26 avril 2011

Politique et morale

Surpris par la nouveauté et la soudaineté de l’événement, les occidentaux ont tardé à réagir au mouvement de libération du peuple tunisien. Lorsqu’un processus similaire s’est déclenché en Égypte, les occidentaux, ayant retenu la leçon tunisienne, ont réagit rapidement pour soutenir la révolte populaire. Lorsqu’à leur tour les Libyens ont cherché, et cherchent encore, à se libérer du joug de leur tyran, les occidentaux ont pris les armes. Et puis, voilà que le besoin irréfragable de liberté soulève le peuple syrien… et les responsables politiques occidentaux restent étrangement silencieux. Le dictateur libyen emprisonne des enfants, les torture en leur arrachant les ongles, tire sur le peuple appelé « terroriste salafiste » en utilisant les chars et les armes lourdes. En face, quatre pays occidentaux rédigent timidement un projet de note de protestation à destination du Conseil de Sécurité des Nations Unies (?), les USA envisagent des représailles « ciblées » en guise de protestation, la majorité des pays européens reste silencieuse. Soutenu ouvertement par deux guignols dangereux, l’iranien Mahmoud Ahmadinejad et le vénézuélien Hugo Chàvez, le tyran syrien se croit intouchable du fait de son influence délétère sur la situation palestinienne. Certes, la real-politique est une nécessité, mais parfois elle soulève le cœur. Elle montre, à l’évidence, que politique et morale sont deux mondes incompatibles.

24 avril 2011

Téléonomie et systémique

Dans son dernier ouvrage « L’évolution vue par un botaniste », J.M. Pelt insiste sur une propriété des êtres vivants dans le monde botanique et qu’il appelle l’associativité. Cette propriété permet à un organisme formé de composants différents et associés d’avoir des propriétés nouvelles que ne possèdent pas ses composants. Pour les praticiens de la systémique, il y a là quelque chose de bien connu appelé « propriété émergente ». Un système, formé d’éléments en interaction les uns avec les autres, possède une (ou plusieurs) propriété(s) appelée(s) émergente(s) et que ne possèdent pas ses éléments constitutifs. Cette propriété des systèmes existe aussi bien dans le monde vivant que dans le monde des processus artificiels. Par exemple, le système complexe appelé ordinateur, possède des propriétés de calcul, de comparaison et de déduction que ne possède aucun de ses différents composants. Il en est de même dans le monde du vivant. Un être vivant, qu’il appartienne au monde animal ou au règne végétal, possède des propriétés que ne possèdent pas les cellules dont il est fait. Il existe cependant une grande différence entre le monde inerte et le monde du vivant. Cette différence tient dans une propriété que, seuls, possèdent les éléments élémentaires dont sont faits les êtres vivants. Cette propriété est ce que Jacques Monod a appelé la téléonomie (1989) (terme inventé par Colin S. Pittendrigh en 1958) : les êtres vivants se distinguent des autres structures (…) par cette propriété que nous appellerons la téléonomie. Les êtres vivants sont des objets doués d’un projet qu’ils représentent dans leur structure et qu’ils accomplissent dans leurs performances (Le hasard et la nécessité). Un microprocesseur n’est pas doté d’un projet spécifique et caractéristique de sa structure, alors qu’une cellule souche possède cette propriété remarquable d’engendrer des cellules spécialisées qui vont constituer un organe spécifique. Une cellule souche dite multipotente, issue d’une cellule totipotente, est engagée dans un projet (la morphogenèse) consistant à donner naissance à différents types de cellules spécifiques d’un organe. Aujourd’hui, nous ne faisons que constater le phénomène de l’organogenèse sans comprendre le comment profond du processus qui fait qu’une cellule indifférenciée, non seulement donne naissance aux cellules spécifiques d’un organisme, mais qu’elle se positionne dans l’embryon au juste endroit. Ainsi, on peut dire que « l’associativité » décrite par J.M. Pelt est une somme de systémique et de téléonomie. Constatons également que la téléonomie des cellules du vivant s’ajoute au nombre considérable de processus de la nature que nous ne comprenons pas.

