02 juillet 2007

Nos pauvres Universités

Il semblait acquis qu’un consensus s’était formé sur l’absolue nécessité de réformer en profondeur le système d’enseignement supérieur et la recherche. Il ne s’agit, en fait … et comme d’habitude, que d’un trompe-l’œil. En effet, les intentions et les visions différent derrière le mot de réforme. Côté gauche, la réforme se réduit à la simple augmentation des moyens sans rien changer au fonctionnement actuel. Le mot d’ordre socialiste et syndical est le même : toujours plus ! Côté droit, la réforme est associée au mot de performance. Et c’est là que le bât blesse. En effet, la performance nécessite la mesure et la comparaison. Or, lorsque l’on constate que la majorité des étudiants ont le projet de devenir fonctionnaires, il devient évident que l’on se trouve devant un très gros problème. Dans le monde du fonctionnariat, le mot de performance est une grossièreté. L’inefficacité se cache derrière l’anonymat. De plus, le concept associé de comparaison conduit à celui de choix et donc de sélection. L’UNEF s’insurge par avance contre ces notions, nouvelles dans l’Université française … au motif qu’elles conduiraient à avantager … les universités les plus performantes !! Le projet du gouvernement cacherait la volonté « d’assimiler notre université au modèle concurrentiel anglo-saxon » ! Il y a là deux obscénités pour l’UNEF : concurrentiel et anglo-saxon. On croit rêver. Pendant ce temps, la situation de cette université française est devenue catastrophique. Dans le classement mondial des universités, établi par l’université Jiao Tong (Shanghaï) et reposant sur des indicateurs de notoriété, parmi les 500 premières universités mondiales, on constate que les 10 premières sont toutes anglo-saxonnes et que la première université française se trouve au 46ème rang (Paris VI-Pierre-et-Marie Curie) ! Encore un effort et l’université française disparaîtra totalement du classement. Le meilleur moyen est d’être vent debout contre tout esprit de sélection comme l’est l’UNEF, c’est-à-dire d’effort et de volonté de réussir. Comment attirer des enseignants du monde entier lorsque le poste est sans valeur ? Comment éviter que les meilleurs étudiants ne partent chercher un enseignement de haute qualité à l’étranger ? Les syndicats réclament à grands cri « un collectif budgétaire sans délai ni conditions préalables ». C’est-à-dire que la recette syndicale est toujours la même : donnez-nous de l’argent sans rien nous demander en échange ! Si l’Université est dans un si triste état, c’est quand même bien que l’Etat n’a pas su gérer correctement. Augmenter, à leur demande par ailleurs, l’autonomie des présidents des universités est donc un moyen de corriger la carence de l’Etat par quelque chose de plus performant. L’UNEF est un syndicat de gauche, quoi qu’il en dise. Il serait temps que les socialistes changent leur discours démagogique sur l’Education Nationale et entraînent les syndicats dans cet indispensable changement qui conditionne la situation du pays tout entier. L’été va passer (il faut bien préserver ses vacances !) et l’on verra à la rentrée les syndicats d’étudiants manifester pour défendre l’égalitarisme et l’inefficacité.

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