29 janvier 2009

Une manifestation de l’angoisse

Deux millions et demi ou un million ? Jamais l’écart entre les appréciations du nombre de participants aux manifestations n’a été aussi grand. C’est le signe évident d’une forte politisation de ces manifestations. Les raisons annoncées de la participation à ces manifestations n’ont jamais, non plus, été aussi diverses. Pourtant, au-delà du discours souvent sommaire, il est aisé de distinguer un fond commun à ces revendications : une indignation compréhensible mais injustifiée, une inquiétude compréhensible et parfaitement justifiée. L’indignation trouve son terreau sur le fait « qu’on a donné des milliards aux banques alors que le pouvoir d’achat se détériore et que le risque de chômage augmente ». On peut comprendre que le salarié ne soit sensible qu’à l’apparence provocatrice des faits. Pourtant, la vérité est ailleurs. Ce n’est pas parce que le pompier pyromane a mis le feu qu’il ne faut pas tenter d’essayer d’éteindre l’incendie ! Les banques, les organismes financiers, les spéculateurs ont mis le feu à l’économie et, jamais, les responsables ne paieront assez cher leur forfaiture. La recherche d’une rentabilité du capital hors de toute raison, la mise sur le marché financier de produits tellement complexes et risqués que plus personne n’y comprenait rien, ajouté à une dilution du risque qui relève de comportements mafieux, sont les raisons de la faillite du système financier mondial et de la faillite de grands organismes financiers. Mais l’économie réelle ne peut pas fonctionner sans ces organismes. Il était donc vital d’éviter une faillite systémique généralisée de ces organismes. Le pompier a mis le feu, mais il faut éteindre l’incendie à tout prix. Le prêt aux entreprises, c’est-à-dire à l’économie réelle, est le nerf de la guerre. Mais les banques ne peuvent prêter que si, elles-mêmes, peuvent emprunter. Pour obtenir des prêts, ces organismes doivent avoir des fonds propres suffisamment importants. Or la capitalisation boursière des banques a été divisée par plus de deux depuis Septembre 2008. La nécessité d’augmenter les fonds propres de ces banques est donc une nécessité vitale, puisque c’est la condition incontournable pour qu’elles-mêmes puissent prêter aux entreprises. Voilà pour l’indignation.
L’inquiétude se manifeste quant à elle par le fait « qu’on continue de distribuer des dividendes aux actionnaires alors qu’on risque de perdre son travail ». Certes, les actionnaires des entreprises du CAC 40 ont perdu plus de 50% de leur capital avec la chute de la bourse. Il n’en reste pas moins vrai que leurs exigences démesurées portant sur des taux de rentabilité à deux chiffres depuis des décennies sont une des principales causes de l’expansion de cette économie-casino qui vient de s’effondrer. Ces responsables de la crise actuelle sont aussi coupables. L’économie-casino entraîne dans son effondrement la véritable économie, c’est-à-dire celle qui fait vivre le plus grand nombre. L’activité des industries automobiles a chuté de plus de 16% en France et de 50% aux USA depuis Septembre 2008. Quant aux équipementiers, certains ont vu leur activité s’arrêtait purement et simplement. On attend une augmentation du nombre de chômeurs de l’ordre de 300.000 durant 2009. Les spéculateurs sont vraiment coupables… et restent impunis. Là est le vrai scandale.
Un dernier mot concernant le programme alternatif de relance proposé par les socialistes. Ce programme diffère de celui du gouvernement essentiellement par son volet de relance de la consommation. Or, l’inquiétude ressentie par la population et qui s’est manifestée dans les défilés d’aujourd’hui est telle qu’elle va inévitablement pousser le salarié à épargner plutôt qu’à consommer. Il n’y aura donc pas de relance. Le Parti Socialiste, enfourchant une proposition démagogique, se trompe une fois de plus. Est-ce vraiment surprenant ?

28 janvier 2009

Où se niche la bêtise ?

