20 septembre 2008

La main qui étrangle

La folie financière de cette semaine a, une fois de plus, mis en lumière le rouage fondamental du fonctionnement du capitalisme libéral : laisser quelques particuliers accumuler d’énormes profits et laisser aux contribuables le soin d’éponger les dettes. Les responsables et les traders des sociétés financières américaines ont engrangé d’énormes profits personnels grâce à une dérive immorale de leur politique d’emprunts (les subprimes) allant jusqu’à mettre en faillite leur propre entreprise. Comme le réel finit toujours par s’imposer au virtuel, l’impossibilité des Américains à rembourser leurs emprunts a provoqué une série de faillites dans le domaine bancaire et financier anglo-saxon. Pouvez-vous me dire si une quelconque sanction a été prise envers les dirigeants et responsables de ces entreprises ? Aucune. Par contre, devant le risque croissant d’un effondrement généralisé du système bancaire, le gouvernement de G. Bush vient de lancer un plan de refinancement de ce dernier à hauteur de sept cents milliards de dollars. Qui va payer ? Le contribuable américain. Les gains resteront privés, les pertes seront publiques. Le patron de Freedie mac et celui de Fannie Mae vont continuer à dormir sur leur matelas de dollars pendant que les contribuables auront non seulement perdu leur logement mais vont voir leurs impôts augmenter. Autre leçon à tirer de ce qui se passe : on peut être le chantre invétéré du libéralisme et du laisser-faire, la réalité impose l’intervention de l’État. D’ailleurs, partout des voix s’élèvent pour demander un contrôle du marché financier. Qui demande un interventionnisme accru des États ? La droite, auparavant chantre du libéralisme pur et dur. La main invisible d’Adam Smith est, finalement, une main qui étrangle les plus vulnérables. L’économie virtuelle sera le poison mortel de l’économie réelle. Lorsque les organismes financiers proposent des produits dérivés qui permettent de gagner de l’argent en faisant un pari sur les mouvements à la hausse ou à la baisse des cours de bourse, cela s’appelle une économie de casino. Et il est bien connu que l’on perd toujours au casino, sa règle de fonctionnement étant "pile, je gagne ; face, tu perds".

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