22 décembre 2014

Temps de travail

Il peut sembler normal de faire l’hypothèse que la richesse d’un pays est directement corrélée à la quantité de travail productif fournie par les actifs. Sans travail, la richesse produite est nulle. Inversement, plus cette quantité de travail est importante, plus la richesse du pays augmente. La conséquence immédiate est que cette richesse nouvelle, une fois distribuée, entraine une augmentation du pouvoir d’achat, même si la relation entre ces deux facteurs est assez complexe. L’augmentation du pouvoir d’achat, c’est-à-dire une augmentation de la demande, entraine une augmentation de l’offre donc de la production qui a un effet positif sur la diminution du chômage (mais différente sur l’inflation). Si le chômage diminue, la quantité de travail augmente et un cercle vertueux est enclenché, si l’inflation reste contenue. C’est une argumentation de ce type qui est à la base des critiques portées sur la durée légale du travail limitée à 35 heures. La première difficulté est de quantifier ces diverses interactions. Une autre difficulté est qu’une partie de la demande peut se porter sur des produits importés plus compétitifs ce qui provoque une augmentation des importations et, donc, une dégradation de la balance des paiements. Ce phénomène peut conduire à une augmentation de la dette si cette augmentation n’est pas compensée en totalité par une augmentation des exportations, ce qui implique une amélioration de la compétitivité des entreprises. Enfin, les conditions pour provoquer une augmentation initiale de la quantité de travail sont nombreuses et peuvent avoir des effets pervers, surtout lorsque le pays est fortement endetté. L’hypothèse développée rapidement ci-dessus repose sur celle que la volonté est d’enrichir le pays contrairement à la loi des 35 heures qui consiste à répartir le travail sans chercher à en augmenter la quantité. Si la croissance n’est pas là, alors ce choix a un effet de très court terme et le chômage repart immanquablement à la hausse. Augmenter la taille du gâteau ou réduire les parts, telle est la question. Une action à long terme et durable ou une action à court terme et éphémère ? Tout ceci pour dire que les décisions économiques sont difficiles. Mais le pire choix est de ne pas choisir.

14 décembre 2014

L’écologie extrémiste

La France vit depuis1848 en démocratie représentative. Le peuple délègue à des élus le droit de décider à la majorité des membres de l’assemblée de ces mêmes élus. Ceci est la règle fondamentale du fonctionnement démocratique français. Or, au sein d’un monde qui voit fleurir l’individualisme, le corporatisme et la violence, nous assistons à des remises en causes de ce fonctionnement de plus en plus fréquentes au nom d’une soi-disant écologie. C’est le cas de l’aéroport de Nantes, de la mise en place des portiques écotaxe, du barrage de Sivens, de la construction d’un Central Parc à Roybon (Isère), du tunnel du Val du Mont Rose, de la ligne TGV Lyon-Turin, et d’autres … Dans tous ces cas, une majorité d’élus a voté démocratiquement un projet et l’a adopté. Mais la réalisation de ces projets se heurte à la contestation violente de groupes hétéroclites de citoyens qui refusent d’accepter le choix démocratique au nom de la défense de leur vision de l’écologie et de l’environnement. Leurs violences empêchent la réalisation de ces projets, attendus par une majorité de citoyens concernés. Il y a là un déni démocratique. Les contingences actuelles que sont le chômage, la montée des extrêmes, la croissance insuffisante pour faire vivre une population de plus en plus nombreuse et de plus en plus pauvre, au lieu de créer une volonté commune d’en sortir, exacerbent les conflits qui s’enlisent dans le dogmatisme et sombrent dans la violence. La démocratie est la grande perdante. « Quand les blés sont sous la grêle, Fou qui fait le délicat, Fou qui songe à ses querelles, Au cœur du commun combat » dit Aragon dans un de ses poèmes (Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas). Aujourd’hui, la tornade de grêle c’est la profonde crise économique dans laquelle s’enfonce, chaque jour davantage, le pays. Fous sont ceux qui utilisent la violence pour s’opposer à la démocratie, voire à la République. Ces actes sont doublement coupables. Coupables d’être anti-démocratiques et coupables d’être violents. La violence s’insinue dans la société à tous les niveaux et le pays glisse dangereusement vers un radicalisme mortifère. Si, par malheur, l’aéroport de Nantes et la ligne Lyon-Turin sont abandonnés, les portiques écotaxe enlevés, le barrage de Sivens rayé de la carte, le site de Central Parc rendu à la forêt, le tunnel du Mont Rose reporté sine die, alors la violence apparaitra comme justifiée aux yeux de ceux qui l’emploient et elle sera de plus en plus fréquente. La société sera alors de plus en plus en danger. L’individualisme égoïste et la violence anti-démocratique sont les ingrédients d’une décomposition sociétale. Les barbares ne sont plus à nos portes, ils sont déjà entrés.

