17 avril 2013

Attention, feux rouges

Alors que le pays est dans une tourmente économique et sociale profonde, voire sociétale, l’opposition n’a qu’une préoccupation : la démission du ministre de l’économie et du Premier ministre. Les députés se disputent autour d’une mesure gadget de publication du patrimoine. Il est vrai que cette mesure passe à côté de l’objectif recherché : la probité de la classe politique. La bonne façon d’y parvenir n’est pas de jouer au voyeur mais de mettre en place un système de contrôle dans lequel le citoyen peut avoir confiance. Le véritable problème « Cahuzac » n’est pas le mensonge mais la fraude fiscale. Celle-ci représente, en France, environ 80 milliards d’Euros par an alors que le déficit annuel du budget atteignait, en 2012, 63 milliards d’Euros. Les citoyens sont angoissés pour leur avenir et celui de leurs enfants pendant que les politiques s’étripent dans de petits jeux démagogiques. La conclusion est aveuglante : la classe politique n’est pas « pourrie » mais parfaitement incompétente et il n’y en a pas un pour sauver les autres. Les députés se complaisent dans des guerres picrocholines et donnent un spectacle déprimant alors que la situation générale du pays est alarmante. Le Président succombe à la Sarkozy-mania qu’il avait tant critiquée : un problème, une loi ! L’amateurisme du gouvernement donne un spectacle ahurissant. Pendant ce temps et quel que soit ce vers quoi on tourne le regard, on ne voit que des secteurs d’activité en pleine déconfiture. Pour ne citer que les plus importants : le système social est en faillite, l’industrie est en déconfiture (automobile, pneumatiques, textile, électronique sidérurgie, constructions navales et activités portuaires, raffinage, etc …), l’éducation nationale va de plus en plus mal à cause d’un corporatisme mortifère, la recherche est corsetée par un principe de précaution inepte, l’agriculture est sous perfusion permanente, le bâtiment souffre de plus en plus, l’hôpital est en détresse, le système fiscal est injuste et opaque, le commerce extérieur est en déficit chronique, la formation professionnelle est une grande gabegie inopérante, l’administration est pléthorique et inefficace, le chômage explose, la justice dérape, le système carcéral est en déconfiture, le grand banditisme en pleine expansion. Tous les feux rouges sont allumés, alors que les parlementaires s’étripent joyeusement et que le gouvernement s’enlise dans des mesures sociétales qui sèment la perturbation, à la grande satisfaction des extrémistes de tous poils, au moment où l’union nationale est une clé du redressement. Les problèmes auxquels le pays doit faire face sont complexes et demandent, par conséquent, des hommes politiques compétents ; qui oublient leurs préoccupations électorales au bénéfice du bien commun et qui aient le sens de l’Etat. La situation est suffisamment grave pour que l’on ait besoin d’une compétence et d’un engagement exceptionnels de la part des politiques de tout bord. La doctrine de la diminution des dépenses en est un exemple. En effet, si les dépenses publiques diminuent drastiquement, les impôts pourront diminuer et la demande par la consommation repartir. Si la demande s’accroît, alors on peut espérer que l’offre suivra, donc que la production augmentera ce qui fera diminuer le chômage. De plus, si les dépenses publiques diminuent, le déficit budgétaire en fera autant ce qui réduira la dette. Mais l’augmentation de la demande se portera en grande partie sur les produits d’importation moins chers en provenance de pays à bas coûts. L’augmentation de la demande de produits importés va détériorer la balance commerciale, ce qui augmente la dette. Où se trouve la solution ? Comment faire pour que la diminution du déficit budgétaire soit plus important que l’augmentation du déficit de la balance commerciale ? Il est à craindre que la classe politique n’ait pas la compétence nécessaire, ni la volonté d’ailleurs, pour trouver et mettre en œuvre la solution adéquate, d’où l’appel aux impôts qui est une solution de facilité. Mais ne nous trompons pas, les premiers responsables de cette déplorable situation sont les Français eux-mêmes qui, prompts à maudire les conséquences des faits dont ils chérissent les causes, oublient volontiers qu’ils ont porté ces hommes au pouvoir en leur apportant leur suffrage. Doit-on dire que les Français ont les hommes politiques qu’ils méritent ? Il faut dire que l’on est consterné par certains citoyens qui se servent de bébés en poussette comme bouclier humain face aux policiers !! L’homophobie et l’antisémitisme violents qui se développent actuellement sont des signes précurseurs inquiétants d’une décadence de la société française. « F. Hollande veut du sang, il en aura » n’a-t-on pas entendu ? C’est un appel insurrectionnel qui est sanctionné par le code pénal. Et le fait de constater que des hommes et femmes politiques emboitent le pas de ces provocateurs est consternant et la preuve d’une décrépitude de la notion d’intérêt général et du sens de l’Etat dans le milieu politique. « Si le monde social m’est supportable, c’est parce que je peux m’indigner » disait P. Bourdieu. Voilà une vraie raison de s’indigner !

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