29 mai 2014

Morte au champ du déshonneur

Les élections européennes se sont terminées sur une débâcle, particulièrement en France. Tout d’abord, comme cela devient habituel, la véritable gagnante est l’abstention avec près de 60% des électeurs qui ne se sont pas déplacés. Et parmi les 40% restants, un français sur quatre a choisi de voter pour le FN. Certes, cela ne fait que 25% des électeurs français. Encore que l’on peut projeter les résultats du vote sur la totalité de la population. Cela veut dire qu’un français sur quatre a choisi ou est proche de l’extrême droite. Cette constatation est consternante. La France est un des pays fondateurs de l’Europe et elle envoie à Bruxelles des députés dont l’objectif est de paralyser, voire de faire éclater, l’Europe. Certes, les partis europhiles restent majoritaires au Parlement Européen, mais la France y est devenue marginale. Il n’est pas besoin de chercher très loin pour trouver des explications à cette dramatique situation. L’égoïsme national, la procrastination, l’incompétence des hommes politiques européens en général et français tout particulièrement forment le terreau sur lequel ont fleuri l’europhobie et le populisme qui prospèrent dans l’Europe toute entière. Le mode de fonctionnement des institutions européennes est aussi responsable. Le choix de la règle de l’unanimité du Conseil des gouvernements est un élément de blocage mortifère et un symptôme des égoïsmes nationaux qui rejettent tout compromis au nom de leur petit intérêt national. Un regard particulier doit être porté sur le succès du UKIP au Royaume Uni. Ce parti rêve d’une sortie de l’Europe. Qu’on la lui donne !! Le Royaume Uni a toujours été un frein aux évolutions européennes et a participé fortement au désenchantement des populations devant l’impossibilité des responsables européens à s’entendre sur des grands projets. Charles de Gaulle avait bien raison de s’en méfier. Certes, l’Europe sans le Royaume Uni ne sera plus tout-à-fait l’Europe, mais le moindre mal consiste à se protéger d’un virus mortifère. L’Europe est moribonde et la France est morte au champ du déshonneur. Déshonneur d’avoir perdu le leadership de la construction européenne, d’être devenu « l’homme malade » de l’Europe, de plonger dans le sous-développement alors que, partout en Europe, les pays se redressent. La constitution de la Veme République a été taillée sur mesure pour un homme d’état exceptionnel qui, malheureusement pour le pays, est resté unique. Le passage du septennat au quinquennat a été une erreur importante. La France aimant beaucoup l’alternance, elle change la majorité et, donc, le Président tous les 5 ans. Dans les temps mouvementés que nous traversons, ce délai est beaucoup trop court pour qu’un Président mette en place une politique au long court … à moins de sacrifier son avenir politique ! Or cela suppose que les politiques donnent la priorité à l’avenir du pays sur leur propre avenir politique. Ne rêvons pas !

23 mai 2014

Les agissements de la CGT

La CGT se distingue des autres syndicats français par sa politique du jusqu’au-boutisme, c’est-à-dire sa préférence pour des actes illégaux ou les catastrophes plutôt que la recherche d’une solution de compromis. Que l’on se rappelle quelques faits. En 2005, les salariés de la SNCM se lancent dans la piraterie maritime en abordant un navire chargé de tourisme et en les prenant en otages. Le port de Marseille décline depuis des années jusqu’à être devenu un port de seconde catégorie, internationalement déclassé, à la suite des grèves à répétition des dockers de la CGT. Aujourd’hui les cargos préfèrent allonger leur voyage et se dérouter vers Hambourg ou Anvers, Gènes ou Rotterdam, plutôt que d’être pénalisés par des jours d’attente en pleine mer devant Marseille. Ces mêmes dockers ont instauré une sorte loi salique à la mode syndicale de transmission du poste de docker de père en fils, à condition d’être encarté à la CGT. La violence du discours de certains leaders syndicaux cégétistes envers les chefs d’entreprises est un autre symptôme de cette dérive jusqu’au-boutiste. Rappelons-nous les menaces proférées envers le patron de Peugeot-Aulnay et des non-grévistes (car il y en a toujours). Rappelons-nous ces mêmes menaces envers Goodyear-Amiens qui a abouti à la fermeture de l’usine, comme cela s’est également produit à Florange où la violence syndicale n’avait, à l’évidence, aucune chance d’inciter Mittal à relancer les hauts fourneaux. Comment obtenir quoi que se soit lorsque l’on menace de faire sauter les installations industrielles avec les bouteilles de gaz ou en prenant des cadres en otages ? Comment peut-on passer pour un interlocuteur valable lorsque l’on profère de telles absurdités ? Un nombre considérable de kiosques à journaux ont fermé à la suite de l’intransigeance de CGT-Portalis qui n’a pas hésité à bruler des milliers d’exemplaires de journaux. Aujourd’hui, la SNCM est au bord de la disparition à cause de la démagogie destructrice de la CGT qui a installé, au sein de l’entreprise, un mode de fonctionnement économiquement impossible et qui rebute tout repreneur éventuel. La SNCM a perdu sa place de premier transporteur à destination de la Corse au profit de Corsica-Ferries qui fonctionne avec deux fois moins de salariés, qui a mis en place la polyvalence de ceux-ci, qui a permis l’embarquement des animaux domestiques accompagnés, qui a multiplié les rotations journalières à destination de la Corse, toutes choses refusées catégoriquement par la CGT. Celle dernière n’a-t-elle pas sombré dans le racisme en inventant la « corsification » des emplois ? Compte-tenu du poids de ce syndicat dans l’ensemble des entreprises et des administrations françaises, comment s’étonner que la France fonctionne si mal ? Dans son sillage, existent d’autres syndicats qui suivent plus ou moins la même radicalité comme FO et SUD. Or, au plan national, tous ces syndicats sont très loin d’être représentatifs du monde du travail, compte tenu du très faible taux de syndicalisation des salariés. On peut donc affirmer qu’une minorité impose sa volonté à la majorité. La démocratie en souffre.