Au journal de 13 h. d’aujourd’hui sur France Inter, à propos des manifestations de demain Jeudi 29 Janvier, la station de radio, dans le cadre d’un micro-trottoir, a sélectionné un certain nombre de déclarations dont celle d’un homme en colère qui disait : « J’ai du mal à boucler le mois avec mon enfant et pendant ce temps-là, Sarkozy n’arrête pas de faire des voyages ! C’est inadmissible ! ». On est confondu par autant de bêtise et l’on a envie de dire à ce monsieur :
« …Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot ! »
Mais, à y réfléchir un instant, on peut se demander où se cache la véritable bêtise. Cet homme se bât avec les difficultés grandissantes de la vie et on peut comprendre que la colère altère son jugement. Mais quels sont les critères utilisés par la station de radio pour sélectionner cette déclaration au milieu de tous les micro-trottoirs réalisés pour cette émission ? Ce n’est certes pas la pertinence ni l’intelligence de la dite déclaration. Alors ? Il reste l’envie de la provocation pour alimenter l’audience à tout prix. Aurait-on les médias les plus bêtes du monde ?

26 janvier 2009

Le paravent des moyens

Une convergence des mécontentements semble se dessiner dans la société française. Les chercheurs, les médecins des hôpitaux, les enseignants, les magistrats, les psychiatres, les fonctionnaires du système pénitenciers se retrouvent dans une protestation commune contre les réformes engagées ou envisagées par le gouvernement. On pourrait s’étonner de cette communauté de récriminations, compte tenu de la diversité des critiques exprimées. Pourtant, en y regardant d’un peu plus près, la logique de ce regroupement apparaît facilement. Toutes ces corporations s’insurgent contre le fait que les réformes veulent battre en brèche ce qui leur sert de paravent à la prise de responsabilité : le manque de moyens. Tous les dysfonctionnements sont « expliqués » sinon justifiés par ces corporations par un soi-disant manque de moyens. La Recherche veut davantage de subsides, les médecins réclament davantage de moyens financiers pour les hôpitaux, les enseignants réclament toujours davantage de postes en refusant depuis des décennies toute réforme, les magistrats expliquent les dysfonctionnements de la justice par le manque de moyens de celle-ci, les psychiatres enfourchent le même train revendicatif, les gardiens de prison expliquent les suicides par le manque de moyens. Si la justice commet de graves erreurs, si l’Éducation Nationale échoue à éviter l’échec scolaire et social, si les psychiatres commettent des erreurs de diagnostics qui conduisent les juges à l’erreur judiciaire, si les hôpitaux sont le siège d’erreurs fatales pour les patients, si les gardiens de prisons ne s’aperçoivent pas des tentatives répétées de suicide, tout cela n’a, aux yeux de ceux qui récriminent, qu’une seule cause : le manque de moyens. Quelle explication commode pour éviter de mettre en cause la moindre responsabilité personnelle ou collective ! Au nom de ce manque de moyens, ces corporations refusent alors violemment tout changement, toute évolution. La résistance au changement n’est plus un handicap, mais devient une valeur et un drapeau. La société court ainsi le risque majeur de la sclérose pendant que le reste du monde change plus rapidement que jamais. Les faillites d’entreprises se multiplient, le pays s’enfonce dans une dette qui devient abyssale mais cela ne fait naître aucune réflexion au sein des syndicats qui continuent à clamer leur seule et sempiternelle réclamation : l’augmentation des salaires et des moyens. L’aveuglement promet un réveil douloureux, voire un cauchemar éveillé.

