29 septembre 2011

Le cri de la mouette

La mouette crie. C’est ainsi que l’on nomme ses vocalises si tant est que l’on puisse ainsi nommer son cri. Nous manquons d’imagination pour qualifier ce cri. Il n’y a certes rien de musical dans le piaillement de cet oiseau. Et pourtant, ce cri porte un air vif de liberté et de grands espaces. L’oiseau, en fait, ne crie pas simplement. Il faut savoir entendre sa joie d’être libre et de se jouer de l’espace en s’appuyant sur les souffles du vent. Regardez-le se laisser porter par les courants de l’air en inclinant simplement et savamment ses ailes qui s’orientent pour trouver la meilleure portance et, ainsi, la promesse d’un long voyage. Le cri de la mouette parle d’infini, d’horizons sans limites, de liberté sans entraves. Les pieds cloués au sol dans la misère du monde, nous regardons passer ce voyageur au long cours, ivre d’indépendance, libre de toutes contraintes. Pendant ce temps, nous pataugeons dans la boue des affaires nauséabondes et dans la crise morale de la société.

25 septembre 2011

La seconde mort d’Einstein ?

Une expérience de physique (Opéra) sur la plus étrange des particules élémentaires, le neutrino, semble avoir mis en évidence des particules de ce type se déplaçant (un peu) plus vite que la lumière. A peine les premiers résultats de cette expérience étaient-ils dévoilés qu’aussitôt les médias étaient saturés de scoop annonçant la mort de la théorie de la relativité générale !! Comme souvent, on s’aperçoit que les journalistes sont plus attirés par le sensationnel que par la vérité, pressés qu’ils sont d’être les premiers à annoncer un fait surprenant ou scandaleux. Tout d’abord, la vitesse limite est un concept de la Relativité Restreinte et non de la Relativité Générale. Elle attribue à la lumière (aux photons) la propriété de se déplacer avec une vitesse limite, mesurée aujourd’hui jusqu’à la douzième décimale. Elle énonce, de plus, l’équivalence entre la masse et l’énergie (E = mc2). La théorie de la Relativité Générale explique comment la matière agit sur la géométrie de l’espace-temps, cette géométrie agissant en retour sur le comportement cinétique de la matière. Dans les commentaires sur cette expérience, les physiciens sont beaucoup plus prudents (on les comprend) que les journalistes. Car l’expérience est extrêmement complexe et les résultats extrêmement surprenants. En effet, les neutrinos n’interagissent pas avec la matière d’où la difficulté de faire des expériences mettant en jeu ces particules. L’écart extrêmement faible mesuré (60 nanosecondes sur une distance de 730 km) se trouve peut-être dans la marge d’erreur de l’expérience, bien que les premières vérifications semblent indiquer le contraire. Si le résultat de l’expérience se confirmait, les explications possibles pourraient être les suivantes : 1 - on s’est trompé sur la vitesse limite qui n’est pas celle du photon. La relativité restreinte parle de vitesse limite attribuée aux photons, c’est-à-dire à la lumière, parce que ces particules sont les seules à ne pas avoir de masse. Ce qui n’est pas le cas des neutrinos puisque le neutrino électronique le plus « léger » a une masse de l’ordre de 10 eV, valeur très faible mais non nulle (en comparaison, le proton a une masse de 938 MeV). L’existence d’une vitesse limite n’est pas remise en cause. Ce qui pourrait l’être, c’est de l’attribuer à la lumière. Elle serait alors celle d’une autre particule que le photon, mais laquelle ? 2 - les neutrinos ont trouvé des raccourcis dans des dimensions supplémentaires. La théorie des supercordes, qui tente de rendre compatible la relativité générale et la physique quantique en unifiant les quatre forces fondamentales de la physique (nucléaires faible et forte, électromagnétique, gravitation), fait en effet intervenir des dimensions d’espace supplémentaires aux trois que nous connaissons parce que nous les percevons. Ces dimensions supplémentaires seraient enroulées sur elles-mêmes et seraient invisibles car le rayon de l’enroulement serait de dimension de l’ordre de la distance de Planck (10-35 m). Ces neutrinos étranges pourraient « emprunter » ces dimensions supplémentaires pour y trouver des « raccourcis ». Ainsi, ce serait le premier indice de l’existence d’une théorie globale unifiant relativité et physique quantique, c’est-à-dire les comportements des mondes macroscopique et subatomique. 3 - le concept de vitesse limite n’est pas correct, ce qui serait la plus grave remise en cause de la Relativité Restreinte. Quoi qu’il en soit, cette expérience peut être le début d’un renouveau dans la physique théorique. Est-on en attente d’un second big-bang ?

