30 avril 2008

La courbe de Phillips, vous connaissez ?

Un des fleuron de la « science » économique est la courbe de Phillips. Depuis le début du siècle, les économistes utilisent abondamment les statistiques pour « inventer » des formules mathématiques permettant de modéliser le passé et de proclamer que l’économie est une science. La courbe de Phillips est un des fleuron de ces formulations. Elle met en évidence une relation inverse entre les variations du chômage et de l’inflation. Un fort taux de chômage s’accompagne d’un faible taux d’inflation et inversement. Or, nous assistons aujourd’hui à une remise en cause sévère de ce paradigme : l’inflation en France n’a jamais été aussi élevée depuis des années et le taux de chômage augmente. La courbe de Phillips nous ment !! L’économie n’est pas encore une science.

25 avril 2008

Le prix du pain

Un expert du Credoc annonce, sans rire et sur les antennes de la télévision, qu’il est impossible de dire si une baguette de pain à 1 Euro est chère ou non. Il est à craindre que cet expert ne se soit jamais préoccupé des difficultés de vivre d’un grand nombre de ses concitoyens. Lorsque la même baguette est vendue pratiquement deux fois moins cher en grande surface (0,45 €) que dans la boulangerie du quartier (1 € et plus), il faut croire qu’il y a une certaine part d’arbitraire dans la fixation du prix du pain et que cette part d’arbitraire fait allègrement l’impasse sur la paupérisation d’une partie de la population ! La spéculation sur les matières premières agricoles a, certes, une part de responsabilité dans la recrudescence de l’inflation récente. Mais la part de la farine dans le prix d’une baguette ne dépasse pas 20%, la plus grande partie étant le coût de la main d’œuvre. Rappelez-vous qu’avant la mise en œuvre de l’Euro, la baguette valait environ 3 francs chez votre boulanger. Aujourd’hui, la même baguette vaut plus de 1 Euro, c’est-à-dire plus de 6 francs ! Les artisans boulangers ne devront pas chercher ailleurs la raison de leur disparition progressive ! Le pain est, en France, chargé d’une signification symbolique que ces artisans ont tort d’oublier. Une relecture de l’Histoire leur rappellerait que des révolutions sont nées d’un prix du pain excessif… Il est à craindre que l’effet cumulé et condamnable des spéculateurs et de l’artisanat ne nous conduise à de graves mouvements sociaux. Le malheur pèse sur les sociétés où le prix du pain devient un objet de discorde !

22 avril 2008

Citoyen d’honneur ou citoyen instrumentalisé?

Qui peut croire à la sincérité du geste du maire de Paris consistant à donner une distinction honorifique au Dalaï-Lama ? Qui peut penser une seconde que cette gesticulation n’est pas guidée par un opportunisme de première grandeur ? Après la « bravitude » de Ségolène Royal sur la Grande Muraille, quel meilleur moyen de se positionner comme le leader moral de la gauche ? Dans ce calcul, quelle est la place du peuple chinois (je ne parle pas de ses dirigeants) qui s’est senti insulté par les évènements de Paris ? Comment peut-on donner la priorité à ses ambitions personnelles sur le sentiment de mise à l’index d’un peuple qui représente une des plus vieille civilisation du monde, plus ancienne que la civilisation occidentale de quelques millénaires ? Il est incontestable que les dirigeants chinois sont ulcérés par les évènements de Paris, ce qui n’est pas forcément grave, mais il n’en est pas moins vrai que le peuple chinois est blessé, ce qui est affligeant. Et le geste du maire de Paris n’arrange rien. On ne peut pas en vouloir aux chinois de vivre avec la propagande de leur dirigeants. C’est pourquoi il est inutile de les blesser. Quelle connaissance le maire de Paris a-t-il de la sensibilité et des sentiments de la civilisation chinoise ? De quel droit prend-il le risque d’agir comme il le fait au risque de créer un sentiment d’être insulté dans la population chinoise ? Et enfin, de quel droit la France et ses représentants se donnent-ils le droit de donner des leçons au monde entier ? Ont-ils déjà oublié la guerre d’Algérie ? S’il y avait une faute à ne pas commettre, c’était de donner les jeux olympiques à Pékin. La faute originelle a été de privilégier les aspects financiers au respect des règles morales : il ne fallait pas « donner » les jeux olympiques à un régime autoritaire et sanguinaire.

