02 janvier 2007

La morale et les tyrans

Décidément, le monde ne sait pas se débarrasser des dictateurs avec dignité ou justice ! L’exécution de Saddam Hussein en est le dernier exemple. Comment ne pas être révulsé par une condamnation téléguidée par l’administration Bush, par un simulacre de procès entaché de multiples irrégularités, de consternants assassinats de soi-disants avocats ! Comment ne pas s’insurger contre un procès tronqué qui évite d’aborder les crimes les plus sanglants du dictateur, la raison cachée en étant la crainte de mise en causes des puissances occidentales qui ont prêté armes et bagages au tyran pour qu’il soit en mesure de perpétrer le gazage de 3000 Kurdes (qui a fourni les armes, qui a fourni les gaz ?) ! Comment ne pas être révulsé par l’attitude des bourreaux, tellement ignoble que, par contraste, c’est le tyran qui paraît digne !! Cette exécution rappelle avec force celle de Ceausescu, autre simulacre de procès et autre exemple d’exécution sommaire. Hitler n’a pas été jugé puisqu’on lui a laissé la possibilité de se suicider et Pinochet est mort tranquillement dans son lit, comme le dictateur démiurge du Turkménistan. Franco a reçu des obsèques nationales, tout comme Staline. La justice ne sait pas traiter des grands prédateurs. C’est vrai qu’elle est très efficace pour condamner les simples et les petits. L’équité veut que l’on constate également le silence étourdissant des responsables politiques de tous bords devant de telles exactions. Cela n’a rien de véritablement étonnant lorsqu’on voit comment ces mêmes responsables ménagent des personnages pour le moins douteux comme le Président iranien, le « guide » suprême libyen, ou le dictateur de la Corée du Nord. Personne ne regrette la mort des tyrans et tout le monde applaudit à leur disparition. Mais ceci ne peut justifier cela. La morale n’est décidément pas une vertu politique.

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