21 septembre 2011

Égoïsme

Par deux fois, les responsables politiques européens ont mis à mal le principe de solidarité. Une fois au niveau des nations en refusant de trouver un accord indispensable pour apporter l’aide dont la Grèce a un urgent besoin. Une seconde fois en refusant de reconduire les modalités d’aide alimentaire aux plus défavorisés. Dans les deux cas, la solidarité est piétinée au nom d’égoïsmes nationaux et électoraux de court terme. Ceci pose la question du devenir de l’Europe et du sens de ce projet. La crise économique renvoie tous les participants à leurs petits intérêts particuliers en faisant l’impasse sur les fondements même de l’Europe, à savoir la solidarité entre les pays et entre les citoyens. L’Allemagne est le leader amoral dans ce mouvement de renoncement. Cet égoïsme est le signe d’un renfermement des États sur eux-mêmes et conduit à s’inquiéter sur le devenir de l’Euro et de l’Europe. Le rapatriement de 500 millions d’Euros par Siemens de la France au sein de la Banque Centrale Européenne qui a son siège à Francfort est le signe que le monde financier est prêt à tirer, sans scrupule, toutes les conséquences de ces égoïsmes nationaux. Au moment où l’Europe traverse une crise sans précédent qui demanderait une collaboration renforcée entre ses membres nous assistons au triste spectacle du « chacun pour soi ».

19 septembre 2011

L’offre et la demande

La théorie économique – si tant est que l’on puisse parler de théorie en la matière – prend ses racines dans les concepts d’offre et de demande. Keynes est devenu, peut-être malgré lui, le pape de la croissance par la demande, c’est-à-dire par la consommation. Le keynésianisme a été la bible des gouvernements sociaux-démocrates. Leur credo se construit sur la croyance que les investissements de l’État provoquent une amélioration de la situation sociale par la création d’emplois. Ces derniers créent de nouveaux consommateurs qui améliorent la demande sur le marché des produits et services. Cette augmentation de la demande accélère la croissance. Ce cercle vertueux a été le moteur quasi exclusif des gouvernements français depuis des années. Or, les investissements de l’État sont financés par l’emprunt (voir le dernier « Grand Emprunt » de N. Sarkozy) et, comme tout emprunt, ce dernier augmente la dette. La destination de cet investissement est importante. S’il s’agit de créer des activités marchandes à moyen terme, les économistes parlent alors de « bonne dette » car l’emprunt doit normalement être remboursé finalement par le retour sur investissement attendu. Mais si l’investissement ne sert qu’à faire fonctionner l’État, alors il s’agit de « mauvaise dette ». Lorsqu’à cette addiction s’ajoute la mauvaise habitude d’un budget en déficit récurrent, la dette prend des proportions insoutenables. De plus, l’obsession de la croissance par la demande a poussé les gouvernements successifs à des excès dont il est difficile de sortir. Des subventions de toutes sortes ont pris la place des investissements et les secteurs aidés se sont multipliés : agriculture, élevage, pêche, emplois aidés, etc … Autant d’interventions qui n’améliorent pas la balance des paiements. Enfin, comme la demande se tourne en partie vers les produits importés moins chers, le déficit commercial, et donc la dette, ne fait qu’augmenter. De plus, les consommateurs étant sollicités au-delà du raisonnable pour s’endetter afin de consommer, à la dette publique s’ajoute la dette privée. C’est l’explosion de cette dette privée qui a provoqué la crise majeure américaine des « subprimes » en 2008, crise qui s’est étendue à toute la planète. L’alternative est une politique de l’offre, c’est-à-dire une politique qui s’évertue à améliorer la compétitivité du pays pour obtenir (enfin !) une balance des paiements positive. Encore faut-il que l’offre trouve son marché, c’est-à-dire qu’elle se différencie des compétiteurs. Mais il faut faire le bon choix. La différenciation par les prix est devenue impossible aux pays occidentaux en face des coûts de main d’œuvre des pays en voie de développement. Il ne reste que la différenciation par l’innovation, c’est-à-dire la création d’une offre innovante en avance sur celle des pays compétiteurs. Mais l’innovation ne se décrète pas (pas plus que la croissance). Elle se prépare pendant des années. Et, dans ce domaine, la France a pris un retard considérable. Sa désindustrialisation en est la preuve éclatante. L’innovation est devenue la propriété de quelques grandes entreprises, alors qu’elle devrait (comme en Allemagne) exister dans les nombreuses petites et moyennes entreprises qui, aujourd’hui, sont beaucoup trop absentes de l’exportation. Là devrait être le domaine exclusif des investissements. Malheureusement, le temps entre l’innovation et l’industrialisation est long. Ce qui veut dire que, même si les gouvernants prennent enfin les bonnes décisions, le temps sera long avant que ne se résorbe la crise de la dette. En résumé, les deux grands défis du pays sont la justice fiscale et la ré-industrialisation par l’innovation.

