22 décembre 2008

La controverse climatique

L’élévation de la température moyenne n’a fluctué que de 0,2 degré entre l'an mille et la fin du XIXe siècle, alors qu’elle est en augmentation de 0,6 degré depuis la fin du XIXe siècle. La Terre se réchauffe donc et comme la température de la Terre est beaucoup plus basse que celle du Soleil, notre planète réémet cette énergie sous forme de rayonnement infrarouge. Or, certains gaz de l'atmosphère comme le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d'azote, bien que transparents dans le domaine visible, sont opaques à la lumière infrarouge, ce qui empêche la diffusion de cette énergie thermique dans l’espace et la confine en dessous de l’atmosphère terrestre, provoquant cette augmentation de la température. La concentration du dioxyde de carbone dans l'atmosphère a augmenté de 30% depuis le début de l'ère industrielle. Si tout le monde s’accorde pour dire que réchauffement climatique est une réalité, la controverse existe sur les causes de ce réchauffement et parfois même sur les conséquences. L’essentiel du problème vient du fait que le processus est systémique, c’est-à-dire qu’il est pratiquement impossible d’isoler un effet particulier pour en étudier les effets directs. Il est impossible de comprendre le fonctionnement du corps humain sans prendre en compte la totalité des différents sous-systèmes dont il est composé : système nerveux, système sanguin, système musculaire, système respiratoire, etc …
Le système climatique comporte un très grand nombre de variables et de paramètres, ce qui le rend complexe (ne pas confondre complexe et compliqué). La complexité d’un système se mesure globalement, non seulement au nombre de paramètres entrant en jeu mais aussi, et surtout, au nombre d’interactions entre ces paramètres. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire que l’industrialisation entraîne une augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère qui provoque ainsi une augmentation de l’effet de serre, c’est-à-dire une augmentation de la température moyenne. Ce réchauffement de l’atmosphère est la cause de celui des océans dont le niveau augmente par simple effet de dilatation thermique d’une dizaine de centimètres. Ce chiffre peut sembler bien faible, mais il est suffisant pour, dés aujourd’hui, mettre en danger les populations des îles du Pacifique et des régions de deltas fluviaux. Des mouvements de population sont donc prévisibles sans que l’on en connaisse vraiment toutes les conséquences. Il existe bien d’autres exemples de ces cycles systémiques intérieurs au système climatique. Par exemple, la cupidité humaine et l’augmentation de la population mondiale sont les causes partielles de la déforestation galopante entraînant une diminution de l’absorption carbonique de la végétation et donc une augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère aggravée par la combustion des bois. L’augmentation de la température atmosphérique résultante provoque un réchauffement des permafrosts, pièges de l’hydrate de méthane instable au réchauffement, dont le dégazage du méthane (CH4) produit un gaz à effet de serre beaucoup plus important que celui du gaz carbonique. De même, l’augmentation de la température provoquant celle des océans est la cause de la fonte des calottes glaciaires aggravant la montée de leur niveau moyen, diminuant la réflexion thermique (l’albédo) vers la haute atmosphère ce qui renforce encore l’effet de serre. La quantité de glace d’eau douce de l'Antarctique, déversée dans les mers, a augmenté de 75% durant les dix dernières années. L’augmentation de la température des océans est vraisemblablement la cause de l’aggravation du phénomène El Nino qui provoque à la fois la perturbation des vents alizés, sécheresses et inondations alternativement en Australie et au Pérou, phénomènes qui entraînent une réduction de la production agricole dans certaines zones de la planète, cause de famine grave. La sécheresse de plus en plus prononcée de zones peuplées entraîne une surconsommation des eaux souterraines pour les besoins d’une irrigation qui s’accompagne d’une utilisation intensive d’intrants chimiques accentuant ainsi la pollution des nappes phréatiques. Cette augmentation de la température des océans est aussi la cause de la mort des coraux formant barrière de certains atolls contre l’assaut des vagues océanes, menaçant ces îlots dont certains sont peuplés de disparition totale. Elle entraîne également celle de l’évaporation des eaux océanes d’où une amplification des précipitations qui provoque un ravinement des terres arables aggravant la réduction de certaines productions agricoles et l’apparition des famines. L’océan est un très important absorbeur de gaz carbonique, mais à condition que la température des couches d’eau superficielles ne soit pas trop élevée. Le réchauffement océanique provoque donc une diminution de cette absorption de CO2 qui se concentre donc dans l’atmosphère.Ce même réchauffement, associé à la fonte de la glace d’eau douce de la calotte glaciaire du Groenland, a une autre conséquence : celle du ralentissement de la circulation thermoaline, c’est-à-dire de la circulation des eaux froides profondes des océans, cause principale de la circulation générale des courants marins. Le risque encouru est un ralentissement de ces courants, donc du Gulf Stream qui en fait partie, avec toutes les conséquences climatiques que l’on peut imaginer sur la partie occidentale de l’Europe dont le climat est tempéré grâce à ce courant. Certains pays, en Amérique latine, ne doivent leur eau potable qu’aux glaciers. Le recul de ceux-ci est une grave menace pour ces populations. Enfin, ce réchauffement des eaux océanes provoque la disparition du phytoplancton, donc celle du zooplancton et, par conséquent, a des répercussions importantes sur l’ensemble de la chaîne alimentaire halieutique (comme les requins ou la morue) et terrestre (comme l’ours blanc). La désertification de certaines zones de pêche a déjà provoqué des confrontations entre les flottes de pêche nationales. Ceci ira en s’aggravant.
Tous ces exemples d’interactions ne couvrent pas la totalité du problème. Il faut également tenir compte de paramètres telles l’augmentation de la population urbaine, l’imperméabilisation des sols, l’augmentation des précipitations et des phénomènes cycloniques, de l’effet du gaz carbonique sur la croissance de la végétation, l’activité solaire, etc… Enfin, ce qui complique encore la situation est l’existence de rétroactions positives comme l’abaissement possible des températures de l’Europe de l’Ouest dû au ralentissement du Gulf Stream, la croissance accrue des végétaux par absorption de gaz carbonique abondant, augmentant ainsi l’importance du puit de carbone que représente la forêt. La déforestation accroît les surfaces cultivables, permettant de réduire les risques de famine. L’ensemble du processus est donc extrêmement complexe et les avis tranchés en la matière sont parfaitement présomptueux.
Les experts péremptoires devraient faire preuve de davantage de modestie et s’imbiber de la science systémique.
Un oranger sur le sol irlandais, on ne le verra jamais.
Un jour de neige embaumé de lilas, jamais on ne le verra.
C’est ce que dit la chanson, mais rien n’est moins sûr…

18 décembre 2008

Disqualifié !

Monsieur N. Mamère appelle à la désobéissance civile à propos de la réforme de la télévision publique. On peut se demander si Monsieur N. Mamère a bien le sens des mots … ou de la morale. Monsieur N. Mamère est (hélas) un élu de la République et siège dans le saint des saints de la démocratie, l’Assemblée Nationale. La démocratie est le règne de la majorité, et l’Assemblée tout entière est responsable des lois votées par cette majorité. Nous sommes dans un État de droit, grâce à Dieu ! Peut-il y avoir pire crime, pour un représentant de la nation, que d’appeler au non respect des lois ? C’est ce que vient de faire Monsieur N. Mamère en appelant à la désobéissance civile sur les antennes publiques de Radio France. Voilà donc un parlementaire qui vient, douillettement, poser son arrière-train dans son fauteuil de député, qui accepte sans barguigner ses émoluments d’élu de la Nation et qui se permet d’appeler à la désobéissance civile ! Le prenant au mot, j’appelle donc les contribuables de la commune de Bègles à la désobéissance civile et à refuser de payer leurs impôts locaux ! Une telle attitude est parfaitement irresponsable et montre un dysfonctionnement grave des fonctions intellectuelles de Monsieur N. Mamère. Avec un tel handicap, est-il raisonnable que ce monsieur siège à l’Assemblée Nationale ? Pour justifier son appel, ce monsieur fait référence aux actions de José Bové dans sa lutte contre les OGM. Aussi critiquable que soient ces actions, la différence essentielle est que José Bové a pris ses risques et a payé en conséquence en répondant de ses actes devant la loi. Monsieur N. Mamère incite les autres à la désobéissance civile, se gardant bien de prendre aucun risque personnel. Décidément, ce monsieur est totalement disqualifié.

13 décembre 2008

Ce sont des terroristes

Madoff, vous connaissez sûrement. Le patron de la bourse des valeurs technologiques de Wall Street a escroqué le monde entier de 50 milliards de dollars. Pendant des années, le mode de la finance a porté aux nues cet escroc pendant qu’il dépouillait ceux qui lui faisaient confiance. Si vous aviez encore un doute, celui-ci n’est plus permis : tous les acteurs du monde de la finance sont des criminels. On en vient à regretter que les gouvernements de la planète se soient portés au secours d’un système aussi corrompu à coup de milliards de dollars que les contribuables devront rembourser un jour ou l’autre. Cela donne envie de crier « vive Besancenot ! ». Et que croyez-vous qu’il se passe au sein des organismes financiers américains ? Les prêts dits « subprimes » ont déjà repris des couleurs et sont toujours mis sur le marché préparant la prochaine tempête financière et économique. Nous n’aurons pas le temps de sortir de la crise actuelle dans laquelle ils nous ont plongé qu’ils nous noieront dans la suivante. Ces gens-là sont de véritables terroristes. Bernard Madoff a été arrêté puis libéré par le versement d’une caution de 10 millions de dollars. Si ses victimes ont tout perdu, cette caution immédiatement payée montre que ce voyou n’est pas à la rue ! Décidément, non seulement le système capitaliste financier a perdu la boule, mais il fonctionne grâce à une armada d’escrocs internationaux… comme la mafia !

09 décembre 2008

A chacun son Tibet

Le Tibet est à la Chine ce que le pays Basque est à l’Espagne ou la Corse à la France. C’est, avant toute chose, une partie inséparable du territoire. Ensuite, c’est une culture, une langue et une religion. Au Pays basque espagnol, c’est aussi une culture, une langue et une histoire religieuse différentes de celle de l’Espagne. En Corse existent aussi une culture et une langue vernaculaires vivaces. Pour autant, l’Espagne et la France rejettent totalement l’idée d’une indépendance de ces territoires (même si, parfois, laisser les Corses prendre leur indépendance est une idée qui « titille » certains métropolitains !). La Chine n’envisage pas, non plus, l’indépendance et la séparation du Tibet, d’autant plus que ce pays représente environ 30% du territoire chinois. Imagine-t-on possible que la France se sépare du tiers de son territoire ? Jamais la Chine n’acceptera l’indépendance du Tibet. On reproche au gouvernement chinois de mettre en place une sinisation du Tibet par l’implantation de chinois de plus en plus nombreux au Tibet. Reproche-t-on à la France de laisser ses métropolitains s’installer en Corse ? Abandonnant l’idée d’indépendance, on pourrait croire que l’autonomie est une voie pour le Tibet. Le Pays Basque espagnol nous donne un exemple de ce statut. Tout est dans le degré d’autonomie accordé, c’est-à-dire des domaines dans lesquels peut s’exercer l’autorité locale sans intervention du niveau central. N’oublions pas, afin de ne pas bâtir des châteaux en Espagne (!), que la Chine est une dictature qui ne conçoit le pouvoir que centralisé. Donc, même une autonomie restreinte du Tibet semble une parfaite utopie. Il n’en reste pas moins que le Dalaï Lama est, avant tout, une autorité religieuse, même si le bouddhisme est, selon les points de vue, plus une philosophie qu’une religion. Le gouvernement italien s’insurge-t-il si un chef d’État vient saluer le Pape au Vatican en prétextant que le Pape est un individu dangereux ? Il n’est donc pas supportable que les chinois brandissent des menaces parce que des chefs d’État viennent saluer un leader spirituel, prix Nobel de la Paix qui plus est. Je n’ai pas entendu que des gouvernants occidentaux aient émis des critiques appuyées concernant les relations de la Chine avec la junte militaire birmane, les dictatures nord-coréenne et soudanaise. C’est pourquoi les diatribes injurieuses chinoises au sujet de la rencontre entre le Dalaï Lame et le Président de la République Française sont absolument insupportables. Avez-vous entendu la moindre indignation en provenance de l’opposition ?