16 avril 2011

Les énergies renouvelables

On sait depuis longtemps que rien ne se crée et rien ne se perd, tout se transforme. Ainsi en est-il de la colossale énergie initiale du big-bang qui, depuis plus de treize milliards d’années, se transmet et se transforme dans l’Univers, sous des formes diverses et variées. Une partie de cette énergie a permis la création de la matière visible et sombre (m = E/c2), donné à cette matière l’énergie cinétique et la quantité de mouvement qui l’anime depuis la nuit des temps, a animé les processus qui ont conduit, notamment sur Terre, à l’apparition de la vie, a peut-être participé à la création de l’énergie noire. L’énergie que la Terre a reçue en héritage existe toujours aujourd’hui sous des formes extraordinairement variées et l’homme, depuis son apparition, vit en recherchant et en consommant cette énergie pour la transformer sous formes diverses qui lui permettent de vivre et de transformer son environnement. Il consomme sans retenue et, actuellement, consomme l’énergie dite fossile pour ses besoins et l’organisation de sa vie. Une partie de cette énergie se retrouve dans la création de chaleur et de gaz à effet de serre qui élève la température de son environnement à tel point que l’homme commence à s’en inquiéter car cette évolution met en danger sa propre existence. Il regarde alors autour de lui et cherche où se cache l’énergie dont l’Univers lui a fait cadeau. La chasse aux énergies dites renouvelables est lancée car elles se dissimulent un peu partout dans notre environnement. Lorsqu’on évoque les énergies renouvelables, on pense presque uniquement aux éoliennes et aux panneaux solaires. Or, les sources renouvelables sont beaucoup plus nombreuses. Depuis longtemps, l’homme a utilisé l’énergie de l’eau des rivières et les barrages et les microcentrales en sont les utilisations les plus abouties. L’énergie du vent a été utilisée très tôt pour le fonctionnement des moulins à vent et, aujourd’hui, pour celui des éoliennes. Si les moulins à vent ont, depuis longtemps, servi à moudre le blé ou à pomper l’eau des polders, les éoliennes destinées à fournir de l’électricité pâtissent du fait que la quantité d’énergie récupérée par chacune d’elles est faible. En effet, là où une centrale nucléaire de 1,5 GW demande 10 hectares de surface, il en faut 18.700 pour obtenir la même puissance avec des éoliennes. En outre, leur esthétique n’est pas consensuelle. Chauffés par le soleil, les hommes ont toujours rêvé d’utiliser cette source d’énergie pour leur compte. L’énergie thermique de basse température est, aujourd’hui, exploitée pour la production d’eau chaude et pour le fonctionnement des pompes à chaleur. L’énergie thermique des hautes températures est utilisée dans les fours solaires. Le projet le plus abouti est, actuellement, le projet « desertec » qui prévoit des centrales utilisant des miroirs concentrant la lumière du soleil pour créer suffisamment de chaleur et générer de la vapeur qui servira à actionner des turbines et des alternateurs produisant de l’électricité. Des réservoirs de chaleur (réservoirs de sels fondus) seront utilisés pour stocker de la chaleur durant la journée afin d’actionner les turbines pendant la nuit ou bien lors de pics de consommation. Des essais analogues existent en Espagne du Sud. Une autre technique d’utilisation de l’énergie solaire est la technique des cellules photovoltaïques qui produisent directement de l’électricité sous l’effet des photons solaires. Mais cette technique est de 5 à 10 fois plus coûteuse que l’éolien et la fabrication des panneaux, souvent par une entreprise chinoise fonctionnant grâce à de l’électricité fournie par une centrale à charbon, est très polluante, le silicium étant obtenu par des procédés de chauffage à très haute température et générateurs de CO2. La Terre est aussi susceptible de restituer une partie de l’énergie reçue lors de sa création. C’est la géothermie qui cherche à récupérer sous diverses formes la chaleur interne de la planète. La géothermie humide exploite l’eau chaude des couches souterraines, la géothermie sèche injecte directement de l’eau froide dans des roches chauffées naturellement. L’énergie cédée à la Terre lors de sa création se retrouve en partie dans les mouvements des mers et des océans. Une partie de cette énergie peut être récupérée en exploitant la houle, l’énergie potentielle des marées, voire les courants marins. Les moulins à marée remontent au Moyen-âge, essentiellement en Bretagne, et l’usine marée-motrice de la Rance en est une réalisation moderne, des expériences ayant été faites pour utiliser les mouvements alternatifs de la houle et le mouvement continu des courants. La biomasse désigne l'ensemble des matières organiques d'origine végétale (algues incluses), animale ou fongique, pouvant devenir source d'énergie par combustion comme le bois, par