22 mars 2011

Ambiguïté

Enfin, le monde a engagé le combat contre Kadhafi, fou dangereux qui rappelle étrangement un certain Adolf Hitler, tant par les incohérences des discours que par le mensonge élevé au grade de politique nationale. Propagande, jusqu’au-boutisme, mensonges, atrocités, tous les ingrédients du nazisme se retrouvent dans le comportement de Kadhafi. Nous avons cru, pendant un instant, à une unanimité mondiale contre un tel danger. Tout le monde, ou presque, a donné son accord pour combattre ce fou dangereux et le mettre hors d’état de nuire. Mais il a suffi de quelques bombes larguées sur le territoire libyen pour qu’aussitôt les ambiguïtés et les discordances apparaissent. L’armada internationale est soudainement devenue uniquement occidentale et son comportement suspect. La Russie, la Chine, le Venezuela, tous pays dirigés par des dictateurs, élèvent de sérieuses réserves envers les actions militaires menées par quelques pays occidentaux à défaut de la participation des autres nations. Ce comportement, disons ce revirement, s’explique facilement par le fait que ces dictateurs craignent que les exemples maghrébins ne déteignent dans leur propre pays. La peur d’une contestation populaire qui s’accompagnerait d’un soutien occidental devient peu à peu un vrai cauchemar pour ces régimes d’un autre âge. De même, la Ligue arabe et l’Union Africaine, qui ne brillent pas par la démocratie de leurs régimes, sont envahies par la peur d’une contestation populaire qui demanderait l’aide occidentale à l’image du peuple libyen. Pas un seul dirigeant africain n’avait d’ailleurs protesté devant le risque de massacres à Bengazi. Tous les régimes dictatoriaux et corrompus du monde qui survivent encore sont envahis par la peur de voir les occidentaux intervenir à la demande d’une révolte populaire, nourrie par un besoin irréfragable de liberté et de démocratie. Nous ne pouvons qu’espérer que la coalition occidentale ira au bout de sa mission qui, au-delà des circonlocutions diplomatiques, est bien le renversement de Kadhafi. Mais rien ne sera possible sans les Libyens eux-mêmes. C’est à eux que revient la responsabilité de renverser le tyran. Pour pousser à ce renversement, les occidentaux ont une arme simple. Plus de 90% des produits consommés par la population est importée et payée par la vente du pétrole. Il suffit donc d’un embargo et que les insurgés prennent possession de la production pétrolière pour priver Kadhafi de tous ses moyens. Par contre, si le soulèvement populaire libyen ne se produit pas, alors la situation deviendra ingérable et les occidentaux risquent de se retrouver dans un bourbier qui s’éternisera. A ces ambiguïtés, il faut ajouter l'attitude de l'Italie qui ne supporte pas de voir la France prendre l'initiative de cette intervention dans un pays ancienne colonie et qui est, traditionnellement, considéré comme une chasse gardée. Quant aux Républicains américains, ceux-ci s'insurgent des prétentions françaises de leadership militaire. Toutes ces ambiguïtés vont, au total, compliquer cette intervention et lui font courir le risque d'un échec.

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