Maladie ou utopie ?

Regardons les choses en face. Le parti socialiste est en cours de dislocation sous l’action de l’effet dissolvant des ambitions personnelles qui annihilent toute tentative d’imagination. Le parti de la majorité est envahi par la perplexité et par le « blues », se reconnaissant de moins en moins dans l’action du président de la République, pourtant élu largement par la population, il y a un an à peine. Le parti communiste n’en finit pas de mourir accroché comme un fruit pourrissant sur la branche morte de ses convictions archaïques, les verts noyés dans la pagaille et le verbiage sont inexistants, le modem suicidaire et masochiste s’est pratiquement auto-dissous. La démocratie représentative est malade.
Il n’y a pas une réforme (ou projet de réforme) qui ne soit combattue et qui ne fasse descendre les Français dans la rue : les enseignants, les étudiants, les pompiers, les chauffeurs de taxi, les infirmières, les dockers, les chauffeurs de poids lourds, les retraités, les moniteurs d'auto-école, etc … Tout le monde est d’accord pour réformer à condition que la réforme ne le concerne pas. La démocratie participative reste une utopie.

17 avril 2008

L'Education en danger

Les manifestations organisées par les syndicats de lycéens et de l’Éducation Nationale, réclamant l’abandon de la diminution du nombre de professeurs, posent une interrogation de fond. En effet, les moyens et le budget de l’Éducation Nationale ont augmenté régulièrement depuis des dizaines d’années. Or, aujourd’hui, les résultats sont les suivants : trop d’élèves du primaire arrivent en secondaire sans maîtriser la lecture et l’écriture ; 150.000 élèves sortent du système scolaire durant le secondaire sans aucun diplôme ; 1 étudiant sur 2 abandonne ses études au cours des 3 années d’études universitaires ; les classements internationaux concernant l’efficacité de l’enseignement montrent une descente régulière et permanente de la France par rapport aux autres pays occidentaux. Alors, devant ce navrant constat, pourquoi les enseignants ne se posent-ils pas la question de leur professionnalisme et de leur efficacité plutôt que de réclamer sans cesse des moyens supplémentaires ? Cette question ne remet pas en cause leur implication personnelle, mais elle pose la question de l’organisation du contenu et du fonctionnement de l’Éducation Nationale. Doit-on soupçonner que la mainmise des syndicats sur le monde des enseignants empêche ceux-ci de mettre en œuvre une véritable réflexion sur la meilleure façon de sortir de l’impasse dans laquelle est plongé l’enseignement, primaire, secondaire et supérieur, en France ? Au moment où la France se paupérise à cause d’un endettement croissant et d’une compétitivité en déclin, il n’y a que les syndicats pour n’avoir pas compris qu’il faut faire mieux avec moins de moyens dans tous les domaines.

