19 janvier 2015

Je suis Charlie

Le 11 Janvier 2015 restera, quoiqu’en disent déjà ses contempteurs, une date historique dans l’histoire du peuple français. Cette manifestation est de même ampleur que celles de la Libération ou de la première élection de François Mitterrand. Ce fut une manifestation au sein de laquelle se sont côtoyés, dans le calme, dans un même élan, le 9-3 et le XVIe arrondissement, les juifs et les musulmans, les riches et les pauvres, les jeunes (et même les très jeunes) et les vieux, des parisiens et des provinciaux, des français et des étrangers, au total près de 1,5 million de citoyens (en tout dans la France 4 millions). Tous défilaient en portant le signe « je suis Charlie », en français, en arabe, en hébreux, en anglais, pour dire « je suis pour la liberté d’expression et de pensée ». Les 3 journées sanglantes de janvier 2015 ont vu l’assassinat de juifs, de musulmans, d’athées, de chrétiens, ce qui est la plus belle preuve de la diversité de la France et de l’immense aveuglement des assassins. Faisant l’impasse sur la sémantique, ce n’était certes pas un soutien unanime à l’hebdomadaire, mais c’était une protestation contre l’atteinte à une caractéristique essentielle d’une démocratie, la liberté d’expression et la laïcité. Il n’y a pas de démocratie sans cette liberté qui est d’ailleurs la première que suppriment toutes les dictatures du monde. Ces assassinats soulèvent le problème poignant de l’histoire personnelle des assassins. D’où viennent-ils, quel chemin ont-ils parcouru, quelles influences ont-ils subi ? Tous les ans, 150.000 jeunes sont déscolarisés et deviennent la des cibles potentielles de tous les djihadistes radicaux, dans les quartiers difficiles voire abandonnés, dans les prisons où échouent un certain nombre de ces jeunes qui chutent dans la délinquance à force de se sentir rejetés par la société. Le sentiment de déréliction dans lequel sombrent ces jeunes les transforment en des proies faciles. L’Education Nationale devra se sentir particulièrement impliquée dans la recherche d’une solution. Elle devra réviser la formation des enseignants pour leur apprendre comment expliquer aux jeunes les notions difficiles de République, de Démocratie et de laïcité. Elle devra revoir, avec le Ministère, la manière dont elle organise l’affectation les professeurs dans les collèges et lycées pour éviter d’envoyer dans les zones particulièrement difficiles, les moins expérimentés d’entre eux, réservant aux enseignants les plus anciens les établissements les moins difficiles et ayant le plus de moyens. Pour cela, les syndicats de l4education Nationale devront abandonner une attitude fermée, souvent, réactionnaire, et s’inspirer d’expériences locales trop peu nombreuses où les enseignants ont su instaurer un contact et un dialogue féconds avec leurs élèves. Le Ministère de l’Intérieur devra, de son côté, s’impliquer davantage dans la politique de la ville afin d’éviter la disparition des services publics dans les quartiers difficiles et trouver les moyens pour une véritable formation des imams. Les musulmans sunnites, qui sont les plus nombreux, n’ont pas de hiérarchie formalisée et n’importe quel musulman peut se déclarer imam. La contrepartie de cette anomie doit être compensée par une formation organisée et contrôlée. La mollesse assez générale des responsables musulmans envers les exactions islamiques est un réel problème. De même qu’il existe une « conférence des Evêques », pourquoi n’y aurait-il pas l’équivalent pour les imams ? Un des moyens utilisés par les recruteurs de futurs djihadistes est l’utilisation des réseaux sociaux qui sont devenu de grands filets de pèche aux candidats terroristes. Là encore, le Ministère de l’Intérieur doit trouver des solutions efficaces pour surveiller ce qui se passe sur ces réseaux, n’en déplaise aux tenants d’une liberté totale d’utilisation d’Internet. Un autre moyen qu’utilisent les « recruteurs » est le prosélytisme dans les prisons. Le Ministère de la Justice doit trouver les moyens pour isoler, au sein des prisons, les petits délinquants des prosélytes connus et emprisonnés. Les politiques doivent cesser de fuir ces quartiers au prétexte qu’ils ne sont pas « rentables » sur le plan électoral à cause de l’abstention. Toutefois, il ne faut pas tomber dans l’excès consistant à rejeter sur l’Education Nationale toute la responsabilité de la situation. Enseignement et Education ne sont pas à confondre. Normalement, l’éducation relève de la responsabilité parentale, l’enseignement de la responsabilité des enseignants. Or, la plupart de ces jeunes en déshérence vivent dans un milieu familial défavorisé, parfois acculturés. C’est un devoir de la politique de la ville de résoudre ce problème en s’appuyant sur des travailleurs sociaux aidés réellement par l’Etat. Enfin, l’origine des terroristes interpelle sur la politique d’intégration. On peut se demander si cette émigration massive des ressortissants des pays soumis aux exactions des islamistes n’est pas le fruit d’une politique volontaire des organisations terroristes qui cherchent, par ce moyen, à déstabiliser les démocraties occidentales en les submergeant d’un flot ininterrompu d’hommes, de femmes et d’enfants dans la détresse et fuyant l’horreur absolue. Les pays occidentaux doivent trouver des moyens plus efficaces pour mettre hors d’état de nuire ces associations de terroristes comme Boko Haram, Daesh, Al Qaida, Aqmi, Aqpa, et autres. Il ne reste qu’une seule certitude : certes, l’Etat n’est pas thaumaturge mais si la journée du 11 Janvier n’a pas de réelles suites politiques, la frustration du peuple risque d’être à la hauteur de son indignation devant le terrorisme.

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