08 décembre 2008

Mal partis !

J’ai toujours pensé et dit que la science économique était tout sauf une science. Le spectacle que nous donne, depuis quelques semaines, la gente experte en économie convaincrait de cette affirmation les plus sceptiques. En écoutant les analyses formulées par ces experts, on entend absolument tout et son contraire. D’abord constatons que, comme toujours, aucun d’entre eux n’a été capable de prévoir cette crise grave et profonde avant qu’elle ne se produise. Ils ont maintenant beau jeu de nous expliquer, en termes savants, que cette crise était inévitable ! La moitié d’entre eux nous démontrent que cette crise est absolument sans précédent, qu’elle sera extrêmement profonde, qu’elle risque de nous conduire à une terrible récession avec effondrement du dollar, déflation généralisée et un chômage atteignant des sommets vertigineux tutoyant des ordres de grandeur de 25 %, que les sommes investies dans les plans de relance et plombant gravement la dette nous conduisent à une inflation record ! L’autre moitié nous affirment que cette crise n’a rien à voir avec celle de 1939 (elle aussi provoquée par les USA !), que nous en sortiront à la fin de l’année prochaine et au plus tard au milieu de l’année 2010 car les plans de relance prévus seront efficaces, qu’elle est au contraire une véritable opportunité qui va conduire à une rénovation industrielle. C’est tout juste s’ils ne nous conseillent pas de nous réjouir ! Lorsqu’on sait que ces experts en économie peuplent les couloirs du pouvoir, que ce soit à l’Élysée ou à Matignon ainsi qu’au sein des gouvernements européens, il n’est pas étonnant que l’on assiste à une cacophonie européenne. Or, si l’incertitude est la loi d’aujourd’hui et de demain, il nous reste quand même quelques certitudes. Tout d’abord, la crise étant profonde (c’est bien le seul point sur lequel on peut croire les économistes !), les mesures à prendre doivent être d’envergure. C’est ce que font les USA, c’est ce que fait la Chine. L’Europe est le seul échelon crédible pour que ce continent prenne des mesures à l’échelle du problème. Or, la cacophonie des explications économiques se traduit par un éparpillement des mesures nationales, voire nationalistes, ce qui rend l’efficacité de ces mesures parfaitement aléatoires et surement pas à l’échelle adéquate. Ensuite, le seul point sur lequel tous les économistes sont d’accord c’est de reconnaître que le moteur essentiel du fonctionnement économique est la confiance des acteurs. Ceux-ci sont au nombre de trois entre lesquels se nouent des échanges basés sur la confiance réciproque. Le banquier doit avoir confiance en l’entrepreneur pour lui accorder les prêts à moyen et long terme nécessaires à l’investissement. L’entrepreneur doit avoir confiance, non seulement dans son banquier, mais également dans le consommateur qui représente son marché de développement et la raison de ses investissements. Le consommateur, quant à lui, doit avoir confiance dans l’entrepreneur, surtout s’il est salarié, pour dépenser son salaire et faire fonctionner le marché plutôt que de l’épargner car il croit en la pérennité de son entreprise. Comment ces acteurs peuvent-ils avoir confiance en entendant autant de discours discordants et devant les mesures dispersées et sans cohérence prises par les gouvernements européens ? Décidément, nous sommes mal partis !

05 décembre 2008

L’aveuglement polémique

Un point sur lequel il semble y avoir consensus est que la crise dans laquelle nous entrons est tellement grave qu’il faut absolument prendre des mesures économiques urgentes et fortes. Mais quelles mesures ? Comme souvent, en économie, deux visions s’affrontent : le développement par la consommation ou par l’investissement. La première consiste à prendre des mesures qui accroissent le pouvoir d’achat, essentiellement par des augmentations de salaires, dans l’espoir que la relance de la consommation ait un effet important sur la demande, provoquant ainsi une relance de la production et de l’économie dans son ensemble. C’est le crédo de la gauche et des syndicats depuis des décennies. Tout développement économique ne peut se faire que par l’augmentation des salaires. C’est le discours que l’on entend à l’envi depuis que la gauche est dans l'opposition. Certes, c’est une attitude qui satisfait le plus grand nombre, donc assez démagogique, car quel salarié refuserait une augmentation de salaire ? Encore une fois, cette attitude évoque le cas de l’épicier qui, pour accroître son pouvoir d’achat, se vend à lui-même davantage de ses propres produits. Il en est de même pour le pays tout entier. Comment la France pourrait-elle s’enrichir globalement si elle se contente de se vendre à elle-même ce qu’elle produit ? De plus, l’état actuel de la balance des paiements montre que les importations l’emportent fortement sur les exportations, c’est-à-dire qu’une partie du pouvoir d’achat des Français sert à enrichir les pays étrangers en achetant leurs produits. Qui ne voit pas que les rayons des magasins sont envahis par des produits estampillés « made in Taïwan » ou « made in China » ? La relance par la consommation intérieure revient à améliorer la balance commerciale de ces pays. Pour que l’état économique de la France s’améliore, il faut nécessairement que les exportations surpassent les importations, comme pour l’épicier qui ne peut s’enrichir que s’il a davantage de clients. Et que faut-il pour revitaliser les exportations ? Il faut que ce que le monde achète ce que fabrique la France. C’est ce que l’on nomme l’amélioration de la compétitivité de l’économie française. Améliorer cette compétitivité impose que les produits français soient attractifs par leur nouveauté, leur qualité, leurs performances beaucoup plus que par leur prix, terrain sur lequel la France n’a aucune chance de l’emporter en face des pays émergents. Il faut donc que l’offre des entreprises françaises s’améliore de façon importante dans de nombreux domaines, c’est-à-dire qu’elles investissent largement dans la recherche et le développement. Sans cet effort important d’investissement, les faillites vont inexorablement se multiplier, faisant exploser le chômage car, n’en déplaise aux syndicats, il n’y a pas d’emplois sans entreprises. La relance par la consommation a, certes, un impact immédiat mais rapidement annulé par l’inflation. La relance par l’investissement est durable, mais il faut du temps pour que l’effet en soit visible. C’est là le nœud du problème actuel car la crise est tellement profonde que l’urgence des mesures à prendre est devenue manifeste. Comment sortir de cette aporie et concilier la nécessité de mettre en œuvre des mesures à effet rapide mais qui perdure suffisamment longtemps pour asseoir l’économie française sur des bases pérennes ?
On va donc entendre la droite réclamer à grands cris des mesures pour les entreprises et la gauche clamer qu’il n’y a pas de salut sans augmentation immédiate des salaires. Il est à craindre que l’imagination constructive n’ait abandonné le monde politique.

L’hormone du miracle

Connaissez-vous la déhydroépiandrostérone ? Ce nom ne vous dit rien et cependant vous savez ce dont il s’agit. Ce mot barbare est celui d’une hormone, bien connue depuis les années 1930 sous le nom de DHEA. Vous voyez que vous connaissiez ce nom ! La pilule-miracle qui empêche le vieillissement. Si vous faites un petit tour sur Internet, vous trouverez des sites de vente de ce produit sous forme de gélules plus ou moins dosées qui, pour cinquante Euros, promettent une amélioration importante et rapide de la vitalité et une stimulation importante du système immunitaire. Comme elle a, semble-t-il, une action sur la production naturelle des hormones sexuelles, la DHEA a été surnommée le nouveau Viagra. Mais rien n’est certain. Ce qui l’est, par contre, ce sont les effets secondaires comme la stimulation du développement de cancers ou l’augmentation des risques cardiovasculaires.
Mais supposons un instant que cette pilule ait un effet positif et retarde le vieillissement. Que peut-on en attendre ? La population vieillit naturellement et la proportion de gens âgés augmente de façon significative. Si cette pilule est efficace, alors les « vieux-jeunes » vont être le plus en plus nombreux. Donc, soumis à l’addiction à la DHEA, ces vieux-jeunes vont consommer cet anti-vieillissement en quantités grandissantes. Comme toutes les autres pilules miracles, le prix de la DHEA n’est pas mince. Aussi, de deux choses l’une. Ou bien la Sécurité Sociale rembourse ce médicament et l’augmentation de son déficit risque bien de devenir abyssal, jusqu’à mettre en péril sa survie. Ou bien, considéré comme un médicament de confort, ce dernier n’est pas remboursé et, compte tenu de son prix, seuls les « vieux-jeunes-riches » pourront en bénéficier. Les « vieux-pauves » resteront vieux … et pauvres.

29 novembre 2008

Merci Monsieur Bush !

Il s’est entouré de fondamentalistes protestants qui ont ranimé les guerres de religion ; merci Monsieur Bush !
Il a refusé toute action en faveur du climat, alors que les USA représentent la plus grande part de la pollution de la planète ; merci Monsieur Bush !
Il s’est complètement désintéressé du Moyen-Orient, laissant cette région du monde s’enfoncer dans une impasse mortelle ; merci Monsieur Bush !
Il a laissé les organismes financiers américains désorganiser le système financier mondial et provoquer une récession planétaire ; merci Monsieur Bush !
Il a provoqué une crise économique mondiale qui conduit à une explosion du chômage ; merci Monsieur Bush !
Après la débâcle financière mondiale, il a refusé de moraliser le système ; merci Monsieur Bush !
Il a menti au monde entier en tentant de faire croire que l’Irak fabriquait une bombe atomique ; merci Monsieur Bush !
Il a apporté la guerre en Afghanistan et en Irak, en renforçant le terrorisme mondial ; merci Monsieur Bush !
Après la destruction du mur de Berlin pour laquelle il n’y est pour rien, il a construit le mur du Mexique ; merci Monsieur Bush !
Il a relancé un début de guerre froide avec la Russie en voulant implanter des missiles anti-missiles en Europe de l’Est ; merci Monsieur Bush !
Vous partez ? Mille fois merci, Monsieur Bush !