22 janvier 2009

La Bourse ou la vie

L’activité économique n’est autre que celle des hommes. Il est donc étonnant de constater que nous subissons la crise économique actuelle comme si nous n’y pouvions rien. Si nous subissons les méfaits de ce que nous faisons, pourquoi ne suffit-il pas de faire différemment pour que tout reparte et que la crise disparaisse ? Pourquoi ? Parce qu’il est trop tard. Pendant plus de vingt ans, nous avons fait semblant. En effet, nous avons laissé se développer une activité qui n’avait rien à voir avec le travail des hommes. Je veux parler de l’activité financière où certains acteurs ont inventé des jeux subtils et complexes pour eux seuls et qu’ils étaient seuls capables de pratiquer. Ils ont été les seuls joueurs d’un jeu illusoire, créant de soi-disant richesses fictives par la simple circulation d’une monnaie fictive et entièrement dématérialisée qui s’est multipliée comme un cancer mortel. De plus, cette activité empoisonnée a supprimé ce qui est la source naturelle de tout ce qui est vivant, à savoir le temps. La conséquence immédiate de cette suppression a été la prolifération incontrôlée d’une monnaie cancérigène et le développement de comportements voyous et immoraux des acteurs de ce jeu mortifère. Un monde factice s’est ainsi créé dont le seul avenir possible était de s’effondrer lorsque la réalité aurait enfin repris ses droits. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Les richesses créées par cette activité factice disparaissent comme neige au soleil. La crise que nous subissons est un simple réajustement au niveau des activités et des productions réelles. C’est donc un recul incontournable et il est à craindre que les plans dits de relance n’y pourront rien. Que constate-t-on ? Que les (ir)responsables de cet effondrement, qui commence à provoquer des ravages chez les plus faibles et les plus démunis, restent impunis de ce crime contre l’humanité entière. Le système bancaire est responsable de la circulation monétaire comme le cœur est responsable de la circulation sanguine. L’un et l’autre sont indispensables, celui-ci à la vie biologique, celui-là à l’économie et à la vie sociale. Alors, pourquoi ceux qui ont provoqué l’infarctus du système bancaire n’ont-ils aucun compte à rendre et pourquoi ne sont-ils pas derrière les barreaux ? Un médecin qui est responsable d’un arrêt cardiaque chez un de ses patients est traîné en justice et doit réparation. Pourquoi tous ces irresponsables de la finance mondiale échappent-ils au jugement des hommes qu’ils ont plongés dans des difficultés sans nom ? De plus, cette crise relève du phénomène de prophétie auto-réalisatrice comme il existe à la Bourse. Les acteurs, anticipant la venue de difficultés, prennent des décisions qui aggravent les effets de la crise et poussent ainsi les décideurs à renforcer encore leurs mesures restrictives. C’est le même phénomène bien connu de la Bourse. La critique systématique et violente des actions du gouvernement crée un manque généralisé de confiance dans l’avenir et participe ainsi au comportement autodestructeur des acteurs économiques. Alors, la Bourse ou la vie ?

21 janvier 2009

Le ridicule ne tue plus

Après avoir clamé que le plan de relance du gouvernement était insuffisant, voire inadéquat, le Premier Secrétaire du Parti Socialiste vient de proposer une alternative « révolutionnaire » à ce plan. Il s’agit d’injecter dans l’économie 50 milliards d’Euros, dans l’investissement et le pouvoir d’achat. De qui se moque-t-on ? Qui trouvera d’une imagination sans borne le fait de doubler le montant proposé par le gouvernement ? Rappelez-vous que les socialistes ont sévèrement critiqué, en son temps, le déficit budgétaire. Voilà maintenant que ce déficit, non seulement ne pose plus de problème, mais que,par un raisonnement bancroche, son aggravation est la solution miracle proposée. Savez-vous que j’ai un plan encore plus révolutionnaire ? Je propose de porter ce montant à 75 milliards d’Euros !! Et d’ailleurs, pourquoi s’arrêter là ? Décidément, il est évident que le Parti Socialiste n’a absolument rien de crédible à proposer et que son seul moyen d’exister est d’empêcher le fonctionnement normal du Parlement en inondant les débats d’un déluge d’amendements tous plus ridicules les uns que les autres et en se drapant dans le drapeau de la démocratie pour justifier cette attitude parfaitement irresponsable. Les socialistes sombrent dans le ridicule et la calembredaine et ils s’imaginent que personne ne s’en aperçoit !

20 janvier 2009

Obamania

Le monde, essentiellement les mondes occidental et africain, est envahi par une hystérie irréfléchie due à l’arrivée à la Maison Blanche du nouveau président américain. À écouter les commentaires, le nouveau messie est arrivé ! Le monde, en pleine déconfiture et angoissé par la crise sans précédent qui s’amorce, cherche désespérément à se rassurer avec l’arrivée d’un homme providentiel. Certes, Barak Obama a fait de très beaux et importants discours. Mais des discours restent des discours. Et nous devrions savoir, ô combien, qu’il y a toujours loin des discours à l’action. Cet homme, certes premier président américain noir, est avant tout américain. Ses priorités seront donc essentiellement américaines. De plus, les contingences du moment vont nécessairement s’imposer à lui comme au reste du monde et elles vont mettre un frein sérieux aux rêves un peu fous qu’Obama a suscités. Les Européens espèrent que la crise économique va disparaître par enchantement grâce à un redémarrage miraculeux de l’industrie américaine. Les Africains rêvent que leur continent va enfin sortir de l’impasse et de la déréliction dans lesquelles il est plongé depuis toujours par la seule volonté du Président américain. Le monde est malade et espérer sa sédation par la seule action de Barak Obama est une pure utopie. Il se préoccupe du sort de Guantanamo, réfléchit au retrait de l’Iraq, envisage de rénover les relations entre les USA et le reste du monde, toutes ces préoccupations sont essentiellement tournées vers l’Amérique. Certes, lorsque l’Amérique éternue, le monde s’enrhume. Lorsque l’Amérique retrouvera une économie prospère, le monde ira mieux. Mais, tout en étant certain qu’il essaiera, absolument rien ne garantit qu’Obama réussisse. Le monde espère un renouveau miraculeux américain, alors que l’état de l’industrie est absolument catastrophique et qu’il faudra longtemps avant que la situation s’améliore. Certes, nous allons assister à un « new New Deal », semblable à celui que Roosevelt a mis en œuvre en 1933. Mais, à cette époque, le monde était encore cloisonné et l’Amérique relativement à l’abri des convulsions du monde. Il faudra attendre 1940 pour que Roosevelt se tourne enfin vers l’Europe. Aujourd’hui, le monde est ouvert et la métaphore du papillon a toute sa valeur. Il est à craindre que la déception soit à la hauteur du rêve. Le pire n’est jamais sûr, mais comme disait Nietzsche : « Votre situation est difficile, mais rassurez-vous, le pire est à venir ».

