02 février 2006

Le Syndicat de la Magistrature

Les travaux de la commission parlementaire du procès d’Outreau est l’objet d’une transmission en direct à la télévision. J’ai donc suivi les séances d’interrogation des acquittés par les membres de la commission parlementaire. Il n’y a pas un seul récit qui ne soit bouleversant et qui ne fasse naître un sentiment d’indignation devant les agissements de TOUS les acteurs de ce drame : les services sociaux, les juges pour enfants, la police, les experts, le juge d’instruction, le juge des libertés, les avocats commis d’office, les greffiers, les journalistes, l’horrible foule. Au milieu de tous ces écarts à la dignité et au professionnalisme, il ressort que le juge d’instruction porte une responsabilité majeure sinon unique. C’est bien ce que ressentent, dans l’état actuel de l’enquête parlementaire, l’ensemble des membres de la commission. Comment s’en étonner ? Un juge d’instruction qui se laisse circonvenir à plaisir par une accusatrice manifestement mythomane, jalouse et rancunière, et de surcroît, pédophile reconnue et violeuse de ses propres enfants ; un juge qui mène son instruction uniquement à charge en écartant tout ce qui serait susceptible de disculper l’accusé, et ceci en contradiction flagrante avec ce que doit être le rôle d’un juge d’instruction ; un juge qui fait établir des comptes-rendus des comparutions qui ne sont pas conformes à la stricte vérité ? Mais aussi, combien est compréhensible l’indignation des membres de la commission lorsqu’ils apprennent que les services sociaux refusent de rendre leurs enfants aux parents acquittés au prétexte qu’ils considèrent que ces enfants sont encore considérés comme des victimes !! On croit rêver ! Les enfants ont été séparés de leurs parents en cinq minutes et il faut plus d’un an pour les remettre à leur famille ! Vive le fonctionnariat !
Devant l’émotion manifestée par les parlementaires de la commission, qui se devine à la nature des questions posées, ne voit-on pas le Syndicat de la Magistrature monter au créneau pour défendre par avance le juge d’instruction et le juge des libertés, c’est-à-dire les magistrats, en avançant l’argument que la commission ne fonctionne pas correctement, que ses membres ne remplissent pas correctement leur mission! … et que les premiers responsables de ce drame sont les parlementaires eux-mêmes !! Il n’est certes pas étonnant de voir un syndicat donner la priorité à la polémique et au corporatisme au détriment de l’équité et de l’honnêteté !
Et savez-vous quel est la chose la plus terrible dans cette affaire ? C’est que, compte tenu du nombre invraisemblable de dysfonctionnements, rien n’assure que la vraie justice ait été rendue…

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