26 novembre 2008

Une histoire édifiante

Ayant hérité de sa famille une petite fortune, plein d’idées et d’esprit d’entreprise, Jean Treprand créa un petit atelier où il fabriquait, avec deux employés, un grille-pain ingénieux sur une idée qu’il possédait depuis qu’enfant, il regardait sa mère faire griller les tranches de pain sur la cuisinière. Son produit trouva rapidement une clientèle locale dans sa petite ville et sur les marchés locaux. Devant le succès de son grille-pain, il décida alors d’augmenter sa production et, quittant son atelier, il ouvrit une petite usine où il embaucha une dizaine d’ouvriers venant du village et de ses environs. Inventif et entrepreneur dans l’âme, il décida d’élargir la gamme de ses produits, acheta quelques machines-outils allemandes et accrut son personnel. Il lui fallut alors un chef d’atelier et un comptable. Ses ouvriers venaient de beaucoup plus loin et il réfléchit à la meilleure façon d’améliorer leur vie. Il décida de franchir un grand pas et fit construire une série de petites maisons pour les loger à proximité de l’usine. L’arrivée de toutes ces familles eut un gros impact sur la ville. Des commerces s’ouvrirent, des classes supplémentaires se créèrent à l’école qui se transforma bientôt en collège. La ville s’enrichit et les travaux d’aménagement se multiplièrent. Comme la production demandait de faire venir à l’usine des matières premières et des composants, quelques-uns des fournisseurs de l’usine ouvrirent une succursale dans la ville. Lui, soucieux de ses ouvriers, fit construire une cantine puis une garderie pour les enfants, car les femmes venaient maintenant travailler à l’usine. Les années passèrent, l’usine s’agrandit, la ville s’enrichit. Le banquier se frottait les mains car les bénéfices de l’usine venaient alimenter son compte bancaire le plus important. Lui aussi, bien sûr. Le nombre des salariés augmentait de plus en plus. L’ambiance à l’usine était sereine. Jean Treprand avait maintenant à ses côtés deux collaborateurs pour l’aider dans les taches de gestion. Les ouvriers appelaient leur patron Monsieur Jean. Et puis, un jour, les salariés créèrent une cellule syndicale afin de défendre leurs intérêts, disaient-ils. Ils ont dit que le patron était paternaliste et que c’était une injure à la classe ouvrière parce que c’était un management méprisant. Ils firent grève pour obtenir des augmentations de salaire et la prise en charge de leurs frais de déplacement. Tout en cherchant à ne pas mettre l’usine en danger, Jean Treprand accepta en partie ces revendications. Mais les relations avec les ouvriers devinrent plus difficiles. Il y eut même des manifestations violentes avec blocage de l’usine et piquets de grève devant le portail d’entrée. Ils enfermèrent même Monsieur Jean pendant tout un week-end dans son bureau. Une angoisse obsidionale régnait alors parmi les ouvriers.
Cependant, malgré ces difficultés, tout allait à peu près bien jusqu’au jour où des produits concurrents provenant de l’étranger commencèrent à envahir le marché. Des produits moins bons, certes, moins fiables mais beaucoup moins chers. Ils étaient fabriqués dans des pays où le coût du travail était beaucoup plus faible car les salaires étaient ridiculement bas. Les ventes se firent alors difficiles. Et puis, le prix des matières premières s’accrut considérablement. Les bénéfices s’évaporèrent comme neige au soleil. Il fallut envisager de licencier un certain nombre de salariés. L’atmosphère, à l’usine, devint de plus en plus lourde. Le bilan annuel vira au rouge et Jean Treprand se trouva dans l’obligation de négocier avec la banque des prêts et des découverts que le banquier, oublieux du passé, lui accordait de plus en plus difficilement. Et puis, un jour, il fallut se rendre à l’évidence : la faillite n’était plus très loin. Jean Treprand s’enquit alors d’un repreneur. Et il en trouva un. C’était un groupe industriel important qui, implanté dans plusieurs pays, pensait se servir de ses différentes implantations pour agrandir le marché des produits de l’usine. Jean Treprand, la mort dans l’âme, vendit son usine. Les nouveaux managers rachetèrent la totalité du capital et ils nommèrent Jean Treprand président d’honneur, mais c’était là une nomination honorifique et sans aucun pouvoir. Les salariés, un instant inquiets, se rassurèrent rapidement en constatant que la faillite avait été évitée. Mais, rapidement, ils constatèrent aussi que le mode de management avait radicalement changé. Il n’était plus du tout question de paternalisme, mais de performances, d’objectifs, de polyvalence, de productivité. Les nouveaux managers, au prétexte de recentrer les activités sur le cœur de métier, arrêtèrent un certain nombre de fabrications pour les confier à des sous-traitants et se séparèrent des ouvriers concernés. Il fallait que la rémunération des actionnaires augmente fortement. C’était le seul moyen pour que le fond de pension, actionnaire majoritaire, ne revende pas la totalité de ses actions en se retirant du capital. Pour soutenir leur cours et préserver les dividendes des actionnaires, les managers utilisèrent les bénéfices pour racheter les actions détenus par les actionnaires minoritaires plutôt que d’investir. Le nombre d’ouvriers diminua fortement car le chiffre d’affaires s’effondrait. Un peu forcé et sans recevoir de parachute doré, Jean Treprand pris sa retraite, poussé dehors par le nouveau PDG. L’inquiétude revint parmi les salariés. Les grèves se multiplièrent. La concurrence étrangère devint féroce. Et puis un jour, les salariés reçurent une lettre à leur domicile parlant de mondialisation, de globalisation des marchés et leur apprenant que leur usine allait être délocalisée dans un pays d’Europe de l’Est. Il leur était proposé de suivre l’usine dans ce pays en acceptant une forte réduction de salaire pour être à peu près au niveau des salaires moyens locaux. En cas de refus de leur part, le management se verrait dans la pénible obligation de les licencier. Ce fut un grand choc chez les ouvriers qui se mirent immédiatement en grève. Les réunions se multiplièrent. Un petit nombre d’entre eux accepta les conditions proposées, mais le plus grand nombre se révolta et refusa tout net. Ils se réunirent tout un week-end dans la salle polyvalente de la ville pour décider de la conduite à tenir. Ils décidèrent d’occuper l’usine dès le Lundi suivant à l’aube. Mais, lorsqu’ils se présentèrent sur leur lieu de travail, ils constatèrent, consternés, que l’usine était cadenassée. Après avoir forcé l’ouverture, la stupeur fut à son comble quand ils s’aperçurent que les machines et les stocks avaient disparu. Les bureaux étaient vides, les locaux silencieux. Ce fut un choc violent. Certains ouvriers pleuraient. Ils organisèrent une manifestation en ville. Des personnalités politiques vinrent les soutenir tout en leur faisant comprendre qu’ils ne pouvaient rien faire pour eux. Petit à petit, après une période de grands désordres, le calme se rétablit et les anciens salariés se retrouvèrent au chômage ainsi que ceux des anciens fournisseurs qui firent rapidement faillite. Une antenne de l’ANPE vint même ouvrir un bureau en ville. Le syndicat entama une action en justice et les propriétaires de l’usine furent condamnés à verser de lourdes indemnités aux anciens salariés. Mais, comme ils avaient quitté la France, cette action en justice n’eut aucune suite et aucune indemnité ne fut jamais versée. L’usine fermée, les ouvriers dispersés, toute la ville se trouva en situation difficile. Au collège, deux classes furent fermées car le nombre des élèves avaient fortement diminué. La ville devint triste et grise et sa jeunesse partit pour chercher du travail ailleurs.
Une histoire, dites-vous ?

22 novembre 2008

Le propre de l’homme

Henri Bergson disait que le rire est le propre de l’homme. Cette faculté d’extérioriser la joie serait ce qui nous différencie des autres êtres vivants, spécialement des animaux. Est-ce bien certain ? Ce qui rend le rire humain perceptible est la juxtaposition d’une expression du visage associée à un son particulier. Encore que ce dernier point n’est pas juste : les muets ou les opérés de la gorge ne seraient-ils plus capables de rire ? Et, dans ce cas, selon Bergson, ne seraient-ils plus des humains ? L’aspect sonore du rire n’est donc pas un critère d’humanité. Reste l’expression. Mais certains grands singes sont tout aussi capables que nous d’afficher une expression visuelle démontrant le contentement. Sommes-nous des singes ou sont-ils des hommes ? Et que sait-on de la signification des trilles des oiseaux ou du feulement des félidés ? Rien qui nous permette de dire qu’il ne s’agit pas d’un rire animal. Le rire n’est donc pas le propre de l’homme. Alors, où chercher la différence ? La conscience de soi ? Des expériences ont montré que les grands singes et les dauphins savaient très bien se reconnaître dans un miroir. La mémoire n’est pas, non plus, une spécificité humaine. Les éléphants sont reconnus pour posséder une mémoire performante qui les pousse à montrer une attitude vindicative envers ceux qui les ont agressés dans le passé. Ils sont susceptibles de présenter, comme les humains, les symptômes du stress post-traumatique, signe qu’ils gardent en mémoire la trace d’évènements violents antérieurs. Bien entendu, la capacité meurtrière n’est pas l’apanage du genre humain. Le lion qui tue les lionceaux qui ne sont pas de lui en est la preuve, s’il en fallait une. La guerre, alors ? C’est-à-dire le meurtre en groupe ? La chasse organisée par les lionnes ou par la meute de loups nous montre un exemple de meurtre organisé en groupe. Faut-il alors rechercher la différence dans l’existence de sentiments plus intimes ? La tristesse, le désir, la vanité, la cupidité, l’esprit de vengeance, le chagrin ou la tristesse ? La dépression du vieux lion chassé de sa parentèle ou du singe dominant ayant perdu son statut nous montre l’exemple d’animaux frappés d’une grande tristesse qui peut les amener à se laisser mourir. Les larmes du crocodile sont célèbres. La parade anacréontique des oiseaux de paradis est un bel exemple de vanité et l’écureuil qui amasse et cache sa nourriture jusqu’à l’oublier ne nous montre-t-il pas un exemple de cupidité ? Quant à l’esprit de vengeance, les éléphants nous ont déjà montré qu’il existait dans le monde animal. N’a-t-on pas vu les éléphants chassés et blessés par les Massaïs se venger sur leurs troupeaux de bovins ? Lorsqu’un éléphant se trouve en face des dépouilles d’un membre de son groupe, ne le voit-on pas montrer les signes d’une évidente tristesse et d’une sorte de culte des morts ? L’esprit parental et la capacité d’éduquer sont manifestes dans le monde animal et ne sont donc pas non plus caractéristiques du genre humain. L’esprit de groupe, dont se vantent bien des hommes, existe manifestement dans le monde animal, chez les fourmis, les termites, les singes, les suricates, les loups ou les lémuriens. Alors, que reste-t-il ? Le rêve ? Il existe manifestement chez le chien ou l’éléphant et l’on ne sait rien des autres. La capacité d’avoir un projet immédiat ? La transhumance africaine des gnous, la longue marche des manchots empereurs, le vol d’un pôle à l’autre des sternes, la préparation de l’hibernation chez l’ours ou la marmotte sont des exemples de projets guidant le comportement vers un objectif précis. Bien entendu, il est facile de dire que la pensée est intrinsèque au genre humain. Mais cette fausse certitude ne s’appuie que sur notre totale ignorance de ce qui se passe dans le cerveau animal, bien que tous les exemples cités plus haut laissent fortement soupçonner l’existence d’une pensée.

Il reste la conscience du temps, c’est-à-dire la capacité de se poser des questions du genre : que ferai-je demain (la prévision), pourquoi ai-je fait cela hier (le regret, le remords) ?
Il reste aussi le mensonge, la dissimulation et l’hypocrisie. Pour faire bonne mesure, j’ajouterai que l’homme se caractérise aussi par sa capacité à torturer.

17 novembre 2008

De la nécessité du leader

Le Parti Socialiste vient de nous offrir le spectacle que l’on redoutait, à savoir une pantalonnade tragi-comique. Éventuel prodrome de son éclatement, le congrès de Reims a été le champ clos où se sont affrontées des ambitions égoïstes et effrénées, où se sont multipliés complots et intrigues. Le processus propre au Parti Socialiste qui se définit essentiellement par le dépôt de motions dont l’une est censée recueillir une majorité de voix s’est enrayé en mettant les trois motions principales pratiquement à égalité sans atteindre la majorité. Comment aurait-il pu en être autrement lorsque les différences entre ces motions se mesurent à l’aune de l’épaisseur d’un papier de cigarette ? Les seules différences visibles ont porté sur le ton des discours, allant de l'envolée évangélique à la vindicte gauchiste en passant par l’indignation feinte. Qu’est-ce que cela montre ? Que le Parti Socialiste est peut-être riche de personnalités mais qu’il est en manque cruel d’un leader. Si celui-ci avait existé, même en présence de motions quasiment identiques, son seul nom aurait suffi à recueillir la majorité des votants. La Vème République impose sa logique qui veut que le futur secrétaire du Parti devienne, quoi que l’on ait entendu dire par des éléphants vieillissants dans leurs tentatives d’éliminer telle ou telle personnalité jugée gênante, le candidat naturel à la Présidence de la République. Imagine-t-on l’un des candidats actuels au Secrétariat du Parti occuper la fonction suprême ? Quoique minoritaire au congrès qui l’a porté au Secrétariat du Parti, F. Mitterrand s’est imposé comme le seul présidentiable du Parti … et tout le monde s’est finalement rangé derrière lui. Qui, aujourd’hui, peut prétendre à cela au sein du Parti ? Absolument personne. Ce Parti est, certes, riche de personnalités, mais ne possède aucun homme ou femme ayant l’envergure d’un chef d’État. Qui peut imaginer la France dirigée par une mystique maternisante et, donc, infantilisante et faisant le faux-sens historique de rattacher le socialisme à la Révolution de 1789 ou par une pasionaria des 35 heures aux accents des mineurs de Carmaux et qui se trompe de siècle ? On en frémit d’avance !!

12 novembre 2008

L’homme est fait comme un rat

Le cerveau humain est composé de trois étages. Le premier étage, le cerveau reptilien, est le siège des besoins primaires, comme manger pour vivre, se reproduire, fuir ou se battre. Seul, il fonctionne de façon purement instinctive. C’est à ce niveau profond que se situe l’amygdale que l’on sait aujourd’hui être le siège de l’agressivité. Le second étage, le cerveau mammalien, est le siège de la mémoire. C'est le cerveau des mammifères. Il permet de conserver l'histoire des expériences et de guider ainsi les fonctions du cerveau reptilien. Enfin, le troisième étage est le cortex. C'est l'apanage de l'homme. Il permet de faire des associations, il guide l'intuition, il organise les processus du comportement. Il serait faux de croire que nous ne fonctionnons que grâce à ce troisième étage. Ecoutez cette expérience instructive du professeur Laborit, professeur à l’hôpital du Val de Grace dans les années 1950.