18 janvier 2009

Einstein a raison

Einstein disait : « Il y a deux infinis : l’Univers et la bêtise humaine ; et encore, pour l’Univers, je n’en suis pas sûr ». Le monde vient de nous donner la preuve de la profonde vérité de cet aphorisme. Le conflit du Moyen-Orient entre les Palestiniens et Israél trouve ses racines dans des motivations parfaitement imbéciles. D’une part, la permanence de l’envoi de rockets sur les villages israéliens tombant au hasard au sein de la population civile est, évidemment insupportable pour n’importe quel pays et ne peut que provoquer une réaction. Qui supporterait d’avoir ses enfants en permanence sous une telle menace. Le Hamas savait donc pertinemment que son action devait provoquer une réaction violente d’Israél qui n’est pas vraiment connu pour subir sans réagir. Il n’y a donc aucun doute sur le fait que le Hamas a voulu ce sanglant épisode et ceci pour des motifs qui viennent d’ailleurs, c’est-à-dire de l’Iran. Dans le bras de fer qui oppose l’Iran aux USA et, donc à Israél, le Hamas est le supplétif docile d’un président iranien totalement irresponsable. C’est ainsi la folie (au sens propre) d’un homme qui a conduit aux drames que les palestiniens viennent de vivre … et vivront encore. De son côté, Israél a trouvé dans cette nouvelle guerre le prétexte pour essayer d’effacer des mémoires son échec au Liban face au Hezbollah. Peut-il y avoir justification plus stupide qu’un amour-propre qui fait bon marché des vies humaines ?
Moins grave mais encore plus grotesque, la seconde démonstration de cette stupidité humaine est le conflit gazier qui oppose l’Ukraine et la Russie. Le monde ne fonctionne et les populations ne vivent que par la consommation (d’ailleurs non maîtrisée) d’énergie. Les pas de clercs du Premier Ministre russe et du Président Ukrainien pour trouver une solution à un conflit soi-disant commercial ont sombré dans le ridicule le plus grand. Qui ne sait que la Russie a trouvé là le moyen de manifester sa mauvaise humeur devant le rapprochement de l’Ukraine, ancien vassal de l’URSS, et de l’Europe ? Pendant que les plus hauts responsables de ces deux pays jouent une pièce de théâtre absurde, les pays d’Europe de l’Est en subissent sans raison les conséquences. Les usines s’arrêtent, l’économie vacille, les populations souffrent sans moyen de se protéger des effets climatiques rigoureux.
Toute une partie du monde construit des châteaux en Espagne sur l'arrivée du nouveau Président des Etats-Unis. Il est à craindre que les grandes et belles idées, l'idéalisme de B.Obama ne s'écrasent bientôt sur les contingences incontournables que sont la bêtise et la violence, caractéristiques génétiques de l'espèce humaine !
Einstein a raison : l’Univers est fini !

