26 novembre 2006

Le vocabulaire de la langue de bois politique

Ecouter les hommes politiques de toutes tendances est intéressant. Le discours est stéréotypé et encombré de formules toutes faites que l’on retrouve dans tous les camps politiques. Je n’en donne ici que quelques exemples que vous allez facilement reconnaître :

• L’Europe est ultra-libérale • Le gâchis est immense
• Le gouvernement est sourd • Le ton est polémique
• Le gouvernement est totalement mobilisé • Le déficit est abyssal
• L’affaire est ténébreuse • Les Français pensent que …
• La mobilisation est générale • Le parti est en ordre de marche
• La droite est aux ordres de Bush • La gauche est irresponsable
• Le candidat est celui du rassemblement • Les promesses sont démagogiques
• Le budget est réactionnaire • Le budget est irréaliste
• Les dépenses sont plafonnées • Le président est fatigué
• La politique gouvernementale est désastreuse
• La concertation est large • Les patrons sont voyous
• La grève pour la qualité du service public • Le Parlement est méprisé
• L’Education Nationale manque de moyens • La bavure est policière
• L’immigration est massive • Les classes sont surchargées
• La banlieue est ghettoisée • Les quartiers sont sensibles
• La brutalité est policière • La nécessité est urgente
• La volonté est farouche • Les axes sociaux sont prioritaires
• Les projets sont porteurs d’espoir • Les méthodes sont inqualifiables
• Les couches sont populaires • les manœuvres sont basses
• Le complot est politique

Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive !

25 novembre 2006

Un sport de voyous pour des voyous

Pourquoi tourner autour du pot ? Il faut bien appeler un chat un chat et le football un sport scandaleux fait pour des voyous. Depuis l’hécatombe du stade du Heysel, les accidents et les comportements condamnables se sont multipliés dans tous les stades de la planète. Injures racistes et antisémites, jets d’engins incendiaires, molestations des arbitres, combats de rues d’après match, morts et blessés graves, prétexte à réunion pour les sympathisants les plus violents de l’extrême droite, que faut-il de plus pour dire que le football est un sport qu’il faudrait interdire ? Est-ce encore un sport lorsqu’il faut mobiliser 2500 policiers à chaque manifestation ? Son interdiction devient envisageable pour deux bonnes raisons : la première vient d’être exposée en rappelant les exactions commises, la seconde tient au pourrissement de ce sport par l’argent. Les sommes absolument exagérées que touchent un certain nombre de joueurs parce qu’ils ont un petit talent dans l’art de taper du pied dans un ballon sont une véritable injure pour tous ceux qui triment durement toute une vie en gagnant à peine plus que le SMIC. Si l’on ajoute à cela, les gains additionnels considérables gagnés dans la publicité et la vente de produits dits dérivés, le scandale atteint des sommets. Ces gens-là ne participent en rien, ou tout-à-fait à la marge, à l’économie réelle du pays… d’autant moins qu’un nombre non négligeable d’entre eux, dans un élan citoyen ô combien responsable, s’empressent de placer leur argent hors de France pour échapper à l’impôt, ce que ne peut pas faire la caissière de supermarché ou l’ouvrier spécialisé. Quelle est cette société où des sommes considérables sont mises en jeu pour le plus grand profit d’un tout petit nombre d’inutiles ? Quelle est cette société où la violence des jeux du cirque Antique retrouve droit de cité ? Quelle est cette société où la marchandisation devient la valeur suprême ? Quel mal gangrène cette société où la violence se banalise au point de faire l’essentiel des journaux télévisés ? Quelle est cette société où 17% des intentions de vote se portent sur l’extrême droite ?

18 novembre 2006

L’héritage

Les sondages se sont toujours trompés ! Laurent Fabius faisait de cette certitude l’argument majeur de sa campagne interne au PS. Il a répété à l’envi que, jamais, les sondages n’avaient su anticiper les résultats d’un scrutin. Sans le dire avec autant de vigueur, Dominique Strauss-Kahn a également « surfé » sur la même démonstration pour donner du poids et du sérieux à sa propre campagne. Et puis voilà que les résultats leur donnent tord à tous les deux et Ségolène Royal se trouve propulsée candidate officielle du Parti Socialiste aux prochaines présidentielles. Les sondages se trompent, certes, mais on se trompe aussi à croire avec certitude que les sondages se trompent. Deux candidats à la candidature, possédant tous les deux des appareils de partis, appelés courants, sont écartés au profit d’une candidate qui a trouvé sa légitimité en dehors du parti et qui a trouvé sa posture en se positionnant au-dessus (parfois même à côté) du parti. Une attitude qui me rappelle quelqu’un d’autre, pour qui la fonction de Président ne pouvait tirer sa légitimité des partis politiques, mais directement du peuple. Un héritage assumé. Il est vrai que Ségolène Royal est fille de militaire. Malheureusement, après le Général de Gaulle, j’ai un peu l’impression que les français (certains d’entre eux) ont choisi sa femme de ménage !

15 novembre 2006

La fracture des générations, quelle rigolade !!

