28 avril 2012

Bonnet d’âne

On croit rêver, mais on n’est jamais surpris. Voilà qu’une nouvelle doxa s’éparpille au sein du monde politique européen. Voilà que les responsables politiques nous expliquent doctement qu’on ne peut pas plonger l’Europe dans la récession sans courir au-devant de véritables révoltes populaires. Les drames espagnols et grecs, les difficultés française, belge, néerlandaise, portugaise, irlandaise, hongroise, italienne, ont enfin ouvert les yeux des dogmatiques qui manipulent l’Europe depuis plusieurs années. Ils ont voulu nous faire croire que la recherche de la croissance était incompatible avec la rigueur budgétaire et la recherche d’une diminution des dépenses. Tous ces politiques auraient dû faire un stage de formation en entreprise pour apprendre que la recherche de la compétitivité était le corolaire indispensable d’une volonté d’éliminer les gaspillages et de rechercher des économies de fonctionnement. Ils auraient appris que la rigueur budgétaire n’était pas autre chose que d’éviter de dépenser plus que l’on ne gagne. Et que cette rigueur n’était pas contradictoire avec une politique d’investissements orientée vers la compétitivité. Mais méfions-nous une fois de plus du discours politique. Il n’est pas certain que sous le mot « croissance » ne se cache pas les démons de la démagogie et de la facilité. En effet, la seule croissance réelle d’un pays est celle qui est le résultat d’une balance commerciale positive, résultat d’exportations plus importantes que les importations. Cela aussi, les entrepreneurs le savent depuis toujours. Des investissements dans des activités non productives ne feraient qu’accroitre les difficultés et augmenter la dette. Prévoir la création de 60.000 postes supplémentaires de fonctionnaires, essentiellement dans l’Education Nationale, est absolument insuffisant et peut-être même dangereux. L’inefficacité globale de cette dernière ne s’explique pas uniquement par le manque de professeurs. Les entreprises savent bien que l’augmentation des moyens existants est, le plus souvent, très insuffisante. Si les investissements ne sont pas orientés de manière massive dans la compétitivité industrielle et de service, la situation ne fera que s’aggraver. L’innovation, qui n’a rien à voir avec la simple augmentation des moyens, est à la racine de cette compétitivité à retrouver. Les discours sur l’immigration, sur la présomption de légitime défense, noient le véritable problème du pays. Ainsi, même si le discours politique change, son imprécision et son flou font craindre que le pire n’est pas exclu.

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