18 août 2010

OGM et obscurantisme

Une fois encore, les « faucheurs volontaires » ont manifesté leur obscurantisme illégal en détruisant une parcelle de vigne génétiquement modifiée appartenant à l’INRA. Cette action est, en effet, tout d’abord illégale. La plantation de cette vigne a été réalisée parce que la loi l’autorise. S’opposer à une loi par tout autre voie que celle qui consiste à modifier la loi par l’élu est illégale et relève du terrorisme. Que dirait-on si les « accros » du vélo s’en prenaient aux automobiles en les brûlant comme le font les voyous ? Que dirait-on si les fanatiques du « bio » passaient leur temps à détruire les récoltes traditionnelles ? Une société, dans laquelle des citoyens se permettent de braver la loi, devient rapidement invivable. Nous vivons dans une démocratie où le seul choix acceptable est celui que fait la majorité des citoyens. Une minorité qui impose par la violence, quelle qu’elle soit, son point de vue, verse dans l’anarchisme. C’est, ensuite, obscurantiste. Les recherches entreprises sur les OGM permettent, non seulement de lutter contre certaines maladies ou parasites des produits agricoles, mais aussi d’obtenir des molécules permettant la recherche de nouveaux médicaments. Qui peut dire que ce type de recherche ne va pas dans le sens du progrès pour le bienfait du plus grand nombre ? S’opposer à ces recherches relève de l’obscurantisme le plus grave, dont l’histoire est malheureusement féconde. Bien entendu, cela ne veut pas dire que tout peut être fait sans précautions. La plus indispensable d’entre elles étant d’éradiquer tout risque de porter atteinte à la biodiversité. Rien ne serait plus désastreux qu’un monde où l’uniformité régnerait partout. Si la loi n’est pas assez restrictive sur ce point, alors il faut changer la loi. C’est la seule voie démocratique.

14 août 2010

Le travail

Depuis des mois et sans aboutir, les partenaires sociaux discutent et tentent de rendre objective la notion de pénibilité du travail, dans la recherche d’une difficile équité. Cette notion est tellement vague et tellement sujette à interprétation subjective que cette discussion ne peut que s’enliser et risque de perturber fortement la « concertation » sur l’allongement de l’âge légal de la retraite et de la durée de cotisation, prévue en Septembre. Les syndicats veulent, à tout prix, imposer la prise en compte de ce concept de pénibilité pour obtenir une réduction de la durée de cotisation et éviter le recul de l’âge légal de départ en retraite pour certaines catégories de travailleurs. Il est à craindre que, les syndicats étant foncièrement opposés à l’allongement de cette durée, ils tentent d’étendre de manière extensive cette notion de pénibilité. Nous allons assister à un déluge de démonstrations venant de toutes les corporations, tentant de prouver la pénibilité de leur travail spécifique. Or le concept de pénibilité est complexe car il s’agit de savoir, en premier lieu s’il est individuel ou collectif, en second lieu s’il est attaché à la notion de travail ou à celle d’emploi. Il n’est ainsi pas facile d’aborder ce concept de manière objective. Un premier critère d’objectivité est la possibilité de la mesure qui écarte toute interprétation tendancieuse et subjective. Peut-on mesurer la pénibilité d’un travail ? Poser cette question revient à identifier les conséquences d’un travail dit pénible afin de les mesurer, ne serait-ce que par leur nombre et leur fréquence. On peut, par exemple, mesurer le nombre et la fréquence d’accidents ou d’altérations physiques dus à un travail. C’est la voie individuelle prise par le gouvernement qui associe pénibilité et handicap physique constaté. Les syndicats ont une approche davantage attachée à la notion collective d’espérance de vie, notion purement statistique. Il est beaucoup plus difficile de faire les mêmes mesures sur le « stress ». Une fracture osseuse possède une réalité objective, indépendante de toute interprétation. L’anxiété n’est pas de même nature. Elle dépend de l’individu de façon importante. Si le stress devient un élément de pénibilité, alors un même travail peut être pénible pour un individu et ne pas l’être pour un autre. Cette situation est extrêmement fréquente. Enfin, il faut éviter le piège, ou la tentation, consistant à confondre prise de responsabilité et pénibilité si l’on veut éviter de classer pratiquement tous les métiers comme étant pénibles !
Par contre, il convient de distinguer la pénibilité de la « dangerosité ». Le dictionnaire n’apporte aucune aide dans cette distinction. En effet, on trouve que « danger » est une situation où l’on a à redouter un mal quelconque. « Mal » est défini comme ce qui est pénible. La définition de « pénible » est une situation où l’on éprouve de la fatigue. Ainsi donc, si l’on en croit le dictionnaire, est dangereux ce qui fatigue, ce qui, sans être totalement faux, est manifestement excessif ! Un travail dangereux n’est pas forcément pénible. Il est dangereux de sécuriser les pistes de ski, ce qui n’est pas nécessairement pénible. Inversement, il est pénible de réaliser un travail répétitif sur une chaîne d’emballage, sans que ce soit obligatoirement dangereux. Il n’y a pas de bijection entre ces deux concepts. La dangerosité se mesure à la nature des risques encourus par les individus. Ainsi, le métier de pompier est assurément dangereux (et sûrement pénible) alors que celui de conducteur de TGV ne l’est pas. Il doit être possible de dresser une carte des métiers en fonction de ces deux critères à la fois et de déterminer des zones dans lesquelles le nombre d’années de cotisation pourrait être réduit d’un certain nombre d’années. Par exemple, un métier classé à la fois très dangereux et très pénible (pêcheur en mer, mineur) se verrait alloué une réduction de 5 années alors qu’aucune réduction ne serait possible pour un métier ni dangereux ni pénible. De manière intermédiaire, un métier relativement dangereux et modérément pénible (grutier) bénéficierait d’une réduction de 2 ans. Un métier dangereux mais sans pénibilité particulière (entretien sur autoroutes) ou un métier pénible mais sans danger (caissière de supermarché qui n’encoure que le danger de se faire licencier !) bénéficierait également d’une réduction de un ou deux ans.
Il n’en reste pas moins que l’exercice reste difficile car les conditions de travail et de management influent de façon considérable sur la dangerosité et la pénibilité d’une tâche. Selon la nature des outils utilisés (robots par exemple) une tâche peut être plus ou moins pénible. Selon les mesures de sécurité prises, une tâche peut être plus ou moins dangereuse. Or, les conditions de travail sont variables d’une entreprise à l’autre, même si la loi impose un minimum de règles. Comme il est impossible d’envisager qu’un salarié se voie attribué une réduction d’années de cotisation et que cette réduction soit refusée à un salarié exerçant le même métier mais dans une entreprise différente au prétexte que les conditions de travail sont meilleures, comment, dans ce cas, prendre une mesure collective ? À vrai dire, il est à craindre que, lors de la discussion qui s’annonce entre le gouvernement et les syndicats, l’objectivité de l’analyse ne soit pas invitée ! Il reste deux vérités incontournables. Tout d’abord, avec une population vieillissante de plus en plus nombreuse (l’espérance de vie augmente d’un trimestre tous les ans !), le temps de la vie consacré au travail ne peut qu’augmenter puisque ce sont les actifs qui cotisent pour les retraités. Ensuite, ces discussions byzantines sur l’âge de la retraite font croire que le travail est une calamité dont il faut se débarrasser le plus tôt possible. Or, le travail est un élément essentiel de la dignité humaine et il est faux d’affirmer qu’il est nécessairement source de souffrance, comme on peut l’entendre dans la bouche de certains syndicalistes. Il est, bien souvent, cause de satisfaction et de justification d’une existence, ce qui n’est pas rien. D’ailleurs, cette attitude consistant à assimiler travail et souffrance est une insulte insupportable envers tous les chercheurs d’emplois qui perdent confiance en eux faute d’un travail. La posture, prise par certains, consistant à affirmer que la durée du travail est mortifère et que le travail lui-même est une aliénation parce que le contrat de travail est un contrat de subordination est une attitude caricaturale qui relève d’avantage de l’esprit de la lutte des classes du XIX ème siècle que d’une réflexion intelligente. Il est parfaitement populiste de faire la confusion volontaire entre travail et effort. Il n’y a pas de travail sans effort, ce dernier devant être compensé par l’intérêt et la reconnaissance sociale. À tous ceux qui seraient tentés d’écouter le chant des contempteurs du travail et de l’entreprise, rappelons cette pensée d’A. Einstein : « Il faut éviter de frétiller de façon bouffonne dans le filet des concepts admis ».