La doxa vibrionne depuis quelque temps d’une nouvelle idée à la mode. On entend toute une partie de la jeunesse, récupérée quand il le faut par les politiques ou les médias, vitupérer contre la génération de leurs parents parce que le chômage des jeunes est massif, parce que la dette du pays laissée par les seniors est catastrophique, parce que le système de retraite est en danger, parce que la recherche d’un travail est difficile, etc, etc, …
Toutes ces récriminations se résument en disant que la génération actuelle des jeunes est une génération sacrifiée par ses parents, c’est-à-dire par les soixante-huitards.
Pourtant, cette génération de sexagénaires a créé la Sécurité Sociale, a abattu le mur de Berlin, a interdit la peine de mort, a libéré la vie sexuelle des femmes, est née pendant la guerre de 40 et ses horreurs de la shoa puis a vécu la guerre d’Algérie, a sorti la France d’une économie agricole pour la transformer en cinquième puissance industrielle mondiale, a construit Airbus, Ariane, Areva, le TGV, a construit une Europe de paix au sein de laquelle la circulation des hommes est libre, etc, etc, …
Il n’est pas douteux que la vie des jeunes générations est, et sera, difficile. Certes, la génération des « anciens » a connu un accès facile au monde du travail. Mais rendre responsable cette génération de cet état de fait est un vrai non-sens. La véritable raison, dont ne semblent pas s’apercevoir les porte-parole de cette jeune génération parce qu’ils n’en parlent jamais, est tout simplement que la France s’appauvrit à cause de l’émergence d’immenses pays en voie de développement rapide et qui prennent leur juste place dans un monde à ressources limitées. Le gâteau « planète Terre » n’est pas extensible. L’Occident s’appauvrit pendant que de nouveaux pays-continent s’enrichissent. C’est le premier effet de la mondialisation. Il ne sert à rien que la génération actuelle accuse la précédente, il faut qu’elle se retrousse les manches et qu’elle ait l’imagination suffisante pour faire face aux effets de cette mondialisation et créer les emplois nouveaux nécessaires issus de l’innovation.

07 novembre 2006

Saddam, le faire-valoir de Georges William

Saddam Hussein a été condamné à la pendaison jusqu’à ce que mort s’en suive. Que penser d’une sentence qui condamne un homme à subir ce qu’on lui reproche d’avoir fait, c’est-à-dire d’avoir assassiné ses semblables ? Il n’y a que G.W. Bush pour applaudir, sur un ton emphatique, l’exemplarité de cette sentence et lui trouver une justification démocratique de l’intervention américaine. Il n’est soutenu dans son délire électoral que par le seul ministère britannique des Affaires Etrangères, ce qui donne du poids à l’expression « caniche de G. Bush » ! Comment ne pas rapprocher le fait que le tribunal iraquien, mis en place – rappelons-le- par les Américains, prononce sa sentence 48 h. avant le scrutin électoral américain qui se présente assez mal pour l’actuel président, alors que le procès est clos depuis plus de trois mois ? Voilà comment Saddam vole au secours de Georges par sa propre pendaison (… si elle a lieu !).

05 novembre 2006

La tectonique des plaques

Un gigantesque sommet de chefs d’Etat a lieu en ce moment à Pékin qui rassemble, pour la première fois de l’histoire, la nomenklatura chinoise et une quarantaine de chefs d’Etat africains, c’est-à-dire pratiquement la totalité d’entre eux. Les medias, que seul le sensationnel attirent, ne parlent pratiquement pas de cet événement majeur autrement important que les incidents des banlieues, aussi graves soient-ils.
L’Afrique a été, jusqu’à aujourd’hui, un continent où la France a noué des intérêts économiques et politiques majeurs. Il n’est pas sans importance que quarante Etats apportent leur voix à la France au sein des Nations Unies, par exemple. Mais le continent africain a été abandonné par la France qui culpabilise à cause de son passé colonial. Sans hésitation et atermoiement, les Etats-Unis se sont implantés dans tous les pays pétroliers africains et ont évincé les intérêts français. Aujourd’hui, la Chine développe avec une volonté farouche ses liens et implantations en Afrique, débarrassée qu’elle est de tous scrupules. Des milliers d’entreprises chinoises sont à l’œuvre sur ce continent et prennent la place des Européens. Elles organisent l’approvisionnement du continent chinois en matières premières, ce qui posera nécessairement des problèmes aux Européens. « Quand la Chine s’éveillera … » écrivait il y a presque cinquante ans A. Peyrefitte, un ministre de Général de Gaulle. Nous y sommes … et nous ne nous sommes pas préparés comme d’habitude. Bousculée par les Etats-Unis et la Chine, il n’y aura bientôt plus de place pour l’Europe et, donc, pour la France. Tel une tectonique de plaques, le rapprochement des trois continents, Etats-Unis, Afrique, Chine, ne laissera aucune place à l’Europe. La tectonique des plaques s’appelle aussi la dérive des continents. Jamais l’image n’aura été plus vraie.