09 septembre 2011

Où sont les hommes d’État ?

Qui ne sait pas que la grande crise dans laquelle nous sommes plongés est celle qui a démarré en 2008 à la suite de l’énorme crise financière venant des États-Unis ? Qui ne se rappelle les discours émollients des hommes politiques au pouvoir nous expliquant en 2009 et 2010 que la France sortait indemne de la crise qui touchait à sa fin ? Qui ne se rappelle les discours rodomonts du Président de la République nous expliquant que, grâce à lui, le G20 avait pris les décisions qui s’imposaient pour lutter contre la spéculation et les marchés financiers ? Et qui ne constate aujourd’hui que pratiquement rien n’a été fait et que les dirigeants européens sont retournés à leurs préoccupations mesquines ? Le décalage entre le discours politique et la réalité devient insupportable aux citoyens. La cacophonie qui règne parmi les dirigeants politiques européens, où chacun ne défend que son petit intérêt électoral malgré la gravité de la situation, montre à l’évidence que ces derniers ont abandonné le pouvoir dans les mains malfaisantes des financiers et des spéculateurs sans morale. Mis en demeure par « les marchés » et par les agences de notation, les dirigeants politiques se sont engouffrés dans des plans de rigueur et d’économies budgétaires. On assiste alors au pitoyable spectacle des politiques se battant comme des chiffonniers autour de quelques dizaines de millions d’Euros alors que la dette est de 1700 milliards ! À chaque proposition gouvernementale, aussi ridicule soit-elle au regard de l’ampleur du problème, il y a un lobby de parlementaires qui protestent avec comme seul objectif celui de tenter de sauver leur siège. Cela montre, de la façon la plus aveuglante, que la somme des intérêts particuliers des parlementaires ne fait pas l’intérêt général du pays. Mais il y a plus grave. Les discours politiques de tous bords ne sont faits que de banalités navrantes et de généralités affligeantes ou d’opposition dogmatique. Le Parlement s’étrille autour de 1 milliard d’économies alors que le pays, c’est-à-dire les contribuables, verse 15 milliards pour « sauver » la Grèce, quand tout le monde sait que celle-ci ne remboursera jamais ! Les citoyens savent que la crise est extrêmement grave et que des mesures difficiles doivent être prises. Mais ils veulent que l’équité guide les choix et décisions indispensables. Ils constatent que l’argent va toujours vers les mêmes qui deviennent de plus en plus riches alors que la grande masse du pays s’appauvrit. La fraude fiscale, légale ou non, est l’apanage des plus aisés et représente 40 milliards par an ! La France va mal. Elle se désindustrialise et le chômage augmente de façon inquiétante. La dette ne se résorbe pas et la balance des paiements est dramatiquement négative pendant que le déficit de la Sécurité Sociale atteint des niveaux jamais vus. Le système financier national est fragilisé. L’Euro est menacé, mettant en danger la construction européenne. En face de cette situation, les politiques ne nous parlent que de réductions de dépenses sans avoir la moindre vision de la France à construire. Ils sont sans vision et sans projet. Le courage politique est une espèce en voie de disparition. Qui croit encore au discours des politiques, en dehors des militants ? Le vide du discours des responsables politiques a son image dans la caricature souvent absurde du discours des militants. La crise que nous traversons n’est pas seulement financière, économique et sociale. Elle est surtout politique : l’Europe n’a plus d’hommes politiques d’envergure.