14 janvier 2009

Le syndicat voyou

La CGT est connue du public pour être un syndicat nourri à la géviculture. Mais le progrès ne s’arrête pas. Il y a maintenant le syndicat voyou. SUD-RAIL, non content de semer perpétuellement le désordre à Marseille, vient de se livrer à un véritable acte de vandalisme à la Gare Saint-Lazare de Paris obligeant la direction de la SNCF à fermer le bâtiment– ce qui est une première dans l’histoire des chemins de fer – pour éviter un drame dû à l’exaspération des voyageurs après un mois de grève, si tant est que ce mot est encore un sens pour ce syndicat qui ne rêve que de trains à l’arrêt ! La loi impose un service dit minimum. Peut-être y a-t-il un défaut de compréhension de la part de ces syndicalistes qui ont dû comprendre que le minimum était le "zéro-train" ! La proximité des élections syndicales plonge SUD-RAIL dans l'hystérie et l'entraîne dans des voies inadmissibles. La CGT a longtemps été la courroie de transmission du parti communiste. Aujourd'hui, SUD-RAIL est la courroie de transmission de l'extrème gauche et d'Olivier Besancenot. Ce sont des pratiques d'un autre âge. La société ne peut accepter de tels comportements qu’aucune argutie ne peut justifier. La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, dit-on. Ainsi, la liberté des syndicalistes doit s’arrêter là où commence l’obligation de déplacement des utilisateurs de la SNCF. Le jusqu’au-boutisme et la surenchère n’ont jamais été payants et l’on peut espérer que ce qui vient de se passer est le premier pas vers la disparition d’un syndicat indigne. Las ! Il ne faut pas rêver !

Ce qui vous attend !!

Le temps est une notion pleine d’ambiguïté et de mystère. Sa nature, sa naissance sont autant de questions sans réponse pour les physiciens. Étroitement imbriqué avec les dimensions d’espace dans l’espace-temps qui est le nôtre, sa particularité de n’avoir qu’une direction le rend étrange. Les physiciens utilisent le concept de temps pour décrire le monde, encore que leur temps est assez particulier puisqu’il est réversible, ce qui leur permet de le manipuler de la même façon que les coordonnées spatiales. Mais nous-même en sommes le jouet. Nous subissons le passage d’un temps physique alors que nous ressentons un écoulement différent d’un temps psychique avec un décalage de plus en plus grand entre ces deux concepts. Le temps physique est un voyou ; il passe pendant qu’on a le dos tourné. Depuis un siècle, l’espérance de vie augmente de façon considérable et le sentiment du vieillissement devient de plus en plus ténu. Le décalage entre le réel et le ressenti s’accroît et nous avons l’impression d’être adolescent au mitant de la vie et de devenir majeur lorsque nous sommes déjà vieux et que les souvenirs deviennent plus nombreux que les projets. Ce décalage se paye avec le sentiment grandissant et nostalgique de n’avoir pas su mesurer correctement la valeur des évènements passés au moment où ils se sont produits. De plus, l’âge physique sait se rappeler à notre attention en nous accablant de multiples déboires comme les acouphènes et les ASB, la vue qui baisse et la DMLA, l’arthrose et l’abandon de la course avant celle de la marche, le diabète, le cholestérol et l’hypertension, les dents douloureuses, les nuits perturbées par l’hypnagogisme et de plus en plus courtes et les jours de plus en plus fatigants, les AVC, l’impuissance inquiétante, la mémoire qui flanche et les noms qui s’effacent, le souffle qui s’accourcit, le cœur qui fatigue, l’alopécie sournoise, l’abasie, l’astasie, l’adipsie, l’anosmie ou l’agueusie, sans oublier l'apopathodiaphulatophobie … Ces incidents de la vie mature et les handicaps dont ils sont la cause rendent encore plus démesuré et décourageant l’écart ressenti entre le physique et le psychique. Peut-être faut-il attendre de perdre la mémoire pour retrouver l’apaisement ?

12 janvier 2009

L’instantanéité, une erreur ?

