04 mars 2007

Europe, où es-tu ?

Il y a 6 mois, j’écrivais ici un petit article intitulé « l’Europe est moribonde ». L’épopée Airbus est l’illustration de cette mise à mort. Cette entreprise a été citée par tous les hommes politiques comme l’exemple d’une coopération européenne réussie. Les uns pour démontrer que la seule façon de faire progresser l’Europe était de lancer des projets industriels communs, les autres pour démontrer que lorsque l’Europe se mobilise, le succès est au rendez-vous. Une fois de plus, les politiques ont regardé la réalité du monde avec les lunettes déformantes de leur idéologie. Il ne faut pourtant pas être un grand expert pour deviner qu’une entreprise multinationale gérée avec, en priorité, des considérations politiques orientées vers la satisfaction des vanités et des égoïsmes nationaux ne peut pas fonctionner correctement. Dès qu’apparaît la moindre difficulté, les prises de décisions indispensables sont reléguées au placard des fanfaronnades nationales et des réactions syndicales. Les entreprises qui délocalisent une partie de leurs activités font des choix réfléchis qui prennent en compte l’efficacité globale et non pas la susceptibilité des acteurs. Il est évident qu’une entreprise qui multiplie à l’excès les difficultés logistiques uniquement pour satisfaire les susceptibilités nationales s’expose à de graves problèmes. Comment imaginer que l’on peut construire avec efficacité un produit aussi complexe qu’un avion lorsque l’on éparpille la fabrication aux quatre coins de l’Europe sur plus de vingt cinq sites différents afin que chacun en ait sa petite part ? Imagine-t-on une entreprise répartissant sur l’ensemble du territoire français la fabrication des différentes pièces d’un moulin à café uniquement pour satisfaire les préoccupations électorales des maires et autres députés ? Aggravant encore la situation, la décision managériale est elle-même répartie !! Peut-on imaginer un schéma de management plus absurde ? Et que voit-on se produire devant les difficultés actuelles ? Plutôt que d’être guidés uniquement par des considérations d’efficacité, les responsables – industriels et politiques – mettent en avant une « juste répartition » des efforts ! Ce n’est pas la « juste » répartition qui compte, mais son efficacité industrielle. Je crains que le bout du tunnel ne soit encore loin pour Airbus. Il ne faut pas s’étonner outre mesure que l’Allemagne ne fasse pas preuve de plus d’européisme que les Français. Après tout, la France est devenu un « petit » pays européen depuis que les arrivistes, les réactionnaires et les égoïstes onnt refusé, pour de mauvaises raisons, de participer à l’avènement d’une Europe politique. Maintenant, en pleine campagne présidentielle, nous allons voir tous les populismes et les opportunismes se déchaîner, j’en fais le pari. Ne doit-on pas s’étonner que certains des candidats préfèrent prendre leurs informations auprès des syndicats plutôt qu’auprès des managers de l’entreprise ? Pauvre France !!

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