Première partie : prenez un rat, blanc de préférence. En fait, la couleur a peu d'importance, mais les rats blancs sont moins répugnants à manipuler. Mettez-le dans une cage à deux compartiments, séparés par une cloison comportant une ouverture. Le sol de la cage est fait de lattes métalliques, de sorte qu'il vous est possible d'envoyer un courant électrique dans le plancher d'un compartiment ou de l'autre et que le rat ressentira.
Faites retentir une sonnerie avant de faire passer le courant. Recevant le choc électrique, le rat s'agite et finit par passer de l'autre coté de la cloison. Son cerveau reptilien réagit à la punition et à la douleur par la fuite. Recommencez l'expérience autant de fois que nécessaire et ne vous laissez pas attendrir pas les pleurs du rat qui ne sont que des larmes de crocodile. Au bout d'un certain nombre d'expériences, le rat finit par comprendre qu'il faut passer de l'autre coté de la cloison au moment où il entend la sonnerie, avant de recevoir la décharge. Si vous faites l'expérience en respectant un rythme constant, vous verrez bientôt le rat changer de côté juste avant la sonnerie. C'est son cerveau mammalien qui guide son comportement. De plus, le rat reste en parfaite santé physique et morale, si tant est qu'on puisse parler de moralité du rat.

Deuxième partie : fermez l'ouverture entre les deux cotés de la boîte. Le rat ne peut plus s'enfuir comme un lâche pour éviter la punition du courant électrique. Il ne peut rien faire, il doit subir. Vous allez le voir entrer peu à peu dans un état léthargique, dû à une inhibition totale. Il reste prostré comme un imbécile. Et puis, il va tomber malade. Son poil ternit, il va faire de l'hypertension, développer un ulcère à l'estomac, tomber en neurasthénie, montrer des signes d'astrasie ; tout ce que son organisme peut faire contre lui-même.

Troisième partie : recommencez l'expérience avec deux rats en bonne santé et fermez l'ouverture entre les deux parties de la boîte. Les deux rats subissent les chocs électriques. Mais, au lieu de rester prostrés, comme ils ont un congénère sous la patte, ils vont se battre comme des chiffonniers. Et alors, direz-vous ? Et bien, le fait de pouvoir décharger leur hargne de ne pouvoir se défendre contre l'électrocution, de pouvoir répondre aux sollicitations du cerveau reptilien et aux sollicitations d’agressivité des zones amygdaliennes, va les conserver en parfaite santé ! Pas d'hypertension ni de neurasthénie. La forme, quoi !

Qu'en conclure, vous demanderez-vous ? Remplacez les rats par les humains, qui ne sont pas nécessairement blancs, et vous comprendrez pourquoi un homme agressé, qui n'a pas la possibilité de fuir, cherche d'abord à se retourner contre un semblable en répondant à l'agression par une autre, en répondant à une attaque par la guerre. C'est son cerveau reptilien qui le pousse à agir de la sorte. Et vous comprendrez aussi pourquoi il développe des maladies psychosomatiques, de l'hypertension, des ulcères à l'estomac, des coliques néphrétiques, si les règles de la société, imprimées dans son cerveau tout au long de sa vie, lui interdisent toute action violente envers un congénère !!! Il est comme le rat dans sa cage, sans possibilité de fuite. L'homme possède, par malheur, ce cerveau supplémentaire, le cortex que ne possède pas (ou si peu) le rat. C'est là que s'incrustent, dès le premier jour et peut-être même avant, les influences externes qui vont façonner les liaisons nerveuses et créer les interdits qui vont fermer la porte de la cloison. Le cortex va créer lui-même les conditions qui vont interdire au cerveau reptilien d'imposer ses décisions.

Le choix est simple : la guerre ou le suicide, telle est la question. L'homme est fait comme un rat.

08 novembre 2008

Le nouveau péril jaune

La guerre entre les grandes puissances a changé de protagonistes et de nature. Ce n’est plus à la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS à laquelle nous assistons, mais à une confrontation d’une autre nature, tout aussi réelle, entre les mêmes États-Unis et la Chine. Sur le plan politique, ces deux États sont en opposition sur les relations avec le Soudan (le Darfour), l’Iran, la Corée du Nord, autant de pays soutenus par la Chine et combattus par les USA. Certains courants conservateurs américains tentent de mettre en place une stratégie d’endiguement (le containment) de la Chine pour empêcher que celle-ci ne devienne une puissance concurrente des États-Unis menaçant de mettre fin leur l’hégémonie. La confrontation politique est soutendue par une lutte sans merci pour l’accès aux matières premières. La Chine, sans aucun scrupule, alimente et soutient tout pays ou toute dictature susceptible de lui fournir les matières premières dont elle a un besoin vital. Elle devient peu à peu le principal concurrent des Américains en ce qui concerne l’approvisionnement pétrolier. C’est pourquoi chacun des deux pays est en train de mettre en place une stratégie destinée à lui permettre de sécuriser et diversifier ses sources d’approvisionnement pétrolier. Ainsi l’Afrique est devenue le champs-clos d’un affrontement sino-américain dont on parle peu mais qui est sans pitié. La Chine est, en effet, en train de prendre pieds au Soudan, en Angola ou au Gabon. On assiste également à un spectaculaire rapprochement avec les pays d’Amérique latine, sphère d’influence privilégiée et historique des États-Unis.
Chaque pays cherche à développer ses atouts concurrentiels. Celui de la Chine est essentiellement les bas coûts de fabrication. Tout est bon pour maintenir ces coûts au niveau le plus faible possible afin d’envahir les marchés occidentaux et notamment américains (pour compenser les engagements de rachat de la dette extravagante des USA que la crise économique actuelle ne fera qu’aggraver), d’où des manipulations monétaires, des pratiques frauduleuses et dangereuses, comme l’a démontré l’affaire du lait contaminé (et d’autres produits alimentaires) et des faux médicaments qui inondent l’Afrique. Mais, comme des frères ennemis, ces deux pays sont indissociables, chacun d’eux ayant un besoin vital de l’autre. Les USA ont besoin de la Chine pour faire perdurer leur formidable déficit et racheter leur dette colossale en lui vendant des bons du Trésor. La Chine a besoin du marché américain pour obtenir les devises nécessaires à ce rachat et à son développement. Sur le plan économique, on peut dire que les relations Chine/ États-Unis sont tellement imbriquées les unes dans les autres qu’on peut aujourd’hui parler d’interdépendance. Nous allons assister, durant les prochaines années, à un rattrapage économique de la Chine qui va profiter du déclin relatif, mais déjà en cours, des USA. C’est, en effet, la première fois depuis la crise de 1929 que les USA entrent en récession économique. Compte tenu de l’interdépendance objective des deux pays, il faut s’attendre à ce que la Chine connaisse également de fortes difficultés économiques et sociales dans le court et moyen terme. Le monde entier en sera fragilisé.

05 novembre 2008

Il est 5 heures, Paris s’éveille

Il est cinq heures, ce 5 Novembre 2008.
Le monde se réveille différent de ce qu’il était hier. Un noir vient d’être élu Président des États-Unis. La nouvelle est trop récente pour mesurer entièrement la signification de cet événement. Mais une chose est certaine : les américains sont un grand peuple. Quelle preuve plus éclatante peut-on donner d’une démocratie vivante que d’élire au poste suprême du pouvoir un homme dont le père devait subir, il y a cinquante ans à peine, l’infamie de la ségrégation ? Cette élection est une délivrance pour les noirs du monde entier car elle apporte la preuve que tout leur devient possible, sinon facile. Peut-on imaginer la même chose en Europe et en France, alors que nous regardons encore comme une curiosité la présence discrète de représentants des minorités dites « visibles » au sein du gouvernement ? Quelle leçon pour ceux qui manifestent un anti-américanisme viscéral et irréfléchi !
Mais l’avenir n’est pas écrit. Ce Président noir va devoir convaincre ceux qui ont réagi non par adhésion mais par rejet d’une administration républicaine qui a mené l’Amérique et le monde au désastre économique et qui a semé le désordre sur la planète. Il va devoir gérer les contraintes qu’impose la situation américaine et mondiale et faire accepter, comme toujours, qu’il peut y avoir une grande différence entre l’espoir et les rêves qu’il a suscités et l’incontournable réalité. La réaction peut alors être d’autant plus violente qu’il s’agit d’un noir. Croisons les doigts pour qu’il n’en soit pas ainsi.

01 novembre 2008

La conscience du monde en physique

La physique possède un Graal : l’équation « du tout » qui permettrait d’expliquer le monde depuis ses origines jusqu’à sa fin en passant par ce qu’il est aujourd’hui. La tâche est extrêmement complexe et difficile, mais elle repose sur une conviction : le monde est un objet logique dont l’évolution relève d’une loi unique. Cette quête a conduit les plus illustres physiciens à élaborer des théories, à la fois révolutionnaires à leur époque et généralisant les connaissances antérieures, comme la théorie de l’électromagnétisme de Maxwell ou la théorie de la Relativité Générale d’Einstein. Chacune de ces théories a élaboré des équations les plus compactes, et donc les plus belles, pour expliquer un aspect du monde. Les équations de Maxwell sont mathématiquement trop complexes pour être écrites ici, mais qui ne connaît pas la célébrissime équation d’Einstein E = mc2 ? Au début du siècle précédent, âge d’or de la physique théorique, est née une nouvelle théorie dont l’ambition était d’expliquer le fonctionnement du monde des particules élémentaires : la physique quantique. Cette théorie est devenue un paradigme et possède, elle aussi, son équation étendard : l’équation de Schrödinger ou fonction d’onde. La grande différence entre cette équation et les autres tient dans le fait que les équations de la physique classique proposent des certitudes, alors que la physique quantique ne propose plus que des probabilités. C’est-à-dire que cette physique nous dit qu’il est impossible d’avoir des certitudes sur le monde qui nous entoure. Tout ce que l’on peut espérer est de savoir que le monde a des chances de se trouver dans tel ou tel état. Voilà qui heurte le sens commun, puisque le monde que nous voyons nous apparaît dans un état déterminé, sans aucun doute possible. La fonction d’onde nous dit qu’on ne peut pas savoir où se situe l’électron d’un atome ni dans quel état se trouve cet atome. On ne dispose plus que de probabilités pour que cet atome soit dans tel ou tel état. De la même façon, il est impossible de savoir si l’électron est une onde ou une particule. Une expérience célèbre a démontré ce fait. Si l’on fait passer un faisceau d’électron à travers un écran possédant deux fines fentes proches l’une de l’autre, on obtient sur un écran placé à la suite du premier ce que l’on appelle un réseau d’interférences, caractéristique indiscutable d’une onde. Mais, si l’on place un appareillage permettant de savoir par laquelle des deux fentes passent les électrons, les interférences disparaissent pour donner des impacts distincts sur l’écran de lecture, caratéristiques d’un faisceau de particules. Onde ou particule ? Les deux à la fois. Mais dans sa conformation ondulatoire, il est impossible de localiser précisément l’électron. On ne possède plus que des probabilités de localiser l’électron à tel ou tel endroit. En termes plus scientifiques, on dit que la causalité déterministe est remplacée par une causalité probabiliste. Une autre expérience, dite de pensée car fictive, est celle du célèbre chat de Schrödinger. Le système expérimental imaginé est constitué d’une boîte contenant une source radioactive, un détecteur de particules comme un compteur Geiger, une fiole contenant du cyanure et un chat vivant. Si le détecteur enregistre une particule issue de la désintégration de l’atome, la fiole se brise, le poison se répand et le chat meurt. Vous comprenez pourquoi l’expérience est fictive !! Que nous dit la fonction d’onde ? Tant que l’on ne regarde pas dans la boîte, la fonction d’onde du système est une superposition des possibilités (l’atome se désintègre, l’atome ne se désintègre pas), donc une superposition des états. Tant qu’on ne regarde pas dans la boîte, cette superposition est réelle : il y a un échantillon radioactif qui, à la fois, se désintègre ET ne se désintègre pas, une fiole de poison qui, à la fois, se brise ET reste intacte, un chat qui, à la fois, est mort ET vivant. Invraisemblable ? Non, car il reste heureusement vrai que, dès que l’on ouvre la boîte, on constate l’état vital du chat. Mais, ce faisant, la fonction d’onde se modifie et les probabilités fournies changent, donnant une probabilité de cent pour cent à l’état constaté. Cette expérience montre la discontinuité fondamentale et l’aporie entre le monde subatomique et le monde macroscopique qui est le nôtre. Devant cette incompatibilité apparente, certains physiciens ont fini par accepter le fait qu’il nous sera toujours impossible de connaître l’état du monde en dehors de nos observations. C’est l’interprétation dite de Copenhague. D’autres sont allés encore plus loin en affirmant que le monde tel que nous le connaissons n’existe que parce que nous le regardons, et que c’est la prise de conscience du résultat qui modifie la fonction d’onde ! L’onde de Schrödinger devient une « onde de conscience ». Il est impossible de parler du monde mais, uniquement, de ce que nous percevons, renonçant à jamais à la connaissance intrinsèque de ce monde. Vous qui lisez ce texte (avec intérêt, j’espère !), vous avez la certitude qu’il existe mais vous ne pouvez pas avoir la certitude que j’existe tant que vous ne m’avez pas vu ! Actuellement, la fonction d’onde qui décrit le système composé de vous-même en train de lire et de l’auteur de ce texte me décrit comme étant, à la fois, existant ET non existant. Il faut vous y faire !! La réciproque est d’ailleurs vraie. La fonction d’onde qui décrit le système me contenant en train d’écrire cet article et vous-même, lecteur attentif, m’indique que vous avez une chance sur deux d’exister ET une chance sur deux de ne pas exister. Nous verrons bien ce qu’il en est lorsque nous nous rencontrerons !!
Tout ceci a l’air quelque peu ésotérique. Pour ma part, je suis de ceux qui pensent que la physique quantique est incomplète et que viendra un jour le physicien qui restaurera dans sa plénitude le principe de causalité objective. Pourtant, êtes-vous certain que le monde que vous regardez est exactement le même que celui que, moi, je vois ? Et comment en apporter la preuve ? Voilà une question qui me hante depuis toujours. Le bleu que vous percevez est-il, en tous points, identique à celui que je vois ? Comment le savoir ?

