03 août 2007

Un oxymore : l’Education Nationale et la modernité

Dans les années cinquante, le professeur de latin enseignait le grec et le français, le professeur d’histoire enseignait la géographie, le professeur de mathématiques enseignait la physique, le professeur de langue enseignait le français, le professeur de physique enseignait la cosmologie (qui n’existe plus aujourd’hui), bref, nombre de professeurs étaient polyvalents sans que cela ne leur pose un problème autre que celui d’être compétents. Cette pratique a disparu depuis une vingtaine d’années et le Ministère de l’Education Nationale tente de la remettre au goût du jour. Bien entendu, les syndicats s’insurgent contre cette pratique qui, disent-ils, « conduit à enseignement au rabais, un professeur ne pouvant avoir la même maîtrise dans plusieurs disciplines ». Comment faisait-il donc il y a cinquante ans ? Le latin, le grec, l’histoire ou la géographie auraient-ils à ce point évolué qu’il serait devenu impossible de les enseigner dans les conditions qui prévalaient il y a cinquante ans ? Nous aurait-on caché une évolution fondamentale du latin qui le rendrait aujourd’hui infiniment plus complexe qu’il y a une cinquantaine d’années ? L’Histoire aurait-elle des incompatibilités inédites avec la Géographie qui auraient échappé aux générations précédentes ? La modernité aurait-elle, à ce point, complexifié les disciplines ? Internet aurait-il influencé les déclinaisons latines ou la grammaire française au point de rendre leur enseignement commun soudain incompatible ? La véritable raison du combat d’arrière-garde syndical contre cette pratique de la polyvalence professorale ne serait-elle pas cachée dans la formation des enseignants ? On est en droit de se poser la question lorsque l’on constate que, sur 6000 candidats au CAPES de 2006 à la mention complémentaire (double enseignement), seuls 27 ont réussi ! Que doit-on en penser ? Cela ne remet-il pas en question la qualité globale de l’enseignement à tous les niveaux ? Car, avant d’être professeur, ces candidats ont été des élèves … L’Education Nationale se sclérose grâce à ses syndicats alors que tout change autour d’elle, le monde, l’origine des élèves, les technologies disponibles, la société…

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