur avec laquelle les hommes prennent des mesures conservatives. Une conséquence incontournable de cette détérioration est l’apparition d’immigrants « climatiques ». L’eau se raréfie dans les pays qui sont atteints par une sécheresse grandissante. Déjà, un milliards d’hommes ont des problèmes d’accès à l’eau, deux milliards et demi n’ont pas accès à de l’eau potable. La migration massive des populations ainsi en danger est inévitable. Les économies en seront déstabilisées, d’autant plus que les dérèglements climatiques vont devenir plus fréquents et plus violents, créant des dégâts de plus en plus coûteux. Enfin, l’emballement de la détérioration climatique n’est pas exclu, compte tenu du fait que, par l’effet des sécheresses répétées, les forets vont cesser d’être des pièges à carbone et, tout au contraire, vont devenir à leur tour émettrices de ce gaz à effet de serre.
La troisième échéance est la déstabilisation du système économique mondial due à la financiarisation excessive de l’économie au détriment de la production réelle. À l’heure actuelle, les flux financiers sont vingt-deux fois plus importants que les flux réels et la tendance est à leur augmentation. Les décisions de gouvernance d’entreprises changent de nature ; elles sont tournées vers l’augmentation de la valeur de l’action au lieu de l’amélioration de l’efficacité de la production. Les entreprises créent aujourd’hui une valeur ajoutée virtuelle qui n’enrichit qu’artificiellement le monde, un peu comme si l’on fabriquait de la fausse monnaie. En fait, le système tend à créer des (faux) riches au lieu de créer des (vraies) richesses et cela sans régulation véritable.
Nous vivons sur un volcan en pleine activité.

02 juillet 2007

Nos pauvres Universités

Il semblait acquis qu’un consensus s’était formé sur l’absolue nécessité de réformer en profondeur le système d’enseignement supérieur et la recherche. Il ne s’agit, en fait … et comme d’habitude, que d’un trompe-l’œil. En effet, les intentions et les visions différent derrière le mot de réforme. Côté gauche, la réforme se réduit à la simple augmentation des moyens sans rien changer au fonctionnement actuel. Le mot d’ordre socialiste et syndical est le même : toujours plus ! Côté droit, la réforme est associée au mot de performance. Et c’est là que le bât blesse. En effet, la performance nécessite la mesure et la comparaison. Or, lorsque l’on constate que la majorité des étudiants ont le projet de devenir fonctionnaires, il devient évident que l’on se trouve devant un très gros problème. Dans le monde du fonctionnariat, le mot de performance est une grossièreté. L’inefficacité se cache derrière l’anonymat. De plus, le concept associé de comparaison conduit à celui de choix et donc de sélection. L’UNEF s’insurge par avance contre ces notions, nouvelles dans l’Université française … au motif qu’elles conduiraient à avantager … les universités les plus performantes !! Le projet du gouvernement cacherait la volonté « d’assimiler notre université au modèle concurrentiel anglo-saxon » ! Il y a là deux obscénités pour l’UNEF : concurrentiel et anglo-saxon. On croit rêver. Pendant ce temps, la situation de cette université française est devenue catastrophique. Dans le classement mondial des universités, établi par l’université Jiao Tong (Shanghaï) et reposant sur des indicateurs de notoriété, parmi les 500 premières universités mondiales, on constate que les 10 premières sont toutes anglo-saxonnes et que la première université française se trouve au 46ème rang (Paris VI-Pierre-et-Marie Curie) ! Encore un effort et l’université française disparaîtra totalement du classement. Le meilleur moyen est d’être vent debout contre tout esprit de sélection comme l’est l’UNEF, c’est-à-dire d’effort et de volonté de réussir. Comment attirer des enseignants du monde entier lorsque le poste est sans valeur ? Comment éviter que les meilleurs étudiants ne partent chercher un enseignement de haute qualité à l’étranger ? Les syndicats réclament à grands cri « un collectif budgétaire sans délai ni conditions préalables ». C’est-à-dire que la recette syndicale est toujours la même : donnez-nous de l’argent sans rien nous demander en échange ! Si l’Université est dans un si triste état, c’est quand même bien que l’Etat n’a pas su gérer correctement. Augmenter, à leur demande par ailleurs, l’autonomie des présidents des universités est donc un moyen de corriger la carence de l’Etat par quelque chose de plus performant. L’UNEF est un syndicat de gauche, quoi qu’il en dise. Il serait temps que les socialistes changent leur discours démagogique sur l’Education Nationale et entraînent les syndicats dans cet indispensable changement qui conditionne la situation du pays tout entier. L’été va passer (il faut bien préserver ses vacances !) et l’on verra à la rentrée les syndicats d’étudiants manifester pour défendre l’égalitarisme et l’inefficacité.