31 octobre 2008

Une superpuissance

Voulez-vous savoir ce qu’est une superpuissance ? C’est extrêmement simple. Il suffit de comparer l’intérêt mondial et les espoirs planétaires que suscite l’élection du futur président américain avec la confidentialité de celle du Président Français ! Il n’y a pas un pays, sur la planète, qui ne scrute avec attention ces élections américaines. Qui, en dehors des français, s’est intéressé à l’élection de Nicolas Sarkozy ?

29 octobre 2008

Pourquoi cela va mal ?

Dans certains milieux, en général bien argentés, circule l’interrogation sur l’état d’esprit des Français pour s’étonner qu’il soit si mauvais. Certes, on comprend que la frénésie médiatique et frétillante concernant les montagnes russes des principales Bourses mondiales finissent par inquiéter le peuple mais, enfin !, tout ne va pas si mal, non ? Les entreprises fonctionnent, le marché de l’art se porte bien, les grosses voitures se vendent correctement, les prix de l’immobilier parisien continuent de monter, la baisse de la valeur des actions fournit de belles opportunités de rachat à bon compte, la circulation monétaire est maintenant hors de danger.
Non, il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter. Mis à part la spéculation, l’économie de casino, les produits financiers toxiques, la titrisation, les délocalisations, les stock-options, les parachutes dorés, les « golden hello », la valeur argent qui écrase toutes les autres, la restriction des salaires, les travailleurs pauvres, le chômage, l’inflation, le nombre croissant de demandeurs à la soupe populaire, … Non, il n’y a aucune raison de s’inquiéter !! Dormez tranquilles, braves gens, vous qui êtes à l’abri derrière les fortifications de votre argent car, comme le disait P. Valéry : « Les faits ne pénètrent pas dans le monde où habitent les croyances »
Et pendant que le circuit bancaire est en grand danger, les montagnes russes des bourses montrent à l'évidence que les boursicoteurs continuent, sans vergogne, à jouer dans leur casino préféré !

26 octobre 2008

La crise vient de loin

Lorsqu’on écoute les différents commentateurs de l’actualité, on a l’impression que la crise profonde que le monde commence à subir est née au mois de Septembre de cette année. Cette affirmation est le signe soit d’un énorme mensonge soit d’une incompétence impardonnable. Cette crise trouve ses premières prémices dès les années 1975 avec la première crise pétrolière lorsque les pays producteurs de pétrole ont augmenté de façon inconsidérée le prix de cette matière première. La crise économique qui s’est répandue essentiellement en Europe n’était que le premier pas vers la situation d’aujourd’hui. Les pays du Moyen-Orient et la Russie, elle aussi exportatrice de gaz et de pétrole, ont commencé à engranger une rente considérable. De son côté, la Chine, à partir des années 1990, assoit son développement économique sur les exportations, donnant la priorité aux investissements tournés vers les industries exportatrices. Ce faisant, elle « oublie » d’investir dans les domaines de la sécurité sociale ou dans les retraites. L’inquiétude des chinois les pousse vers l’épargne de précaution qui devient considérable, compte tenu de l’importance de la population. Tout cela conduit, vers les années 1990 à 2000 à une épargne mondiale excédentaire en provenance de la Russie, du Moyen-Orient et de la Chine. Cette épargne a, de façon naturelle, cherché à se placer. De façon naturelle, elle est allée vers le seul marché attractif existant, celui des États-Unis. C’est la première cause profonde de la crise d’aujourd’hui. La seconde est la libéralisation du marché des capitaux qui s’est produit de façon parallèle facilitant leur circulation vers les paradis fiscaux. Cette libéralisation du marché des capitaux a nourri la spéculation qui a continué à alimenter la rente des pays producteurs de pétrole. La troisième cause fondamentale est la titrisation. La titrisation, avec un système de contrôle bancaire insuffisant, a conduit à la dilution du risque et au développement d’un sentiment d’impunité et d’enrichissement sans risque. Le placement de l’épargne mondiale sur les marchés immobiliers et financiers américains ont provoqué l’apparition des prêts immobiliers « pourris » dits « subprimes » et de produits financiers à risque de plus en plus considérable, à la base d’une économie de casino. Dans le même temps, la spéculation pratiquée par les fonds de pension a provoqué une énorme pression sur les dirigeants d’entreprise pour obtenir des rendements d’actions au moins équivalents à ceux des produits financiers à risque. Ceci a conduit les entrepreneurs à détourner une partie de plus en plus grande des investissements productifs vers des placements boursiers. C’est ce mécanisme complexe, qui tourne depuis plus de trente ans, qui a abouti à la bulle financière et à la bulle immobilière de 2008. La conséquence immédiate de l’éclatement de ces bulles à laquelle nous assistons est la raréfaction drastique des prêts bancaires qui nous conduit tout droit à la récession. On remarquera, au passage, que les banques, acteurs essentiels de la crise d’aujourd’hui, sont maintenant les responsables de la récession en supprimant les prêts aux entreprises et aux particuliers. Après avoir pris des risques considérables et catastrophiques, aujourd’hui ces mêmes banques refusent toute aide aux acteurs économiques. Décidément la finance et la morale vivent dans deux mondes séparés.

22 octobre 2008

À la recherche des racines

Après la guerre de cent ans, donc après 1450, de nombreux soldats écossais sont restés en France. Parmi eux, une colonie se fixa dans la Marche (actuellement la Creuse), à une trentaine de kilomètres au nord de Guéret, dans la région de Genouillac, Bétète, Moutier-Malcard, Cheniers, Mortrou. Une autre colonie se fixa près de Saint-Martin d’Auxigny, dans le Cher.
Née en 1542, Marie I Stuart fut reine d’Ecosse de 1542 (elle était âgée alors de quelques mois) à 1567. Elle fut élevée en France par ses oncles, les Guises. Revenue en Ecosse en 1561, elle épouse en 1565 le chef du parti catholique, lord Darnley. Celui-ci est assassiné par l’opposition protestante en 1567. C’est alors que Marie Stuart épouse Bothwell, duc d’Orkney, accusé d’avoir assassiné le Comte de Darnley. Indignés par ce mariage, les protestants écossais se soulèvent. Elle essuya une défaite et due se réfugier en Angleterre où elle fut mise en captivité après avoir participé à un complot contre la reine Elizabeth. De 1568 à 1587, des amis fidèles tentèrent de la libérer. Mais, en 1587, la reine Elisabeth d’Angleterre la fit condamner à mort et exécuter.
Ses amis, catholiques ardents comme Marie Stuart, ne pouvaient songer à rester en Angleterre, sous le règne de la reine Elizabeth, grande protectrice de la Réforme. Le XVIème siècle est celui des guerres de religions et la Saint-Barthélémy de 1572, que la Paix de Saint-Germain en 1570 n’a pas empêchée, est encore dans les mémoires. Ne pouvant se réfugier ni en Angleterre ni en Ecosse, ces Ecossais se réfugièrent en France où règne le très catholique Charles IX. Ils cherchèrent naturellement à se rapprocher de leurs compatriotes, installés en France depuis la fin de la guerre de cent ans. Un certain nombre d’entre eux choisit alors de retrouver la colonie écossaise de la Marche, préférant vraisemblablement ce lieu plus sûr que les grandes plaines du Cher où se trouvaient d’autres colonies écossaises. Ainsi, dans la région, s’est perpétué de génération en génération le fait que « ce lieu a été le refuge de compagnons d’infortune de Marie Stuart », souvenir qui n’a subi aucune altération au cours des siècles jusqu’à aujourd’hui.
Près de Bétète, des moines s’étaient installés depuis 1140 dans la forêt de Cosset et avaient construit le village des Cosses. C’est dans les maisons construites par ces moines et abandonnées que s’installèrent les Écossais cherchant refuge dans la région. La population environnante prit alors l’habitude de substituer le vocable « village d’Ecosse » à celui de « village des Cosses », appellation qui devint finalement le patronyme officiel du village.
Entre 1664 et 1668, Jacques Gérouilhe construisit sur le site du village alors disparu, un château qui prit naturellement le nom du lieu, à savoir le « Château d’Ecosse »

Vers 1600, naît dans la région le premier Mingasson (Mac-a-son) identifié, fils d’un immigrant écossais. Il a trois fils qui naissent tous les trois entre 1625 et 1630. Ceux-ci restent dans la région : l’un s’installe près du lieu-dit Le Montaniseau, le second près du village du Montet, le troisième près de Moutiers-Malcard, localités situées à une cinquantaine de kilomètres de Guéret. À partir de là, l’arbre généalogique distingue alors les 3 branches familiales correspondantes : la branche du Montaniseau, la branche du Montet, la branche de Moutiers (la mienne). L’arbre généalogique familial a été établi en 1957, il y a donc 50 ans. Il est donc incomplet. Si vous lisez cette page et que vous portez un des noms suivants :
Mingasson, Labry, Badin de Montjoy, Poissonnier, d’Hulst, Capton, Dassonville, Bridiers de Béthenet, Houelleu, Bernet (merci à Georges Bernet qui a fait le travail !), Vignoli, Curis, Bellanger, Pages, …
… et que vous avez des ancêtres Mingasson, pouvez-vous me contacter : soit par l’intermédiaire d’un commentaire à cet article, soit à l’adresse
michel.mingasson@gmail.com

21 octobre 2008

Le temps qui passe

Un des concepts le plus mystérieux de ce monde est le temps. Nous vivons avec lui, comme avec un être familier, sans nous poser de questions sur sa nature. Pourtant, le fait même que nous vivons avec lui devrait nous pousser à nous interroger sur son existence en dehors de nous, je veux dire en dehors de toute conscience humaine. Il existe des théories scientifiques qui soutiennent, en interprétant les équations de la physique quantique, que le monde n’existe que parce qu’on le regarde. Le temps a-t-il une existence intrinsèque ? L'image que nous en avons, de façon intuitive et donc subjective, est celui d'un écoulement, d'un flux permanent et orienté, comme un fleuve allant vers la mer. Jamais un fleuve ne remonte vers sa source. Nous sommes sur un pont et nous regardons le fleuve s'écouler de manière irréversible. Nous ne le dirons jamais mieux que le poète :

Passent les jours, passent les semaines,
Ni le temps passé, ni les amours reviennent.
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.
Vienne la nuit, sonne l'heure,
Les jours s'en vont, je demeure.


