11 avril 2008

Spéculateurs et émeutes de la faim

La Mauritanie, le Sénégal, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, Haïti, l’Égypte, le Mexique, l'Indonésie, le Cambodge, la liste s’allonge des pays où les populations se révoltent contre le prix des denrées alimentaires. La famine existe sur Terre depuis longtemps, mais ces mouvements de colère annoncent un phénomène nouveau. Jusqu’à présent, les peuples soumis à la famine étaient les victimes d’une pauvreté sans issue et, souvent, entretenue par un gouvernement incapable et corrompu, comme cela existe dans un grand nombre de pays d’Afrique. En extrême-Orient, des pays comme le Bengladesh souffrent de conditions climatiques particulièrement dévastatrices qui, de façon régulière, plonge le pays dans le chaos. Mais aujourd’hui, nous assistons sans broncher à un phénomène particulièrement révoltant. On nous explique que le renchérissement des produits alimentaires est la conséquence d’une demande accrue en provenance de la Chine et de l’Inde en particulier. Comme si la population chinoise avait bondi de plus de 40% en l’espace de quelques mois !! C’est pourtant en quelques mois que l’on a vu les prix des denrées alimentaires entrer dans une inflation à deux chiffres, atteignant parfois plus de 100%.
Même si la pression sur la demande du fait de la croissance des pays en développement accéléré existe, elle n’explique pas tout. Elle n’est même pas la cause principale de cette envolée des prix. Le prix du pétrole est le fruit d’une pure spéculation à la hausse qui a nécessairement des répercussions sur les coûts de fabrication de beaucoup de produits transformés. Mais la répercussion sur les matières premières alimentaires est, certes, réelle, mais elle ne peut expliquer l’ampleur de la hausse des prix de celles-ci. Certains analystes expliquent que la hausse du prix du baril de pétrole a créé une forte demande portant sur les biocarburants, ce qui entraîne automatiquement une hausse des matières premières agricoles. Cela est peut-être vrai, mais jusqu’à présent le riz n’entre pas dans la catégorie des biocarburants et, pourtant, la hausse de son prix est spectaculaire. En Thaïlande, le prix du blé et du riz blanc a doublé … en un mois ! L’explication n’est donc pas suffisante. La seule qui reste est la pure spéculation (coton, cacao, sucre, café, riz, blé, etc …). Il existe sur la planète des organismes, c’est-à-dire des individus, qui accumulent une richesse considérable en jouant à la hausse le prix des produits alimentaires, voire en organisant la pénurie en les stockant en attendant la hausse. La conséquence directe de cet enrichissement immoral est la révolte des peuples pauvres qui n’arrivent plus à nourrir leurs enfants. Les révoltes des peuples affamés ont toujours débouché sur de profonds bouleversements sociaux. C’est ce qui attend la planète. Le monde est impuissant devant la spéculation frénétique qui est devenue le nouveau cancer planétaire.

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