12 août 2008

Un éternel retour

La politique est l’art de gouverner les hommes. Il n’y a pas de politique universelle puisque les hommes ne constituent pas un ensemble unique et homogène. De tout temps, ils se sont rassemblés en groupes distincts, depuis le clan, la tribu, jusqu’à la nation et la communauté de nations, ce que les historiens nomment une civilisation, groupements humains partageant un lieu géographique plus ou moins étendu, une identité artistique, un ensemble de règles de vie en commun, souvent des croyances ou une religion. Il y a donc eu, pendant des siècles, autant de politiques que de communautés, chacune d’elles se distinguant des autres par le choix des valeurs et des perceptions de l’environnement différents, par ses projets de développement. Le monde a fonctionné et évolué par l’intermédiaire des échanges qui se sont institués entre les communautés, que d’aucun appelle les peuples. Ces échanges furent, le plus souvent, agressifs et violents. Deux grandes classes d’échanges peuvent se distinguer nettement : la guerre (sous toutes ses formes : batailles rangées, invasions, croisades, …) et le commerce (dans tous ses aspects : produits, services, finance, hommes, idées, …). Ces rapports ont permis à certains groupes de prendre l’ascendant sur d’autres, de les assimiler, voire de les exterminer. Ils ont été les vecteurs principaux des changements et c’est par eux que les communautés humaines sont passées du stade du clan à celui de nation. Avec le temps, les échanges commerciaux sont devenus de plus en plus prépondérants. Peut-être parce qu’ils sont apparus très vite comme beaucoup plus efficaces que la guerre pour tenter de dominer les autres peuples ! Les différentes colonisations en sont une belle démonstration. Ce qu’aujourd’hui on appelle mondialisation (ou globalisation) est l’extension à la planète entière de l’hégémonie des échanges commerciaux et, parmi ceux-ci, des échanges financiers. Nous sommes passés (assez brusquement) d’une politique de civilisation (au sens donné par E. Morin) centrée sur la communauté à une politique de gestion du profit centrée sur les flux, essentiellement financiers. C’est ce que l’on peut appeler une politique capitalistique de civilisation. C’est aussi une machine sans morale qui s’emballe, créant des distorsions de plus en plus grandes entre les peuples et donc des tensions de plus en plus nombreuses et dangereuses. La guerre avait ses lois (et donc ses crimes). L’hégémonie financière n’a pas de lois ; il lui reste les crimes. Les crises de tous ordres se multiplient (financière, énergétique, alimentaire, écologique, climatique, de fonctionnement, morale, …) et rien ne semble pouvoir freiner un processus qui nous conduit vers une nouvelle recrudescence des conflits. Ainsi, le monde des hommes est passé du stade du clan et des guerres à celui des nations avec leurs guerres et leur commerce, puis à celui espéré des nations et du seul commerce, pour revenir peu à peu, il faut le craindre, à celui des nations et de la guerre. Ce qui s’est passé en Tchétchénie et ce qui se passe aujourd’hui en Géorgie, en Irak ou en Afghanistan en est une preuve flagrante. Le cycle est bouclé ! À ceci près que l’arme nucléaire et l’attentat suicide ont remplacé le javelot…

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