21 mars 2012

Course à l'échalote

L’horreur qui a enveloppé le pays à la suite des tueries successives de Toulouse et de Montauban donne un coup d’arrêt temporaire à la campagne électorale. Temps de respiration, temps de réflexion, prise de recul sur la campagne décevante que nous ont offert jusqu’ici les candidats. Le soudain silence fait ressortir la médiocrité, le populisme, le jeu de bonneteau qui nous ont été servis jusqu’à ce jour. Au-delà des invectives et des ironies assassines, de la mauvaise foi, nous avons assisté à une débauche de propositions sorties du chapeau électoral sur un rythme effréné qui laisse pantois. A chaque intervention d’un candidat, mous avons eu droit à une proposition nouvelle immédiatement suivie par une contre-proposition de ses challengers. C’est de cette manière que nous avons vu apparaître l’exonération fiscale d’une nouvelle catégorie de travailleurs, la suppression du mot « race » de la Constitution, la création d’une taxe nouvelle pour les expatriés, un impôt nouveau pour les plus riches, une modification de l’emploi du temps des enseignants, la réduction de la TVA sur les œuvres culturelles, la renégociation de l’accord budgétaire européen pour y ajouter on ne sait pas quoi (la croissance ?), la renégociation d’accords en vigueur depuis des années comme celui de Schengen, la suppression du défilé du 14 Juillet, la suppression de deux normes anciennes (pourquoi 2 ?) pour chaque nouvelle norme votée, etc, etc … Il y en tant que plus personne ne s’en souvient. La campagne sombre dans une nuée de propositions étriquées comme si la France était isolée du reste du monde. Les journalistes se complaisent également dans des questions de basse politique électorale (quels reports de voies au second tour, quels commentaires sur les sondages, combien de signatures, …). La marque de cette campagne est l’absence des grands problèmes mondiaux : la crise (quelle stratégie pour sortir de la crise ?), l’Europe (quelle vision ? quelle gouvernance de la zone Euro ?), le Monde (quelle politique étrangère : Moyen-Orient et Maghreb, Union pour la Méditerranée, Afrique, Chine, Russie, …). La polémique et la course à l’échalote des propositions ont cantonné la campagne électorale dans le dénigrement systématique et outrancier. Les propositions utiles de Sarkozy, car il y en a quelques unes, sont critiquées pour ne pas avoir été prises pendant le quinquennat qui s’achève, en oubliant que, pendant 4 ans, Sarkozy s’est occupé quasiment à temps plein de la crise financière européenne. Les propositions de Hollande sont systématiquement dites infaisables ou ridicules. Qui nous parle de notre avenir et de celui de nos enfants ?

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