09 août 2010

Révolte et cataclysmes

La Terre se révolte. La Russie, accablée par une canicule inédite, brûle avec un nombre incalculable d’incendies non maîtrisés asphyxiant la population moscovite et désorganisant son industrie et son agriculture, la tourbe prend feu spontanément. Avec 12.000 disparus, le Pakistan plie sous le poids de 15 millions de sinistrés dus aux monstrueuses inondations et aux gigantesques glissements de terrain. La Chine n’est pas mieux lotie avec près de 10 millions de sinistrés, plus de 10.000 disparus et tremble en regardant le barrage des Trois Gorges qui peine à retenir un flot grossissant et inquiétant. Le Portugal et la Californie luttent avec difficulté contre leurs incendies estivaux. L’Allemagne, la Pologne, l’Autriche, la Tchéquie sont noyées sous les inondations. Le Golfe du Mexique est noyé sous une marée noire pétrolière inédite dans son étendue et dans ses conséquences écologiques, économiques et sociales. Le désert africain avance avec son cortège de famines. Haïti a été ravagée par un séisme et attendra des décennies avant de pouvoir retrouver une vie à peu près normale. La banquise arctique disparaît et le pôle antarctique perd ses plaques glaciaires, les glaciers du monde entier reculent de façon dramatique. Bien sûr, il existe comme toujours de beaux esprits pour chercher à déculpabiliser l’humanité en recherchant d’hypothétiques causes dans les soubresauts solaires. Pourtant, comment peut-on nier que les activités humaines qui se caractérisent par des émissions de gaz à effets de serre industrielles et domestiques, la déforestation massive des forêts primaires, l’utilisation massive des produits chimiques agricoles, la surpèche et la détérioration de la biologie marine, la perforation des gisements pétroliers sous-marins, les marées noires officielles et cachées, ne peuvent sûrement pas améliorer la situation ! La Terre est gravement malade et nous le fait savoir. Quand les politiques prendront-ils la situation au sérieux et oublieront leurs priorités électorales égoïstement nationales et de court terme ?