18 février 2006

Magistrature et démocratie

Les magistrats, par l’intermédiaire de leur syndicat ou de leurs représentants, s’insurgent de l’action de la commission d’enquête parlementaire concernant l’affaire d’Outreau. Leur grief principal avoué est que le fait que cette commission convoque et interroge un juge porte atteinte à l’indépendance de la justice ! Ces messieurs de la magistrature oublieraient-ils que nous vivons en démocratie et que les parlementaires représentent le peuple et non l’exécutif ? Oublieraient-ils qu’un des fondements du fonctionnement correct d’une démocratie est qu’à tout pouvoir, il est possible d’opposer un contre-pouvoir ? Or, justement à cause de l’indépendance de la justice et de l’exécutif, le seul contre-pouvoir est l’exercice d’un contrôle par le peuple, c’est-à-dire par ses représentants que sont les parlementaires. Le caractère corporatiste de l’indignation des magistrats ne peut surprendre personne mais ne grandit pas l’image de la Justice, déjà entamée à la suite de cette malencontreuse affaire d’Outreau où, il faut insister là-dessus, les responsabilités ne sont pas celles du seul juge d’instruction mais de tous les juges ayant eu à connaître du dossier, des policiers ayant mené l’enquête, des services sociaux aveugles, de tous les acteurs impliqués.
La justice n’est pas à l’abri d’une erreur (Outreau en est la preuve) et il est permis de rechercher les moyens d’en réduire les risques. Les parlementaires faisant les lois, il est naturel de leur demander de s’en charger. Un peu de modestie, messieurs les Juges !

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