10 mars 2012

Le monde du silence ou le virus 2.0

La numérisation de la société est en passe de devenir un mal chronique qui plonge nos enfants et petits-enfants dans un monde étrange dont ils ne ressortiront pas indemnes, hélas ! Les écrans ont envahis leur vie et leurs esprits. Cette fascination nous interroge sur sa cause. A peine sortis de leurs occupations obligatoires (école, devoirs, repas en famille, etc …), les enfants s’abandonnent à leur addiction aux écrans. Les yeux rivés sur la machine, les écouteurs vissés dans les oreilles, les voilà complétement isolés du monde qui les entoure. Aveugles, sourds et muets. Sont-ils à la recherche d’une impression de maîtrise du monde dans lequel ils plongent ? Sont-ils fascinés par un monde où ils ont l’impression de n’être soumis à aucune contrainte ? Ils ne s’aperçoivent pas que cette liberté est complètement factice. C’est la machine qui guide et fait tout le travail. L’impression de liberté est purement factice. L’utilisateur est à la merci d’une suite de 0 et de 1, eux-mêmes prisonniers dans le cœur de la machine. Chaque réaction possible de l’utilisateur est prévue d’avance. C’est le nombre important de choix possibles et leur combinatoire qui donne cette fausse impression de libre arbitre et d’initiative. Une conséquence de cette fascination est la difficulté de parler aux autres, comme si ces enfants n’avaient plus rien à dire. On peut craindre que cette coupure de communication entre les enfants et les adultes n’aggrave fortement l’énorme défaut de communication entre les hommes. La vie politique n’est pas immunisée contre ce virus, les hommes politiques confondant marketing et racolage avec une vraie communication, leur discours se focalisant sur l’accessoire et l’argument populiste. Peut-on en vouloir aux enfants lorsque l’on voit les adultes eux-mêmes rivés à l’écran de leur ordinateur ou de leur smartphone et passer un temps infini à naviguer au hasard sur Internet. La croyance aveugle en la véracité des informations trouvées sur Internet supprime tout esprit critique, comme si le fait d’être affichées sur un écran, donnait aux informations une véracité incontestable, alors que l’on sait que 80% de ce que l’on peut y lire n’a aucune valeur ni crédibilité. Le zapping sur le web a remplacé la recherche de la connaissance par la simple boulimique de lecture d’informations d’origine douteuse la plupart du temps. Ces adultes oublient que, pour acquérir une connaissance, il faut y consacrer beaucoup de temps, ce qui est contradictoire avec la doxa du moment qui veut tout, tout-de-suite. Nous voyons se développer une société qui regarde sans voir, qui est composée d’individus isolés les uns des autres, les yeux rivés à l’écran et devenu aveugle au monde. La société est rongée par le virus 2.0 !

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