04 septembre 2011

Morale et décence perdues

L’élargissement de DSK à peine décidé par la justice américaine que les féministes s’en prennent à cette décision. Elles fustigent cette décision au prétexte qu’il est immoral de décider d’un non-lieu pour un homme qui a eu « une relation sexuelle d’un quart d’heure sur un tapis avec une femme de ménage de 30 ans sa cadette ». Ce qu’elles condamnent, ce n’est pas le viol – qui n’a pas été établi – mais le seul fait qu’un homme est eu une relation sexuelle avec une femme plus jeune que lui. C’est l’expression d’un extrémisme qui ne peut que desservir leur cause. Indécence.
Outre-atlantique, les médias télévisuels diffusent une série qui ressemble sans vergogne à l’affaire DSK. Seuls, les noms changent. L’argent n’a pas d’honneur, dit-on, mais celui-ci sent particulièrement mauvais. Indécence
Pendant ce temps, les marchés, toujours à l’affût de spéculations juteuses, parient sur la chute d’Apple dès l’annonce de la démission de son PDG pour raisons graves de santé. Là aussi, la décence n’est pas de mise et un cancer du pancréas peut être une bonne affaire pour peu que l’on mette la morale dans sa poche. Amoralité.
« Last but not the least », les porte-parole socialistes, ayant comme seul point d’accord l’anti-Sarkozysme, condamnent les économies gouvernementales, après les avoir réclamées depuis des mois, au prétexte qu’elles vont impacter la croissance, oubliant hypocritement les efforts nécessaires de résorption de la dette. S’il est compréhensible parce qu’attendu que les syndicats fustigent les mesures d’économie, on attend plus de responsabilité de la part des politiques. Indécence.
Voilà que les fortunes de la planète plaident pour contribuer davantage à l’effort demandé au peuple pour essayer de juguler la crise financière ! Ces hommes, ayant bénéficié depuis plus de dix ans d’avantages fiscaux immoraux et sentant monter le risque d’un retour de bâton, plaident pour qu’on leur coupe le petit doigt afin de préserver leur bras enfoncé dans leur bas de laine. Indécence.
En Janvier 2010, Haïti était ravagé par un séisme majeur faisant 300.000 morts et 1,3 million de sans-abri. Plus personne ne se préoccupe de ce drame, un peu plus d’un an après, car le sujet n’est plus médiatiquement porteur. Les guerres picrocholines du PS ou de l’UMP sont tellement plus importantes ! Immoral.
Le député maire de Bègles qualifie de complaisant le certificat médical attestant que Jacques Chirac a des problèmes mémoriels liés à l’âge, suffisamment importants pour qu’il lui soit impossible de répondre valablement sur des évènements qui se sont passés il y a plus de vingt ans. La haine personnelle de ce député pour l’ancien Président de la République est tellement vivace qu’il en vient à mettre en doute l’honnêteté de médecins qu’il ne connaît pas le moins du monde. Indécent.