25 septembre 2010

Le modèle suédois

Les hommes politiques vivent un véritable cauchemar. En effet, depuis toujours, la référence au modèle suédois fait flores dans les discours politiques de tous bords. Dès qu’il s’agit de démontrer qu’il fait meilleur ailleurs, la Suède est citée en exemple. Ce pays est toujours présenté comme le parangon de l’État providence et de l’intégration réussie, un pays où les négociations syndicales sont toujours conclues dans le consensus, où le prélèvement fiscal élevé (55% du PIB) est accepté en échange d’une protection sociale importante. Et voilà que les dernières élections font entrer au Parlement une vingtaine de députés néo-nazis (sous le nom de Parti Démocrate !). Tout d’un coup, le voile tombe et l’on s’aperçoit que, comme tout le monde, la Suède est confrontée à la mondialisation qui pousse le citoyen à détester le plombier polonais. Les hommes politiques français décontenancés sont, soudainement, privés de leur alibi préféré. Comment porter aux nues un des rares pays européens où l’extrême droite siège au Parlement ? Au-delà de l’embarras de nos politiciens, il ne faut pas se cacher le fait que c’est le signe qu’il se passe quelque chose de grave en Europe, parce que cette consécration de l’extrême droite se produit aujourd’hui dans un pays de bonne gouvernance qui a su faire notablement reculer les injustices sociales. La Suède a toujours été un pays où l’immigration s’est déroulée dans les meilleures conditions pour les immigrants. Elle a accepté, par exemple, plus de réfugiés irakiens que les USA et le Canada réunis. Malgré cela, l’intégration des immigrants, tant vantée, n’a pas empêché l’exaspération du citoyen suédois. La peste brune, après avoir conquis l’Autriche, la Hongrie, le Danemark, la Hollande, la Norvège, (faut-il ajouter à cette liste la France et l’Italie ?) investit aujourd’hui la Suède. C’est cette pandémie qui est grave et qui s’épanouit sur le terreau de la peur et de la xénophobie. C’est pourquoi la campagne sécuritaire dans laquelle est entrée la France est dangereuse, voire menaçante. Gardons-nous de nous laisser entraîner par ces réflexes xénophobes qui ont vite fait de virer au racisme. La période de la Seconde Guerre Mondiale a montré qu’il sommeillait au fond de beaucoup de Français une xénophobie capable de mener certains d’entre eux aux pires exactions. Dans une situation faite de difficultés, voire de peur, il est tellement facile de rechercher dans un bouc émissaire la cause de nos angoisses.

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