04 juin 2013

L’Anglais en Université ?

L’idée d’officialiser l’utilisation de l’anglais dans certains cours des Universités françaises divise la société qui adore ce genre de polémique. Ceux qui s’offusquent et évoquent la mort programmée de la Francophonie (ceci rappelle certains opposants du mariage homosexuel qui avançaient le risque de la pédophilie !), oublient (ou font semblant d’oublier) que cette pratique existe déjà depuis de nombreuses années dans certains cours universitaires. La mondialisation n’est autre que la recherche, par les entreprises, de marchés sur l’ensemble de la planète. Et il se trouve que la langue internationale du commerce n’est pas l’esperanto ni le français mais l’anglais. Comment les commerciaux internationaux des entreprises pourraient-ils avoir une chance de succès s’ils ne maîtrisaient pas l’anglais commercial international ? On peut d’ailleurs se demander si certains échecs commerciaux de la France ne sont pas dus à la difficulté des français à parler correctement l’anglais. Par ailleurs, le Français est une langue difficile (le nombre de Français qui parlent leur propre langue de manière incorrecte est impressionnant) et il est probable qu’un certain nombre d’étudiants étrangers préfèrent se retrouver dans une université américaine où ils ne seront pas handicapés par une mauvaise compréhension des cours enseignés. Enfin, rien n’est plus frustrant pour un professeur que de se voir mal compris par ses étudiants. On rétorquera que, si les étudiants étrangers peuvent ainsi se sentir plus à l’aise dans un cours professé en anglais, cela se fera au détriment des étudiants français maîtrisant mal cette langue. La réponse à cet argument est simple. S’il y a des étudiants maîtrisant difficilement l’anglais en université, c’est que l’enseignement de cette langue dans le secondaire est inefficace et qu’il faut que l’Education Nationale se remette en cause dans sa pédagogie. Il y a longtemps déjà que l’univers scientifique et informatique utilise l’anglais comme langue véhiculaire. La très grande majorité des parutions, même celles dont les auteurs sont français, sont éditées en anglais. Si un chercheur français souhaite que le résultat de ses recherches soit connu de la grande majorité de la communauté scientifique, il n’a d’autre choix que de le diffuser en anglais. Les contempteurs de cette évolution avancent qu’une langue qui ne parle plus de science ne parle plus, non plus, d’avenir et donc est condamnée à devenir marginale. On peut le regretter, surtout si l’on est professeur de linguistique au Collège de France, mais il n’est pas possible d’ignorer la réalité. Ce réalisme devrait, d’ailleurs, s’exercer dans bien d’autres domaines en France. Plus que de s’opposer à l’usage de l’anglais dans les universités, un juste combat pour la langue française serait de lutter vivement contre l’usage abusif d’un « franglais » insupportable, utilisé à l’envi par les medias audiovisuels et qui se répand dans l’usage courant. Les mots comme forecaster, podcaster, en live, les geeks et les fautes de français abondantes entendues dans les discours de toutes origines est une menace bien plus grande pour la langue française.

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