15 septembre 2012

Karl et la dette

« L'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire des luttes de classes » écrit Karl Marx dans le Manifeste Communiste, rédigé peu avant les révolutions de 1848. K.Marx distingue deux classes fondamentales. D’une part, les capitalistes ou bourgeois, classe dominante qui possède le capital et dispose ainsi des moyens de faire travailler autrui à son profit. D’autre part, le prolétariat, regroupant les personnes qui n'ont pas de capital et vendent leur force de travail pour subsister. Il s'agit de la classe salariée. La vie sociétale se réduit à la lutte frontale entre ces deux classes. Le Parti Communiste, fondé en 1920, s’est emparé aussitôt de ce concept et en a fait son cheval de bataille jusqu’à aujourd’hui. Les syndicats, existant en France depuis 1884, ont emboités le pas au Parti communiste avec enthousiasme, trouvant dans ce concept la base d’une dialectique dogmatique qui perdure encore de nos jours au sein de la plupart d’entre eux. Rapidement, cette notion de lutte des classes s’est transformée en lutte anti-patronale, cette vision partisane créant dans le pays un sentiment général de méfiance envers les entreprises, faisant oublier que, sans elles, il n’y a pas d’emplois créateurs de réelles richesses nationales. De plus, les dirigeants des grandes entreprises sont rarement propriétaires du capital. Cette méfiance anti-entreprise a eu comme conséquence de créer chez les salariés une aversion au travail et une inflation des emplois protégés, c’est-à-dire de fonctionnaires ou assimilés. Il y a 5,3 millions de fonctionnaires en France en 2011. Au total, entre 1998 et 2009, l'emploi public a augmenté de 15 % alors que l'emploi total augmentait de 9,5%. C’est en 2011, et pour la première fois, que le nombre de fonctionnaires diminuait de 20 000, soit 0,4 % ! La France compte encore 90 fonctionnaires pour 1000 habitants alors que l’Allemagne en compte 50, soit presque deux fois moins. Dans le même temps, la détestation du travail chez les salariés a poussé les syndicats dans une revendication permanente de la réduction du temps de travail, journalier, hebdomadaire, annuel et sur la durée de la vie professionnelle. La quantité de travail produite par le pays a donc diminué de façon drastique à la suite de ces réductions : réduction du temps de travail journalier, loi actuelle des 35 heures hebdomadaires (qui coute actuellement plusieurs dizaine de milliards au pays), extension de la durée des congés payés, diminution de l’âge de la retraite, création des régimes spéciaux. La réduction de la quantité de travail produite ne pouvait avoir qu’une conséquence, la diminution de la production globale du pays et, à productivité pratiquement constante, l’augmentation du coût du travail avec son impact immédiat sur la compétitivité des entreprises. La moindre performance française à l’exportation, endémique depuis plusieurs dizaines d’années, s’est accompagnée d’une accélération marquée des importations, notamment de produits industriels. Le solde déficitaire des échanges extérieurs s’est ainsi fortement creusé. En 2010, dans le seul domaine industriel, le montant des exportations françaises de produits industriels ne représente plus que 93% du montant des importations de ce même type de produits. La part des exportations françaises de marchandises dans les exportations mondiales est ainsi passée d’un peu moins de 6% en 1970 à 3,5% en 2010. La France se trouve ainsi devant la Finlande, l’Irlande et la Grèce mais loin derrière les pays européens les plus performants avec un taux de croissance de ses exportations trois fois plus faible que celui de l’Allemagne ou des Pays-Bas. Bien entendu, ce déficit chronique de la balance commerciale a pour conséquence que le pays dépense plus qu’il ne gagne, d’où le creusement permanent de la dette. A cet effet s’ajoute les conséquences du « toujours plus de moyens », leitmotiv de tous les syndicats et une des origines des dépenses croissantes du système social, créé en 1944 par le Conseil National de la Résistance. Les besoins en financement de la Sécurité Sociale ont grandi à tel point qu’aujourd’hui ce système est, en grande partie, financé par l’emprunt. Ce mode de financement met le budget du pays systématiquement en déficit, le remboursement des intérêts de la dette étant devenu le second poste budgétaire juste derrière celui de l’Education Nationale, ce qui s’ajoute au creusement de la dette. Le déficit public de la France s'est définitivement établi en 2011 à 5,2% du produit intérieur brut (PIB). La dette publique a continué d'exploser, atteignant 85,8% du PIB en 2011 contre 82,3% en 2010, selon l'Insee. Voilà pourquoi on peut dire que Karl Marx est le père de la dette publique !

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