22 octobre 2007

Guy Môquet ou l’histoire oubliée

Le 22 Octobre 1941, Guy Môquet, alors âgé de 17 ans, est fusillé par les nazis. Le 22 Octobre 2007, sur demande du Président de la République, la lettre émouvante que le jeune fusillé a écrite à ses parents juste avant sa mort sera lue dans les établissements d’enseignement. Ou plutôt dans la plupart de ces établissements. Je me demande ce qui peut bien motiver le refus de certains enseignants, poussés par leur syndicat, pour refuser cette lecture. La seule lecture de cette lettre omet de donner le contexte historique de l’événement, telle est l’explication fournie. Mais qui empêche de fournir, en complément de la lecture de la lettre, toutes les informations utiles pour expliquer ce contexte ? Qui ou quoi ? Le contexte ne gênerait-il pas certains enseignants ? En effet, Guy Môquet fut arrêté par la police française le 13 Octobre 1940, sur dénonciation, déjà si fréquente ! Fils du député communiste Prosper Môquet, il soutient son père dans le refus de ce dernier de condamner le pacte germano-soviétique signé en Août 1939, ce qui provoquera l’invalidation de son élection, alors que le Parti Communiste est dissous par le Conseil des Ministres le 26 Septembre 1939 ouvrant la chasse de la Police Française. Durant cette année 1940, on ne saurait oublier l’attitude stalinienne et abstruse (l’aveuglement étant toujours incompréhensible) du Parti Communiste le conduisant à condamner la guerre anglo-française comme étant une guerre « impérialiste », attitude qui perdura jusqu’à l’invasion de la Russie par Hitler et la rupture du pacte germano-soviétique durant l’été 1941. Ainsi, le jeune Guy Môquet ne fut pas arrêté pour fait de Résistance, mais pour son attachement à un Parti Communiste interdit dont l’attitude était alors pour le moins trouble et ambiguë. Cette histoire, que le Parti a toujours voulu faire oublier, fait partie du contexte et la glorification actuelle du jeune Guy Môquet par ce dernier n’est autre qu’une démarche cathartique. Et ce contexte peut être encore gênant pour certains. Mais il y a peut-être un autre motif plus simple, mais encore plus méprisable, pour expliquer le refus de la lecture de la lettre : la demande provient du Président de la République.

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