14 octobre 2007

L’ADN immoral

La pauvreté s’aggrave et elle se révolte. Les enfants meurent de faim, de soif ou de maladies disparues depuis longtemps des pays développés. Il est légitime que l’homme fuie la misère, la peur ou la guerre. De plus, et très souvent, les pays source de l’immigration sont des pays où l’esprit de famille est extrêmement développé, des pays où l’adoption des orphelins est naturelle, des pays où, lorsque le chef de famille s’est installé ailleurs, il est nécessaire de regrouper toute la famille. Que seraient devenus, par exemple, les orphelins du massacre du Rwanda s’ils n’avaient été adoptés ? Mais aujourd’hui, tous les pays occidentaux se protègent de l’immigration non contrôlée, c’est-à-dire irrégulière et illégale au regard de leurs lois. Mais ces mêmes lois permettent à certains immigrants de faire venir légalement les membres de leur famille ; c’est le regroupement familial. Il faut donc, non seulement combattre avec vigueur l’immigration clandestine, mais également rendre plus difficile l’application de la loi. C’est ce qui a justifié le recours aux tests ADN pour prouver la filiation parentale. Pour qu’un immigrant ait le droit de faire venir ses enfants, il faut qu’il soit prouvé génétiquement qu’il s’agit bien des siens. Imagine-t-on, au sein d’une famille recomposée, de faire le tri entre les frères et sœurs, pour désigner ceux qui auront le droit de retrouver leurs parents et ceux à qui ce droit sera refusé ? Le recours à la génétique, utilisée jusqu’à présent en France uniquement pour combattre la criminalité, ravale au rang de criminel un homme ou une femme qui cherchent seulement à retrouver ses enfants. Quel est l’enjeu ? De cinq à six milles enfants par ans, parmi lesquels une minorité seulement est extra-familiale. Une petite dizaine de pays occidentaux utilisent ces tests. Ceux-ci ont été mis en place sans débat public. Doit-on regretter qu’il n’en soit pas de même en France ? De plus, on ne peut écarter l’idée qu’un enfant non admis en France à la suite de ces tests sera « marqué » par son illégitimité génétique officiellement reconnue. Cela rappelle d’autres temps où certaine catégorie de la population devait arborer une marque distinctive infâme. Le décryptage de l’ADN est un réel progrès scientifique. Mais le divorce entre le progrès et la morale serait gravement engagé si une telle mesure était finalement adoptée.

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