méthanisation fournissant le biogaz ou par fermentation de matières organiques pour obtenir du biocarburant. Utilisant l’énergie solaire emmagasinée par les plantes, la biomasse est aujourd'hui, de loin, la première énergie dite renouvelable en France, malgré le faible rendement de la photosynthèse et l’utilisation importante de pesticides et de fertilisants. Cette énergie peut être considérée comme renouvelable tant qu’elle ne met pas en péril la fertilité des sols ou tant qu’elle ne crée pas de compétition excessive entre la fourniture de produits pour l’alimentation et la fabrication de carburants. Les déchets ménagers récoltés, en décharges ou dans les stations d’épuration, peuvent servir de source de biogaz. Touts ces énergies sont, sous des formes diverses, récupérées de l’énergie solaire. Le soleil est une énorme bombe nucléaire où s’entretiennent des réactions de fusion entre noyaux d’hydrogène pour former des noyaux d’hélium dégageant une énorme quantité d’énergie par depuis quatre milliards d’années. La fusion de noyaux légers dégage d’énormes quantités d’énergie provenant de l’attraction entre les nucléons due à l’interaction nucléaire forte. Le soleil est ainsi une boule de plasma chaud et dense. La tendance du plasma à se disperser et à se refroidir est contrebalancée par l’énorme gravitation régnant dans le Soleil. Sur Terre, les forces de gravitation sont insuffisantes et il est impossible d’obtenir une réaction de fusion entre deux atomes dans ces conditions. Il n’est pas envisageable, non plus, de confiner un plasma atteignant plusieurs millions de degrés à l'aide de parois matérielles. Pour faire face à ces obstacles, les chercheurs ont mis à profit les propriétés du plasma et ont pensé à le maintenir dans une « boîte immatérielle ». Ils ont compris comment utiliser la propriété des particules du plasma qui ont tendance à s’enrouler autour des lignes de champ magnétique et à les suivre dans leur trajectoire. En refermant les lignes de champ magnétique sur elles-mêmes, les Russes sont ainsi parvenus à mettre au point le concept du tokamak à la fin des années 60. L’intérêt de ce concept pour produire des plasmas ne s’est pas démenti depuis, puisque les principales installations construites dans le monde furent des tokamaks comme le JT60 au Japon, JET en Angleterre et Tore Supra en France. La fusion envisagée est celle des nucléons d’hélium et de tritium. Cette fusion produit des neutrons rapides et destructeurs dont on ne sait pas encore aujourd’hui comment s’en protéger, même si on envisage d’en utiliser une partie pour régénérer le tritium à partir de lithium. Le projet ITER comporte de multiples difficultés comme l'instabilité des plasmas, les fuites thermiques et la fragilité des métaux supraconducteurs. Mais l’enjeu est d’une telle importance que de nombreux pays se sont associés pour tenter l’expérience, malgré ses incertitudes et son coût : L’Union Européenne, les États-Unis, le Japon, la Russie, la Chine, la Corée du Sud et l’Inde. Ce panorama des énergies renouvelables n’est, évidemment, pas exhaustif, l’imagination humaine étant fertile. Deux autres pistes existent : la récupération et l’économie. Récupérer l’énergie perdue inutilement, en général sous forme de chaleur, est une préoccupation grandissante dans tous les processus industriels. Un exemple en est les véhicules hybrides qui utilisent une partie de l’énergie du carburant traditionnel pour recharger les batteries électriques. Un autre exemple est l’essai d’utilisation de la chaleur véhiculée dans les égouts urbains par les différents effluents. Aucun processus n’ayant un rendement de 100%, tous perdent une partie de l’énergie utilisée sous forme de chaleur. L’enjeu est de récupérer cette perte. Enfin, il ne faut pas oublier que la meilleure énergie renouvelable est celle que l’on ne consomme pas. L’effort fait notamment dans la construction pour éviter les pertes caloriques reste une voie privilégiée pour économiser l’énergie. Depuis la nuit des temps, l’homme n’a survécu qu’en consommant de l’énergie. Aujourd’hui, cette consommation est devenue tellement importante qu’elle est devenue excessive par rapport à ce que la planète peut fournir. Toutes les énergies fossiles (charbon, lignite, pétrole, sables bitumineux, gaz naturel et gaz de schistes, tourbe, uranium, métaux rares, …) sont appelées à disparaître, peut-être plus rapidement que l’on ne croit compte tenu de la voracité des hommes et de leur prolifération. La seule énergie que l’homme ne pourra jamais épuiser est celle du Soleil. Lorsque celui-ci disparaîtra, l’homme aura cessé d’exister depuis longtemps ! Le défi reste important. Dans 50 ans, la Terre comptera 3 milliards supplémentaires d’êtres humains, les besoins en énergie augmentent actuellement au rythme de 1,8% par an et le réchauffement climatique devient de plus en plus menaçant.

