28 décembre 2007

Le miroir aux alouettes

Le pouvoir d’achat est devenu l’étendard de la politique gouvernementale et de la revendication de l’opposition. Il a été une promesse récurrente du candidat à la présidence de la République, il est la hantise du gouvernement. Il y a deux manières d’augmenter le pouvoir d’achat : l’augmentation des salaires ou l’utilisation de l’épargne. Le pays est en état de faillite, la dette est colossale, la balance commerciale est déficitaire, le pays paye chaque année 50 milliards d’intérêts de la dette. Il n’y a donc pas moyen d’augmenter les salaires sans risquer de mettre en danger les entreprises et donc de voir le chômage reprendre à la hausse. Il ne reste apparemment que l’utilisation de l’épargne. Préoccupé du court terme, c’est le choix qu’a fait le gouvernement. Utiliser l’intéressement prématurément revient à dépenser une épargne. Payer des jours de RTT revient à « liquidifier » une épargne-temps qui a sa valeur monétaire. Réduire à un mois au lieu de deux la caution des locataires revient à réduire l’épargne potentielle des propriétaires. Or, l’épargne c’est l’investissement à moyen terme et l’investissement est le seul chemin pour moderniser l’offre industrielle et de services pour équilibrer enfin la balance commerciale. C’est aussi la seule voie pérenne pour que les entreprises se trouvent dans un cycle de croissance, donc d’augmentation de la production et, finalement, utilisent la possibilité proposée par le gouvernement d’augmenter le nombre d’heures supplémentaires. Il est absolument nécessaire que la France travaille plus (elle est le pays occidental où le nombre d’heures travaillées est parmi les plus faibles). Mais, pour cela, il faut qu’il y ait matière à travailler. Ouvrir les magasins le Dimanche, par exemple, permet de créer un chiffre d’affaires supplémentaire du fait des achats des touristes qui dépensent leurs devises sur le sol français. Favoriser les heures supplémentaires ou inciter au rachat des RTT sont des mesures qui, contrairement aux 35 heures, ne comportent pas en elles-mêmes le risque d’une diminution globale de la quantité de travail. Il faut impérativement que la France gagne des parts de marché dans le monde pour équilibrer enfin la balance commerciale et pour que le pays s’enrichisse réellement, ce qui permettrait d’augmenter les salaires, seule voie pérenne pour améliorer durablement le pouvoir d’achat. Il est donc nécessaire que l’offre soit renouvellée, donc que l’investissement soit relancé vigoureusement. C’est pourquoi les mesures du gouvernement, qui poussent à l’utilisation à court terme de l’épargne, est une mauvaise solution. Dans le meilleur des cas, ces mesures auront un impact limité dans le temps et dans leur ampleur. Si l’on assiste à une amélioration du pouvoir d’achat, celle-ci sera de courte durée et au détriment de mesures favorisant l’investissement. Le moyen terme est sacrifié au profit du court terme. Les constantes préoccupations électorales sont le talon d’Achille des démocraties. La situation ne peut que s’aggraver. Nous n’échapperons pas à une politique de rigueur, limitant les dépenses et les salaires, entraînant une augmentation temporaire du chômage. J’en prends le pari à l’aube d’une année que je crains difficile.

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