12 mai 2014

Etat de guerre

Boko Haram, qui considère la femme comme un simple objet sexuel sans droit, enlève plus de deux cents adolescentes dans le dortoir d’une école pour en faire des putes livrées aux assoiffés de sang qui pourrissent le monde musulman en particulier et le monde entier en général. Que peut-on dire de ces individus à part qu’ils ont deux yeux, deux jambes, deux testicules comme les singes, et qu’ils n’ont pas de cerveau ? Peut-on avoir à leur encontre un autre sentiment que de vouloir leur disparition totale, leur effacement de la planète par n’importe quel moyen ? L’appartenance à une démocratie doit-elle nous conduire à considérer que ces « choses » sont des êtres humains méritant un jugement et qu’en conséquence souhaiter leur mise à mort est contraire aux bons sentiments démocratiques ? La peine de mort a été abolie pour les hommes, pas pour les animaux. Que doit-on privilégier ? Le refus de la mise à mort d’individus qui ont perdu le statut d’être humain ou la protection et la sauvegarde d’enfants innocents ? Cela pose le problème des limites relatives d’une morale quelle qu’elle soit. Souvenons-nous que la morale catholique a longtemps considéré la torture inquisitionnelle comme un parangon de vertu. De même, la Révolution française a choisi la terreur par la mise à mort de masse pour signature de sa moralité. La morale pacifiste franco-anglaise des années 1930 nous a conduit à la guerre la plus meurtrière que la Terre ait connue et qui a vu banalisé le bombardement des villes et des civils, comme Dresde ou Le Havre, avec le point d’orgue d’Hiroshima et de Nagasaki. Plus récemment, les armées occidentales ont bombardé les Serbes du Kosovo au nom de la sauvegarde de la population musulmane. Toute morale peut s’égarer dans des chemins condamnables. Il est des cas où l’application de principes considérés comme moraux vont à l’encontre du simple bon sens qui veut que certains actes soient totalement inacceptables et, donc, n’entrent plus dans le cadre des lois comportementales démocratiques ou simplement humanistes. Les assassins appartenant à Boko Haram ne méritent qu’un seul destin : leur éradication sans aucun jugement. Nous devons nous considérer en état de guerre contre cette secte sanguinaire et, dans une guerre, il n’y a qu’un but : faire disparaître l’ennemi. Boko Haram, comme le sida, doit disparaître totalement et par tous les moyens.

07 mai 2014

Mauvaise conscience

N’avez-vous jamais été interpellé par quelqu’un, entre la poire et le fromage ou entre l’église et le bistrot, éructant du haut d’une indignation apparente : « Comment osez-vous vous plaindre du prix du pain alors que des enfants syriens meurent torturés et gazés » ? Un sentiment de gène, voire de honte, vous saisit alors à la conscience. Que représente, en effet, le prix d’une baguette en face d’un enfant, mort sous l’effet du gaz asphyxiant ou à qui un tortionnaire arrache les ongles ? Vous culpabilisez alors de la petitesse, de la médiocrité, de l’égoïsme de vos préoccupations. Au lieu de battre votre coulpe, demandez-vous de quel point de vue vous invective votre interlocuteur. Soit, dans la plupart des cas, il est lui-même complètement extérieur au problème de la Syrie, ou du problème auquel il fait allusion, et prend l’attitude facile du contempteur, bien à l’abri des horreurs dont il vous parle et qu’il pense être, sans aucune preuve et avec un à-priori suspect, absentes de vos préoccupations. Soit, dans des cas rares, il est partie prenante et impliqué dans les problèmes dont il vous parle. Dans ce cas, son implication même lui pose des œillères sur les préoccupations d’autrui, lui cache le monde extérieur et l’empêche de comprendre que le prix du pain peut être une question vitale pour celui qui vit dans la rue. Cela n’empêche nullement les nantis de trouver quelques motifs de se plaindre ou de simuler l’indignation à bon compte et sans aucune pudeur. Mais il y a peu de chance que ce soit votre cas.