12 avril 2011

Polémiques indécentes

Il existera toujours des esprits alambiqués pour chercher toutes les occasions de critiquer leur propre pays, leur volonté polémique l’emportant sur la raison et le bon sens. L’arrestation de l’usurpateur Gbagbo est à peine réalisée que déjà des voix s’élèvent pour critiquer, voire condamner, la France sur son rôle dans la tragédie ivoirienne. Car il s’agit bien d’une tragédie qui a fait des milliers de morts et dont les traces vont se dévoiler dans les fosses communes que l’on ne va pas tarder à découvrir. Les dernières élections ivoiriennes ont été organisées et chèrement payées par la communauté internationale et ont été imposées à Gbagbo qui avait prolongé indûment et illégalement son pouvoir pendant cinq ans après la fin légale de son mandat. Ces élections ont été surveillées par la même communauté internationale pour s’assurer de leur bon déroulement et valider leurs résultats. Ces bons esprits qui critiquent la France oublient facilement que Laurent Gbagbo a été l’inventeur du concept d’ivoirité qui rappelle étrangement celui d’identité nationale combattue violemment par ces mêmes esprits critiques lorsqu’il est évoqué dans leur propre pays. C’est en utilisant ce concept raciste que le président ivoirien déchu a éliminé ses adversaires lors de sa première élection. C’est le même homme qui a refusé les résultats des dernières élections et s’est lui-même intronisé Président de la Cote d’Ivoire. C’est le même homme qui, sous l’influence de sa femme transformée en véritable gourou fanatique, n’a pas hésité à armer de kalachnikov des voyous sans scrupule qui ont semé meurtres et exactions dans la capitale ivoirienne et dans tout le pays. Il faut, de temps en temps, raison garder et faire passer en priorité des arguments humanistes et de simple bon sens avant des arguties polémiques et pleines d’arrière-pensées. La France est intervenue dans le cadre d’une résolution de l’ONU qui lui demandait de protéger la population. Quel meilleur moyen de protéger la population que d’empêcher de nuire celui qui sème le désordre et les assassinats ? Certes, la situation reste compliquée car nombre d’Ivoiriens vont se sentir frustrés. N’oublions pas que Gbagbo a recueilli 46% des voix lors des élections. La réconciliation nationale, indispensable, risque d’être difficile et longue. Souhaitons que le Président élu soit à la hauteur. La communauté internationale ne devra pas lui lésiner son aide.

03 avril 2011

Vous avez dit Identité ?

