03 novembre 2012

Les Transhumanistes

Nous assistons, depuis quelques années, au développement accéléré de certaines sciences et technologies, en particulier les nanotechnologies, la biologie, l’informatique et les communications, la convergence de toutes ces sciences étant regroupées sous le sigle NBIC. Sous l’influence de ces technologies, la réalité dans laquelle se meut l’homme est de plus en plus numérisée et virtualisée. Les hommes, à qui ont demandent de plus en plus d’autonomie, sont paradoxalement entourés de machines toujours plus nombreuses et de plus en plus complexes qui les contrôlent et les guident. Ces systèmes en viennent à utiliser les hommes comme des instruments. Au Japon et en Australie, dans les maisons de retraite et les centres de soins, les personnes âgées sont de plus en plus prises en charge par des robots et des machines complexes et spécialisées, connectés entre eux en véritables réseaux. Le développement de ces machines s’appuie sur les progrès de l’Intelligence Artificielle qui tente de reproduire le fonctionnement du cerveau humain. La biologie, utilisant l’imagerie médicale, tente de comprendre le fonctionnement des neurones, les nanotechnologies cherchent à produire des éléments informatiques de plus en plus minuscules pour pouvoir envisager de les implanter dans le corps humain. Un groupe de futurologues, à partir de ces constatations, inventent un futur hypothétique, et se dénomment les Transhumanistes. Le transhumanisme, utilisant le sigle H+, est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l'usage des sciences et des techniques évoquées ci-dessus afin d'améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables et tente de les supprimer. Les penseurs transhumanistes, se laissant aller au délire sectaire, prédisent que les hommes pourraient être capables de se transformer en êtres dotés de capacités telles qu'ils mériteraient l'étiquette de « posthumains », ce qui laisse supposer que les hommes, tels des super-héros, ne seraient plus tout-à-fait des êtres humains. Ce mouvement a ses gourous tel Raymond Kurzweil. Celui-ci a proposé des théories étendant la loi de Moore à des formes de calcul autres qu’informatiques, qui suggèrent que les phases de croissance exponentielle du progrès technologique feraient partie de l’histoire humaine, et ceci dès l’apparition de la vie sur Terre à cause de sa complexification biologique. Toujours d’après R. Kurzweil, cette loi conduira au cours du XXIe siècle à un progrès technologique inimaginable et transformera l’Homme en posthumain, nouveau genre d’home « sapiens sapiens sapiens ». Utilisant abusivement la notion de singularité de la Relativité Générale, cette évolution exponentielle conduirait à une singularité technologique. La singularité technologique (ou simplement la Singularité) est un concept selon lequel, à partir d'un point hypothétique de son évolution, la civilisation humaine connaîtra une croissance technologique d'un ordre supérieur. Au-delà de ce point, le progrès ne serait plus l’œuvre que d’intelligences artificielles elles-mêmes en constante progression. Il induit des changements sur la société des hommes tels que l’individu humain d’avant la singularité ne peut ni les appréhender ni les prédire de manière fiable. R. Kurzweil, se conduisant comme un gourou de secte a créé, avec l’aide de Google et de la NASA, un établissement d’endoctrinement qu’il a appelé l’Université de la Singularité où il attire des décideurs et des chefs d’entreprises, pour la plupart issus du milieu des ultra-libéraux (les libertariens) de droite de la société américaine. A cet effet, l’université propose un cursus qui mêle nanotechnologies, robotique, intelligence artificielle et études spaciales... Et ce n’est pas un hasard si cet établissement est implanté juste en face de l’impressionnant campus de Google, dans la Silicon Valley. En effet, Larry Page, co-fondateur de Google, a investi 250.000 dollars dans un projet sur lequel des ingénieurs travaillent chaque jour à la création d’un cerveau artificiel géant dont l’objectif est de surpasser un jour celui du cerveau humain. Google pense que d’ici 2020, nous aurons un implant qui nous connectera au web en permanence nous donnant ainsi un accès direct et permanent aux bases de données mondiales. L'homme et les réseaux technologiques s'interpénétreront et se renforceront réciproquement d'une façon qui fera reculer sans limites prévisibles les frontières de la vie intelligente. Heureusement, ces hypothèses sont régulièrement et vivement critiquées pour leur manque de solidité scientifique. Rappelons qu'une courbe exponentielle (y= exp(x)) ne débouche sur aucune singularité, mais tend vers l'infini pour x positif et vers zéro pour x négatif. Il n’y a aucune singularité du type de celle de la Relativité qui conduit à un Univers de volume nul pour une densité infinie. N’oublions pas, non plus, qu’un cerveau humain comporte 100 milliards de neurones, chacun d’entre eux ayant environ 10.000 connexions neuronales ! Construire un cerveau artificiel ayant les mêmes capacités est, tout simplement, une utopie. Mais, surtout, l’essentiel de la vie humaine se caractérise par ce qui ne peut pas se décompter ni se numériser (la tendresse, l’émotion, la culture, le désir, …). Il faut enlever aux experts le soin de gérer la vie humaine !

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