Apollinaire

Bien sûr, la science examine le temps. Étroitement imbriqué avec les dimensions d’espace dans l’espace-temps qui est le nôtre, sa particularité de n’avoir qu’une direction le rend étrange, voire abstrus. La science a besoin de lui pour construire les lois de la Nature. Le temps lui est nécessaire pour expliquer le monde. Mais voilà que son explication comporte sa propre contradiction. Toutes les explications de cette physique utilisent un temps qui est réversible. Autrement dit, selon les équations de cette physique du monde, tout pourrait se dérouler à l'envers. C'est d'ailleurs cette expérience de pensée « à l'envers » qui permet à la physique quantique et à la Cosmologie de remonter à l'origine du monde pour tenter d'en décrire un scénario. Malheureusement, en remontant très loin dans le passé, c'est-à-dire en revenant aux premiers instants de l'Univers il y a un peu plus de treize milliard d'années, dans les premiers milliardièmes de milliardièmes de milliardièmes de seconde, les lois de la physique ne s'appliquent plus. Il n'y a plus d'espace ni de temps. Il n'y a plus qu'un "océan" d'énergie quantique dont une "région explose" pour donner naissance à un Univers qui permet le développement d'êtres pensants capables de se poser des questions sur l'origine de l'Univers. Pourquoi le temps apparaît-il "à un moment donné" ? N'est-il pas simplement un paramètre commode pour les observateurs que nous sommes, nous permettant de raconter une histoire, celle des évènements du monde ?
C'est bien le seul point qui soit sûr : l'événement existe, puisque nous le vivons. Nous le vivons dans l'instant où il se produit, c'est-à-dire dans l'instant présent. Mais qu'est-ce donc que ce présent captieux, coincé entre un passé qui n'existe plus et un futur qui n'existe pas encore ? Qu'est-ce donc que cet instant figé entre deux néants, entre deux inexistences ? Il a toutes les apparences d'une éternité, sans passé ni futur, elle aussi. Le présent est une éternité, nous ne sommes pas sur le pont mais sur un bateau qui nous emmène.

Le temps s'en va, le temps s'en va, Madame,
Las, le temps non, mais nous nous en allons.


Ronsard

Notre époque est en manque de temps. Le temps est devenu une denrée rare. Il ne faut pas perdre de temps, il faut en gagner, comme on gagne de l'argent. L'urgence est partout, elle est devenue le suprême symbole de l'activité humaine. L'importance se mesure au fait que l'on manque de temps. Moins on a de temps, plus on est important. Dans le même temps (!), on ne parle que de la maîtrise du temps. Illusion et présomptueuse ambition !

La durée est une privation d'éternité


Bergson

19 octobre 2008

Le mauvais esprit

La doxa véhicule à l’envi deux fausses informations avec une insistance qui fleure bon la mauvaise foi. On entend dire, en effet, que l’État nationalise les banques et qu’il a dégagé 360 milliards d’Euros en faveur des banques françaises. Ces deux énoncés sont faux. Tout d’abord, nous n’assistons aucunement à la nationalisation des banques. La simple vérité objective est que l’État s’est engagé à aider les banques, uniquement celles qui se trouveraient en difficulté de trésorerie, en réalisant une augmentation de capital, ce qui le fait devenir actionnaire de ces banques. En espérant que cette manœuvre permette à la banque de sortir des difficultés, alors l’État restera libre de revendre ses actions. Actuellement, aucune banque n’a demandé ce genre de participation, en dehors de Dexia. Deuxièmement, l’argent mis par l’État dans la sauvegarde du circuit monétaire n’est pas de l’argent frais. Il n’est aucunement prélevé sur le budget de l’État. Il s’agit uniquement d’une garantie, payante de surcroît. Il est donc absurde de s’insurger sur le fait que l’État a des difficultés pour financer le RSA tout en dégageant de telles sommes pour les banques. Ces critiques sont donc partiales, partisanes, et démontrent soit l’incompétence soit la mauvaise foi de ceux qui s’en font les propagateurs. Par contre, soutenir avec force que la dérégulation du système financier est excessive et qu’elle est devenue absurde reste profondément vrai. Il reste vrai, également, que si les politiques avaient anticipé cette réflexion, cette situation n’aurait vraisemblablement pas existé.

18 octobre 2008

Ils ne mourraient pas tous

Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés. Sentence de Jean de la Fontaine (les animaux malades de la peste) qui prend aujourd’hui une résonance toute particulière. La crise économique, fille aînée de la crise financière, se répand rapidement dans le monde des entreprises. Les responsables de cette peste courent toujours, comme vient de le démontrer l’affaire de la Caisse d’Épargne. Le directeur financier et ses traders ont continué de jouer en Bourse avec des produits dérivés dangereux en plein cœur de crise financière. Dans le même temps, on apprend que les bonus versés aux traders de la City pour 2007 ont atteint 20 milliards d’Euros ! Au-delà des sanctions, il est grand temps que la loi interdise formellement aux banques de dépôt de spéculer en Bourse. Ces gens-là, rois de l’économie fictive, sont à l’origine des difficultés ô combien réelles des acteurs de la véritable économie. Ils se comportent véritablement comme des voyous qui ont perdu tout sens moral et il faut les traiter comme tel. Il faut espérer que la justice va passer, en France comme ailleurs, ou, dans le cas contraire, il y a de quoi s’inscrire au parti d’Olivier Besancenot !!

17 octobre 2008

Le verbiage des médias

Bouleversement, cataclysme, crise, krach, catastrophe, désastre, tsunami, plongeon, naufrage, maelström, ravage, séisme, troubles, marasme, tourmente, sans oublier l’incontournable yo-yo, je suis impressionné par la richesse de vocabulaire des médias parlant de la crise financière actuelle. On entend pourtant à longueur d’émissions tous ces « so-called experts », qui foisonnent tellement qu’on a l’impression d’une génération spontanée, nous expliquer que le mécanisme fondamental de l’économie est la confiance.. J’ai la vague impression qu’il est difficile d’instaurer ou de restaurer la moindre confiance lorsque l’on entend ce vocabulaire alarmiste à chaque heure de chaque jour, quand ce n’est pas pendant la nuit ! Mais il est tellement plus spectaculaire de parler de tsunami que de simples difficultés et les médias ne savent pas résister au besoin du spectaculaire. Ils sont lancés dans une surenchère verbale qui navigue entre la prosopopée amphigourique et la brève de comptoir et dont il est évident qu’ils se délectent. C’est comme pour les partis politiques : on a les médias qu’on mérite !

15 octobre 2008

Non-sens et contresens

Durant ma lointaine adolescence, mon cauchemar se cristallisait sur les versions et les thèmes latins. Je dois bien avouer que je n’étais pas particulièrement brillant dans cette discipline … jusqu’au jour où une chance invraisemblable m’a permis de découvrir, derrière le tablier d’une vieille cheminée dans une petite chambre sous les combles de la maison de mes parents, la totalité des traductions des textes latins !! Ma joie n’avait d’égal que l’étonnement de mon professeur de latin devant mes soudains progrès. Malheureusement, il restait à affronter ce qui s’appelait à l’époque des compositions, c’est-à-dire des examens en cours d’année scolaire. Lors de la remise des corrections, je voyais dans la marge, soulignés d’un trait rageur à l’encre rouge, les signes mystérieux ns ou cs. J’ai fini par comprendre que ns signifiait non-sens et cs contresens. Mais, longtemps je me suis demandé quelle était la différence entre un non-sens et un contresens. Eh bien, aujourd’hui, je crois que j’ai enfin trouvé l’explication lumineuse qui permet à tous ceux qui sont traversés par un doute de comprendre enfin la différence. Lors du vote des députés sur le texte gouvernemental portant sur les mesures financières visant à rétablir la circulation monétaire entre organismes financiers et avec les emprunteurs, les communistes ont voté contre, les socialistes se sont abstenus. Voilà l’explication attendue. Le vote négatif des communistes exprime une opinion, erronée certes, mais assumée qui s’appuie sur une interprétation erronée des évènements et des mesures envisagées. Il s’agit là d’un contresens manifeste. Par contre, l’abstention des socialistes ne se justifie en aucun cas, même si ces derniers s’embourbent dans des explications confuses énoncées par des bonneteurs et qui cachent, en fait, des choix de postures en vue de leur prochain congrès et du choix de leur futur Premier Secrétaire. Se tromper d’objectif et privilégier des tactiques qui s’engluent dans les lises des ambitions personnelles sur l’intérêt général du pays est un véritable non-sens. Décidément, le Parti Socialiste a perdu, avec la disparition de F. Mitterrand, le seul homme d’État existant dans leurs rangs.

14 octobre 2008

La criiiiiiiiise !

L’École de Chicago vient de subir la plus grave crise de son existence. Cette école, devenue le parangon de la pensée économique et qui ne compte pas moins de vingt-cinq prix Nobel, s’est toujours fait le chantre du libéralisme pur et dur : la main invisible d’Adam Smith est une main magique qui, toujours, offre la meilleure solution possible. Jusqu’au-boutistes, les tenants de cette doctrine prônent le laisser-faire et la liberté inconditionnelle d’entreprendre. La crise que nous venons de traverser montre avec éclat les limites de cette doctrine qui, poussée à l’extrême, devient dangereuse pour tout le monde. Car l’homme est avide et, au nom de cette avidité, il est capable du pire si rien ne l’arrête. Déjà, le simple fait de laisser se développer considérablement des activités consistant à créer de l’argent à partir de l’argent est une aberration qui heurte le sens commun. Le fait d’avoir laissé se développer cette économie fictive restera le paradigme absolu de l’erreur politique et économique. On pourrait même dire la preuve de la bêtise humaine. Tout a commencé avec la recherche frénétique de rendements insensés des actions. Les petits génies mathématiciens de la bourse ont alors inventé des produits financiers de plus en plus incompréhensibles, en dehors des lauréats de la médaille Fields et des traders fous, produisant des plus-values inconsidérées mais de plus en plus risquées et aléatoires. Ces petits génies de la finance ont inventé des produits tellement sophistiqués que les acteurs du contrôle et de la régulation n’y comprenaient plus rien et étaient bien incapables d’alerter qui que se soit. Les fonds de pension se sont rués sur ces produits financiers, perdant de vue le risque qu’ils faisaient courir à leurs souscripteurs. On peut d’ailleurs se demander si d’autres organismes, telles les collectivités locales, n’ont pas cédé au mirage de ces rendements extravagants ! Les entreprises, à leur tour, se sont alors vu contraintes, sous la pression des fonds de pension actionnaires, de leur assurer des revenus d’actions comparables, ce qui les a conduites, elles aussi, à des actes condamnables, voire illégaux (rappelez-vous Enron !). Lorsque ce fragile équilibre s’est rompu, tout le monde s’est mis à se méfier de tout le monde. Or, la circulation de la monnaie est à l’économie ce que le sang est à la vie : indispensable. Si elle ne circule plus, l’économie s’arrête. Ce sont les versements et les prêts entre banques qui représentent le plus gros de cette circulation. Lorsque les banques, inquiètes, cessent de faire circuler la monnaie, tout s’arrête. La crise actuelle s’est développée sur la méfiance des banques les unes envers les autres à cause du phénomène de titrisation qui répand le risque de façon tellement diluée mais sans l’atténuer qu’il devient indétectable. Or une banque, pour pouvoir prêter, a besoin elle-même d’emprunter et elle le fait classiquement auprès des autres banques. Lorsque la méfiance s’installe, les banques ne se prêtent plus et les prêts aux entreprises se tarissent, d’où une répercussion sur l’économie réelle. C’est là le risque majeur de la crise financière que nous venons de connaître. Et rien ne dit que nous en sommes sortis, malgré les dispositions prises par les gouvernements. Bien entendu, il y a des responsables. Bien entendu, chacun souhaite qu’il y ait des sanctions. Punir les responsables est une saine réaction mais qui demande à être examinée : ou bien on découvrira des malversations et la loi prévoit dans ce cas des sanctions pénales, ou bien il ne s’agit que d’une prise de risque trop grande et l’on voit mal comment punir les responsables autrement qu’en les renvoyant à leurs chères études … avec leurs parachutes dorés ! Le coup de frein donné à l’économie va perdurer longtemps et nous allons bientôt en sentir les conséquences.