Au moment où le communautarisme devient une menace, où les idées approximatives s’enlisent dans des débats vaseux sur le multiculturalisme, l’identité ou la laïcité, il est sain de faire un petit rappel sur nos origines profondes. L’ambiguïté du mot « identité » ajoute à la confusion des discours. Il est, en effet, porteur de deux idées contradictoires : à la fois ce qui nous est commun (identique) et ce qui nous est propre et nous sépare des autres (que l’on décrit, par exemple, sur une carte d’identité). Racisme, crainte de l’immigré, rejet de l’étranger, peur de la différence, telles sont les valeurs de ceux qui proclament des slogans nationalistes tels que « La France aux Français » ou « La préférence nationale ». Ils véhiculent une idéologie qui rappelle celle de la pureté de l’Aryen dont l’Histoire gardera à jamais en mémoire la dévastation qu’elle entraîna. Cette idéologie farfelue repose sur le fantasme d’une soi-disant race française dont les racines plongeraient dans la préhistoire. Or, tous, nous sommes des fils d’immigrés. L’histoire de la France est une longue suite d’invasions venant d’horizons divers, Europe centrale, Pays nordiques, continent Africain, Moyen-Orient, Europe occidentale. Dès la préhistoire, les premiers venus, les Néanderthaliens et l’Homme moderne, venaient d’un ailleurs africain. De tout temps, la Gaule, puis la France, a été traversée par des invasions et des influences étrangères. Déjà, du VIIIe siècle au VIIe siècle avant notre ère, le peuple de Hallstatt, venant du centre de l’Europe, a envahi le pays, suivi au Ve siècle avant JC par un peuple indo-européen appelé peuple de la Tène. De -58 à -51, la conquête romaine permet l’installation de la civilisation de Rome pendant des siècles. Dès la fin du IIIe siècle, les Saxons s’implantent sur les côtes bretonnes et apportent avec eux la civilisation celtique que certains Français d’aujourd’hui continuent de revendiquer. En l’an 406, la Gaule subit un débordement d’envahisseurs constitué des Vandales venant de Scandinavie, des Burgondes et des Suèves. Ces derniers occupent la Gaule du Nord, occupent Lyon en 461 et s’installent de la Champagne à la Durance. Dans le même temps, les Alamans s’installent durablement en Alsace et, au XIIIe siècle, seront présents dans les régions alpines. La même année, venant de la rive droite du Rhin, les Francs envahissent la Gaule à leur tour et Clovis annexe tout le Nord du pays. En 507, ils atteignent Poitiers. En 412, les Visigots, quant à eux, envahissent le sud de la Gaule jusqu’à Bordeaux et les rives de la Loire. Tous ces envahisseurs furent suivis, dans la seconde moitié du Ve siècle, par les Bretons d’une part qui venaient des îles Britanniques et s’implantèrent en Armorique, par les Huns d’autre part, conduit par le célèbre Attila, en 451 qui s’installèrent dans l’Est de la Gaule jusqu’à Orléans. En 490, les Ostrogots, venant de la péninsule italienne, franchissent les Alpes et s’implantent dans la vallée du Rhône. Les Sarrasins musulmans ont également envahi la France et personne n’oublie la guerre que leur livra Charles Martel pour les arrêter à Poitiers en 732. Chaque guerre, et elles furent nombreuses et longues durant l’Histoire de France, a provoqué des immigrations étrangères d’hommes cherchant à fuir leur pays pour de multiples raisons. Ainsi, en 1453, la bataille de Castillon marquant la fin de la guerre de Cent ans fut suivie par l’installation en France de colonies écossaises qui y firent souche. Ils furent suivis, en 1570, par l’exil des compagnons écossais de Marie Stuart qui s’implantèrent dans la Creuse. Tous ces « envahisseurs » et ces immigrés ont fait souche dans notre pays et nous descendons d’eux. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. L’expansion économique des trente glorieuses n’a été possible que grâce aux arrivées successives, dès le début du XXe siècle, des Italiens, des Russes blancs, des Polonais et des Juifs égyptiens qui ont fourni la main d’œuvre non qualifiée dont la France a eu besoin dès 1950. Au milieu du siècle dernier, sont arrivés, pour les mêmes raisons, les Portugais, les Espagnols, les Maghrébins, les Africains. Tous ces hommes d’horizon divers et plus ou moins lointains ont, pour la plupart, fondé une famille en France et leurs enfants sont aujourd’hui parmi nous. Nous avons tous des ascendants apparentés à ces hommes venus d’ailleurs. Ce sont toutes ces origines diverses qui ont construit notre identité d’aujourd’hui. Il n’est point besoin de longs discours et de vaines polémiques pour admettre que nous sommes tous des sang-mêlé. Ne l’oublions jamais !