07 décembre 2014

Crise

On entend toujours le gouvernement et le Président de la République promettre des réformes structurelles et on ne voit rien venir, sinon la promesse qu’elles viendront … plus tard. Plus le temps passe, plus ces réformes seront douloureuses lorsqu’elles toucheront au système de soins ou de retraites. Le monde change rapidement pendant que la France reste enkystée dans une attitude attentiste et mortifère. Comment se fait-il que, devant un drame national comme le chômage de masse qui sévit en France, la classe politique ne soit pas capable de se regrouper pour rechercher une solution et préfère camper dans des attitudes polémiques ? Pendant que rien ne se passe, hormis le temps, la situation s’aggrave. Que va-t-il se passer lorsque les taux d’emprunt remonteront ? La situation du pays deviendra intenable, le désastre social sera inévitable, l’Allemagne se tournera définitivement vers l’Est et l’Orient entrainant avec elle les pays européens de l’Est, le couple franco-allemand sera mort et l’Europe également. Tout projet politique doit tenir compte de cette situation dramatique et doit rechercher un consensus politique pour être à la hauteur du drame qui attend la France, sans se cantonner à ce qui peut attirer des électeurs potentiels. Au lieu d’insulter une député européenne du CDU lors de l’émission DPDA du 4 Décembre dernier, comme l’on fait B. Hamon, C. Duflot et J.L. Mélenchon au cours de cette émission, nous devons tout faire pour renforcer les relations franco-allemandes sans lesquelles l’Europe ne peut pas perdurer. Le gouvernement actuel a pris conscience de l’erreur fondamentale dans laquelle, lui et ses prédécesseurs, ont persévérer jusqu’à présent. Lutter contre le chômage par des solutions « transitoires » est une erreur. Seule la reconstruction d’une industrie compétitive et innovante créera les conditions d’une réduction du chômage en créant de nouveaux emplois. Dans cette optique, la réduction du chômage est une conséquence et non un préalable. C’est pourquoi, c’est également une erreur que de s’arque bouter sur une impossible réciprocité de principe dans le pacte de responsabilité. Ce qui commande l’embauche dans une entreprise est le carnet de commande et rien d’autre. Or, il faut du temps pour que la réduction des charges se traduise par un nouvel élan commercial et productif de l’entreprise afin qu’elle puisse proposer des produits plus compétitifs. Cet acharnement à vouloir obtenir un impossible engagement à court terme des entreprises est une profonde erreur dogmatique et politicienne. La mondialisation impose aux entreprises de s’adapter en permanence à une concurrence élargie, aux innovations venant l’extérieur. Elles doivent adapter, le plus rapidement possible, leurs savoir-faire, leurs mécanismes de production, leurs implantations et leurs ressources, donc leurs ressources humaines en nombre et en compétence. Cela veut dire que le CDI « géostationnaire » devient une réelle exception, c’est-à-dire que l’emploi toute une vie au même endroit dans la même entreprise devient de plus en plus une utopie. La flexibilité de l’emploi est devenu une nécessité de l’époque. La conséquence est que le droit de Travail français est inadapté à cette époque et est devenu un obstacle au développement industriel. Les exemples de l’Europe du nord devraient nous inspirer dans la refonte de ce droit du travail. Depuis des décennies, la France vit au-dessus de ses moyens en s’endettant de façon dramatique. Il n’y a que les démagogues pour prétendre que la France peut vivre sans chercher à diminuer cette dette publique en prenant le risque d’une brusque augmentation des taux d’intérêt. La charge de la dette est devenue l’un des principaux postes de dépenses du budget. La nécessité d’engager de vraies réformes structurelles devient urgente. De vraies réformes structurelles consistent à diminuer drastiquement le poids du fonctionnement des rouages de l’Etat dans le fonctionnement de l’économie française. Cela demande des décisions courageuses allant au-delà de la réflexion sur une ré-élection. Tout cela montre que l’abrogation de tout ce qui a été fait par les gouvernements de F. Hollande ne fait pas une stratégie.