10 juillet 2006

DSK et les Services Publics

Je viens de lire le dernier livre de DSK. En dehors des encensements narcissiques récurrents et de l’obsession permanente de Sarkozy dont cet ouvrage foisonne, DSK prend la défense des Services Publics en précisant que ces activités se doivent d’être soustraites aux lois du marché et aux critères de rentabilité. Il ne dit pas un mot sur les critères d’efficacité dont il me semble que ces Services Publics ne sauraient s’absoudre. Peut-on admettre que ces activités soient inefficaces alors qu’elles sont financées par l’impôt ? Peut-on admettre que le contribuable accepte l’inefficacité d’activités dont il finance le fonctionnement ? Sûrement pas. Je suppose que DSK serait d’accord avec moi là-dessus.
Mais, dans ce cas, peut-on écarter d’un revers de main les critères financiers et les coûts comme semble le faire l’auteur de « 365 jours » ? Autrement dit, peut-on parler d’efficacité à n’importe quel coût ? Prenons l’exemple de la protection parasismique et de son coût. C’est-à-dire que, pour protéger les populations des effets d’un tremblement de terre, il faut consentir des dépenses spécifiques. Le niveau de protection est directement attaché à la magnitude maximale contre laquelle on cherche à se protéger (sans garantie d’un succès total). Le malheureux (et dangereux) principe de précaution voudrait que l’on se protège contre le niveau maximal de magnitude. Hormis le fait que l’on ne connaît pas ce maximum et compte tenu du fait que les dépenses supplémentaires augmentent exponentiellement avec le degré de protection recherché, il arrive un moment où il faut se poser la question : faut-il dépenser une somme considérable à la protection parasismique ou n’est-il pas plus judicieux de se contenter d’une protection moindre et de consacrer les sommes économisées à construire un nouvel hôpital où seront soignées les victimes du tremblement de terre (car il y en aura toujours) ? Autrement dit, il n’y a pas de sécurité à n’importe quel prix. Ce qui veut dire que l’efficacité comporte nécessairement un aspect financier. Les Services Publics ne peuvent fonctionner sans que leur soient appliqués des critères financiers : pas de Services Publics à n’importe quel coût. Il faut donc mettre en place un contrôle de gestion de ces activités qui comporte obligatoirement des ratios construits sur le nombre d’unités d’œuvre réalisées et le coût correspondant. Mais il est tout aussi évident que les syndicats sont foncièrement opposés à ce type de contrôle qui risque de mettre en évidence, malgré la doxa de la meilleure administration du monde, l’inefficacité globale de celle-ci au sein de laquelle est d’ailleurs recrutée leur clientèle. Il est curieux qu’un homme qui se présente comme un économiste éminent oublie cet aspect des choses. Mais, pour conserver les voix potentielles d’une clientèle syndicale et fonctionnaire, que ne serait-on prêt à sacrifier !
Un dernier mot encore sur le livre de DSK. Je vous propose une petite expérience. Après avoir lu « 365 jours », lisez les mémoires du Général De Gaulle. Vous verrez immédiatement la différence entre un homme d’Etat et un politique. Une différence de style, de hauteur de vue, de grandeur dans les idées. C’est toute la différence entre un dessein et une ambition.

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