11 avril 2008

Spéculateurs et émeutes de la faim

La Mauritanie, le Sénégal, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, Haïti, l’Égypte, le Mexique, l'Indonésie, le Cambodge, la liste s’allonge des pays où les populations se révoltent contre le prix des denrées alimentaires. La famine existe sur Terre depuis longtemps, mais ces mouvements de colère annoncent un phénomène nouveau. Jusqu’à présent, les peuples soumis à la famine étaient les victimes d’une pauvreté sans issue et, souvent, entretenue par un gouvernement incapable et corrompu, comme cela existe dans un grand nombre de pays d’Afrique. En extrême-Orient, des pays comme le Bengladesh souffrent de conditions climatiques particulièrement dévastatrices qui, de façon régulière, plonge le pays dans le chaos. Mais aujourd’hui, nous assistons sans broncher à un phénomène particulièrement révoltant. On nous explique que le renchérissement des produits alimentaires est la conséquence d’une demande accrue en provenance de la Chine et de l’Inde en particulier. Comme si la population chinoise avait bondi de plus de 40% en l’espace de quelques mois !! C’est pourtant en quelques mois que l’on a vu les prix des denrées alimentaires entrer dans une inflation à deux chiffres, atteignant parfois plus de 100%.
Même si la pression sur la demande du fait de la croissance des pays en développement accéléré existe, elle n’explique pas tout. Elle n’est même pas la cause principale de cette envolée des prix. Le prix du pétrole est le fruit d’une pure spéculation à la hausse qui a nécessairement des répercussions sur les coûts de fabrication de beaucoup de produits transformés. Mais la répercussion sur les matières premières alimentaires est, certes, réelle, mais elle ne peut expliquer l’ampleur de la hausse des prix de celles-ci. Certains analystes expliquent que la hausse du prix du baril de pétrole a créé une forte demande portant sur les biocarburants, ce qui entraîne automatiquement une hausse des matières premières agricoles. Cela est peut-être vrai, mais jusqu’à présent le riz n’entre pas dans la catégorie des biocarburants et, pourtant, la hausse de son prix est spectaculaire. En Thaïlande, le prix du blé et du riz blanc a doublé … en un mois ! L’explication n’est donc pas suffisante. La seule qui reste est la pure spéculation (coton, cacao, sucre, café, riz, blé, etc …). Il existe sur la planète des organismes, c’est-à-dire des individus, qui accumulent une richesse considérable en jouant à la hausse le prix des produits alimentaires, voire en organisant la pénurie en les stockant en attendant la hausse. La conséquence directe de cet enrichissement immoral est la révolte des peuples pauvres qui n’arrivent plus à nourrir leurs enfants. Les révoltes des peuples affamés ont toujours débouché sur de profonds bouleversements sociaux. C’est ce qui attend la planète. Le monde est impuissant devant la spéculation frénétique qui est devenue le nouveau cancer planétaire.

06 avril 2008

Sport et politique

« Il ne faut pas mélanger le sport et la politique ». Voilà un slogan que l’on entend à l’envi depuis la polémique sur la participation aux jeux olympiques de Pékin. Ce slogan est une absurdité absolue. En quoi le sport serait-il à traiter différemment de l’industrie ou du commerce ou de tout autre sujet de société ? On dit qu’il est impossible de priver les sportifs de ces jeux en raison des entraînements et des sacrifices qu’ils supportent depuis plusieurs années en vue de cette manifestation. En quoi cette privation est-elle plus insupportable que celle des salariés d’une entreprise qui perd un marché important à cause de la politique ? La politique est l’art de gérer les citoyens et les sportifs n’en sont évidemment pas exclus. La politique doit s’occuper du sport. D’ailleurs, lorsqu’il faut établir le budget du ministère chargé des sports, il est bien admis que la politique s’occupe des sportifs … pour trouver que le budget est insuffisant ! Il est assez remarquable que ceux qui utilisent ce slogan sont ceux qui n’ont pas la conscience très nette et qui préfèrent que l’on ne regarde pas de trop près les conséquences de la politique, justement. Il n'en reste pas moins que les attitudes revendicatrices envers ces futurs jeux sont, pour le moins, ambigües. Quelle serait, en effet, la signification d’un refus de participer à une quelconque cérémonie d’ouverture des jeux olympiques au nom de la défense des droits de l’homme et de renforcer les contacts pour obtenir l’achat de nos Airbus ou de nos centrales atomiques au nom de la « real politic » ? C’est le comble de l’hypocrisie. Il n’y a pas un pays qui renoncera à ses futurs marchés avec la Chine au nom des droits de l’homme. Et pourtant, la Chine est une dictature sanguinaire et sans pitié. Ce qui apparaît à l’évidence, c’est que les jeux olympiques chinois deviennent un moyen commode de se donner bonne conscience. La polémique actuelle n’est qu’un jeu d’ombres.