La formidable crise systémique que connaît actuellement le monde entier (des USA à la Chine en passant par l’Europe) a eu comme origine une faillite du système financier. Or, quelle est la caractéristique de ce système ? L’instantanéité. Le système bancaire est indispensable au système économique de la même manière que le système sanguin est indispensable au corps humain. Sans lui, l’économie est en état létal. Or, depuis le milieu du XXème siècle, les hommes se sont efforcés, dans toutes leurs activités, non pas de supprimer le temps, ce qui est hors de portée, mais de raccourcir la « durée ». Tout doit aller de plus en plus vite. Les hommes ont ainsi inventé le juste-à-temps, le temps réel, la grande vitesse et ont appliqué ces principes et concepts à toutes leurs activités : industrielles, de déplacement, de traitement de l’information. Même dans le domaine de l’alimentation, ils ont inventé le « fast-food » ! Mais c’est dans le domaine du traitement de l’information que la réduction drastique de la durée a été portée à son apogée. Le traitement informatique de l’information a supprimé totalement le concept de durée pour le remplacer par celui d’instantanéité. Et c’est dans le monde de la finance que cette instantanéité est utilisée de façon permanente. Les flux monétaires circulent autour du monde sans aucun délai. En rapprochant ce fait avec la quasi-faillite généralisée du système à laquelle nous avons échappé de justesse (mais non sans en subir les conséquences), on peut se demander si l’instantanéité est un concept qui n’induit pas obligatoirement l’écroulement du système. Nous vivons dans un monde systémique, puisque globalisé et interconnecté. Si donc un dysfonctionnement se produit dans ce système, l’instantanéité induit un écroulement immédiat de l’ensemble. L’instantanéité a mis le monde en état d’équilibre dangereusement instable. Et un équilibre instable se caractérise par le fait qu’une cause infiniment petite provoque le collapsus généralisé du système.
L’évolution a mis 4 milliards d’années pour « inventer » le vivant et 7 millions d’années pour construire un système aussi complexe que le corps humain. La nature, dans son fonctionnement, a besoin de durée pour assurer une succession des saisons qui permettent à la nature de croître et d’évoluer. Le corps humain (comme celui des autres organismes vivants) a besoin de temps pour fonctionner normalement. La croissance, le sommeil, la digestion, le développement cérébral, la gestation sont autant d’activités des organismes vivants pour lesquelles la durée est une obligation vitale. Comment ne pas penser alors que l’instantanéité conduit inéluctablement à la catastrophe car contraire à l’essence même de la vie ? La véritable rénovation que les politiques nous promettent ne devrait-elle pas être de réintroduire la durée dans les activités humaines ? Cela permettrait, au moins, de réfléchir avant d’agir !! Le temps c’est de l’argent, dit-on en voulant dire que le temps est coûteux. Ne devrait-on pas dire : le temps c’est la vie ?

09 janvier 2009

Un débat factice

Le débat sur la suppression de la publicité à partir de 20 heures sur les chaînes publiques ne passionne que deux populations bien définies : les hommes politiques de l’opposition et les journalistes des médias. Les plus concernés, c’est-à-dire les consommateurs de la télévision, restent complètement indifférents au problème.Peut-être même, sont-ils assez satisfaits. Les politiques ne voient dans ce débat qu’une occasion de plus pour s’opposer frontalement au Président de la République, et les journalistes sont, comme toujours, farouchement nombrilistes. Les premiers s’inquiètent (noble sentiment) du financement des chaînes publiques malgré l’engagement du gouvernement et s’indignent de la nomination, mais plus encore de la révocation possible, des présidents de chaînes par le Président de la République. Faute d’avoir la volonté ou la capacité de réfléchir au devenir de la société française, ils s’emparent avec soulagement d’un sujet qui leur permet, tant bien que mal, d’exister médiatiquement. Qui peut croire un seul instant que l’hypocrisie actuelle du fonctionnement du CSA est une meilleure solution ? Qui a oublié les pressions que F. Mitterrand a exercées sur ce Conseil pour la nomination et la révocation des présidents de chaînes ? Pourquoi la nomination d’un président de chaîne par le Président de la République serait-elle plus scandaleuse que celle des procureurs généraux et serait-elle plus attentatoire aux libertés que le fait que le Président de la République assume la présidence du Conseil Supérieur de la Magistrature ? Il est logique que les actionnaires que nous sommes soient, non seulement représentés au sein du conseil d’administration des chaînes publiques, mais y exercent notre pouvoir de nomination et de contrôle. Or, les actionnaires sont aussi des citoyens. Qui peut représenter les citoyens ? Quelle est la solution la moins hypocrite, tant est qu’en la matière il ne faille pas rêver ?
La télévision est médiocre, quoiqu’en disent les animateurs et journalistes. Les programmes sont majoritairement indigents, tournés pour la plus grande part vers le monde factice et éphémère du spectacle, ce dernier étant fabriqué de toutes pièces par les groupes industriels médiatiques qui fabriquent leurs « produits » médiatiques comme une collection de prêts-à-porter. Le nombrilisme et le narcissisme étant les deux plus grandes vertus du monde télévisuel, on ne compte plus les émissions de télévision qui parlent … de la télévision. La multiplicité des chaînes n’a, en aucune façon, renouvelé l’offre télévisuelle, les mêmes feuilletons ou émissions de soi-disant divertissement passant d’une chaîne à l’autre sans vergogne. La diminution (car il ne s’agit nullement de sa suppression) de la publicité envahissante et, presque toujours parfaitement imbécile, ne peut être que bénéfique pour le plus grand nombre … à condition qu’une drogue abêtissante ne soit pas remplacée par une autre ! Il faut bien admettre que la stupidité est le trait commun à toutes ces publicités. Supporter pendant des demi-heures entières des problèmes d’odeurs corporelles, de tignasses en tout genre, de problèmes de transit intestinaux et de maladies diverses, de dentiers ayant une fâcheuse tendance fugueuse, d’oreilles pleines de cochonneries, de yaourts qui soignent, de margarines qui permettent de devenir champion de ping-pong, etc…, etc… est-il le meilleur moyen de communiquer avec le citoyen ? Est-on à ce point intoxiqué que l’on ne pourrait plus se passer de ces idioties ?
Plutôt que de chercher des arguties sur le financement, les gens de la télévision et les hommes politiques devraient réfléchir aux conditions nécessaires à la production d’émissions de qualité. Et en ce domaine, le travail est immense !