12 octobre 2008

Un comble

Depuis quelque temps, on voit sur les écrans de télévision, Mr. Jean Peyrelevade venir doctement donner des leçons de bonne conduite au gouvernement sur la crise financière actuelle. Je comprends difficilement que ce monsieur vienne nous expliquer que les régulations manquent et que le gouvernement ne fait pas son travail alors qu’il est condamné à 500.000 dollars d’amende par la justice américaine et qu’il est interdit de séjour aux USA pendant une période de 3 ans dans le cadre de l’affaire du Crédit Lyonnais et de Exécutive Life.

10 octobre 2008

La morale est morte

Quinze millions d’Euros annuels ! Décidément, la rémunération des patrons des grandes entreprises est immorale…sauf qu’il ne s’agit pas de cela mais de la rémunération de la vedette des footballeurs français ! Un patron a la charge morale et la responsabilité économique de faire vivre une entreprise et les hommes qui la composent. Un joueur de ballon n’a que la charge de frapper dedans et de courir sur le gazon ! Il est normal de moraliser les pratiques financières de rémunérations des patrons (encore que les responsables des PME doivent rigoler amèrement) qui reçoivent, non seulement des salaires extravagants, mais surtout qui se voient accorder de monstrueuses primes à l’échec. Mais que penser de ces scandaleux profiteurs d’un engouement populaire et irréfléchi que sont ces sportifs (football, tennis, …) et ces individus devenus des sortes d’icônes populaires et qui s’empressent de partir en Suisse pour éviter tout prélèvement fiscal ? La folie de l’argent qui s’est emparée du monde débouche sur une situation devenue incontrôlable. La morale est morte et elle entraîne la planète dans son décès. Des voix indignées s’élèvent de toutes parts pour condamner ces agissements. Mais que ne les a-t-on entendu plus tôt ? L’aveuglement des politiques ressemble étrangement à une complicité. L’administration américaine n’est pas la seule responsable. Et, comme toujours, les plus exposés sont les plus fragiles, hommes et pays pauvres. Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas la conséquence du libéralisme … mais d’une monstrueuse bêtise. Rien ne servirait de souhaiter la mort du libéralisme car la bêtise humaine est immortelle ! La preuve ? Les débats byzantins et incompréhensibles des économistes pour expliquer les raisons de la crise actuelle, l’impuissance des politiques, le comportement voyou des fonds d’investissement. La connerie a encore de beaux jours devant elle !

07 octobre 2008

Crise ou opportunité ?

La multi-crise que nous traversons est angoissante parce qu’elle est multi-dimensionnelle : financière et bancaire au premier chef créant un tarissement du crédit, économique avec la récession qui s’annonce, énergétique avec le renchérissement des matières premières, environnementale avec les dangers pressentis des modifications climatiques, sociale avec le chômage qui va fortement augmenter. C’est-à-dire que nous allons ressentir les effets de cette crise dans tous les aspects de notre vie, pendant que les médias se masturbent le cerveau pour savoir si l’on est ou non en récession (voir l’article « les Dafiorus de l’économie »). Le capitalisme s’est développé depuis les années trente en augmentant de façon considérable la richesse du monde. Mais le succès a emballé la machine économique dont les acteurs se sont mis à faire n’importe quoi : comment peut-on croire un instant qu’une économie basée sur la seule spéculation financière, c’est-à-dire qui ne produit aucune richesse réelle mais qui enrichit considérablement une toute petite partie de la population au détriment du plus grand nombre et des plus pauvres , peut perdurer sans dommage ? Les marchés se sont décloisonnés et mondialisés sans régulation. Ces marchés ont fleuri en même temps que les paradis fiscaux et les places off-shore, avec l’objectif de capturer l’épargne du plus grand nombre. C’est-à-dire que l’on a bien affaire à du grand banditisme. Les soubresauts des bourses ne sont que le révélateur du comportement voyou des organismes financiers avec leurs salles de marchés et des entreprises multinationales avec leurs traders attitrés qui continuent, malgré les difficultés économiques, à boursicoter à grande échelle pour engranger d’énormes profits. La vente massive de leurs actions pour réaliser ces profits et les « mettre à l’abri » est la cause de la chute des bourses. Pendant ce temps, on demande aux petits épargnants de rester calmes et de se conduire en citoyens.
Mais de ce marasme peuvent naître trois opportunités qui peuvent changer la donne. Tout d’abord, la prise de conscience des responsables politiques européens de la nécessité d’une action commune peut permettre de faire un pas de plus vers l’Europe politique. À condition que les égoïsmes nationaux ne prennent pas le dessus dans un réflexe opportuniste, comme l’Irlande (passager clandestin de l’Europe) a commencé de le faire en entraînant dans son sillage quelques autres pays européens dont l’Allemagne. Si ce genre de comportement se généralise, l’Europe est morte. La volonté d’assainir l’anomie du monde financier et ses pratiques de casino peut permettre de saisir l’occasion d’interdire aux banques de l’OCDE toutes relations avec les places off-shore et les paradis fiscaux, ce qui conduira ceux-ci à disparaître, toutes les autres banques mondiales hésitant à traiter avec ces organismes mis effectivement à l’index par 30 pays développés. Cette crise peut être aussi une opportunité pour assainir les pratiques boursières et interdire les produits dérivés « titrisés » qui, non seulement relèvent du pur jeu de casino, mais dissolvent les responsabilités. À l’inverse, si rien n’est fait dans ce sens, alors, immanquablement, tout recommencera et une nouvelle crise, encore plus grave, se produira nécessairement. Enfin, la prise de conscience que les seuls investissements éthiques sont ceux qui bénéficient à la création de plus-values réelles orientera ces investissements vers l’innovation et les placements productifs (ce qui est bénéfique pour les plus jeunes, car favorisant le développement et l’emploi) au détriment des produits d’épargne et des fonds de pension (ce qui pénalisera les plus âgés).

04 octobre 2008

La titrisation est-elle anti-économique ?

Le libéralisme s’appuie sur le dogme de l’infaillibilité des marchés : ceux-ci fonctionnent selon un certain nombre de lois et la meilleure politique économique consiste à laisser les marchés fonctionner selon ces lois qui conduiront nécessairement à la meilleure solution, c’est-à-dire à la satisfaction de tous. Parmi ces lois, il en est deux qui constituent la fondation de la doctrine : la loi de l’offre et de la demande et la loi de la concurrence pure et parfaite. Cette dernière loi définit les conditions d’une concurrence dite pure et parfaite. L’une de ces conditions est la transparence, c’est-à-dire l’information parfaite des acteurs du marché. De quoi est faite cette information ? Bien entendu, le prix du produit/service est à la base de cette information des acteurs : chacun le connaissant, refusera d’acheter plus cher ou de vendre moins cher. On aboutit ainsi nécessairement au meilleur prix du marché. Certes, les économistes ne sont pas des idéalistes et savent bien que l’information n’est jamais parfaite. L’acheteur ne connaît pas l’ensemble des prix proposé par tous les vendeurs et peut donc faire le mauvais choix. Les théories économiques ont pris en compte la dissymétrie de l’information entre l’acheteur et le vendeur. Mais il existe un critère que ces théories ne prennent pas en compte sérieusement : le risque. Le risque encouru par l’acheteur fait évidemment partie de l’information dont il a besoin. Or, le phénomène de titrisation, inventé par le monde financier et s’appuyant sur des outils mathématiques sophistiqués (spécialité française, soi dit en passant), conduit à une dilution du risque et donc à une désinformation. En effet, lorsqu’une banque consent un prêt à quelqu’un qui sera nécessairement dans l’impossibilité de rembourser ses traites du fait du mécanisme des taux progressifs et que cette même banque revend ce prêt sous forme de titres et de produits dérivés à d’autres organismes financiers, qui revendent eux-mêmes à d’autres organismes, le risque originel pris par l’émetteur initial de l’emprunt est tellement dilué qu’il devient impossible de l’évaluer. L’information n’est plus complète et elle est bien loin d’être transparente. La titrisation n’est donc qu’un mécanisme de dilution du risque au détriment d’une information complète ce qui déroge gravement aux lois de fonctionnement des marchés. Comment être étonné, dans ce cas, du krach financier auquel nous assistons à la suite des subprimes américains, revendus dans tout le réseau bancaire mondial par le mécanisme de titrisation ? Et si la question semble si évidente, pourquoi les responsables politiques ne sont-ils pas intervenus plus tôt pour interdire de telles pratiques, contraires aux lois des marchés ? Cela aurait peut-être évité que le monde occidental et libéral sombre dans le pessimisme et dans la crainte de l’avenir. Dans une de mes précédentes chroniques, je traitais de voyous les traders boursiers. Je n’ai pas changé d’avis. Mais, à ces voyous, il faut ajouter ceux qui président dans de luxueux bureaux de banque, qui jouent en bourse l’argent de leurs déposants sur des produits immoraux, qui empruntent pour pouvoir prêter, qui se lancent dans la spéculation hasardeuse en mettant en péril leur propre banque et tout le système bancaire. Un monde se termine, sans que les responsables politiques n’aient rien prévu. Or gouverner c’est prévoir !

02 octobre 2008

Les Diafoirus de l’économie

La débâcle financière que l’administration Bush et le capitalisme de casino ont provoquée sur l’ensemble de la planète provoque un torrent de commentaires de la part d’un nombre toujours plus grand de soi-disant experts, commentaires qui varient avec les évènements. Nous les avons entendus, il y a à peine un mois, expliquer que la France était à l’abri de tout désordre financier du fait de la solidité du système bancaire national. Et puis voilà que la banque DEXIA s’est retrouvée au bord du dépôt de bilan à cause de sa filiale spécialisée dans les prêts immobiliers. Cette banque étant le principal organisme de prêts auprès des collectivités locales, l’État Français s’est trouvé dans l’obligation de réaliser une augmentation de capital, de conserve avec le gouvernement belge. Les mêmes soi-disant experts ont mis à peine vingt-quatre heures pour changer radicalement leur discours et, de rassurants, devenir alarmistes en insistant sur le fait que la France n’était pas à l’abri de graves conséquences faisant suite au désastre américain. Décidément, l’économie n’est pas une science, mais un simple métier dont les acteurs cherchent uniquement à préserver leur clientèle et leur renommée usurpée.
Les médias ne peuvent prétendre à plus de professionnalisme et de sérieux. Les émissions de télévisions se multiplient, où l’on entend un salmigondis d’idées mal exprimées, approximatives, confuses qui démontrent la méconnaissance totale du sujet abordé par les journalistes uniquement préoccupés par le sensationnel. Ces idées démagogiques se diffusent dans le public par l’intermédiaire de l’arme absolue de la télévision et de la radio, ce qui est le mal absolu.
Le sectarisme et l’aveuglement idéologiques des syndicats et de l’opposition se manifestent avec éclat dans leur refus indigné d’envisager l’utilisation des excédents du livret A pour pallier aux difficultés éventuelles du secteur bancaire, au simple prétexte qu’il s’agit du secteur privé. Ils sont prêts à refuser, au nom de leur idéologie intégriste, le sauvetage d’un secteur de l’économie absolument indispensable à son fonctionnement. Sans banque et sans épargne, pas de crédit. Sans crédit pas d’investissement. Sans investissement, pas de croissance. Sans croissance, explosion du chômage. C’est avec le même aveuglement sectaire que les élus du fin fond du Wisconsin ont refusé dans un premier temps le plan Paulson américain, refus qui plonge la planète entière dans l’anxiété et la déprime économique.
Au-delà de cette agitation médiatico-politique, il n’en reste pas moins vrai que les responsables des Etats occidentaux ont laissé se développer une économie fictive et irresponsable, donc exagérément risquée, sans prendre la moindre mesure de contrôle au nom d’une idée du libéralisme tout aussi doctrinale. Les mécanismes de base de cette économie de casino ne peut que fabriquer des bulles financières dont le destin est de se dégonfler en faisant nécessairement des dégâts qui frappent toujours plus durement les plus faibles. Il s’agit là d’un aveuglement tout aussi coupable que les agissements des responsables du monde de la finance. Le moins que l’on puisse espérer et attendre est que ces mêmes responsables politiques saisissent l’occasion qui se présente pour moraliser un monde qui a perdu tout repère, sauf celui du profit maximal à court terme. Et cela commence par une lutte sans merci contre les paradis fiscaux quels qu’ils soient et par l’interdiction des produits financiers qui relèvent du pari et non pas de l’investissement dans l’économie réelle.