03 avril 2008

Le poulet à l’eau de javel

Les Américains ont « inventé » le poulet trempé dans l’eau de Javel. Vous ne savez pas ce dont il s’agit ? Mais c’est bien sûr !! C’est une question de fric !! Pour diminuer les coûts de fabrication dus aux précautions sanitaires tout au long du processus industriel, on accepte un certain laxisme compensé par un « trempage » du poulet dans l’eau de Javel en fin de circuit pour éliminer à moindres frais les bactéries et autres saloperies qui se seraient développées au cours du processus industriel plutôt que de prendre les précautions qui s’imposent tout au long du processus. Génial ! Il suffisait d’y penser ! C’est d’ailleurs un procédé que l’on pourrait généraliser à beaucoup d’aliments industriels. À mon avis, cela va bientôt arriver. On parie ?
La commission européenne, qui s’occupe toujours de choses importantes, s’est penchée sur le problème. Le commissaire en charge des questions alimentaires doit étudier la possibilité d’une autorisation européenne sur l’importation de ces poulets à l’eau de Javel. L’argument du commissaire est consternant : il nous faut savoir si nous sommes pro-américains ou non !! Il ne s’agit pas d’une question de santé publique, mais d’une question d’alignement !! On applaudit à tours de bras, car on se sent tellement bien protégé ! Je crois vraiment que le monde est gouverné par des fous !! Pauvres de nos enfants…

02 avril 2008

68 en 2008 ?

Les manifestations étudiantes et lycéennes se multiplient. Les journalistes, dopés au sensationnel, n’omettent jamais, lorsqu’ils interrogent les manifestants, de poser la question de Mai 68. Et bien sûr les jeunes, emportés par le côté romantique existant dans toute manifestation, approuvent vivement. Il est tellement valorisant de rattacher leurs revendications à celles d’un mouvement devenu une sorte de référence protestataire. Pourtant, qui ne voit pas que ce rapprochement est totalement injustifié. Tout d’abord, les aspirations et les revendications des étudiants de Mai 68 étaient, avant tout sociétales et les mouvements protestataires revendiquaient des changements profonds dans une société où l’autoritarisme avait remplacé l’autorité, où le mandarinat avait remplacé la compétence, où la censure avait remplacé la libre information, où la télévision était d’État, où la liberté sexuelle était un rêve inaccessible. Aujourd’hui, les revendications estudiantines portent sur le nombre d’enseignants, la difficulté de logement, la cherté de la vie, le risque de chômage. C’est-à-dire qu’en 68, on a assisté à la course des enseignants paniqués derrière les revendications des étudiants, alors qu’aujourd’hui, ce sont les étudiants qui font du suivisme des revendications des syndicats de l’Éducation Nationale. Hier, les étudiants clamaient leur volonté de liberté, aujourd’hui ils réclament des moyens. En 1968, les mouvements étudiants étaient internationaux car ils ont eu lieu dans le monde entier, en 2008 ils sont franchouillards. Mai 68 était un conflit en grande partie générationnel et sociétal. Les manifestations d’aujourd’hui ont perdu le rêve et sont purement matérialistes. Peut-être cela est-il dû au fait que 1968 est deux fois plus proche de 1936 que 2008 ne l’est de 1968 ? Étant de ce type, elles se heurteront au problème incontournable de la situation actuelle : la France est devenue pauvre. Le dernier slogan de l’UNEF est révélateur de l’état d’esprit qui règne dans le milieu étudiant : la réussite est un droit !! Tous fonctionnaires !! En 1968, un slogan disait « La France s’ennuie », aujourd’hui la France est angoissée.
Il n’y a aucun risque que naisse un nouveau Cohn Bendit.
Il ne faut pas oublier qu'en Allemagne, les étudiants se sont révoltés contre une société qui portait au gouvernement des anciens nazis. Aux USA, les étudiants se sont révoltés contre la guerre du Viet-Nam et les bombes au napalm. En Tchécoslovaquie, les étudiants se battaient à Prague jusqu'à l'immolation par le feu pour leur liberté. En France, les étudiants ont mené une révolte romantique et bourgeoise.