18 décembre 2012

Le vide et le néant

Le vide et le néant semblent être deux concepts voisins, voire analogues. Ils sont pourtant antagonistes, malgré une fréquente utilisation indifférenciée. Le vide est une absence ce qui le différencie du néant qui est une non existence. Cette différence est grande. En effet, l’absence invoque une présence. L’une ne va pas sans l’autre. L’absence suppose une présence préalable ou, tout au moins, possible et qui a disparu ou qui ne sera jamais réalité, même si elle reste potentiellement possible. Incapables que nous sommes de le décrire sans faire appel aux notions d’espace et de temps, nous disons que le néant, quant à lui, réfère au non-être permanent (temps) et infini (espace). Le vide se ressent et s’imagine. Ne parle-t-on pas de la peur du vide ? Cette peur est, par exemple, ressentie lors de la disparition ou de l’effacement d’un être cher. Elle peut être ressentie à priori, avant que l’événement qui crée le sentiment de vide ne soit arrivé. Le vide n’est pas le néant, puisqu’il est une entité physique et qu’il peut posséder une énergie : la cosmologie étudie l’énergie du vide et fait l’hypothèse qu’elle est à l’origine de l’éloignement accéléré et relatif des galaxies. Le vide peut être imaginé. Il peut, d’ailleurs être soumis à l’expérience. Le Traité sur le vide de Pascal décrit une expérience qui tend à prouver l’existence objective du vide (l’expérience de la seringue - 1647). Ainsi, peut-on faire la vérification du vide, ce qui est utopique et vain avec le néant. Ce dernier reste impossible à imaginer car, pour cela, il faudrait « être dedans », ce qui est incompatible avec la notion même de non-existence. « Etre dedans » entraine aussitôt la disparition et la négation du néant. Certaines hypothèses portant sur « l’avant » de la naissance de l’Univers, supposent la présence d’un néant impossible à connaître et à décrire et qui donne naissance à la question restée sans réponse : « Pourquoi quelque chose plutôt que rien ?», ou plus encore : « Comment quelque chose peut naître de rien ? », question qui assimile le « rien » au néant et qui fait le bonheur des croyants. La destinée du vide est de disparaître (la nature a horreur du vide), celle du néant est de perdurer. Le vide et le néant font une sorte d’écho au Zéro et l’infini d’Arthur Koestler (1940) et à L’Etre et le Néant de J.P. Sartre (1943). Le vide est synonyme d’absence, de zéro, tandis que le néant invoque l’infinitude. Le temps est consubstantiel du vide, l’existence de ce dernier étant précaire c’est-à-dire soumis au passage du temps. Le néant, quant à lui, ne comporte ni espace ni temps. C’est pourquoi il nous est impossible à concevoir. Parfois, la vie semble vide par manque de perspective, souvent la compétence politique frise le néant !

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