16 novembre 2009

L’Identité Nationale

Le débat actuel sur l’identité nationale mobilise le microcosme politique et les médias et donne ainsi l’occasion d’entendre n’importe quoi, des opinions qui relèvent davantage du bavardage ou de la polémique. Tout ce tohu-bohu ne viendrait-il pas du fait que le mot est en lui-même un oxymore ? En effet, le mot identité, dans l’acception qu’il prend par exemple dans l’expression « carte d’identité », recouvre ce qui est spécifique à chacun, ce qui est propre et appartient à chaque individu, qu’il ne partage pas. Mais identité a la même racine que le mot « identique » (racine latine idem), qui évoque ce qui est commun, ce qui n’est pas discernable d’un individu à l’autre, ce qui se partage. Le même mot est donc utilisé pour deux significations pratiquement opposées. Il n’est guère étonnant que la confusion s’installe alors dans le débat sur « l’identité nationale ». Le problème est d’identifier, si tant est que cela soit possible, ce qui est commun à tous les individus vivant à l’intérieur d’un pays délimité par des frontières et acceptant les règles de vie commune établies par le pouvoir politique légitime, à un moment donné, à l’intérieur de ces mêmes frontières. Or, les frontières géographiques d’un pays, variables dans le temps, ainsi que le pouvoir politique associé, sont le résultat de toute une Histoire ( « l’Histoire c’est ce qui fout le bordel dans la Géographie » !). Cela entraîne le fait que l’Identité Nationale est variable dans le temps, car elle dépend des faits historiques eux-mêmes. La Gaule a peu de chose en commun avec la France d’aujourd’hui, ni les frontières ni la langue. Et pourtant, nous demandons aux écoliers d’ânonner, sans réfléchir, que nos ancêtres étaient gaulois, même pour ceux dont les parents viennent d’ailleurs. Ce qui est légitime de demander à tout citoyen se réclamant de la nationalité Française (et donc d’exiger de ceux qui la demandent) est d’accepter sans réticence l’Histoire du pays, ses pages glorieuses comme ses moments noirs. Il est impossible de « faire le tri » dans l’Histoire pour se revendiquer des faits historiques consacrés et teintés de grandeur comme la Révolution de 1789 et la Déclaration des Droits de l’Homme et rejeter, dans le même temps des évènements moins glorieux comme la colonisation. Il faut remplacer l’expression « Identité Nationale », trop confuse, par celle « d’Appartenance Nationale » qui fait référence au sentiment de faire partie d’une même communauté, vivant à l’intérieur des frontières du moment et acceptant les mêmes règles de vie commune.

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