26 avril 2013

La chienlit, c’est maintenant

Rarement, nous avons assisté à une telle décomposition de la société qui ne soit pas la conséquence d’une guerre mais d’une incompétence générale des hommes qui gouvernent le monde. Rarement, l’avenir n’a été aussi porteur de menaces devant lesquelles ces mêmes hommes restent inconséquents et pusillanimes. A quoi assistons-nous, en effet ? En France, la classe politique française au pouvoir s’étripe jusqu’à en venir aux mains autour d’un sujet sociétal qui n’est qu’une recherche de justice, ou d’une soi-disant transparence partielle et hypothétique, au lieu de s’occuper des problèmes majeurs du pays, chômage massif et récession, désindustrialisation et dette qui poussent le pays vers un véritable désastre social. Quel est l’avenir d’une nation dont le quart des jeunes de 15 à 24 ans et en recherche d’emploi est au chômage et dont 160.000 sortent du système éducatif sans qualification aucune ? Où est enterrée l’impartialité de la Justice dont un des plus importants syndicats de magistrats épingle, telle l’Affiche Rouge, la tête de personnalités à abattre sur un « mur des cons », affichage qui, s’il n’est pas illégal, n’en est pas moins scandaleux eu égard au statut de ses auteurs ? Le peuple français inconséquent et versatile, après avoir porté au pouvoir le candidat d’un parti politique, s’en détourne massivement six mois plus tard pour regarder du côté des partis extrémistes, populistes, démagogiques, voire dangereux et au sein desquels se développent des sentiments homophobes et antisémites. Dans les manifestations actuelles, les meneurs radicaux appellent à verser le sang et se servent des poussettes comme boucliers humains, menacent physiquement les représentants de la Nation. Le gouvernement français, complètement dépassé devant toutes les dimensions de la crise qui s’est abattue sur le pays, remplace l’action par la communication en puisant dans les recettes d’un « story telling » auquel personne ne croit plus. La France n’est pas la seule à subir cette chienlit qui, telle un virus de la grippe aviaire, s’étend sur l’Europe toute entière. La Belgique est atteinte, dont une partie de la population jusqu’au-boutiste veut faire sécession afin d’échapper à la redistribution des plus riches vers les plus pauvres, quitte à provoquer la disparition de leur pays. L’Italie est malade, où les combinaisons de pouvoir, les ambitions personnelles et une corruption galopante plongent le pays dans un total désordre et une grave impasse économique. Les Italiens, dans un réflexe suicidaire d’écœurement, ont porté massivement leur voix sur de véritables guignols politiques, tuant dans l’œuf tout espoir de redressement. La Grèce nous a donné le spectacle d’une classe politique corrompue jusqu’à l’os qui a laissé par intérêt l’administration des impôts aller à vau-l’eau et se développer une fraude fiscale majeure. Là aussi le peuple grec, écœuré mais fautif, a porté les extrémistes au pouvoir. L’incompréhension du présent vient d’une mauvaise mémoire. N’oublions pas à quoi a abouti la montée des extrémistes dans l’Allemagne des années trente, au sortir de la Première Guerre mondiale ! Sur un autre plan, mais tout aussi pathétique, l’Espagne a laissé se développer, par aveuglement des politiques, une énorme bulle immobilière au détriment de son industrie qui a plongé le pays dans une crise économique et sociale sans précédent, devenant une menace pour l’Europe toute entière en devenant la proie de spéculateurs sans aucun scrupule. Des pays comme l’Irlande et Chypre ont, d’ailleurs, utilisé sans vergogne la spéculation financière et la fraude fiscale pour, finalement, se retrouver au bord de la faillite, mettant là-aussi l’Europe en danger. Devant la fraude fiscale massive et l’existence des paradis fiscaux, les politiques poussent des cris d’orfraie tout en acceptant que, au sein même de l’Europe, l’Autriche, le Luxembourg et la City de Londres persévèrent dans un fonctionnement de paradis fiscal. Quel que soit la direction où l’on tourne le regard, on voit une Europe malade et en récession sans le moindre signe d’un renversement de tendance. La Commission Européenne, où sévissent des commissaires pour le moins dogmatiques, pour le pire incompétents, avec un Président de la Commission parfaitement inopérant, est à l’image de tous ces pays gouvernés par des politiques inconséquents. Cette commission, aidée par un Conseil Intergouvernemental paralysé par des guerres picrocholines et par un monde financier sans scrupule, a laissé sans réagir un nombre de plus en plus grand de pays européens aller à la dérive : l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Grèce, Chypre, la Slovénie, la Lettonie, l'Islande. A qui le tour ? Les réunions à grand spectacle, tels ces « machins » que sont les G20 et autres G8, n’accouchent que de déclarations de rodomonts et ne débouchant sur rien, malgré leurs discours tonitruants. Peut-être assistons-nous, sans nous en rendre compte, au déclin inexorable d’une civilisation ? Ne dit-on pas que ce que l’on voit le moins est ce qui vous crève les yeux ? Et pendant cette décomposition générale du monde occidental, nous assistons, partout sur la planète, aux prises d’otages (y compris des enfants !), aux attentats terroristes au milieu des foules innocentes, à la folie de tous ceux qui rêvent d’étendre la charia et l’Umma à l’ensemble du monde au prix des crimes les plus sanglants, profitant du silence assourdissant du monde musulman devant ces atrocités, ainsi que de l’attitude pour le moins ambiguë des royautés pétrolières. Décidément, c’est la chienlit … avant la chute.

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