28 septembre 2008

Arrêtons de rêver

• Débutons par une évidence. Pour que la France résorbe ses déficits et paie sa dette, elle doit « gagner de l’argent ». Il faut donc impérativement que ses exportations l’emportent sur ses importations. Et cela est de la responsabilité des entreprises et de personne d’autre. Seule l’entreprise est créatrice de richesses. Il faut donc que sa compétitivité s’améliore fortement et urgemment par l’innovation et l’investissement. Tout discours qui parle de relance par la consommation (le cercle vicieux du marché intérieur), par la création d’emplois de service à la personne (qui ne crée aucune richesse nouvelle pour le pays), par l’augmentation des moyens des Services Publics (qui augmente la dépense et la dette) est un contresens mortel et explique la raison du déclin progressif mais inexorable du pays tant que perdure ce discours. Messieurs les syndicalistes, vous avez besoin d’une révolution culturelle dont vous êtes bien incapables.
• La guerre au Moyen-Orient dure depuis plus d’un demi-siècle et, depuis dix-sept ans, on nous parle du processus de paix ! Il n’y a pas de processus de paix. Il sévit là-bas une guerre gangrenée par le terrorisme et il n’existe aucune personnalité politique d’envergure capable de mettre hors d’état de nuire les terroristes et de mettre fin à ce bourbier. Les visites périodiques des responsables occidentaux ne sont que des effets de manche et ne changent rien au drame.
• Les Iraniens sont un grand peuple, chargé d’une histoire prestigieuse mais ils sont aujourd’hui aux mains d’une bande de religieux fanatiques et d’un fou en quête de la bombe sous le regard bienveillant et intéressé de la Chine et de la Russie. C’est pourquoi les remontrances polies des occidentaux ne pourront pas empêcher ce pays d’arriver à ses fins.
• Si les Talibans réussissent à reprendre le pouvoir en Afghanistan, ils déstabiliseront immédiatement le Pakistan déjà fragilisé par le terrorisme pour y installer une « république » islamique, intégriste et fanatique qui possédera l’arme atomique ! Un cauchemar ! Et l’administration afghane actuelle, incompétente et corrompue, est incapable d’empêcher cela. Doit-on nous laver les mains de cette énorme responsabilité ? Messieurs les socialistes, un peu de bon sens !
• La Chine est une dictature féroce et un escroc économique et non pas une puissance respectable en voie de développement (je parle des responsables chinois, pas des chinois) ! Peine de mort, prisonniers politiques, droits de l’homme bafoués, contrefaçon à grande échelle, pratiques dangereuses, mensonges d’état sont les caractéristiques de ce régime devant lequel tout le monde se ridiculise en rodomontades hypocrites guidées par la recherche d’un marché juteux. La Chine est peut-être devenue l’usine du monde, mais c’est pour lui vendre des contrefaçons et des cochonneries parfois dangereuses. Ceci étant dit, il est parfaitement illusoire de croire que la Chine peut accorder l’indépendance au Tibet qui représente 30% de son territoire. Qui le ferait ?
• Plus jamais, les USA ne seront la première puissance de la planète, et ceci pour longtemps, contrairement à l’analyse de H. Védrines (inventeur du concept d’hyper-puissance). Comme quoi, les meilleures analyses sont toujours fragiles. H. Védrines a oublié que des voyous sans scrupule pouvaient ruiner le pays (c’est-à-dire les plus défavorisés – comme toujours) tout en s’enrichissant de manière éhontée et en portant des coups extrêmement graves à l’économie réelle du monde entier. L’avenir n’a jamais été aussi incertain. Que ceux qui ont un job le gardent précieusement !
• Dans la tempête financière qui secoue la planète, comme toujours les experts économistes nous en expliquent les raisons mais restent (et resteront) incapables de la moindre prévision d’avenir. C’est pourquoi l’économie ne sera jamais une science, mais uniquement une expertise capable d’expliquer le passé (et encore !!) sans que ces explications soient d’une aide quelconque pour prendre des décisions.
• La spéculation financière n’est rien d’autre que de la délinquance. Et les délinquants se retrouvent régulièrement au sein des Bourses du monde entier. Que fait la police ?
• Le dernier meeting politique de Ségolène Royale est une démonstration en direct que cette femme est soit une folle mystique qui se prend pour la Vierge Marie soit une dangereuse hypocrite. Méfiez-vous, braves gens !
• Il y a en France environ 1,5 million de « travailleurs pauvres ». Quelle est la signification de ce vocable ? Il qualifie des gens qui sont obligés d’emprunter (prêts à la consommation dont les taux s’approchent de l’usure) non plus pour s’offrir le superfétatoire mais l’indispensable pour pouvoir tout simplement vivre. Or, imbriquées que sont la France et l’Europe dans l’économie mondiale, la crise dans laquelle est plongée la planète étant installée pour longtemps, le nombre de travailleurs pauvres en France va augmenter de façon dramatique (merci Mr. W. Bush !!) pendant les quelques années à venir. Et le « paquet fiscal » qui sert de refouloir aux socialistes n’y est pour rien. Les quelques millions d’Euros que l’État pourrait récupérer (c’est-à-dire ne pas dépenser) en supprimant ce « paquet » ne sont pas à la hauteur du problème. Qu’attend-on pour taxer considérablement toutes les transactions de spéculation financière ? Si les salaires avaient augmenté aussi vite que les revenus du capital, les salariés gagneraient en moyenne 200 € de plus mensuellement ! Monsieur le Président, vous êtes président de l’Europe jusqu’à la fin de l’année. Dépêchez-vous pour prendre les mesures qui s’imposent dans ce domaine !! Vous l’avez dit, faites le !!

27 septembre 2008

Mondialisation et déréliction

Un processus de production (de produits ou de services) est une suite d’activités qui s’enchaînent, l’objet de la production acquérant, à chaque stade, une valeur plus élevée. D’où le nom de « chaîne de valeur » donnée classiquement à ces processus. À la fin du XXème siècle, les sociétés de consulting prospéraient sur le concept de « Business Process Re-engineering », méthode d’analyse des chaînes de valeur cherchant à optimiser chacune de leurs étapes. « Optimiser » est un verbe politiquement correct qui veut dire réduire les coûts de fonctionnement et réduire les délais, pour faire mieux pour moins cher. Ces analyses débouchaient sur des recommandations touchant les activités constitutives des processus de conception et de production. L’entreprise qui acceptait ces recommandations se trouvait alors impliquée dans un projet de réorganisation interne qui imposait la compréhension et l’adhésion de son personnel. Cette dernière condition, toujours difficile, était cependant à gérer dans un cadre interne où chacun se comprenait comme le maillon d’un ensemble qu’il était en mesure d’appréhender dans sa totalité, au sein de l’atelier, de l’usine, de la région voire du pays, et ceci grâce à la communication d’entreprise mais aussi à la communication informelle qui s’établit entre les hommes partageant un même lieu de travail. Les phénomènes de délocalisation du XXIème siècle ont complètement changé la problématique. La mondialisation des marchés et la recherche permanente d’une diminution de coûts, souvent pour le seul bénéfice d’une rentabilité toujours accrue des investissements financiers, a conduit à éclater les chaînes de valeur et à répartir les activités des processus dans différents pays de la planète. Ainsi, l’amélioration globale de la productivité et de la rentabilité d’un processus peut remettre en cause l’existence d’un ensemble d’activités, formant un maillon du processus dans un pays donné, alors que ce maillon fonctionne tout à fait correctement. La décision de transformation est prise très loin des hommes mis en cause et reste donc incompréhensible et ressentie comme parfaitement injuste. Le projet de réorganisation se fait alors dans la contrainte et la confrontation et se termine généralement dans le drame et un sentiment de déréliction grandissant comme une plante rudérale. La première victime est le salarié, la seconde est l’esprit d’entreprise, moteur essentiel de la motivation. Cette recherche frénétique d’une rentabilité toujours plus importante est le fruit de la spéculation financière tout aussi frénétique qui gangrène l’économie réelle et détruit aujourd’hui le système bancaire. Devant les profits déraisonnables et immoraux des spéculateurs, les actionnaires exigent de l’entreprise des versements de dividendes qui soient comparables aux gains spéculatifs, c’est-à-dire sans relation avec l’efficacité industrielle réelle. Pour y arriver, les managers d’entreprise n’ont pas d’autre voie que de dilapider l’investissement dans le rachat de leurs propres actions et la réduction des moyens, notamment de ceux qui demandent le moins d’investissements, c’est-à-dire les hommes. C’est ce qui s’est passé par exemple (parmi bien d’autres) à Gandrange où Lakshmi Mittal, PDG d’ArcelorMittal, a licencié près de 600 personnes pour fermer une usine à rentabilité tout à fait normale. Dans un processus mondialisé, où les différents éléments des chaînes de valeur se trouvent dispersés sur la planète, ces éléments deviennent les simples pions d’un jeu d’échec que l’on déplace ou que l’on sacrifie au nom d’une stratégie prise loin des hommes.

22 septembre 2008

L’esprit de Munich est toujours vivant

Lorsque Chamberlain est revenu de Munich en Septembre 1938 avec un torchon de papier signé par A. Hitler qui « garantissait » la paix, tout le monde a applaudi, tant en France qu’en Grande-Bretagne. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui « l’esprit munichois », c’est-à-dire un aveuglement collectif qui, au nom d’une détestation légitime de la guerre, préfère fermer les yeux sur l’inacceptable. Aujourd’hui, en France, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour demander le retrait des troupes françaises d’Afghanistan, surtout depuis l’assassinat de dix soldats dans une embuscade talibane. Les Français font la guerre dans un pays qui n’est pas le nôtre et nous n’en voulons pas, tel est le sentiment de ces groupes pacifistes. Or, l’ancien régime Taliban était le berceau dans lequel a grandi et s’est organisé le terrorisme à grande échelle d’Al-Qaida. Aujourd’hui, les Talibans défaits se sont regroupés et se réorganisent dans les zones tribales et de non-droit situés à la frontière pakistanaise. Ces zones sont, en plus d’être le paradis du trafic d’armes et de la drogue, des lieux d’entraînement pour les terroristes. Sans la présence militaire occidentale, il y a longtemps que les talibans auraient reconquis la totalité de l’Afghanistan, multipliant ainsi les bases arrière du terrorisme mondialisé. Depuis cette intervention militaire et la mise en place des systèmes de surveillance, les Talibans ont perdu nombre de camps d’entraînement. Doit-on le regretter ? Peut-on se désengager de l’effort des démocraties occidentales pour lutter contre le terrorisme et sous-traiter à d’autres le soin de tenter de mettre la France à l’abri ? La peur de tentatives de rétorsions terroristes doit-elle inciter la France à fermer les yeux ? Cette peur doit-elle nous conduire à démissionner de nos responsabilités collectives, en nous réfugiant dans un neutralisme qui voudrait nous éviter la guerre ? Les arguties médiatiques consistant à savoir si « nous sommes en guerre ou pas » et l’attitude toujours aussi incompréhensible et confuse du Parti Socialiste qui, à la question « La France doit-elle rester en Afghanistan ? » vote non mais ajoute aussitôt qu’il n’est pas question de se retirer, ajoutent à la confusion des esprits. Il convient de se rappeler ce que disait W. Churchill au retour de Chamberlain : « Vous aviez le choix entre la honte et la guerre. Vous avez choisi la honte … et vous aurez la guerre ».