02 janvier 2009

Suicide et liberté

Le suicide est-il l’ultime liberté de l’homme, comme le disent les tenants du droit à mourir ? Dès que posée, cette question en soulève une autre, complémentaire et indissociable : Est-on vraiment libre lorsque l’on décide de se suicider ? Assommé par une douleur insupportable, l’esprit centré en permanence sur la souffrance, l’homme n’exerce plus vraiment son libre-arbitre. Il est devenu l’esclave de la douleur, et un esclave n’est jamais libre. Pour lutter contre cet esclavage, tout doit être fait pour anesthésier la douleur. Là est la véritable mission du médecin. Si tout est fait dans ce sens, il devient justifié que les soins palliatifs conduisent, sans souffrance, à la mort. L’euthanasie est un cas de conscience pour tout médecin confronté à une demande de mourir. Par contre, la lutte contre la souffrance devrait être une ardente obligation et se substituer à « l’obstination déraisonnable » (loi Leonetti). C’est le chemin qui évite au médecin une aporie douloureuse. Les membres de l’ADMD (Droit à mourir dans la dignité) devraient se battrent, non pour obtenir la légalisation de l’euthanasie, mais pour obtenir l’obligation de dispenser des soins palliatifs adaptés à toute personne dans la souffrance.
Il reste le cas de la déchéance inconsciente et indolore. Devant une personne chère dont l’état mental et physique défie le bon sens, qui ne jure de ne jamais se retrouver dans un tel état de déchéance inconsciente ? Qui ne dit « plutôt mourir que de devenir ainsi ! ». La première question que l’on doit se poser (mais qui reste sans réponse) est de savoir si la souffrance morale est vraiment absente dans de tels cas. Quelqu’un qui ne reconnaît plus ses proches reste-t-il indifférent à cet effacement de sa mémoire ou lui reste-t-il suffisamment de conscience pour se rendre compte de cet état de choses et en souffre-t-il ? La formulation de l’idée, voire la parole claire, peut manquer pour exprimer cette souffrance. Sans manifestation évidente de la souffrance du malade, il reste toujours celle des proches devant la déchéance progressive d’un être aimé, qui peut être parfaitement insupportable. Mais ce domaine est totalement étranger à celui du médecin qui ne trouvera jamais la justification d’un acte d’euthanasie demandé par les proches du malade en dehors du cadre législatif actuel. La loi Leonetti ouvre en effet une voie partielle à ces douloureux problèmes en donnant au malade conscient le droit de demander l’interruption des soins, soit directement soit par l’intermédiaire d’un proche mandaté par lui-même pour cette demande.
Pour qui le spectacle de la déchéance d’un être cher n’est-il insupportable ? Chacun veut, à juste titre, préserver l’image de lui-même laissée à ses proches et tous, nous voulons leur éviter la souffrance d’une lente attente avant une fin libératrice pour tous. Lorsque ceux-ci demandent au médecin un acte d’euthanasie, est-ce au nom de cette volonté supposée du malade ou pour supprimer leur propre souffrance ?